Selon de récentes études, le secteur des transports représente 26% des émissions de gaz carbonique et pourrait atteindre le triste record de 34% en 2010, dont une bonne moitié du fait des voitures particulières. Mais aujourd’hui, il se retrouve une nouvelle fois sur le banc des accusés en raison d’une autre source de pollution : la climatisation automobile.
Au début des années 90, rouler dans une voiture équipée de l’air conditionné était encore réservé aux conducteurs privilégiés, mais aujourd’hui les véhicules sont équipés en série ou en option à un prix dérisoire. «Et, pour 1 € de plus, vous avez la climatisation!». L’AREHN (Agence régionale de l’environnement de Haute-Normandie) nous apprend ainsi que, 9 véhicules neufs sur 10 sont maintenant dotés de la climatisation, contre 15 % en 1995.
Taux d’équipement en climatisation des véhicules neufs en France
1985: 1,5%
1995: 15%
2000: 65%
2002: 73%
2005: 90%
Or, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) admet que l’essor actuel de la climatisation automobile a des répercussions importantes sur les émissions de gaz à effet de serre. Suite à l’ensemble des études d’évaluation réalisées par l’Ademe en partenariat avec l’UTAC (Union technique de l’automobile, du motocycle et du cycle), VALEO CLIM Service et le Centre d’énergétique de l’École des Mines de Paris, on constate que le fonctionnement du climatiseur entraîne une surconsommation de carburant de 25 à 35% en ville et de 10 à 20% en dehors des villes.
Pire, toujours selon cette étude, la clim est responsable de «10 à 15 % des rejets annuels de gaz à effet de serre» pour un véhicule de gamme moyenne comme une Renault Clio.
S’ajoutent les rejets en fluides frigorigènes des circuits de refroidissement, à très fort potentiel de réchauffement de l’atmosphère. Dus aux fuites, à l’entretien et à la maintenance ainsi qu’à la non-récupération du fluide en fin de vie du véhicule, ils entraînent une sur-émission d’équivalent CO2 de 10 à 25 g/km. Au total, pour un véhicule de gamme moyenne émettant 176 g de CO2 au kilomètre, l’impact énergétique de la climatisation peut atteindre 30 g/km.
La raison de cet impact environnemental est simple : les climatiseurs emploient de l’hydroflorocarbone (HFC). L’utilisation d’un seul kilo de ce fluide équivaut pour l’atmosphère à 1,3 tonne de CO2, ce que génère une voiture en parcourant environ 8 500 km. Les sombres prévisions actuelles font malheureusement état pour 2010 de 4 à 4,5 millions de tonnes équivalents CO2 émises dans l’atmosphère.
Un constat plutôt alarmant quand on sait, toujours selon l’Ademe, que deux véhicules sur trois circulant en France en 2010 seront dotés d’une climatisation. En 2020, cette proportion sera vraisemblablement de neuf véhicules sur dix.
Alors, la clim à 1 euro, bonne affaire marketing et publicitaire ou crime contre l’humanité? Le Code de l’Environnement, dans son article L.224-1, prescrit pourtant “les conditions de limitation de la publicité ou des campagnes d’informations commerciales relatives à l’énergie ou à des biens consommateurs d’énergie lorsqu’elles sont de nature à favoriser la consommation d’énergie”. Or, pour entrer en application, cet article devait être suivi de l’adoption d’un décret… qui depuis 1996 reste à rédiger par les services de l’Etat!
Cet “oubli” de circonstance est symptomatique de la puissance de l’alliance objective qui lie publicitaires et constructeurs automobiles. Grâce à cette carence, il est encore possible de voir des campagnes promotionnelles pour les climatisations automobiles à 1€ symbolique…
Collectivement, la climatisation automobile accroît notre dépendance à l’égard d’une énergie non renouvelable, le pétrole, engendrant tensions internationales, émissions massives de CO2, dérèglement climatique et pollution de l’air. Paradoxalement, la climatisation individuelle provoque un réchauffement collectif qu’individuellement tout le monde dénonce… Cette schizophrénie apparente est le résultat tangible des campagnes publicitaires et offres commerciales en faveur de la climatisation.
Pour en savoir plus : La climatisation automobile, ADEME Éditions, Mai 2003, réf. 4343, 23 euros
http://www.ademe.fr/particuliers/fiches/climatisation_automobile/
NB: Voir aussi l’article de Libération « Clim contre l’humanité » du 11 juin 2008
Et dire que, pour 50% des usagers, dans 95 à 99% de leurs usages, un simple pare-brise athermique suffirait…
(estimations pifo,
mais un athermique reflète 35% des infra-rouges, contre 5% pour un normal;
donc 95% qui rentrent dans un cas, 65 dans l autre;
donc, à part quelques jours, pendant 2-3 semaines l’été, où il faut attendre 1 à 2 minutes toutes fenêtres et portières ouvertes, une clim. n est, très souvent, pas nécessaire…
simplement : »pare-brise athermique » est bcp moins vendeur, fait moins sophistiqué et technologique que « clim. »).
D’un coté, un système, simple, efficace, performant,
n entraînant pas de surconsommation,
n entraînant pas de mauvais réglages (qui peuvent induire des chauds et froids),
n’entraînant pas de risque sanitaire majeurs (légionnelose),
n’entraînant pas de risque pour la planète (fuite de gaz réfrigérant);
de l’autre, un produit marketing, cher, souvent mal entretenu, souvent mal réglé
lequel fait un carton ?
(bon, en fait, les pare-brise athermique se retrouvent sur les haut de gamme, en plus de la clim., mais leur présence suffirait le plus souvent).
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sur la clim/chauffage
une petite question :
En jiver, vous montez dans votre voiture, mettez le contact, et votre pare-brise e couvre de buée, vous faites quoi ?
– vous mettez le chauffage à fond, air pulsé vers le pare-brise, pour que la buée s’évapore ?
– vous coupez le chauffage, et envoyez de l air à température extérieure sur le pare-brise?
réponse :
en pratique, une majorité des gens envoient de l air chaud
mais en fait, il s agit de condensation,
due à la différence de température au niveau du pare-brise, entre l air intérieur (réchauffé par notre chauffage + par l air qu’on expire) et le pare-brise en contact avec l air extérieur très froid ->
il est plus efficace (et moins consommateur d énergie), et plus rapide d envoyer de l air froid.. en entrouvrant un peu une fenêtre.
Je serais désireux de savoir combien de décibels (dB) émet une climatisation de voiture…
Et combien pour une clim qui équipe un bâtiment ?
Les voisins que j’ai (magasin qui vend des robes de mariage) sont bruyants pour moi (mais sont très attentionnés pour les aisselles de leurs clients).
Si quelqu’un a des chiffres, je veux bien les avoir, SVP.
Ou même des textes de loi, aussi
@LEGEOGRAPHE
Un PDF qui donne de indications sur le bruit :
http://www.cottineau.net/public/pdf/droit-du-bruit.pdf
Mais bon il faut un sonomètre pour savoir si il y a nuisance ou pas (ça ne se fait pas à l’oreille)
Merci Harry, je lirai le texte une fois de retour à la maison.