Les routes apparemment les plus dangereuses sont, en réalité, les plus sûres : voilà la plus étonnante des innombrables révélations qu’apporte la lecture de Traffic, estime Mary Roach dans le New York Times.
Ce n’est pas le danger qui tue, mais le sentiment de sécurité. Médusée, Ariane Krol rappelle ainsi dans La Presse cette histoire édifiante: « Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1967, la Suède a imposé un virage à 180° aux automobilistes. Eux qui avaient toujours circulé à gauche ont dû adopter la conduite à droite. Résultat ? Le nombre d’accidents a diminué ». Dans la même veine, les autorités finlandaises ont dû se rendre à l’évidence : l’absence de panneaux réfléchissants dans les virages dangereux diminue la vitesse et donc, le nombre d’accidents.
Faut-il voir là l’effet inattendu d’une ivresse du pouvoir fort commune à tout être humain qui prend place derrière un volant ? Pas sûr, plaide Bryan Appleyard dans le Sunday Times : « Le problème ne tient pas seulement à la puissance accumulée sous le pied droit des conducteurs, mais aussi à leur exclusion de toute relation humaine normale ». Tout rappel à l’humanité de l’autre rend raisonnable. Exposés au regard des autres, les conducteurs de décapotables sont plus attentifs. Et « nous sommes plus prudents avec un passager à bord ou dans notre propre voisinage », rappelle Michael Agger dans Slate. Ce livre étonnant, « sans doute le meilleur jamais écrit » sur la conduite et la route selon l’écrivain Will Self dans le Daily Telegraph, est traduit ou en cours de traduction dans douze langues.
Bonjour.
Faut-il accomplir de longues études pour ressentir la violence que génère un automobiliste dépassant à plus de 60km/h un cycliste ou un piéton sur une voie étroite?
Faut-il en déduire que tout automobiliste méprise ses congénères?
Suffit-il seulement d’attendre d’une moralisation du conducteur ou d’un renforcement du « code de la route » une réduction du taux de victimes de l’automobile?
Comme démontré dans cet article, le confinement du conducteur participe à son absence d’attention à l’égard du monde et des vivants.
L’habitacle coupe la relation au monde, le corps est déconnecté puisque ne ressent ni le froid, ni le vent, ni la pluie… ni en définitive la vitesse. Le pare-brise ressemble plus à un écran de télévision et stimule la réification des êtres.
Mais ce processus de déréalisation du monde permet de sublimer une peur originelle légitime.
Que ressent-on la première heure de conduite? Que réalise-t-on lorsque l’on accélère au milieu du trafic (soit dit en passant, parmi d’autres êtres vivants en tentative de mouvement)?
Je me souviens avoir eu peur de renverser quelqu’un.
J’ai ressentis une pesante capacité à nuire.
Que m’ont appris le moniteur et le code de la route?
Que lorsque je le peux, je dois rouler à 50 en ville, et à 90 km/h hors agglomération.
Que je dois surpasser ma peur de la vitesse afin de me persuader que je maitrise le véhicule à 100km/h.
Mais on m’a aussi appris à ne pas même donner un coup de frein ou de volant si un animal traversait mon chemin alors que je me déplace à une telle vitesse.
En fait, on apprend à accepter de prendre le risque de tuer dans les règles.
Si l’on écrivait ces lois pour protéger les gens, il serait interdit de rouler en voiture à plus de 30 km/h.
Au delà de cette vitesse, comment prendre en compte l’imprévisible (l’autre être vivant) et lui éviter la mort?
Apprendre à conduire, c’est apprendre à risquer de tuer impunément au profit de la vitesse (et de ceux qui la nous vendent comme primordiale et en font leur business).
A l’heure actuelle le code de la route est l’allier de la puissance, de la vitesse.
La route est un espace publique cédé aux automobilistes qui y ont tous les droits.
Si la route était un lieu où règne la justice, il ne serait pas nécessaire d’y appliquer un code particulier.
Rouler à plus se 30km/h avec un véhicule pesant plus d’une tonne doit se faire sous l’unique responsabilité du conducteur.
Tout comme le porteur d’arme à feu est responsable de l’endroit où vont se loger ses balles, l’automobiliste est responsable des êtres vivants blessés par son véhicule.
Le code de la route ne sert pas à sauver des vies mais seulement à déterminer un coupable lorsqu’une vie est brisée.
Le code la route pourrait encore être renommé « principe de hiérarchisation de l’usage de l’espace publique ».
Nous vivons dans un monde où la vitesse est plus importante que la vie. Bienvenue dans le monde de l’automobile.
Très bon texte, est-ce que je peux le publier en tant qu’article (moyenant une ou deux modifs de pure forme)? Egalement, si tu en as d’autres dans cette veine, il faut devenir rédacteur de Carfree!
Salut.
Si tu penses que cela suffise pour en faire un article, pourquoi pas.
Sinon je viens de finir un texte sur (presque) le même thème éventuellement sous la forme d’un article:
NO FLUO
Ah les années 80.
Un air rudimentaire décomplexé et bariolé sifflait sur nos têtes casquées.
Nos corps affublés de tenues aux couleurs sur-naturelles s’agitaient dans le vide.
Rien d’étonnant à ce que le fluo et sa musique ravivent la juvénile euphorie consumériste, en ces « temps de crise ».
J’ai d’abord cru à une recrudescence d’agent de la DDE, ne soupçonnant pas ces fonctionnaires d’être trop riches pour se déplacer plus souvent à vélo.
J’ai même pensé qu’il s’agissait d’une fierté que d’exhiber sa tenue de travail de retour à la maison.
Et puis j’aperçus ces gilets fluo suspendus aux fauteuils de nombreuses automobiles.
Les travailleurs du bâtiments sont de plus en plus nombreux, les bûcherons et les agents de sécurité routière se recrutent à la pelle…
Les temps sont durs.
Combien de métiers nécessitent le port d’un tel gilet ?
Ne s’agit-il pas que de travailleurs exposés aux risques liés à la circulation automobile ?
Sommes nous engagés dans une relance de grands travaux publiques ?
Construire de nouvelles routes et autoroutes afin de stimuler la croyance en une ressource inépuisable de pétrole ?
Etre optimiste et patriotique se manifeste ostensiblement part le port désarticulé d’un gilet fluo.
Tout cela se tenait.
J’avais encore échappé à une campagne de propagande télévisuelle faisant de la tectonique le meilleur plan de relance économique.
Jusqu’à ce que des camarades bien intentionnés me confrontent à une dure réalité (à laquelle j’avais jusqu’ici échappé puisque je ne possède pas de télévision).
Le port d’un gilet fluo homologué est obligatoire lorsque l’on circule à vélo de nuit et hors agglomération.
Enfin, il parait.
Il parait aussi que ça permet de sauver des vies.
Je le conçoit très bien : dans les conditions prévues par le code de la route, un automobiliste peut naturellement croiser un cycliste à une vitesse de 90km/h.
A cette vitesse, il peut s’avérer difficile de distinguer une petite loupiotte blanche ou rouge souvent même moins visible qu’une enseigne publicitaire lumineuse à la façon JC Decaux (le prétendu amis des vélos).
A moins d’interdire la circulation aux cyclistes, il (leur) serai préférable de rendre obligatoire le casque intégral surmonté d’un gyrophare orange.
Dans la même logique et afin d’épargner la vie de 30 000 personnes tuées par balle chaque année aux Etats-Unis, il serai judicieux et économiquement opportun de rendre obligatoire le port permanent du gilet pare-balle.
Dans le style, on retrouve la campagne de prévention de la sécurité routière sur le thème « l’alcool tue au volant ».
En effet, l’alcool tue et engendre de nombreuse maladies lorsque consommé en excès.
Mais au volant, ce n’est pas l’alcool mais la voiture qui tue.
Hors mortalité liée à la pollution, destructions des habitats et victimes des guerres liées à l’exploitation du pétrole, 20 millions de personnes ont été tuées par l’automobile depuis sa mise en circulation à la fin du 19è siècle, selon Hosea Jaffe dans « Automobile, pétrole, impérialisme ».
Le code de la route définit les conditions normales, règlementaires de l’usage de l’espace publique.
Une large part de cet espace est strictement réservé à et réalisé pour l’automobile (autoroutes, parkings…).
Ce code définit comme socialement acceptable le fait qu’un véhicule pesant plus d’une tonne puisse se déplacer jusqu’à 90km/h sur une voie (inégalement) partagée avec les piétons et les cyclistes.
La distance d’arrêt d’une automobile roulant à 90km/h étant d’environ 100m, il est socialement accepté de ne pas pouvoir maîtriser un engin pesant plus d’une tonne.
La vitesse l’emporte sur le risque évident de nuire à tout être vivant égaré ou non sur l’espace publique.
Ne serait-il pas plus raisonnable de limiter la vitesse de tout véhicule à 30km/h ?
Mince, je vois venir la frustration de l’automobiliste…
La voiture n’a d’intéret que lorsqu’elle permet à ce dernier de se déplacer vite.
Le code de la route ne sert pas à sauver des vies mais à dissimuler les conséquences sociales inacceptables de l’économie automobile.
En ce sens, le gilet fluo sauvera quelques cyclistes mais surtout pérennise la dictature sanguinaire de l’industrie automobile.
Le gilet fluo n’a qu’à aller se mettre lui-même sur un air de tectonique, car le seul gilet que je porterai cet hiver sera de laine.
10/12/08
Si publication, j’aimerai adjoindre une petite photographie de mon cru (et pas de mon…).
pas de problème, j’en fais deux articles publiables sur la couv’, journalistichiant parlant… 😉
n’hésite pas à m’envoyer les images que tu veux pour les illustrer
adresse email: carfreefrance_arobase_freepublictransports.com
La question du clignotant dans les giratoires comme ailleurs est primordiale.
Le simple fait de clignoter chaque fois que le prévoit le code de la route fait en plus économiser du carburant. Multipliez par le nombre de giratoires dans le monde et imaginez le nombre colossal de litres de carburant économisé et de co2 non rejeté…
Exemple pratique : vous arrivez à un giratoire, vous vérifiez ce qui arrive à votre gauche et là, deux cas peuvent se présenter, selon votre personnalité et votre bon sens civique et pratique :
1)vous devez freiner et attendre de voir si l’usager qui arrive va tourner à droite (il devrait clignoter à droite) ou va continuer pour une autre sortie (il devrait clignoter à gauche) c’est le grand jeu de la devinette, usant pour les nerfs, soit vous le haïssez et faites pareil que lui, auquel cas vous êtes aussi fautif, la maréchaussée se moque d’ailleurs comme de l’an quarante de cette infraction (car c’en est bien une), vous avez de toute façon tous les deux tout faux, car vous n’avez pas du tout contribué à la FLUIDITE, mais tout le contraire, et donc favorisé la surconsommation de carburant à tous ceux qui attendent derrière sans se poser ce genre de questions ( pour les plus idiots ), ou à leur grand dam (pour les plus intelligents et altruistes, la minorité assurément , quand on voit les comportements idiots de 90 pour cent des usagers de la route, autos, motos, même beaucoup de camions, soi-disant les pros de la route, tous usagers confondus).
cas n°2 : tout le monde clignote et là, Ô miracle, tout le monde sait ce que tout le monde fait, on communique entre usagers grâce à cette seule et merveilleuse trouvaille, LE CLIGNOTANT, on partage vraiment la route, on communie même, on aime tout le monde, on est plus stressé, c’est merveilleux non ? Oui, seulement ici en France, on est chez des Latins, et si vous allez en Italie c’est encore pire.Par contre, allez faire un tour au Royaume-Uni ou chez les scandinaves ou les allemands, vous verrez que la discipline et la courtoisie au volant ne sont pas de vains mots.
Un automobiliste avec lequel je me suis accroché au sujet d’une queue de poisson m’a même affirmé une fois que « le cligotant c’est bon pour les tapettes ». Et on donne le permis à des cons pareils ! Incroyable…
Les giratoires me font l’effet d’une arène, celui qui y arrive le premier est persuadé d’avoir la priorité sur les autres, et là se reflète toute l’ampleur de notre bêtise au quotidien ou au contraire de notre intelligence et notre capacité à bien se conduire sur la route. Et puis tout le monde n’a pas la même approche de la conduite automobile, et ce sont sur les giratoires, lieux de toutes les rencontres que les pouvoirs publics devraient installer des caméras piégeuses de monnaie sonnante et trébuchante (et pas nécessairement installer un radar fixe en bas d’une descente qui va vous prendre en défaut à 95 au lieu de 90, espèce de criminel)
Examinons les différents types d’intervenants de la scène giratoire:
Le plus courant : celui ou celle qui se croit seul au monde, la route lui appartient, se moque pas mal de savoir s’il doit clignoter ou pas, ne se pose pas de problème existentiel puisqu’il est le centre du monde, d’ailleurs ne regarde même pas à droite ou à gauche mais seulement droit devant lui, celui-là est le même qui va vous doubler à la première occasion, même si devant il y a une queue de trente kilomètres, mais comme il a remarqué que devant vous il existe un merveilleux espace libre d’au moins vingt mètres, parce que vous-même (le raisonnable, celui qui clignote)) respecte les distances de sécurité et essaie de faire tout bien comme il faut alors Lui, il faut qu’Il passe devant, sa place à Lui c’est devant, pas derrière, non mais pis quoi encore !
Au passage, il ne manque pas de vous gratifier de quelque geste aimable et élégant histoire de vous faire comprendre que lui est un battant, un as du volant, alors que vous, vous n’êtes qu’une femme, un vieux ou peut-être même pire, une tapette, Lui, donc, accélère comme un malade sur dix mètres pour après écraser virilement la pédale des freins sur les dix autres mètres, bravo, quelle puissance, quelle envergure, il a gagné une place dans la file, rendez-vous compte, à lui la gloire et la fierté, mais en fin de compte Il se retrouve quand même derrière trois cent autres usagers. S’en est-il aperçu ? Non, car Lui ne voit pas plus loin que le bout de son capot et le pare-chocs qui ose le précéder.
Une fois, un de ces énergumènes m’a fait le coup, je l’ai applaudi (Je le fais souvent, c’est ma manière à moi d’essayer de leur faire prendre conscience de leur abyssale connerie, même si je sais que dans 9 cas sur 10, cela sera perçu comme de la provocation ou même une déclaration de guerre à la Mad Max) et Lui m’a vu dans son rétroviseur… Il a freiné brusquement au risque de provoquer une collision (de toute façon, dans ces cas-là l’assurance m’aurait tout mis sur le dos n’est-ce pas ) et certainement vexé, Il à commencé à faire des gestes pour m’inviter à en découdre, l’idiot n’a pas hésité à s’arrêter en plein milieu du giratoire, bloquant tout le monde et pendant tout le temps de son action héroïque il ne s’est paspréoccupé qu’il transportait un bébé à l’arrière !
(Oui le plus affligeant dans tout çà, c’est de constater que ce genre de personnage à une capacité de reproduction hors du commun…)
Carrément hallucinant ! Finalement il a redémarré brusquement alors que je descendais déjà de ma voiture…
Dans certains cas, je peux admettre que les envies de cognement pédagogique peuvent vous submerger comme un tsunami incontrôlable…
Et je peux vous assurer que ceux-là sont la majorité, ils se déclinent sous différentes formes, en 4 X 4, en camion, en 4L pourrie, en moto, Il peut être jeune portant casquette, vieux ou bon père de famille, ouvrier en camionnette, peu importe, Il est omniprésent, je le sais car je conduis depuis trente ans maintenant, et si je suis toujours vivant, c’est que je pense avoir de bon réflexes et aussi un peu de chance.
On pourrait parler des autres cas d’inconscience vroum-vroumesque, ils sont abondants et diversifiés. Bien sûr il y a le ou la distraite qui ne clignote pas par habitude ou par simple ignorance, celui qui est trop occupé à téléphoner ou à parler avec les mains, ou à extraire quelque crotte récalcitrante de sa narine, ou parce que c’est vraiment trop fatigant de pousser le levier en question…Ceux-là ont des automobiles qui se dirigent toutes seules…
Il y a aussi des gens qui refusent carrément de clignoter dans tous les cas de figure, que ce soit dans les giratoires ou ailleurs, par principe égoïste ou par esprit de provocation, ou parce que les autres ne le font pas alors pourquoi Eux il le feraient n’est-ce pas ?
Mais si il n’y avait que les giratoires qui posent problème…
Au fait vous voulez que l’on parle du gros beauf qui vient vous coller sur l’autoroute alors que vous doublez en toute illégalité à 135 km/h et qui vous agresse en plus avec des appels de phares- pousse toi de là c’est moi que je dois passer ou du héros qui s’immisce par une bretelle sans clignoter et en prenant directement les trois files disponibles par la tangente pour se proclamer Roi du monde sur celle de gauche, ou de cet autre qui vous double tranquillement par la droite ou par la bande d’arrêt d’urgence…Non ? Ah, parce que vous en avez assez entendu et que vous faites peut-être partie du lot…
a plupart des accidents ne sont pas dus à la fatalité et pourraient être évités si tout le monde ne faisait que respecter le Code de la route, je n’invente rien, mais en ce qui concerne l’apprentissage de la conduite, tout reste à faire et tout reste à inventer, la preuve en est qu’il y a encore des milliers de morts sur les routes chaque année, preuve que la bonne éducation reste un concept inconnu pour beaucoup de crétins motorisés. Comme on chie on conduit et pis c’est tout (proverbe de moi)…
Allez bonne route à tous !
« Le code de la route ne sert pas à sauver des vies mais seulement à déterminer un coupable lorsqu’une vie est brisée »
Excellent ! ! Merci « Monsieur Yom Le Sage »,
mais à mon humble avis tu vas te faire des ennemis. Bravo surtout continue ton écriture…