La bagnole, si on regardait les choses autrement…

Si la crise va laisser beaucoup de gens sur le carreau, il est une partie importante des économies productivistes qui va être particulièrement touchée, c’est le secteur de l’automobile. Avec la mévente des bagnoles on assiste à la mise en chômage technique des usines, le licenciement vient de suite après, pour finir par jeter une frange de la population dans la précarité.

Les banques étant soi-disant menacées, l’Etat providence a trouvé des capitaux on ne sait où pour les renflouer, ou plutôt on ne sait par quel tour de passe-passe, ce qui est sûr, c’est que le prolétaire ne comprend pas comment on peut trouver de telles sommes alors qu’elles lui sont refusées quand il demande un pourcentage raisonnable d’augmentation. En fait, les Banques qui ont joué au plus malin se voient renflouées alors qu’elles n’en avaient pas extrêmement besoin, par contre le travailleur se sent floué, lui qui en avait tant besoin…cherchez l’erreur !

Cependant, l’Etat providence, situation paradoxale d’ailleurs quand un système ultralibéral devient interventionniste, a aussi dans sa lancée apporté quelques subsides au principal secteur de production qu’est l’automobile. Si cela va permettre a priori de sauvegarder des emplois, ça pose problème et donne matière à réflexion.

D’abord il faut reconnaître que la civilisation de la bagnole est le pôle d’intérêt de nos sociétés, et en même temps celui le plus polluant. A partir de ce constat, et si l’on va dans le sens du développement durable, on cherche des solutions pour que perdure le système. En premier lieu on tente de diminuer au maximum les consommations de carburant, du moins on essaie de le faire car les chiffres annoncés sont parfois trompeurs, ensuite on veut limiter les émanations en carbone en introduisant de l’éthanol qui en dehors du mensonge de sa valeur bio crée de la famine, puis sentant que toutes ces solutions ne sont que pis-aller on se tourne vers la bagnole électrique. Une nouvelle fois, que les doux rêveurs reviennent les pieds sur terre, ce n’est pas la panacée. Le problème de l’autonomie n’est pas encore réglé, ce qui en fait n’est pas le plus important, mais il y a surtout l’alimentation en électricité qui à n’en pas douter va soulever des interrogations. Comment fournir le surplus de demande d’énergie, car il faudra bien que les carburants traditionnels et ceux issus de l’agrobusiness soient remplacé dans une optique croissante, si c’est à partir du nucléaire comme en France cela va être le cas, c’est remplacer un cheval borgne par un aveugle.

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Donc la question que l’on peut se poser, à l’occasion de la récession n’aurait-il pas été judicieux de jeter les bases d’une autre conception de notre société. Sortir de l’indispensable bagnole socialement parlant, pour ne voir qu’en elle un simple objet secondaire, un utilitaire géré intelligemment. C’est-à-dire que le regard trop individualiste que l’on a dans nos sociétés abouties devrait se changer en une participation plus active de l’individu à la collectivité. A partir de là, l’exemple même de l’autonomie destructrice qu’est l’automobile peut être envisagée différemment avec la collectivisation des transports, le ferroutage, la relocalisation de la production. Pour illustrer ce propos, disons qu’il serait bien que l’ouvrier soit à proximité de son lieu de travail. Cela implique donc une conception autre de la fabrication avec de petites entités locales.

Comme il parait évident que principalement pour des raisons de pollution la priorité économique de la bagnole se trouve contestée, et que l’on peut penser qu’à moyen terme les constructeurs traditionnels reverront de toutes façons leurs effectifs à la baisse, n’aurait-il pas été prévoyant en donnant des subsides pour déjà diversifier et relocaliser l’emploi, travailler à un avenir différent.

Profitant de la situation, plutôt que de vouloir maintenir coûte que coûte un emploi qui sera de toute façon aléatoire dans le temps, l’Etat providence aurait été alors véritablement au service des peuples et de la planète en utilisant les fonds publics autrement, et non comme cela s’est fait, pour continuer de maintenir un principe obsolète ne servant à enrichir que quelques capitalistes de jours en jours plus avides.

Si dans l’état actuel des choses, ceux touchés par la crise se contentent du fait que l’Etat redresse le secteur automobile, ils ont à l’évidence une vision restrictive de l’avenir qu’ils pourraient regretter. Si il y a un secteur où il faut vraiment mettre l’accent sur la restructuration avant tout, c’est bien celui-là. Mais cela doit a fortiori se faire avec un changement politique radical où le productivisme capitaliste n’aura plus sa place ! Eh oui, si ce sont eux qui restructurent ce ne sera certainement pas pour localiser, mais pour délocaliser….

Michel Mengneau
Source: http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com