La crise sanitaire historique que l’on traverse depuis plusieurs mois a mis en évidence un fait nouveau en matière d’organisation du travail, à savoir l’intérêt de nombreux salariés pour le télétravail et l’utilité sociale du télétravail en termes sanitaires et environnementaux. Malheureusement, le gouvernement, le patronat et les syndicats sont en train de s’entendre contre le télétravail sur le dos des salariés et de l’environnement.
Le confinement et les semaines ou les mois qui ont suivi ont montré que l’activité de pans entiers de l’économie pouvait continuer à tourner avec un très haut niveau de télétravail. Si le télétravail existe dans les faits depuis des années, il restait cantonné essentiellement à certains secteurs et très limité en termes de jours par semaine et par salarié.
Avec la crise sanitaire, des millions de salariés se sont retrouvés du jour au lendemain au télétravail plus ou moins intégral et la majorité des salariés, du moins dans les enquêtes d’opinion, a vécu cela comme une expérience positive. Le télétravail a de fait de nombreux avantages qui concernent spécifiquement les enjeux de mobilité et d’environnement. Il permet de limiter fortement les déplacements des salariés, en particulier les fameux déplacements dits pendulaires synonymes de bouchons en voiture ou d’entassement dans les transports en commun.
Cette diminution massive des déplacements domicile-travail consacre une amélioration certaine des conditions de travail des salariés, en particulier des gains de temps et de fatigue liés aux transports sans même parler de leur coût, mais aussi une diminution de la pollution de l’air et des émissions de CO2 et un désengorgement des réseaux de transports (routes ou infrastructures de transport collectif).
En période de crise sanitaire où il semble nécessaire de maintenir une distanciation physique, on voit ici tout l’intérêt de limiter la promiscuité et l’engorgement des transports en commun en recourant au télétravail massivement pour les salariés qui le peuvent et qui le souhaitent.
Car aujourd’hui, avec la tertiarisation et la numérisation de nos économies, bon nombre de métiers sont très largement télé-travaillables. Dans le même temps, le télétravail en général et particulièrement dans la crise sanitaire actuelle constitue un mode d’organisation du travail plébiscité par les salariés. Il ne s’agit pas ici de dire que le télétravail est l’alpha et l’oméga de toute organisation du travail, car des progrès nombreux restent à faire en matière de droits, concernant par exemple le droit à la déconnexion, l’équipement matériel et logiciel des salariés, les questions de surveillance des salariés, etc.
Mais, en tout état de cause, qu’on le veuille ou non, le télétravail trouve un terrain favorable chez une majorité de salariés qui y voient un moyen d’éviter les heures perdues dans les transports, la fatigue et le stress des bouchons ou des transports en commun, la possibilité d’organiser différemment son temps de travail et disons-le tout net, la possibilité aussi de « mettre à distance » une certain forme de pression liée au travail.
En effet, il faut sortir du mythe « libérateur » du travail et de l’épanouissement plus supposé que réel du monde du travail. Avec les réorganisations, les délocalisations, les suppressions d’emplois, la pression exercée sur les salariés est sans cesse plus importante et l’environnement de travail devient parfois de plus en plus toxique, avec un management qui pressurise plus les employés qu’il ne les « épanouit. »
Dit autrement, à une époque on allait peut-être « au travail » pour s’épanouir, aujourd’hui c’est très souvent devenu essentiellement une contrainte, pour ne pas dire une anxiété dans un monde du travail de plus en plus violent pour de nombreux salariés.
Si le télétravail est aujourd’hui largement plébiscité par les salariés, si la crise sanitaire actuelle impose une grande prudence et devrait donc nécessiter un haut niveau de télétravail dans la période actuelle et si en plus le télétravail est bon pour l’environnement et en particulier pour la baisse des émissions de CO2, où est le problème?
Le télétravail devrait être aujourd’hui à un très haut niveau, sans doute moins que pendant le confinement où quasiment tout le monde était obligé de rester chez soi, mais beaucoup plus qu’en temps normal. C’est à vrai dire une évidence, cela ne devrait même pas être un sujet de discussion.
Sauf que cela ne semble pas si simple, avec un taux de télétravail en forte baisse aujourd’hui, qui semble tourner désormais autour de 10% alors qu’il était d’environ 7% avant la crise sanitaire.
La cause de cet échec collectif est triple: patronale, syndicale et gouvernementale.
En premier lieu le patronat en général et le MEDEF en particulier sont particulièrement frileux en matière de télétravail. A partir du moment où le télétravail n’est pas imposé par le gouvernement, ce qui est le cas aujourd’hui, les patrons ne semblent pas vouloir développer cette pratique outre-mesure alors que la crise sanitaire actuelle devrait pourtant l’imposer.
RER se matin #Covid_19 pic.twitter.com/OMEpEw9mun
— Ronin (@Ronin20441471) October 8, 2020
Quand on voit les images actuelles de transports en commun bondés ou de bouchons sur les routes aux heures de pointe, on constate l’ampleur du problème. Depuis la rentrée, les patrons poussent en effet au retour au présentiel et limitent de ce fait fortement le télétravail.
Lundi 5 octobre 2020: La Courbe trafic (évolution cumul bouchons) sur les principaux axes de l’Île-de-France de la DIRIF. Le point à 20:32.
On pourrait aussi associer le gouvernement à cet échec. Car, en refusant d’imposer le télétravail en restant dans l’imprécation (« il faut favoriser le télétravail« ), le gouvernement laisse en fait les entreprises faire ce qu’elles veulent. Et c’est même pire si on songe que le gouvernement a la main sur l’appareil administratif et pousse « en même temps » les agents publics qui télé-travaillaient jusqu’à présent à revenir au bureau. Dit autrement, le gouvernement en tant qu’employeur se comporte comme les patrons que ce même gouvernement exhorte à développer le télétravail…
Derrière ce fiasco, il y a à la fois une vieille tradition hiérarchique et une maladie bien française qu’on appelle le présentéisme. La vieille tradition hiérarchique veut qu’un chef doit pouvoir surveiller ses salariés de près et doit donc les avoir sur place au travail « à portée d’engueulade. » En outre, la France est réputée pour sa culture du présentéisme, à savoir cet infantilisme qui voudrait qu’on ne travaille vraiment que sur le lieu de travail et qu’on doit rester le plus longtemps possible sur son lieu de travail pour prouver aux autres et en particulier aux chefs qu’on travaille bien.
Très souvent en France, les salariés ou la hiérarchie font des journées de travail à rallonge en restant à leur poste jusqu’à 18 heures ou bien au-delà. Inversement, dans de nombreux pays, en particulier nordiques, rester par exemple au bureau au-delà de 17 heures prouve seulement que vous n’êtes pas capable d’organiser convenablement votre travail pour le faire tenir dans une journée normale.
La nécessité d’exercer une pression hiérarchique sur les salariés représente ainsi pour les patrons et les directions au sens large un frein au développement du télétravail. Les chefs supportent en effet difficilement l’idée que les salariés soient payés pour… rester chez eux. Derrière toute cela, il y a l’idée que si le salarié est chez lui, il est forcément en train de surfer sur le net, chose qu’il peut pourtant faire très souvent sur son lieu de travail…
A vrai dire, il n’y a rien de bien surprenant dans tout cela. Tout ce qui peut ressembler à un début de liberté pour les salariés est perçu par la hiérarchie comme un début de révolution qui se finira probablement avec la tête des patrons en haut d’une pique… Qu’on le veuille ou non, le patronat et la hiérarchie dans son ensemble sont restés très 20ème siècle avec ses « pointeuses » et son contrôle social.
Plus surprenant, le télétravail n’a pas non plus bonne presse chez la plupart des syndicats qui y voient une atomisation des salariés avec des risques d’isolement et de destruction des collectifs de travail. Ce sont des arguments récurrents qu’on trouve dans les écrits de nombreux syndicats. En théorie, ils ne sont pas à rejeter d’un revers de la main. Le télétravail est effectivement porteur de risques, d’autant plus s’il n’est pas encadré et ne présente pas de garanties pour les salariés.
Par contre, quand on creuse un peu les arguments syndicaux en la matière, on s’aperçoit vite qu’ils reposent sur une conception là aussi passéiste du monde du travail. Dans la tête de nombreux syndicalistes, il y a l’idée, pour ne pas dire la nostalgie, d’une époque où d’un claquement de doigts, on faisait descendre tous les collègues, pour ne pas dire les camarades, dans la cour pour faire un piquet de gréve ou dans le bureau du directeur pour « obtenir satisfaction quant à nos revendications. »
Cette histoire-là a un sens profond et a permis d’obtenir sans conteste de nombreuses avancées sociales, mais elle ne repose malheureusement plus sur grand chose aujourd’hui. Là aussi, l’atomisation des salariés, l’isolement, le culte de la compétition de tous contre tous n’ont pas attendu le télétravail ou la crise sanitaire pour devenir très souvent la règle dans le monde du travail. Vouloir à tout prix dans ce contexte maintenir les salariés sur leur lieu de travail dans l’attente d’un Grand Soir où tous les salariés reprendront possession d’un seul élan de leur outil de travail paraît autant déconnecté de la réalité historique que des aspirations actuelles des salariés.
Or, jusqu’à preuve du contraire, les syndicats sont quand même essentiellement là pour défendre les salariés et donc leurs aspirations et leurs droits.
Aujourd’hui, le désengagement objectif du gouvernement sur le télétravail, malgré ses imprécations quant à sa nécessité absolue dans la période actuelle, laisse le champ libre à un dialogue moribond entre patronat et syndicats sur le télétravail, au détriment de l’intérêt et de la volonté de millions de salariés et de la santé publique et de l’environnement par la même occasion.
Ironie de l’histoire, sur le sujet du télétravail, le patronat et les syndicats se retrouvent assez largement, pour des raisons différentes mais qui se rejoignent sur la volonté de visser les salariés sur leur poste de travail dans un milieu du travail de plus en plus toxique.
La crise sanitaire historique que nous connaissons apparaît comme un tournant majeur en termes d’organisation du travail. Une nouvelle voie, plus respectueuse des attentes des salariés et des enjeux sanitaires et environnementaux, se présente actuellement sous la forme du télétravail.
Prenons garde à ce que le gouvernement, le patronat et les syndicats ne transforment pas cette nouvelle voie en impasse.
Parmi les non-dits, ou alors mezzo voce, il y a aussi le fait que le télétravail révèle, de façon cruelle pour les intéressé(e)s, le caractère globalement improductif et inutile d’une grande partie de l’encadrement intermédiaire dans les structures bureaucratiques.
Jeanne souligne un point mis en évidence par la crise sanitaire, ô combien caractéristique de l’organisation à la française :
la pléthore de petits chefs, à la poposte et aux chemins de fer par exemple, pour la première boîte essentiellement pour fliquer le reste du personnel et également comme perspective d’évolution professionnelle pour les fliqués…
raquefour, les call centers et bien d’autres boîtes de merde ça doit être la même organisation, à la Henri Fayol, ingénieur français des mines, auteur de « l’administration industrielle et générale » en 1916 et… « l’incapacité industrielle de l’Etat : les PTT » en 1921 :
il n’y aurait pas grand-chose à changer au titre aujourd’hui, on pourrait même shunter mais en dédoublant, en se contentant de « l’incapacité de la poste » et « l’incapacité des télécom » au vu de l’expérience actuelle ou récente, tant pour les salariés/fonctionnaires que pour les usagers/clients…
Complètement d’accord avec Jeanne à vélo, qui s’exprime avec beaucoup de diplomatie.
Un cadre, c’est quelqu’un qui a le dos au mur, et à la limite, s’il pouvait y rester cloué, ça soulagerait bien toutes celles et ceux qui sont hiérarchiquement en dessous et qui subissent son « management ».
Faites-vous un bullshit job ? Pour le savoir, demandez vous si vous pouvez le faire entièrement depuis votre domicile, si oui, il y a de grandes chances que ça en soit un.
Si votre travail est un métier, qui a une quelconque utilité, même locale, même à petite échelle, en général, vous devez au moins une fois par semaine ou par jour être présent.e. physiquement.
Une exception d’un métier plus qu’utile, indispensable, qui se pratique sur place, le plus souvent : paysan.ne.
J’ai de la peine à voir ces images de personnes masquées entassées dans les RER, parmi elles, je suis sûre qu’il y en a un grand nombre qui font des boulots non télétravaillables ni délocalisables, de toute façon, même pendant le confinement, vu qu’elles étaient soi-disant moins nombreuses à se déplacer, on les a entassé de la même manière faute de trains, et sans masque, ou alors avec ceux qu’elles avaient pu se fabriquer.
Des études sur le télétravail montrent que cela déshumanise le monde. Les gens en télétravail ont plus tendance à acheter sur Internet et ne plus sortir. Mort des commerces indépendants et longue vie à Amazon et à aux logiciels US?
Le télétravail est un leurre en CO2 car ce qu’on ne sort plus de sa voiture, c’est le serveur informatique qui le rejette.
Et puis, la numérisation de l’économie renforce l’emprisonnement des hommes accros à leur portable ou à leur ordinateur. La numérisation de l’économie c’est juste une part de plus dans les projets de la smart city et du monde-machine.
Ce monde est complètement fou et débile: des gens à 30 mètres d’un resto commande par UberEats pour se faire livrer. Des gens arrivent dans les boutiques avec les téléphones qui leur disent « vous êtes arrivés à destination » et certains disent dans des commerces « ne vous embêtez pas à commander ceci ou cela, je vais l’acheter sur Internet ».
Le télétravail est une fausse solution aux problèmes décris.
En matière environnementale c’est un leurre avec un risque d’augmentation à terme des distances domicile travail. Faire 100 km 1 fois par semaine au lieu de 5 x 10km n’arrange rien, surtout que 10km ça peut se faire en vélo 100 km non. On augmente aussi la superficie des surfaces chauffées, la quantité de matériel informatique en fonctionnement, … Le premier problème c’est l’aménagement du territoire. Il est urgent d’inverser la tendance des 50 dernières années qui concentre l’économie sur une dizaine de métropoles, et là la visio peut aider pour mettre en contact des gens sur des sites éloignées.
En matière sociale c’est une vision très individualiste là même ou l’écologie demande du collectif. Vouloir régler les problèmes de hiérarchie par la distance est un aveux d’échec.
Bonjour,
merci pour vos commentaires, je vais essayer de répondre à l’ensemble des points soulevés.
Tout à fait d’accord sur « le caractère globalement improductif et inutile d’une grande partie de l’encadrement intermédiaire dans les structures bureaucratiques… » Comme c’est bien dit! Je pense que c’est justement un facteur déterminant dans le fait que les plus hostiles au télétravail soient justement les cadres et le management au sens large qui perdent leur raison d’être…
Sur les « études sur le télétravail qui montrent que cela déshumanise le monde »… je demande à voir car de mon point de vue, la déshumanisation du monde n’a pas attendu le télétravail… Comme souvent on veut faire porter le poids de nombreux maux sur le télétravail, maux largement pré-existants au télétravail. Personnellement, je trouve cela plus déshumanisant de m’entasser dans des transports en commun bondés pour rejoindre par exemple une tour de bureau sans âme plutôt que de rester chez moi pour travailler à mon rythme dans un environnement familier… Chacun ses goûts!
Sur le fait que « les gens en télétravail ont plus tendance à acheter sur Internet et ne plus sortir » là aussi je demande à voir: quelles études, quels chiffres? De manière identique, la « mort des commerces indépendants » et le développement du commerce en ligne n’ont pas attendu le télétravail… Pareil pour la « numérisation de l’économie », si je partage les craintes et les inquiétudes, ce n’est pas le télétravail le responsable et, en l’occurrence, il peut justement être une manière de profiter un tant soit peu de ce que permet malgré tout cette « numérisation de l’économie ».
Sur l’idée que le télétravail serait « un leurre avec un risque d’augmentation à terme des distances domicile travail », franchement je demande à voir. Car, dans les faits, le télétravail réduit fortement les distances domicile-travail dans la mesure où chaque journée de télétravail est une journée sans déplacement domicile-travail. Dans votre exemple, vous partez du principe que le télétravailleur va forcément déménager à 100 km quand il habitait avant à 10 km de son lieu de travail. C’est déjà un postulat plus que discutable. Si cela peut s’envisager à la marge très ponctuellement, l’immense majorité des télétravailleurs qui télétravaillent en grande majorité un, deux ou trois jours par semaine maximum, ne va pas déménager au seul prétexte du télétravail. A ma connaissance, sauf exceptions, personne ne demande du télétravail 5j/semaine… Je trouve donc que c’est une manière étrange de tordre le cou à la réalité d’accuser le télétravail d’augmenter les distances parcourues… Dans l’immense majorité des cas, on ne va pas déménager quand on télétravaille 1 à 3 jours, mais juste réduire les distances parcourues, et donc les émissions de polluants pour ceux qui utilisent la voiture.
Sur les « surfaces chauffées » ou le « matériel informatique en fonctionnement », cela reste là aussi à prouver… Les « surfaces chauffées » le sont normalement là où se trouve le travailleur… Sur le matériel informatique, le télétravailleur a en général un ordi portable qu’il déplace avec lui, donc cela ne change pas grand chose… Quand bien même il aurait 2 ordis (un au travail et un chez lui), quel intérêt de les faire fonctionner tous les deux en même temps?
Mais le plus surprenant, c’est sur l’aspect « social »… On accuse le télétravail de reposer sur une vision individualiste… c’est juste un procès d’intention sans fondement. Déjà, en télétravail ou sur son lieu de travail, on échange avec les autres de toute manière (de visu, mails, téléphone, visio, etc.). Egalement, l’individualisme n’a pas attendu le télétravail avec très souvent des mails ou des coups de téléphone échangés par des salariés présents sur leur lieu de travail… Même pas besoin du télétravail pour éviter de se voir!
J’irai même plus loin, le télétravail est au contraire une réponse collective aux questions sanitaires et écologiques. En limitant la circulation du virus et les émissions de polluants et de CO2, le télétravail rend service à la société dans son ensemble, « en tant que collectif »… Franchement, je trouve beaucoup plus « individualiste », dans tous les sens du terme, la démarche qui consiste à rejoindre chaque matin son petit bureau individuel, seul dans sa petite voiture bloquée dans les bouchons au milieu de la pollution…
Enfin, je comprends la dernière remarque sur l’échec que représente l’idée de « vouloir régler les problèmes de hiérarchie par la distance », sauf qu’il ne s’agit pas de les régler, ce n’est pas ce qui est dit dans l’article, mais de se protéger en tant que salarié pour de nombreux salariés qui subissent une pression de plus en plus forte dans le monde du travail… On peut le déplorer, il n’en demeure pas moins que la violence du monde du travail est un fait de plus en plus prégnant, on le voit avec le développement de ce que l’on appelle les risques psycho-sociaux. « L’aveu de l’échec » n’est donc pas à trouver du côté des salariés ou des télétravailleurs, mais du côté d’un management dans son ensemble qui pressurise de plus en plus et qui devrait plutôt se poser des questions sur son modèle de management et sur ses pratiques…
Les études sur le lien entre télétravail et déshumanisation (ou plutôt désocialisation) ainsi que l’augmentation du E-commerce sont des études québécoises parues dans le quotidien « Le devoir » ou « La Presse ».
le télé-travail pousse à plus de voitures et plus de rurbanisation (cf. rubrique Jacques Sapir) sur le site sputnik
https://fr.sputniknews.com/radio_sapir/202010161044588126-rurbanisation-la-face-obscure-du-monde-d-apres/
Le télétravail n’est qu’une nouvelle donne du capitalisme nous poussant toujours à plus d’individualisme et d’uber-salariat. Le télétravail est un morceau de la numérisation du monde qui nous entraine dans le monde-machine et nous transforme en hommes-machine selon les doux rêves des transhumanistes de la silicon valley (dont certains travaillent chez Google, Facebook et dans les startUp californiennes).
Le télétravail n’a rien d’écologiste, ne réduit pas les gaz à effet de serre et nous enferme dans un monde peuplé d’ordinateurs, de portables et de sites internet entrainant la fin des services publics qui deviennent (comme le travail?) numériques.
https://www.partage-le.com/2020/09/28/pmo-la-numerisation-des-activites-humaines-genere-un-environnement-machine-total/
Si vous lisez ce texte ci dessous, peut-on voir le télétravail comme une libération et un progrès ou comme un aspect de ce monde cannibale?
https://philitt.fr/2020/07/08/comment-nous-sommes-devenus-des-cannibales-en-costume/
Donc si je comprends bien, en guise « d’études sur le lien entre télétravail et déshumanisation », je dois me contenter « d’études québécoises parues dans le quotidien « Le devoir » ou « La Presse » »… Cela va être dur de tirer des conclusions de ces « informations »… Après, sur l’idée que « le télétravail pousse au e-commerce », aucune référence sérieuse, donc on en est au même point, à savoir le procès d’intention…
De mon côté, je peux conseiller l’étude de l’ADEME sur le télétravail: Télétravail, (Im)mobilité et modes de vie, Étude du télétravail et des modes de vie à l’occasion de la crise sanitaire de 2020.
https://www.ademe.fr/teletravail-immobilite-modes-vie
Vous pourrez voir, page 16 de la synthèse de cette étude, que « les télétravailleurs fréquentent davantage les commerces de proximité« … soit l’exact contraire de votre assertion.
Ensuite, vous passez directement à un tout autre sujet, à savoir l’idée que « le télé-travail pousse à plus de voitures et plus de rurbanisation« … en citant un article d’un journal que je ne connaissais pas qui s’appelle Sputnik. Comme j’aime bien savoir de quel média proviennent les informations qu’on me livre, j’ai fait une recherche simple sur wikipédia et j’ai trouvé que Sputnik est « majoritairement considérée par les experts et les médias comme un outil de la propagande russe se livrant à la désinformation. En France, l’agence est considérée proche de l’extrême droite sur Internet et complotiste. »
Étonnant non, on parle tranquillement du télétravail sur Carfree France et on se retrouve à devoir analyser des éléments provenant de ce type de médias… A vrai dire, l’article est constitué d’une vidéo de près d’une heure… que je n’ai pas regardé, car j’ai un peu autre chose à faire que de regarder des vidéos de ce type de média. Apparemment, il s’agit d’une émission où est invité un urbaniste ayant publié un livre sur la rurbanisation… en 1976! C’est assez intéressant en effet, car le télétravail devait être particulièrement développé en 1976 pour avoir causé le phénomène de rurbanisation qui s’est développé ensuite pendant toutes les années 1980 et 1990…
Au-delà de la blague, je ne sais pas ce que cette émission « prouve ou pas » sur la rurbanisation ou plus largement sur la relocalisation des télé-travailleurs, car c’est ici le sujet qui nous occupe. De mon côté, je peux vous inviter à consulter une autre étude de l’ADEME: « Caractérisation des effets rebond induits par le télétravail »
https://www.ademe.fr/caracterisation-effets-rebond-induits-teletravail
Car, il se trouve que la littérature identifie bien des effets rebonds ou autres effets négatifs du télétravail, même s’ils ne contre-balancent pas les effets largement positifs du télétravail. Pour ce qui concerne « l’effet relocalisation », que vous reliez à la rurbanisation, l’ADEME explique, page 7 de la synthèse de l’étude, que cet effet n’est pas démontré dans le cadre de la pratique actuelle du télétravail, c’est-à-dire un télétravail ponctuel de 1 à 3 jours par semaine. Donc, là encore, les faits démentent vos assertions.
Ensuite, en dépit du bon sens, vous revenez sur l’aspect « anti-écologique » du télétravail, toujours sans citer aucune étude démontrant cela. Vous vous contentez d’affirmer de manière péremptoire que « le télétravail n’a rien d’écologiste, ne réduit pas les gaz à effet de serre« .
Là encore, je ne peux que vous renvoyer vers la première étude de l’ADEME qui démontre exactement le contraire. En particulier, page 11 de sa synthèse, l’ADEME explique que « la généralisation du télétravail après le confinement permettrait de réduire le nombre de déplacements, la congestion et les émissions de CO2. » L’ADEME précise que l’amélioration porterait aussi sur la diminution de la pollution au sens large et en tenant compte bien sûr des effets rebond abordés précédemment.
Après ce détour par l’écologie, vous revenez à l’aspect prétendument déshumanisant du télétravail en affirmant qu’il « nous enferme dans un monde peuplé d’ordinateurs, de portables et de sites internet entrainant la fin des services publics qui deviennent (comme le travail?) numériques. »
Et pour « prouver » cela, vous proposez en lien un long article de PMO qui ne dit pas un mot sur le télétravail! Je ne vais pas me lancer dans l’exégèse de ce texte car cela nous emmènerait un peu loin par rapport au sujet initial, pour ne pas dire carrément dans le hors-sujet. En outre, j’ai déjà répondu sur cet aspect des choses. Là encore, on veut faire porter le poids de nombreux maux sur le télétravail, maux largement pré-existants au télétravail. La numérisation de l’économie, les ordinateurs, les portables, les machines, etc. n’ont pas attendu le télétravail pour se développer… On ne peut donc pas accuser le télétravail d’être responsable de cela. Tout au plus, le télétravail est une conséquence de cette numérisation de l’économie, pas une cause.
Les textes de PMO sont souvent intéressants bien que très théoriques. Si je partage de nombreux points de leurs analyses, j’ai envie de dire: « combien de divisions? » C’est une chose de se réclamer au 21ème siècle du luddisme et de nous demander de « briser nos machines » i.e nos ordinateurs et nos portables, c’est autre chose d’être en moyen de le faire… La révolution ne se décrète pas sur internet et requiert un minimum de consentement populaire… Or, concernant le télétravail, sujet de mon article, il se trouve que 8 salariés sur 10 souhaitent continuer à faire du télétravail suite au confinement (Source: France-Inter). C’est un peu le problème de la « pureté révolutionnaire », entre ce que l’on souhaite du haut de ses analyses et ce que la majorité des gens veut…
Si on est d’accord sur les problèmes soulevés par « la numérisation de l’économie » (et de la société d’ailleurs), le télétravail n’en est pas responsable. Et comme je l’ai déjà dit, il peut justement être une manière de profiter un tant soit peu de ce que permet malgré tout cette « numérisation de l’économie ». Et j’irai même plus loin, là où PMO parle de « libération » et « d’émancipation », je soutiens que le télétravail participe justement de cela, en mettant l’aliénation du monde moderne (transports déshumanisés, tours de bureaux sans âme, monde du travail oppressif, etc.) à distance. En télétravail, le salarié ne s’extrait pas complètement de la norme sociale, mais il s’en libère en grande partie en évitant ces transports fatigants, en mettant à distance une hiérarchie oppressante et la violence de plus en plus forte du monde du travail de manière générale. Ce n’est pas pour rien si 8 salariés sur 10 plébiscitent le télétravail…
Pour finir, vous donnez à lire un autre texte qui ne parle pas non plus du télétravail une seule fois! Cela fait beaucoup de références illustrant soi-disant vos assertions sur le télétravail… qui ne parlent jamais du télétravail. Ce texte assez indigeste vient là aussi d’une revue que je ne connaissais pas, Philitt. En cherchant à en savoir plus sur cette revue, j’ai découvert sur wikipédia que cette revue est connue comme une revue conservatrice, de droite et de tendance chrétienne… Étrange quand même toutes ces références, sans aucun rapport avec le télétravail, mais proches de milieux de droite ou d’extrême-droite…
Dans le détail, l’article de Philitt, pénible à lire, est en fait juste une recension d’un ouvrage de sociologie sur le monde du travail. J’ai essayé de le lire jusqu’au bout, mais je me suis arrêté quand j’ai lu la phrase suivante:
La propagande chrétienne, comme toute propagande religieuse, est ici particulièrement indigeste.
Des études sur le télétravail ont été faites au Québec et sont parues dans des journaux. Bon, après, on en pense ce que l’on veut.
Maintenant…. si le télétravail favorise le commerce de proximité, on se demande bien pourquoi on annonce plus de 60000 dépots de bilan d’ici la fin de l’année sur les PME de moins de 20 salariés, pourquoi la vacance des commerces de centre-ville s’accroit au cours des derniers mois et pourquoi les drives ont le vent en poupe pendant qu’Amazon est le grand gagnant du commerce des derniers mois…
Bon, ok, Philitt est référencé par Wikidédia (qui est un outil tellement libre et ouvert, que la moindre critique des articles en ligne est aussitôt censurée), mais le texte est une recension de lecture qui parle de l’homme-machine dans la ville-machine et le télétravail, c’est l’apanage parfait de l’homme-machine aliéné seul devant un écran avec des contacts virtuels par Skype ou autres. Tout cela est parfaitement écologique bien sûr, vivre seul dans son bureau face à son écran et parler avec des collègues par des ondes et des fibres optiques, contrôlés par des machines, au service de la machine. L’enfer vert?
Quand à ce même article sur le site Philitt, j’en arrive à croire qu’il faut donc s’affranchir de lire tout ce qui a une référence à la chrétienté?, juste parce que c’est religieux et que tout discours religieux est insipide et propagandiste? Doit-on alors faire une croix sur 2000 ans de textes européens à la moindre référence chétienne? L’enfer de Dante? le Faust de Goethe? A la benne les lacrimosa de mozart, le requiem de Verdi, le Salve regina de Vivaldi???? Foutons aussi à la poubelle les tableaux de Rafael, de Vinci?
Et finalement que penser de Ivan Illitch qui était prêtre????
« Si on est d’accord sur les problèmes soulevés par « la numérisation de l’économie » (et de la société d’ailleurs), le télétravail n’en est pas responsable »
En effet, le télétravail n’est pas responsable de la numérisation de l’économie, il en est toutefois une partie prenante.
Ben non, justement, on n’en pense rien… à partir du moment où vous ne citez aucune source permettant de savoir de quoi il s’agit. Vous affirmez des choses sans les étayer ou alors de manière tellement fumeuse que personne n’est en mesure de les vérifier. De mon côté, j’ai cité des sources sérieuses qui disent le contraire de vos affirmations.
Concernant les dépôts de bilan de PME ou de commerces de proximité, là encore vous voulez faire porter le poids de nombreux maux sur le télétravail. En l’occurrence, c’est même purement et simplement de la mauvaise foi, car tout le monde sait bien que la crise économique dont il est question ici n’est pas causée par le télétravail, mais par quelque chose d’historique qui s’appelle… une crise sanitaire sans précédent dans l’Histoire récente! Si le drive ou Amazon ont très bien marché pendant le confinement et depuis, ce n’est pas lié au télétravail, mais au fait que beaucoup de gens avaient et ont tout simplement peur d’aller dans des commerces (sans même parler du fait que de nombreux commerces étaient fermés pendant le confinement).
Au passage, la situation économique est très loin de s’améliorer actuellement alors que le télétravail est redevenu très faible depuis la rentrée: il tourne autour de 10% désormais contre 7% avant la crise sanitaire, du fait de la pression hiérarchique des employeurs pour le retour sur le lieu de travail. Mais c’est sans doute à cause du télétravail si les bars, les restaurants et toutes les entreprises déposent le bilan depuis la rentrée?
Un moment donné, il faut être un peu sérieux…
Sur le site chrétien dont vous parlez, c’est votre droit d’adhérer à ce type de discours, mais en l’occurrence, l’article dont vous parlez et que vous avez cité ne parle pas une seule fois de télétravail et ne prouve donc strictement rien. On est juste dans le hors-sujet. Si votre propos est juste de faire des références chrétiennes, pourquoi alors ne pas parler de la Genèse?
Je ne sais pas non plus où est le lien avec le télétravail, mais on voit bien où les 2000 ans d’histoire chrétienne nous conduisent…
Pour finir, effectivement le télétravail est partie prenante de la numérisation de l’économie, tout comme l’ordinateur, le portable ou la tablette que vous utilisez pour consulter Internet en ce moment même et poster vos commentaires sur Carfree France…
Etre sérieux, c’est reconnaitre que les grands gagnants de la situation actuelle, c’est à dire depuis mars, c’est AMAZON et les DRIVE. Le commerce de proximité notamment l’alimentaire a eu un boom en mars/avril et puis plouf!!! les gens ont repris leur habitudes.
Le boom des petits commerces des fameuses enquêtes, il est où dans la réalité??
https://lechommerces.fr/les-francais-soutiennent-ils-reellement-le-petit-commerce/
Et ici, que voit-on?
https://lechommerces.fr/les-francais-soutiennent-ils-reellement-le-petit-commerce/
Je te résume: facebook, drive, promo, waez, google map, clickandcollect… le petit commerce de proximité???
Le monde (tant qu’il y’aura du pétrole) s’oriente vers un monde déshumanisé ou meurent les indépendants où ne survivent que les franchises, les multinationales et les gros… Les rues de remplies de zombies sur des téléphones, des voitures, des idiots… Croire que tout cela est en faveur d’un télétravail qui favorise le commerce de proximité est sérieux????
A moins que le commerce de proximité soit Auchan, Leclerc ou Carrefour… Le drive de McDonald, la livraison UBER de KFC… Après tout, la proximité dans le coeur des français n’a rien à voir avec les commerce indépendants qui meurent!!!
Vous tournez en rond autour de vos certitudes… Je vous donne des sources sur le télétravail et vous sortez des articles qui ne parlent jamais de télétravail, le sujet pourtant de l’article présent, et vous restez sur le registre de la « croyance ». Pire, vous sautez de sujets en sujets, désormais vous faites une fixation sur le « petit commerce »… Et alors? Oui, c’est un sujet intéressant, il y a effectivement beaucoup à dire… dans un autre article par exemple…
Dans ma boite les syndicats ont demandé du télétravail. La direction en veut bien. Mais pas à 10, 100 ou même 500 km. C’est à 2000 ou 7000 km là ou les salaires coutent beaucoup moins cher, le droit du travail et les syndicats sont inexistants.
Les syndicats ont demandé du télétravail à 2000 ou 7000 km là où « les syndicats sont inexistants »? Étonnant… ou alors c’est seulement la direction qui veut cela? Quel genre de boîte est-ce car ici il ne s’agit pas vraiment de « télétravail » mais de délocalisations en l’occurrence si ce n’est plus le même droit du travail qui s’applique…
Idem ici, dans un centre informatique où tout le monde travaille principalement sur du matériel délocalisé (donc « télétravail » depuis le bureau…) mais où les RH ont clairement laissé entendre : vous voulez du télétravail ? soit, mais n’en demandez pas trop, parce que ce qui est fait à distance en France peut aussi être fait à distance en Inde, Maroc ou Tunisie… Donc oui, menace claire de délocalisation et chantage…
« Vous tournez en rond autour de vos certitudes… Je vous donne des sources sur le télétravail et vous sortez des articles qui ne parlent jamais de télétravail, le sujet pourtant de l’article présent, et vous restez sur le registre de la « croyance ». Pire, vous sautez de sujets en sujets, désormais vous faites une fixation sur le « petit commerce »… Et alors? Oui, c’est un sujet intéressant, il y a effectivement beaucoup à dire… dans un autre article par exemple…' »
Il faut donc « segmenter » le sujet pour ne pas le prendre dans sa globalité?
la numérisation de la société, le télé-travail, les délocalisations numériques (les centres d’appels par exemple…), les drives auto, les drives piétons de la grande distribution qui s’insèrent dans les villes à la recherche des fameux « télétravailleurs » qui aiment « le commerce de proximité ».
bien sûr, on pourrait dire que le télétravail favorise le commerce de proximité. Mais la réalité? Les enquêtes d’opinion montrent que les gens « adorent » le petit commerce de proximité ». La réalité, c’est que le E-commerce progresse tous les ans, que la vacance commerciale augmente partout, et que les chambres des métiers et de l’artisanat n’ont qu’une seule solution aux problèmes des petites structures: ils vous disent « numérisez votre activité, faites une compte facebook, faites un compte instagram » sans même comprendre qu’on ne saurait vendre un article à 5 euros quand Amazon le vend à 2 voire moins.
Alors peut-être que je noie le problème et que je restreins le sujet ou m’en éloigne. Mais, les choses se voient dans la globalité. En d’autres termes, faudrait-il être contre les SUV mais pas contre la voiture en général? En d’autres termes, a t-on le droit de polluer en Twingo, mais par en Rav4?
Je crois que là encore vous vous trompez de cible, ce que vous décrivez c’est un travail qui est, si je comprends bien, à la base complètement délocalisable… Donc cela n’a rien à voir avec le télétravail. Je vais être direct, mais si le travail que vous décrivez est entièrement délocalisable, il sera de toute manière délocalisé quand l’entreprise aura décidé qu’il le soit pour des raisons propres à son fonctionnement, télétravail ou pas. Donc, les RH « qui font du chantage à la délocalisation » dans votre cas sont juste dans le rôle que j’ai décrit dans mon article, à savoir le refus du télétravail de la part de nombreuses directions…
Ah d’accord, donc les études de l’ADEME sont fausses et mensongères, puisque vous, vous connaissez « la réalité »…
Ce qui est marrant avec votre raisonnement fondé sur des « croyances », c’est qu’il est à géométrie variable et qu’il se contredit lui-même. Si Amazon vend un produit à 2 euros alors que les « petits commerces » ne peuvent pas le vendre en-dessous de 5 euros, alors le « petit commerce » est condamné à terme, cela s’appelle le capitalisme… Mais c’est surement la faute du télétravail!
« Il nous semble juste de parler de stratégie du choc numérique, au sens où la crise sanitaire crée l’occasion de renforcer la dépendance aux outils informatiques, et de déployer des projets économiques et politiques pré-existants : enseignement à distance, recours massif au télétravail, « e‑santé », Internet des objets et robotisation, élimination de l’argent liquide au profit de la monnaie électronique, promotion de la 5G, smart city… On peut aussi faire figurer dans ce tableau les projets de suivi des individus par leur smartphone, au-delà de ce qui se pratiquait déjà en matière de surveillance policière, de marketing, ou de rencontres amoureuses par applications dédiées. Ainsi le risque n’est-il pas seulement que les choses restent « comme avant », mais qu’elles empirent nettement. »
Extrait d’un texte rédigé par le collectif Écran total (résister à la gestion et l’informatisation de nos vies) et le groupe de travail « digitalizacion, TIC y 5G » de l’organisation Ecologistas en accion.
Il s’agit ici d’un postulat erroné démenti par les faits.
Ce postulat est erroné car il part du principe qu’il y aurait un intérêt bien compris du pouvoir et/ou des entreprises à développer le télétravail, ce qui est démenti par les faits. Comme je l’explique dans mon texte, le gouvernement et la quasi totalité des entreprises freinent des quatre fers le développement du télétravail. Le gouvernement se cantonne dans l’incantation « il faut faire du télétravail » sans mesures contraignantes ou même incitatives et les entreprises ont poussé au maximum pour le retour des salariés sur le lieu de travail depuis le déconfinement.
On a vu mieux comme « stratégie du choc » pour déployer le télétravail…
Cela devrait faire réfléchir les auteurs de ce texte… Pourquoi limiter autant le télétravail qui est, je le rappelle, quasiment revenu à son niveau d’avant crise, s’il y avait une réelle stratégie du choc numérique ?
On est ici juste dans le complotisme de base.
le caratère incantatoire, « ça mange pas de pain », non interventionniste, libéral de l’encouragement au télétravail en direction des entreprises se retrouve pour la loi d’orientation des mobilités, en direction des collectivités et les « autorités organisatrices des mobilités », où jamais ou presque figure dans le texte « doit » ou « doivent », mais toujours « peut » ou « peuvent »…
… je ne sais pas si le « XXIe s. sera religieux ou ne sera pas » comme disait « Dur de Mèche », mais en attendant sa bobine ressemble étrangement au XIXe, avec des allures louis-philippardes ou Second Empire, et un Etat favorisant au maximum les initiatives privées pour fabriquer une économie de l’enrichissement personnel… : à l’époque industries lourdes, immobilier, compagnies ferroviaires et capitalisme colonial…
Dans un monde qui se numérise et de déshumanise à toute vitesse et qui est complètement déconnecté de la nature détruisant tout sur son passage pour quelques terres rares afin de « nourrir » tous ces appareils qui nous enferment dans: le bigdata, le blockchain, le télétravail, la fin de l’argent liquide au profit des bitcoins étatiques (cf. propos de Christine Lagarde) ou privés (projet Libra de facebook). Dans un monde où disparait le commerce physique au profit du PurePlayer comme on les appelle (Amazon et consorts) et ceci malgré toute la volonté des gens qui aiment le petit commerce (mais n’y vont pas….). Bref, dans cette charmante bulle du téléphone portable, du télétravail et de l’ubérisation du salariat qu’il entraine, le fait de prendre de la hauteur sur ces sujets fait donc de moi…un complotiste.
Pendant qu’on nous transforme en esclave numérique, que des sociétés informatiques se transforment en assureur de santé avec l’aide de chaine de supermarché (cf. Migros/Google) afin de contrôler ce qu’on achète et de nous assurer en fonction de nos achats, alors que pendant que l’on télétravaille, l’application ZOOM (fortement utilisée…) se sert de « attendee Attention Traking » pour mieux connaitre vos clics de souris, pendant, pendant… pendant??? Mais tout cela n’est que délire de complotiste.
Comme d’habitude, aucune réponse aux questions ou aux remarques qui vous sont faites… pour revenir par contre systématiquement dans le même gloubiboulga complotiste au sein duquel le télétravail semble être le grand Satan…
Franchement, libérez-vous de votre « esclavage numérique » en commençant par brûler votre ordinateur…