Personne n’en parle, mais 2017 est l’anniversaire des 30 ans du développement durable. C’était en 1987, avec la publication du rapport Brundtland, qui présentait officiellement le développement durable comme un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins. Trente ans après, la fumisterie a vécu.
L’expression sustainable development, traduite par développement durable, apparaît en fait dans la littérature scientifique au début des années 1980, et pour la première fois dans une publication destinée au grand public en 1987 dans le rapport intitulé Our Common Future (Notre avenir à tous) de la Commission mondiale pour le développement et l’environnement de l’Organisation des Nations Unies rédigé par la Norvégienne Gro Harlem Brundtland. C’est pourquoi, 1987 est la date officielle d’apparition du concept du développement durable qui devait révolutionner nos modes de production et notre rapport à l’environnement.
Selon Wikipédia, le développement durable est une « nouvelle conception de l’intérêt général, appliquée à la croissance économique et reconsidérée à l’échelle mondiale afin de prendre en compte les aspects environnementaux et sociaux d’une planète globalisée. » C’est ce que l’on appelle plus ou moins les 3 piliers de développement durable: définir des schémas viables qui concilient les trois aspects écologique, social et économique des activités humaines.
En 2017, il apparaît désormais assez clairement que tout ceci n’était qu’une vaste fumisterie. Tous les indicateurs environnementaux sont dans le rouge, en particulier dans le domaine climatique (voir infographie de l’AFP) ou pour ce qui concerne la sixième extinction de masse des animaux.
Et pour ce qui concerne le pilier dit « social » du développement durable, même le journal Le Figaro reconnaît que « le fossé entre riches et pauvres est à un niveau record depuis 30 ans. » Quant aux très riches, merci pour eux, ils vont très bien et n’ont même jamais été aussi riches qu’en ce moment.
Mais à quoi a donc servi le développement durable depuis 30 ans? Combien de séminaires, de livres, de conférences, d’émissions de télévision pour nous dire que le développement durable allait changer le Monde? Combien d’entreprises qui, le cœur sur la main, ont nommé leur Monsieur ou Madame Développement durable pour changer leurs process industriels et mettre le développement durable au cœur de l’entreprise? Combien de publicités « vertes » pour nous vanter les bienfaits du développement durable?
Publicité Porsche: « Comment concilier sportivité, plaisir et développement durable ? En adoptant sans cesse des technologies innovantes : les technologies Porsche. »
Et du côté de l’éco-citoyen? Combien d’ampoules ou de piles jetées dans le bon bac et combien d’aller-retour en voiture (en éco-conduite) pour aller recycler le verre?
Le développement durable devait changer le Monde.
Effectivement, le Monde a changé ces derniers temps, avec une pression sur l’environnement de plus en plus forte, une hausse générale des températures désormais incontrôlable, des évènements climatiques extrêmes qui ont doublé depuis 1990 et plus de 50 % des animaux qui ont disparu depuis quarante ans…
On nous aurait donc menti?
Hervé Kempf résume plutôt bien la situation: « Le développement durable est un alibi du capitalisme pour continuer à mener une économie néo-libérale… »
Il faudra bien faire un jour un bilan de cette gigantesque manipulation mentale qu’est le développement durable. C’est une manipulation mentale à grande échelle car la société dans son ensemble, mis à part de rares exceptions, s’est embringuée dans cette triste histoire, à la remorque des politiques et des entreprises. Triste histoire, car au lieu de traiter vraiment les vrais problèmes, ce concept fumeux du développement durable a induit massivement les gens dans l’erreur. L’erreur de penser que nous étions tous collectivement en train de « faire quelque chose pour la planète ».
Trente ans plus tard, on peut voir « ce que l’on a fait pour la planète »… Certains diront peut-être que cela aurait été pire sans le développement durable. Cela peut toujours être pire; la question n’est pas là, mais de savoir si la situation issue de 30 années de développement durable est acceptable d’un point de vue social et environnemental.
Si la réponse est non, toute personne qui parle désormais du développement durable comme d’une solution devrait être traduite immédiatement en justice devant le tribunal international de l’environnement. Mince, il n’existe pas…
Avec ses trois piliers – sociétal, environnemental et économique, tiercé dans le désordre… – le développement durable est rapidement passé d’un principe de conciliation à celui de compromission :
http://www.cnrtl.fr/definition/compromission
Sur une planète aux ressources finies, seul un équilibre peut être durable : le « développement durable » est un oxymore.
Le développement durable est mort !
Vive la transition énergétique et solidaire !
Le « développement durable », rions un peu, il n’est pas une seule ressource naturelle sur laquelle il n’y ait pas de tensions insurmontables à plus ou moins long terme ni de risques écologiques : l’eau, le sable, le phosphate, l’aluminium, etc.. sans parler bien sûr du pétrole… et du lithium.
On a en réalité qu’un unique choix à faire :
Celui entre une décroissance choisie, organisée, qui contient des points d’équilibre et encore un peu de développement.
Et celui d’une décroissance subie et soudaine parce qu’on a tout brûlé. Où l’on aura même plus les ressources pour déconstruire proprement parce que déconstruire cela coûte encore.
Il faut en garder sous le coude pour réaménager le monde et continuer à fabriquer des vélos des pistes cyclables et tout et tout.