Quand les médias parlent de dysfonctionnement d’un service public, rapidement se pose la question de le rendre payant. Récemment, un éditorialiste de la chaîne de télévision LCI, François Lenglet, croyait intelligent d’affirmer: « Quand la santé est gratuite, la demande est illimitée! On trouve des gens qui n’ont rien à faire aux urgences, mais qui viennent car c’est gratuit. »
La logique à l’œuvre est donc la suivante: les urgences hospitalières sont débordées car elles sont « gratuites ». Les gens, qui n’ont rien à faire de spécial, vont aux urgences comme ils iraient au parc public ou au square. Donc, pour « résoudre le problème », il faut faire payer l’usager.
Pour François Lenglet et tous les partisans du libéralisme au sens large, les gens abusent de la gratuité et donc le payant permet de réguler l’usage. Évidemment, pour eux ne se pose pas la question des moyens humains et financiers affectés au service public en général et aux urgences hospitalières en particulier. Ne se pose pas non plus la question de la disparition de nombreux médecins en particulier en milieu rural, ou de petits services hospitaliers dits non rentables, qui poussent ensuite les gens à aller là où ils pourront être soignés, c’est-à-dire aux urgences.
Pour eux, les gens abusent a priori du service public car c’est gratuit. C’est la même logique qui est à l’œuvre quand certains osent, par exemple, parler de créer un service public gratuit de transport public urbain. Les François Lenglet et autres partisans du libéralisme montent au créneau pour dire en substance que les gens vont forcément profiter de la gratuité des bus pour les prendre à tout bout de champ pour un oui ou pour un non. Car, pour eux, si tout le monde se met à prendre le bus, cela va forcément détériorer le service (vu qu’on raisonne toujours à coût constant voire même plutôt diminuant).
Ces gens, les libéraux, montrent donc une grande cohérence idéologique: la gratuité est dangereuse car les usagers ont tendance à abuser d’un service gratuit et il faut donc le rendre payant pour réguler son usage.
Réveille-toi Adam Smith, sors de ta tombe Milton Friedman!
Mais alors, pourquoi les routes sont-elles gratuites pour les usagers des routes qu’on appelle « les automobilistes »? En toute logique libérale, la gratuité des routes est à proscrire. Paraphrasons donc François Lenglet: « Quand la route est gratuite, la demande est illimitée! On trouve des gens qui n’ont rien à faire sur la route, mais qui viennent car c’est gratuit. »
Car ce ne sont pas les taxes sur le carburant qui payent la création et l’entretien des routes. Ces taxes ne permettent déjà pas de combler le coût sociétal et environnemental du transport motorisé (accidents, pollution, bruit, climat, etc.). Les routes publiques, qu’elles soient communales, départementales ou nationales sont de fait un service public gratuit, car financé par tous les contribuables, y compris ceux qui n’ont pas de voiture.
Donc, tous les François Lenglet et autres donneurs de leçons qui veulent se faire passer pour des libéraux sont en fait de dangereux bolchéviques, des partisans acharnés du service public des routes. Et en plus, ces gens-là réclament régulièrement des baisses des taxes sur les carburants. Ils ne payent pas les routes en tant qu’usagers et en plus il ne veulent même pas payer les externalités négatives provoquées par l’automobile…
A ce niveau-là de bolchévisme, c’est du Stalinisme de haut vol. Réveille-toi Adam Smith, sors de ta tombe Milton Friedman!
La gratuité des routes est un scandale communiste. Il faut faire payer l’usager de la route pour réguler son usage et éviter que les gens abusent du service public des routes. Avec un GPS connecté au Fisc sur chaque voiture, on pourra facturer à chaque automobiliste son usage de la route publique dès qu’il part de chez lui. En faisant payer l’usage des routes aux automobilistes, on évitera ainsi les automobilistes qui abusent de la route pour un oui ou pour un non parce qu’elle est gratuite!
Et tous les syndicalistes CGT de la route comme François Lenglet n’ont qu’à aller vivre en Corée du Nord s’ils ne sont pas contents.
Ça me rappel l’article de Jancovici :
Pourquoi ne pas privatiser la totalité du réseau routier ?
> Avec un GPS connecté au Fisc sur chaque voiture, on pourra facturer à chaque automobiliste son usage de la route publique dès qu’il part de chez lui.
Ça ne dit pas comment on facture l’usage de la route publique à tous les usagers non-automobilistes.
bah…! on rémunère piétons et cyclistes et on fait raquer un max la communauté giléjaunassique-park, sans oublier la nébuleuse individualiste bagnolarde, tout en proposant la gratuité pour les transports en commun sur route…
quant au GPS sur le toit de la carrosserie – respect des limitations de vitesse, stationnement illicite et autres horreurs… – on externalise la traque préventive chez Poupoute et les Chinois…
BOAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA
Marcel Robert > Pour eux, les gens abusent a priori du service public car c’est gratuit. C’est la même logique qui est à l’œuvre quand certains osent, par exemple, parler de créer un service public gratuit de transport public urbain.
En l’occurence, la comparaison ne tient pas : on ne choisit pas d’avoir un accident ou de tomber malade, mais on choisit de se déplacer, et en utilisant tel ou tel mode.
En revanche, le problème est effectivement le même concernant la « gratuité » des transports publics et celle des voies autre qu’autoroutes : c’est « gratuit », donc je l’utilise, même excessivement, par simple effet d’aubaine.
Pour ce qui est de la suppression des tickets dans les transports en commun, l’intérêt — ou pas — dépend 1. de la fréquentation* et 2. du montant payé par l’utilisateur par rapport à la dépense totale : si le premier est faible, ça peut effectivement valoir le coup de supprimer les tickets, ce qui permet de faire des économies (personnel + distributeurs de tickets).
* en IdF : déjà saturés aux heures de pointe
Bonjour à tous,
un des avantage de la gratuité des transports publics, pour moi, c’est qu’il ne faudrait plus que le service publique mettent à disposition des véhicules et des horaires qui permettent de transporter tout le monde, puisque c’est gratuit le nombre de passagers transportable est inconnu, donc les services publics ne doivent plus que se contenter de donner un transport selon leurs moyens et leurs finances.
Alors que si le transport n’est pas gratuit, les services publics se doivent de répondre au mieux aux besoins du client.
Qu’en pensez-vous, s’il vous plaît? Merci.
A votre service.
C’est pourtant vrai que beaucoup aux urgences n’ont rien à y faire. Ils y viennent parce que c’est gratuit, contrairement au généraliste qui serait plus adapté. (Et finalement moins cher pour la sécu)
donc pour désencombrer les urgences, il faut un meilleur acces au soins pour tous..
Bravo pour cet article qui manie l’ironie et les points sur les i.
Pour aller dans le même sens, si la gratuité favorise l’excès et le mésusage, il faudrait supprimer les abonnements aux transports publics car une fois l’abonnement payé on peut passer la journée dans les transports. Cela mettrait fin aux drogués des transports en commun qui font un grand tour de RER avant d’aller au boulot afin d’arriver frais et dispos pour une journée de labeur. Puis rebelote au retour, un grand tour de RER pour rentrer à la maison, frais et dispos pour faire les courses, s’occuper des enfants, faire le ménage, le repas et éventuellement un petit tour de bus avant de faire l’amour. Le monde imaginaire de Lenglet doit ressembler à ça.
F. Lenglet grassement payé pour vomir sur les services publics, que connaît-il de la vie des gens ordinaires ?
Pour tous ceux comme Marcheoureve qui propagent ce lieu commun selon lequel beaucoup de gens vont aux urgences alors qu’ils n’ont rien à y faire, on conseillera cet article qui fait référence à une étude approfondie sur le sujet :
https://mobile.francetvinfo.fr/economie/greve/greve-aux-urgences/seuls-6-des-malades-se-presentent-aux-urgences-de-maniere-inappropriee-selon-une-etude_3681969.html#xtref=acc_dir
En fait pas plus de 6% des patients aux urgences auraient pu faire autrement….
Par conséquent, dire que les urgences sont engorgées par des gens qui n’ont rien à y faire relève juste de la propagande libérale.