« Ensemble, tout devient possible ». On y a tous plus ou moins cru. En fait, ce slogan aguicheur ne visait qu’une petite caste identifiée ensuite comme faisant partie de l’entourage bling-bling du postulant.
Aujourd’hui, il n’est plus question de donner à la France une image de farniente alors que les usines manquent cruellement de bras.
C’est de façon caricaturale ce qu’il convient de retenir du message donné car on sait bien que la désindustrialisation n’a cessé de croître au fil du temps et que la France est une grande friche industrielle.
Il suffit de parcourir le bassin potassique en Alsace pour s’en convaincre.
Maintenant que les caisses sont vides (pas toutes), il est temps de retrousser les manches.
Comme en 36!
Enfin, petit à petit, le gouvernement de la République va arriver à ses fins: il va y avoir moins de vieux à vélo sur nos routes.
Qu’on ne s’y trompe pas, en repoussant l’âge légal de départ à la retraite, nos gouvernants ne visent qu’une chose: faire en sorte que moins de gens se baladent dehors sans rien faire d’autre que du vélo.
Si l’on peut admettre que les riches se planquent dans des paradis lointains sous un parasol en sirotant une limonade, en revanche c’est une atteinte grave à l’ordre public que de voir déambuler sur nos routes d’alertes quinquas en culottes courtes.
En allongeant progressivement l’âge de départ à la retraite à 67 ans, l’opération ne peut être que salutaire pour le bien public puisqu’elle va enfin permettre de résoudre le problème embarrassant des vieux à vélo sur nos routes.
En les obligeant à faire autre chose qu’à emmerder le monde sur les vicinales et à permettre enfin aux camions de doubler sans ralentir et sans frôler la correctionnelle, les vieux cyclistes vont débarrasser le terrain petit à petit au fur et à mesure qu’on va les garder à l’usine plus longtemps.
La grande Fédération Française de Cyclo Tourisme (FFCT) dont le staff et les membres atteignent déjà l’âge canonique va donc revoir sa stratégie de développement et de recrutement puisqu’elle ne pourra plus compter sur la venue de nouvelles générations de retraités aussi alertes dans ses rangs.
Elle ne s’y est d’ailleurs pas trompée en se résignant à admettre de nouveaux adhérents septuagénaires munis de vélos à assistance électrique (VAE) et à envisager aussi des ramassages par car pour la montée des ballons vosgiens lors des brevets montagnards.
Mais n’est-ce pas un combat d’arrière-garde perdu d’avance que de vouloir maintenir coûte que coûte des vieux en forme en les incitant à faire du vélo? et alors que nos protections sociales sont exsangues?
C’est effectivement une question de société fondamentale qui se pose.
Déjà les critères de pénibilité des emplois sont revus à la hausse pour nous rendre cagneux plus vite et des cohortes de professions à risques rechignent; parmi eux des travailleurs postés, des voltigeurs, des camionneurs, des mainteneurs du nucléaire… sans parler de tous les sans voix et sans grade qui n’ont personne pour les représenter.
Après avoir taillé en pièces notre système de protection sociale, avec le déremboursement des médicaments, la fermeture des hôpitaux jugés « non rentables », le non renouvellement des personnels hospitaliers, l’organisation d’une médecine à deux vitesses privilégiant les plus riches, notre Président peut effectivement se prévaloir d’un bon bilan économique.
Il a bien fait le job.
On pourra lui offrir un vélo.
En se cotisant.
Photo: ertzuifilm
Bien d’accord ! Ils font chier ces vieux à vélo qui empêchent les gens honnêtes d’aller travailler !
D’ailleurs, il bruisse une nouvelle mesure dans les couloir du legislateur : l’extension de la prime à la casse pour les vélo appartenant à des retraités lors de l’achat d’un véhicule emettant moins de 150 gCO2/km. Les vieux à vélos disparaitront enfin et donneront au passage du travail à leur enfants, c’est un acte social.