Beaucoup de chiffres dans ce billet mais c’est de rigueur ; le service statistique public a en effet publié les chiffres relatifs aux transports en 2011. Ce billet a pour objet de mettre en lumière les aspects les plus saillants de mon point de vue ; le lecteur désireux de lire une analyse exhaustive se reportera au lien fourni en annexe ci-dessous.
Les trafics de marchandises augmentent de 2,3 % par rapport à l’année précédente, mais la dite augmentation s’infléchit à partir de l’été, traduction de l’aggravation de la crise en zone Euro.
Dans ce contexte, on trouve une bonne surprise, puisque les transports ferroviaires augmentent de 14 %. Bien évidemment ce bon chiffre est à remettre en perspective, le transport ferroviaire s’est effondré entre 2000 et 2005 puis après 2008, et est resté stable entre ces deux périodes. Au total, il est passé de 57 milliards de tonnes-kilomètres en 2000 à 34 onze ans après, soit un cataclysme historique. Sur l’année 2011 seule, la part de marché du transport ferroviaire s’améliore de 0,6 % et repasse à un niveau très légèrement supérieur à 10 %.
Dans ce contexte, les opérateurs privés améliorent fortement leur part de marché, à 29 %, après 21 % en 2010 et 15 % en 2009. Le transport routier augmente lui aussi, ce qui semble vouloir dire que la progression des opérateurs ferroviaires privés se fait au détriment de Fret SNCF voire des voies navigables et pas des poids lourds.
Dans le transport de passagers, le trafic des voitures particulières augmente de 1,2 %, contre 1 % l’année précédente et 1,1 % de moyenne entre 2000 et 2007. On peut donc parler ici d’une progression régulière et modérée qui se perpétue avec les années.
La position des transports urbains ferrés (RER, métros, tramways) s’améliore puisque leur trafic augmente de 2 %.
Le transport de passagers par train augmente encore davantage : + 3,9 % pour l’ensemble TER et Transilien, + 4 % pour le TGV. Pour ce dernier, un bémol toutefois : à l’inverse de la période du début des années 2000, où le TGV augmentait au détriment de l’avion, en 2011 le trafic aérien domestique augmente davantage que le TGV (+ 6 %). Autrement dit, le TGV perd du terrain par rapport à l’avion en 2011. Effet d’une concurrence accrue, notamment par les compagnies dites « à bas coûts » ? En tous cas, ce n’est guère rassurant car le bienfait affiché du TGV est précisément de faire baisser les nuisances de l’avion.
De plus, on peut se demander pourquoi, alors que l’économie stagne, le transport de longue distance (TGV et avion) augmente autant. En fait, il est probable que les révolutions arabes ont provoqué un mouvement de report vers les destinations intérieures, favorable au court courrier sous sa forme aérienne (avion) ou ferroviaire (TGV). D’ailleurs, le TGV avait très mal commencé l’année avec un mois de janvier catastrophique : oui monsieur mais c’était avant la chute de Moubarak…
Rappelons toutefois que le transport aérien intérieur reste inférieur à ce qu’il était en 2000, d’environ 10 %.
Enfin, les « autres trains de grandes lignes » (Intercités) n’augmentent que de 0,1 % ; même si cela met fin à deux années de forte baisse, cela traduit un déclin relatif par rapport aux autres trains. La marginalisation de ces trains est de plus en plus forte, d’autant plus que leur trafic devrait baisser encore en 2012 du fait du passage en TGV de l’axe du Rhin au Rhône.
Ainsi, le transport ferroviaire fait preuve de résilience en augmentant ses parts modales en cette année 2011 : nous ne saurions nous en plaindre. Il faut saluer le travail des cheminots, dont de nombreux observateurs disent qu’ils coûtent trop cher et ne sont pas compétitifs, car ils œuvrent à ce service malgré la crise de gouvernance au sommet des établissements ferroviaires, organisée par les pouvoirs politiques successifs.
Vincent Doumayrou,
Auteur de La Fracture Ferroviaire, Editions de l’Atelier, Paris, 2007. Préface de Georges Ribeill.
Merci Vincent pour toutes ces infos. De ton côté ca sonne plutot positif.
Mais dans le magazine capital d’aout (p 92), il y a un article intitulé « Alerte aux nouveaux monstres de la route » sur les transports qui a plutot tendance à dire que le transport par camion a encore de beaux jours devant lui, surtout avec l’arrivée dans plusieurs pays europeens des très gros poids lourds (double remorque), et que meme avec un petrole tres cher, ca coutera toujours moins cher que le rail, sauf sur quelques itinéraires.
Par contre, ce qui est incroyable, c’est ca : « Dans le transport de passagers, le trafic des voitures particulières augmente de 1,2 %, contre 1 % l’année précédente et 1,1 % de moyenne entre 2000 et 2007. On peut donc parler ici d’une progression régulière et modérée qui se perpétue avec les années. » Finalement, tout le monde se plaint, mais roule plus!