Rencontre avec le maire de Pontevedra

Pontevedra, c’est la ville espagnole où le maire a dompté les voitures: « C’est comme si on les avait dressées… comme les chiens… » C’est une ville révolutionnaire: en quelques années, elle aurait supprimé 90% du trafic automobile. Comment cette cité de la taille de Poitiers a-t-elle réussi à chasser la voiture pour laisser toute la place à ses habitants? Pour le savoir, la magazine de France 2 « Envoyé spécial » s’est rendu en Galice, au nord-ouest de l’Espagne.

Un centre historique où le piéton fait la loi, des allées bordées de palmiers, des rues piétonnes où les fauteuils roulants sont les bienvenus, des places conviviales pour que les enfants jouent en toute sécurité. Au nord-ouest de l’Espagne, cette cité de la taille de Poitiers aurait réussi à supprimer 90% du trafic automobile et le maire qui a réalisé cet exploit a été réélu sans discontinuer depuis 1999…

« Une ville, c’est fait pour les gens »

Les journalistes se sont garés sur l’une des 8 000 places de parking gratuites qui bordent la ville… puis sont allés à la rencontre de son maire (du Bloc nationaliste galicien, un parti nationaliste de gauche), Miguel Anxo Lores. C’est sur un programme simple, rendre la ville aux piétons, que ce médecin a fait campagne. « Une ville, c’est fait pour les gens, estime-t-il. Les voitures, c’est pour les autoroutes, les longues distances, les vacances… pas pour se déplacer en ville. » Depuis plus de vingt ans, il est reconduit dans son mandat à chaque élection.

A son arrivée à la mairie, en 1999, Pontevedra était totalement asphyxiée par un intense trafic automobile drainé par deux routes traversant la Galice qui se croisaient en plein centre-ville. Première mesure de la municipalité: piétonniser une partie de ces axes. Les voitures de passage contournent désormais la ville. Résultat: déjà 30% de trafic en moins. Deuxième mesure: supprimer le maximum de places de stationnement, car les automobilistes qui cherchent à se garer représentent 30% de la circulation. En quelques années, plus de la moitié du trafic était ainsi éradiquée…

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« Moi, j’éduque mon chien pour qu’il ne coure pas. Les voitures, c’est pareil ! »

En dehors du centre-ville, où sont autorisés les seuls véhicules des résidents, des personnes handicapées et des professionnels (100 euros d’amende pour les contrevenants), les voitures peuvent continuer à circuler librement, mais n’ont droit qu’à un espace réduit. Partout, les trottoirs ont été élargis, les rues à double sens supprimées, les passages piétons rehaussés…

La qualité de vie s’est nettement améliorée, et les habitants semblent conquis. Le maire résume ainsi sa vision: « Les voitures sont autorisées, mais ici, on les a domptées. Comme les chiens: c’est comme si on les avait dressées. Moi, j’éduque mon chien pour qu’il ne coure pas. Eh bien, les voitures, c’est pareil! »

Extrait de « Pontevedra, ville sans voitures », un reportage à voir dans « Envoyé spécial » du 17 juin 2021.

4 commentaires sur “Rencontre avec le maire de Pontevedra

  1. Raph

    Comparer les chiens à des bagnoles, fallait oser !
    En tous cas, j’avais déjà vu ce reportage (ou peut-être un autre) sur cette ville, c’est bluffant de voir la différence entre avant et après le partage un peu plus équitable de l’espace public

  2. pedibus

    Moi, j’éduque mon chien pour qu’il ne coure pas. Eh bien, les voitures, c’est pareil! »

    ben voui alors…

     

    et en n’oubliant pas de compléter  :

    « les étrons de Ste-Gnognole c’est le caniveau et non pas le trottoir… enfin la chaussée pour être plus précis… »

     

    cependant outre l’effet pédagogique certain reste toujours la seconde étape, celle de faire sortir du système automobile la région urbaine entière de Pontevedra, 200.000 hab contre 83.260 pour la commune centre, sans que cette dernière soit en totalité carfree (un peu moins de la moitié, sans que la totalité du centre-ville en fasse partie…)…

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Pontevedra#D%C3%A9mographie

     

  3. DAVID

    En Espagne, Portugal, Italie, Allemagne (pays que j’ai beaucoup fréquentés), la plupart des centres historiques des villes de l’importance de Pontevedra sont débarrassés des voitures, parfois depuis près de 30 ans… Pour avoir visité Pontevedra plusieurs fois, je confirme que son cas n’a rien d’exceptionnel , mais qu’il a été mieux « vendu » médiatiquement ! Mais on ne mentionnera pas la situation autour du centre, avec sa circulation inextricable et ses embouteillages (oh ! et oui… tout autour du paradis c’est une sorte de purgatoire : mieux vaut éviter).

    Bref, l’exemple de Pontevedra permet surtout de mesurer l’immense retard de la France en ce domaine, où la voiture semble enracinée dans la tête des élus. Plus la collectivité est réduite en taille (mais souvent très étalée), plus il est difficile de tenter de juguler cette nuisance. Il faut aussi dire que les services techniques divers (comme ceux des départements, quelle que soit leur couleur politique) s’attachent à perpétuer une “culture des aménagements urbains” presque exclusivement routière…

  4. pedibus

    moins la concentration urbaine serait importante et plus la pression automobile y serait élevée ?…

    une petite carte pour le taux de motorisation des ménages en 2018 dans les agglomérations (découpage INSEE 2020 ) dans le grand sud-ouest français :

    https://www.hebergeur-image.com/upload/109.215.42.211-60e4de1f92e98.png

    on n’observe pas le contraste le plus fort suivant la taille de l’agglo mais plutôt avec la localisation, ici en lien avec une zone de pendulation domicile travail dans les plus grandes couronnes périurbaines… :  de façon flagrante pour les zones d’attraction de Bordeaux, Toulouse et Bayonne ;

    pour une situation moyennée à l’échelle des aires d’attraction urbaine (anciennes aires urbaines redécoupées en 2020) la carte suivante :

    https://www.hebergeur-image.com/upload/109.215.42.211-60e4e27940134.png

    le contraste est fort entre les territoires dépourvus de services de transports urbains (petites agglos) et les « grandes villes » équipées…

     

    les causes de la pression automobile en ville ne sont pas à chercher uniquement dans « la tête des élus » ou celle des services techniques : la réponse est aussi à chercher du côté du taux de motorisation des ménages, qui suit en partie cet effet de taille d’agglomération – à l’exception des couronnes urbaines ultra motorisées comme on l’a vu – et l’on pourrait assister à un effet de crainte d’émeutes frumentaires chez les décideurs locaux, en remplaçant le pain de la disette d’Ancien Régime – voire encore au XIXe s. – par la bagnole du système actuel…

     

    quelques illustrations pour sentir l’absurdité de la situation française, avec une moyenne et une petite agglo, toujours dans le grand sud-ouest… :

    https://www.google.fr/maps/place/P%C3%A9rigueux/@45.1825085,0.7223381,350m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0x47ff7101944a0ee1:0xe0b3cf9e038ef785!8m2!3d45.184029!4d0.7211149

    https://www.google.fr/maps/@45.1806302,0.723202,3a,43.9y,15.69h,84.07t/data=!3m6!1e1!3m4!1s6A5cXCtuqOPaUrnaA2UW3w!2e0!7i16384!8i8192

    abords de la cathédrale de Périgueux saccagés par les parkings…

     

    https://www.google.fr/maps/place/33430+Bazas/@44.4314298,-0.2114379,169m/data=!3m1!1e3!4m5!3m4!1s0xd557663e32636a9:0xbc113af27ee7242d!8m2!3d44.430624!4d-0.211464

    https://www.google.fr/maps/@44.431588,-0.2120045,3a,75y,73.42h,73.41t/data=!3m6!1e1!3m4!1s_m-HsmV22TrmEFZeN24nQA!2e0!7i16384!8i8192

    place avec arcades, commerces et parvis de la cathédrale médiévale St-Jean Baptiste de Bazas saccagés par les parkings…

     

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