Serait-ce le résultat de l’augmentation des droits d’octroi sur les alcools? Il paraît que, ces temps derniers, un certain nombre d’ouvriers parisiens se sont mis à boire… du pétrole!
On dit même que les patrons de quelques usines où le pétrole est employé avaient remarqué une telle augmentation dans la consommation, qu’ils se préoccupèrent d’en chercher les causes, et c’est ainsi qu’ils auraient été amenés à découvrir que le pétrole qu’ils croyaient gaspillé, c’est une partie de leur personnel qui le buvait.
On pense si la constatation d’une telle « fuite » les a surpris! Le pétrole, d’ailleurs, n’est pas un poison: il n’est pas sans causer toutefois quelques ravages dans l’organisme; son absorption provoque une légère ivresse, assez lente à se manifester.
C’est surtout dans les quartiers parisiens de Saint-Antoine et de Charonne que se rencontrent, nous dit-on, les « pétrolomanes »: il paraîtrait même qu’il existe dans ces quartiers un bar, où, couramment, se débitent des petits verres de pétrole! Est-ce donc pour cela que dans le département de la Seine, le nombre des aliénés augmente? En 1866, on comptait, pour Paris et sa banlieue, 7,8o5 aliénés, alors qu’en 1897 il y en avait environ le triple: exactement 21,700. Et, depuis lors, le nombre s’est encore accru considérablement des malheureux qu’il a fallu interner.
Source: La Dépêche algérienne, 13 janvier 1899