Ce n’est que le début

Souvent, une simple photographie vaut mieux qu’un long discours. C’est le cas avec cette photo prise à Catarroja (Espagne), dans la province de Valence, le 12 novembre 2024, illustrant un article du journal Le Monde.

On peut voir un homme marchant seul en bottes dans l’eau et la boue, longeant une longue file de voitures entassées les unes sur les autres, rendues inutilisables par un dérèglement climatique qu’elles ont participé à provoquer…

C’est une image qui pourrait sortir tout droit d’un film d’anticipation décrivant un futur fait de catastrophes et d’effondrement.

En fait, non, c’est juste le présent. On est en 2024 et une tempête méditerranéenne exceptionnelle a provoqué les inondations les plus meurtrières en Espagne depuis des décennies. Ce phénomène météorologique, survenu le 29 octobre dernier, a fait 223 morts, la plupart dans la région de Valence, selon le dernier bilan officiel.

Aujourd’hui, mercredi 13 novembre 2024, une nouvelle vigilance rouge pour « danger extrême » a été déclarée à Tarragone (Catalogne) et à Malaga (Andalousie).

Ce n’est que le début.

4 commentaires sur “Ce n’est que le début

  1. Fils

    Sur les 200 morts, combien le furent prisonniers dans leur caisse? Combien morts parcequ’ils se cramponnaient a leur voiture? Ce serait interessant de savoir

  2. pedibus

    une énième dépression advecte de l’air tropical humide sur la péninsule ibérique, située ce soir sur Gibraltar :

    https://www.aemet.es/es/eltiempo/observacion/radar/

    il est certain que les images des inondations récentes sur l’est de l’Espagne, avec ces montagnes de bagnoles juchées les unes sur les autres, n’ont pas pu éviter dans notre esprit le télescopage de la cause et des conséquences, avec la contribution de la motorisation individuelle dans le réchauffement climatique :

    une symbolique qui cache une forte pondération de la bagnole à la seule échelle européenne, avec un peu moins de la moitié des émissions des gaz à effet de serre en 2019 pour l’UE selon les chiffres de l’agence européenne de l’environnement (2022) :

    https://www.europarl.europa.eu/topics/fr/article/20190313STO31218/emissions-de-co2-des-voitures-faits-et-chiffres-infographie#:~:text=Selon%20un%20rapport%20de%20l,7%20%25%20provenaient%20du%20transport%20routier.

    Valence en 2024 nous ramène dix-neuf ans en arrière, avec l’ouragan Katrina du 29 août 2005, qui ravageait le sud des États-Unis, une des violences météorologiques les plus meurtrières et coûteuses de l’histoire américaine, avec plus de 1500 morts pour la seule La Nouvelle-Orléans…

    il est intéressant de comprendre comment a été analysée cette catastrophe suivant le regard d’un géographe, ici François Mancebo (1), à partir d’un article (2) paru l’année suivante dans la revue Cybergéo ;

    son titre est assez engageant quant aux critiques attendues pour ce qui concerne les aménagements « préventifs » : « Katrina et la Nouvelle-Orléans : entre risque « naturel » et aménagement par l’absurde » ;

    mais là où le bât blesse c’est quand l’auteur nous présente la technique automobile comme quasi obligatoire pour sauver sa peau à l’occasion de la fuite individuelle face aux menaces d’un tel évènement :

    La simulation [des effets d’un ouragan lent de catégorie 3, accompagné de 500 mm de précipitations arrivant en Nouvelle-Orléans par l’Ouest] prédit plus de 175 000 blessés et plus de 60 000 morts. De telles estimations prenaient en compte le fait que plus 100 000 habitants seraient dans l’incapacité matérielle de quitter la ville : plusieurs dizaines de milliers des résidents sont trop pauvres pour avoir une voiture […].

    mais un peu plus loin dans l’article la réalité vient remettre en cause la stratégie de fuite :

    De toute manière, le jour venu, les gens ne sont pas partis. Le 31 août, sur les 485 000 habitants de la ville plus de 100 000 n’avaient pas encore évacué. Certains restent volontairement. Avant l’événement, routes et aéroports sont vite saturés, pendant l’événement nombre de routes sont inondées et nombre de personnes se disent qu’il est plus sûr de rester à la maison que d’essayer de se sauver.

    on a pu voir à Valence, à l’occasion des inondations de la fin du mois dernier, beaucoup d’automobilistes piégés au cours de leur mobilité pendulaire, prouvant encore la vulnérabilité de cette technique de déplacement ;

    mais ce qui reste commun à ces deux catastrophes – et qui est bien pris en compte par l’auteur dans son article pour  la ville de Louisiane – c’est l’existence de territoires urbanisés en zone inondable, submersibles par les fleuves ou par la mer ou les deux : un choix humain donc qui a délibérément rendues vulnérables les sociétés qui s’y sont établies et a même aggravé la situation par diverses actions, dont la réduction des zones humides et des zones arboricoles ;

    nos lointains devanciers, aménageurs sans le savoir, avaient eu bien plus de perspicacité face à des évènements non moins dévastateurs,  comme en Mésopotamie il n’y a plus de cinq millénaires, face aux crues soudaines des fleuves Tigre et Euphrate, qu’alimentaient à la saison de puissants phénomènes orageux en amont :

    les premières villes de l’histoire humaine (Ur, Uruk, Ninive…) étaient construites sur des « dos de tortue », les tells, zone d’accumulation de matériaux divers mettant les constructions au-dessus du niveau le plus élevé des eaux fluviales, comme a pu le démontrer au cours de ses fouilles et recherches l’archéologue Jean-Claude Margueron (3)…

     

    (1) Professeur des universités en « Aménagement, urbanisme et durabilité » à l’Université de Reims Champagne ; extrait de la présentation de ses axes de recherche :

    François MANCEBO travaille à un aggiornamento des pratiques de planification, en intégrant les enjeux de la durabilité et de la justice environnementale. Il s’intéresse aussi au lien entre développement durable et au changement climatique. La façon dont ces deux impératifs transforment les manières de fabriquer les espaces urbains est au cœur de ses recherches.

    (2) https://journals.openedition.org/cybergeo/90#tocto1n6

    (3) « Margueron, Jean-Claude, Cités Invisibles. La naissance de l’urbanisme au Proche-Orient ancien, Paris, Geuthner, 2013 » https://iismm.hypotheses.org/12212

     

  3. PMeBC

    J’écris depuis Palma. Ici il n’y a eu que de petites inondations. Inondations tout de même. Je voulais juste informer que Valenciaenbici, l’association de cyclistes de la ville de Valence, a d’une part participé activement dans l’acheminement de secours : les vélos pouvaient passer là où des amoncellements de voitures rendaient impossible l’arrivée de secours. D’autre part, ils ont mis en place avec l’aide de Conbici (la FUB espagnole) un réseau pour la donnation et l’acheminement de vélos afin de donner la possibilité de se déplacer à des gens qui ont perdu leur moyen de transport.

    Et maintenant qu’environ 100’000 voitures sont hors d’usage, la question qui vient à l’esprit est de savoir si tout cela va déboucher sur un renforcement du système de transport public de la région, qui est bien dévelopé, et une augmentation de l’usage du vélo à long terme. Ou est-ce qu’on va se dépécher de remplacer les 100’000 bagnoles pour refaire exactement la même chose qu’avant? Les paris sont ouverts. Je crains que la deuxième solution sera choisie. Le gouvernement a déjà dit qu’il n’y a pas a se faire de souci de ce côté là : il y a en Espagne quelques 200’000 voitures disponibles à la vente.

  4. Bernard

    J’ai cru comprendre qu’une part importante du réseau ferré constituant le métro ou les trains de banlieue est sérieusement abimée ?

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