« Dis à ma copine qu’il faut que je l’oublie, que je préfère m’acheter un nouveau carburateur [1]. »
Queen, « I’m in love with my car »
« Des voitures, partout des voitures, et nulle part la moindre issue. » Ce pauvre crétin d’Herman, personnage principal de Car [2] – livre dément du non moins dément Harry Crews, auteur notamment du jouissif Body – rêve, et ce n’est pas folichon. Des bolides parcourent son corps et déroulent leurs courses le long de ses membres, klaxonnent au carrefour de ses poumons, s’introduisent dans chaque partie de son anatomie ; « jusqu’au moment où, des pieds à la tête », il n’est plus « qu’un énorme embouteillage ». Le périph aux heures de pointe s’invitant dans ton organisme, vision d’horreur. Certes, lui ne va pas tarder à se réveiller, en sueur, cerveau troublé par l’invasion motorisée. Mais ce rêve-là n’est pas anodin pour Herman, cinglé puissance 100 (chevaux-moteur). Depuis sa plus tendre enfance, sa vie se déroule à l’ombre de la chose carrossée, baigne dans l’agressive odeur des pots d’échappement et dans le culte de la mécanique bien huilée. Un enfant des pistons et des carburateurs. Comme nous, en pire. Lire la suite…