Bruxelles 1958-2008, 50 ans de déprédation automobile

Pour beaucoup, l’Expo 58 c’est l’Atomium et un événement phare qui a marqué la ville de son sceau. Marquée, Bruxelles l’a été sans aucun doute ! L’Expo 58 a tellement façonné l’image de la ville qu’elle en porte toujours les stigmates. En effet, l’exposition universelle a constitué un catalyseur déterminant de la politique du tout à la voiture. Elle a été le fer de lance d’infrastructures routières qui ont stimulé pour les décennies à venir l’usage de l’automobile et la cause probable de l’attachement virulent du Belge à son moteur.

C’était l’époque où, au nom du progrès et de l’accessibilité de l’exposition internationale, le centre-ville sera défiguré par la construction du viaduc de Koekelberg et où les lignes de trams qui dessinaient la ville à l’époque seront enfouies pour faire place à la reine automobile. C’est aussi l’époque où l’Etat et la Ville se montrent très ouverts à la promotion privée et publique d’immeubles de bureaux (un coup d’œil sur le Plan Manhattan à l’origine de l’expulsion de 14.000 personnes suffit pour s’en convaincre) et privilégient les relations entre le centre urbain et la périphérie de la ville grâce à une politique de transport fort axée sur le développement de l’automobile. Les tunnels, viaducs et autoroutes de pénétration se multiplient. L’élévation du niveau de vie, axé sur le modèle culturel américain, combinée au développement de moyens de transport intensifie l’attractivité de l’habitat périphérique. La ville se désarticule, des autoroutes urbaines sont créées pour les déplacements vers cette périphérie en expansion. Les entreprises connaissent le même mouvement centrifuge vers les zonings périphériques. Les premiers hypermarchés apparaissent (GB, en 1961). Mais tout le monde ne quitte pas le navire : seuls les habitants qui ont un capital suffisant pour s’autodéterminer abandonnent la ville sacrifiée.