La piste cyclable est-elle de droite ?

Le chroniqueur « Velove » dans Carfree ne craint pas d’attribuer la paternité des pistes cyclables à Hitler… Selon lui, les pistes cyclables ne seraient qu’une « ségrégation spatiale ». Point trop n’en faut!

« Velove » emboîte ainsi le pas d’Hugues Serraf pour qui « ce concept d’une séparation entre modes de transport n’est pas si éloigné de l’esprit nazi… »

Prudence!

Si les nazis n’avaient su inventer que la piste cyclable, l’humanité aurait très bien pu s’en contenter…

D’ailleurs, Vélomaxou et ses amis constatent combien les pistes cyclables allemandes sont au moins aussi confortables que les routes qu’ils longent…

Mais, en revanche, il est vrai que si nos infrastructures cyclables sont aujourd’hui l’objet de tant de polémiques et de ratages en tous genres en France, c’est que notre société est elle même rétive à l’idée de décroissance automobile et de partage de la route.

Pour nos décideurs politiques, il ne faut donc pas trop en faire pour les vélos, comme à Marseille, tout en les enfermant dans des dispositifs la plupart du temps merdiques mais qu’on pourra afficher dans un bilan électoral.

C’est évidemment une démarche contestable de la part de nos élus qui sont la plupart du temps suivis par les administrés. C’est le principe des démocraties d’acceptation, (je vote et débrouillez-vous!) qui se débarrassent volontiers de leurs prérogatives.

Cela dit, cette sectorisation spatiale du domaine public correspond bien à un mode de pensée de nos décideurs visant à privilégier la voiture sans le dire.

Et pas le vélo!

Il n’est que la thrombose congestive des grands centres urbains qui peut les faire changer d’avis sous la poussée des opinions.

Lire aussi :  Trace ta route

Et encore!…

Il faut se méfier aussi des opinions, des consensus mous: il suffit de constater l’irrépressible engouement des consommateurs pour la prime à la casse qui reconduit un mode de consommation et de transport à bout de souffle.

Les mouvements cyclistes alternatifs ont donc encore de beaux jours devant eux afin de promouvoir les transports doux.

Image: Guide des aménagements cyclables merdiques

14 commentaires sur “La piste cyclable est-elle de droite ?

  1. CarFree

    Tentative de réponse… Si on considère qu’un aménagement « de droite » consiste principalement à répondre à une demande (comme le capitalisme), alors non, la piste cyclable n’est pas spécifiquement de droite. Elle répond en partie à une demande (celle des cyclistes ou de ceux qui veulent le devenir), mais il s’agit à mon sens d’une demande peu ou pas solvable (sur le plan électoral) par rapport à la demande massive de déplacement automobile (l’automobiliste-électeur). Inversement, si on considère qu’un aménagement « de gauche » consiste en une certaine forme d’interventionnisme destiné à changer les comportements (en matière de mobilité) dans le but de profiter à la collectivité (moins de pollution), alors oui, la piste cyclable peut être qualifiée « de gauche »…
    Sauf que… si on considère que la piste cyclable, en isolant les vélos du trafic automobile, permet de répondre à la demande de l’automobiliste-électeur (plus de débit, plus de vitesse), alors effectivement il s’agit d’un aménagement de droite…
    Conclusion: il ne s’agit ni vraiment d’un aménagement de droite ou de gauche, mais probablement d’un aménagement transitoire destiné à protéger les vélos et à favoriser par conséquent le développement de la pratique vélo, en tablant sur le fait qu’à l’avenir, quand la pratique du vélo sera massive, la circulation pourra éventuellement retrouver une certaine forme de mixité, jusqu’à un nouveau point où la pratique du vélo sera tellement importante, qu’il faudra créer des pistes pour les voitures afin de leur permettre d’atteindre quand même une certaine vitesse: les pistes bagnolables…
    http://carfree.fr/index.php/2008/01/07/pour-des-pistes-bagnolables/

  2. Gari

    Je pense personnellement que les gens qui installent les pistes cyclables sont, dans la grande majorité des cas, tout simplement ignorants de toutes ces considérations.

    On leur demande des pistes cyclables, ils en fournissent.
    Ils n’imaginent pas un instant ralentir ou gêner d’une quelconque manière la circulation automobile. Je ne pense pas que ce soit calculé.
    Le corollaire veut donc que les pistes cyclables soient reléguées sur les bas côtés, aux endroits qui ne « gênent pas ». Et elles sont donc pourries, lentes, tortueuses, dangereuses.

    Tout ça sans calcul. C’est d’ailleurs pour cela qu’il faut que les associations pro-vélo continuent de défendre leur cause, afin que les élus se posent des questions 🙂

  3. CarFree

    C’est probable gari, il n’en demeure pas moins que le « non-dit » ou le « non-pensé » est idéologiquement orienté vers le pro-voitures… car la relégation sur les bas côtés, aux endroits qui ne gênent pas, favorise au bout du compte la circulation automobile…

  4. Gari

    On est d’accord.
    Je souhaitais juste éviter tout éventuel débordement du type « théorie du complot » là où la simple ignorance et le suivisme béat de l’idéologie ambiante suffisent à expliquer la situation.

    Ah et puis, j’ai oublié de réagir sur les pistes bagnolables, mais je tiens à déclarer ici mon total attachement à ce concept. C’est d’ailleurs ce que je réponds lorsqu’on me demande si je veux des pistes cyclables (réponse : « non, je veux des pistes bagnolables », suivi bien entendu d’une explication)

  5. URB

    Les pistes cyclables sont faites pour permettre la circulation des vélos avec plus de sécurité, sans gêner les autres usagers, ce qui ne veux pas dire forcément avantager les automobilistes.

    Après je ne suis pas sur que les pistes cyclables au milieu d’un 2×2 voies soit plus sécuritaire que sur les côtés, surtout dans viens une intersection.

  6. Gari

    URB : prends-tu souvent les aménagement cyclables (bandes & pistes confondues) lorsque tu te déplaces à vélo ?
    (je parle bien de déplacement, pas de balade).

    En ville, une immense majorité de ces aménagements sont contre-productifs. On a, au choix (mais pas forcément exclusif) :
    – ils forcent le cycliste à rouler à faible allure
    – ils forcent le cycliste à supporter beaucoup d’obstacles (caniveau détérioré, bateau à franchir à chaque intersection, etc.)
    – ils rendent la circulation du cycliste dangereuse (cas de la quasi-totalité des bandes cyclables sur la chaussée)
    – ils relèguent le cycliste sur le trottoir, retirant le caractère sécuritaire de ce bastion du piéton jusque là inviolé (non, je n’exagère pas, demandez à toutes les personnes âgées ce qu’elles pensent des vélos sur les trottoirs)
    – ils sont rarement construits dans une logique « bout en bout ». On a le droit à des petites portions d’aménagement, là où « il y a la place », comprendre : « là où ça ne gêne aucunement la circulation des automobiles ».
    – ils sont rarement nettoyés (neige, débris), voire servent de dépotoir (on met les débris de la chaussée pour automobile sur la piste cyclable)
    – ils sont utilisés massivement comme places de parking pour camions poubelle, camions de livraison, voitures, etc. (ok, ça, ça n’a pas forcément grand chose à voir avec l’aménagement en lui-même)
    – etc. (j’en oublie sûrement)

    Conséquences de tout ça :
    Lorsque je fais 25km pour me déplacer, je ne vais pas m’amuser à prendre les pistes cyclables sales, tape-culs, dangereuses, morcelées, au risque d’avoir des crevaisons, un accident ou (au mieux) de mettre deux fois plus de temps pour effectuer le trajet !
    Je ne prends donc que très rarement les aménagements cyclables, car ils sont généralement dangereux/stupides/lents.
    Par contre, je me fais copieusement insulter par les automobilistes quand je suis sur « leur » chaussée, alors qu’il y a une piste cyclable à côté…

  7. Alain

    Aujourd’hui, je prends pour rentrer chez moi la piste cyclable comme d’habitude. C’est en fait un trottoir cyclable des deux cotés de la route mais qui sont très larges.
    Les vélos les prennent dans les 2 sens. La cohabitation est bonne. Piétons et vélos se cotoient sans soucis. Seules les voitures qui bien souvent se garent sur le trottoir présentent le summum de la bêtise.

    Je roule tranquille et sur ma gauche, j’arrive proche d’une entreprise. Une voiture sort de son travail (une société de transport routier nommé Joyau à St Pierre Des Corps détestée par les habitants du quartier car ils ne respectent pas les signalisations d’interdiction au + 7,5T). Bien sûr, me voyant arriver, que fait le conducteur? il fonce pour passer avant moi et me regardant lui faire un signe de dépit de la tête du genre « encore un pressé qui s’en fout », pile!!!
    Heureusement que mes freins sont bons, sinon, je me prenais la bagnole. Qu’ose t-il me dire? Que je n’étais pas du bon côté de la piste.
    Il me voit, fonce pour passer avant moi, puis essaie de me foutre en l’air et j’ai tort.
    Vive les connards en bagnole!

  8. URB

    @GARI
    « (je parle bien de déplacement, pas de balade). »

    Pourquoi il doit y avoir une différence entre les deux ?
    Je croyais que le vélo c’était plus « zen » plus agréable etc…
    Vu que le vélo était tellement plus rapide que la voiture qu’on était moins pressé.
    Alors qu’elle différence entre balade et déplacement ?

    Comme quoi ce qui compte c’est de toujours rouler plus vite.
    ça ressemble quand même au comportement des automobilistes, comme quoi ce n’est pas forcément la voiture qui pervertis les comportements 🙂

    Chez moi les pistes cyclables ça va, ce n’est pas « Beyrouth », on peut rouler normalement, je les trouve correct, certes il y a en ce moment des travaux (horreur, malheur) sur une partie du trajet, mais bon on arrive à rouler sans problème, comme quoi ce n’est pas une généralité.

    🙂

  9. Gari

    @Urb:
    Si tu ne fais pas la différence entre une balade et un déplacement utilitaire, je ne peux rien pour toi.
    Plus exactement, je sais que tu la fais, mais que tu es dans le trollage de bas étage.

    Autant je te réponds lorsque des interventions sont utiles au débat, autant dans ce genre de provocation gratuite et infantile je préfère me taire. Ce que je fais tout de suite.

  10. PHI

    Les aménagements cyclables trahissent la volonté et les contradictions des élus et des ingénieurs. Les exemples que vous montrez et citez révèlent deux tendances : celle, louable, qui consiste à favoriser les circulations douces contre celle, de plus en plus discutable, qui consiste à laisser de la place au transport routier motorisé, et à ne surtout pas l’entraver ou le ralentir.

    Le résultat varie selon le poids de ces deux tendances, de la commune minimaliste qui peint des bandes cyclables pour son bilan électoral ou pour des subventions de collectivités au-dessus (département, région) à l’occasion de rénovation de voirie à la collectivité qui souhaite mener une vraie politique de circulations douces et de réduction du transport individuel motorisé.

    C’est essentiellement dans le premier cas qu’on voit les aménagements que vous décriez tant. J’ai moi-même un bon florilège de tels aménagements à moins d’un quart d’heure de vélo de chez moi.

  11. URB

    @GARI
    Qu’est-ce qui t’arrive, t’es stressé ?

    Faut un peu arrêter avec tes déplacement utilitaire et les ballades.
    Franchement quand t’es en ballade tu zigzag entre les « trous » et autre déformation de la route, limite tu descends du vélo pour être tranquille, alors qu’en déplacement utilitaire tu n’en as pas le temps ?
    La bonne blague.

    Quand tu fais du vélo, ben tu te contente de rouler c’est tout.
    Tu vas un peu plus vite quand c’est pour tes déplacement « utilitaire », basta.

    Mais le pire dans l’histoire, c’est si demain sur tout les trajets que tu fais, tu aurais des pistes cyclable en excellent état (plus neuve que neuve), un truc zéro défauts, ne, je suis sur que ça n’irait pas.

    Faut arrêter de se prendre un peu trop la tête, il paraît que le vélo ne rend pas agressif, c’est « zen », c’est plus rapide que tout le reste, alors pourquoi aller encore plus vite ?

  12. Ltc

    URB: « Je croyais que le vélo c’était plus “zen” plus agréable etc »
    C’est le probleme de la com’ pro velo. Le vendre comme un p’tit moyen de transport sympa, tranquillou la truffe au vent. Manifestement le dynamisme c’est d’accumuler les kilometres bien au chaud assis dans sa bagnole et raler « a cause que » on est des vaches a lait.

    « Comme quoi ce qui compte c’est de toujours rouler plus vite »
    Ben oui pas de probleme avec ca, sauf qu’on utilise pas une prothese d’une tonne pour assouvir ses pulsions.

  13. Ltc

    Article: « Cela dit, cette sectorisation spatiale du domaine public correspond bien à un mode de pensée de nos décideurs visant à privilégier la voiture sans le dire. »
    Pas besoin de le dire puisque c’est tellement evident que le transport automobile est un monopole. Un monopole bien ancré dans ses privileges. Et c’est une mentalite de droite.
    La piste cyclable est liberale, puisqu’elle se bat contre ce conservatisme meme si la bagnole est d’origine capitaliste tout comme les infrastructures sont d’origine collectiviste au service du conservatisme.

  14. Plum'

    Je suis d’accord avec Gari. Trop souvent les municipalités font des pistes cyclables pour faire leur quota, elles se fichent de faire quelque chose de cohérent qui soit entretenu sur le long terme. On se retrouve alors avec des parcours très hétérogènes comportant pas mal d’obstacles.

    Pour moi le meilleur, c’est la bande cyclable sur la droite de la chaussée qui est entretenue avec la route (et où les stationnements sont soumis à contravention). Parce que la piste cyclable est rarement entretenue correctement, contrairement à la chaussée des voitures qui en a pourtant moins besoin. Car un nid de poule qu’on voit mal peut faire chûter un cycliste, pas un automobiliste. Et il y en a beaucoup sur les pistes cyclables de plus de 10 ans !

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