Pour les économistes, les coûts externes sont «les coûts, non pris en considération dans une opération de marché et qui devront tôt ou tard être engagés par suite des impacts des activités, produits et services de celle-ci sur l’environnement.» Par exemple, le prix du carburant n’intègre pas le surcoût engendré pour la Sécurité sociale des suites de la pollution de l’air des villes.
Les coûts externes des transports représenteraient, selon une étude (1) 10% du Pib Européen. On y inclut les accidents, la pollution atmosphérique, les risques liés aux changements climatiques, le bruit, la congestion de la circulation et une série d’autres effets environnementaux. Cette étude a comparé tous les modes de transport (route, rail, transport aérien, et voie d’eau) de personnes comme du fret. Elle impute à la route 92% des coûts externes du transport européen global.
Pour le transport de personnes, la voiture engendrerait des coûts externes plus de quatre fois supérieurs à ceux du rail ; alors que pour le fret, ils sont cinq fois supérieurs. (2)Le transport routier est un mode de transport néfaste pour notre environnement. Les conséquences de la pollution directe (gaz d’échappement, bruit, contribution à l’effet de serre…) sont chaque jour plus visibles à travers le dérèglement des climats. Elles provoquent inondations d’un côté, sécheresses de l’autre, avec toutes les conséquences sur les activités humaines, la faune et la flore.
Une enquête trilatérale (3), réalisée par des spécialistes en épidémiologie, de la pollution atmosphérique et de l’économie, sur les coûts externes imputables à la pollution de l’air par les transports annonçait 2.000 décès prématurés en Autriche, 17.600 en France, des dizaines de milliers d’enfants et d’adultes souffrant de maladies respiratoires entraînant des milliers d’hospitalisations supplémentaires, ainsi que seize millions de journées d’activité restreinte.
Les coûts immatériels (douleurs, souffrances et qualité de vie moindre) ainsi que les coûts matériels (découlant de la perte de production et des coûts de traitement) totalisent 26,7 milliards d’euros par an pour les trois pays concernés, soit environ 350 euros par habitant. Ces mesures sont, par nature, relativement imprécises : comment évaluer une vie humaine, calculer le coût en euros du danger qu’il y a pour des enfants à se déplacer à vélo, la difficulté pour les personnes âgées de traverser une rue?
Cependant, elles permettent une meilleure prise en compte des coûts indirects induits par les transports routiers et aériens. Ajoutons à cela le coût humain que représente chaque année en France la mort de 8.000 personnes et 30.000 blessés graves (pour un total de plus de 100.000 blessés), causés par les accidents de la route. La pollution est également indirecte avec les marées noires, conséquences du transport des hydrocarbures. Ou encore au travers de la guerre pour le pétrole: pour arriver à leurs fins, les Etats et les firmes pétrolières, utilisent la corruption, le meurtre, les déportations de population, ou même la guerre, comme ce fut le cas pour les guerres du Golfe.
Mettre en place la gratuité des transports en commun, et réduire la place de l’automobile aujourd’hui, peut donc être source d’économie. Une économie sur des coûts cachés que sont la pollution, les accidents, etc.
1. “Coûts externes des transports-coûts des accidents, d”environnement et de congestion en Europe occidentale” réalisée par Infras (consultants indépendants) et IWW (université de Karlsruhe) pour l’UIC.
2. “Evolution des transports 1970-1998″, éd. de l’OCDE, 2000, brochure de la conférence Européenne des ministres des transports.
3. “Coûts externes de la santé”, Confoederatio Helvetica, enquête réalisée dans le cadre de la conférence ministérielle de l’OMS de Londres en 1999 sur l’environnement et la santé, mandatée en Autriche, en France et en Suisse.
Source: RESEAU POUR L’ABOLITION DES TRANSPORTS PAYANTS (RATP)