Automobile, CO2, effet de serre et réchauffement climatique

Le rôle croissant des transports dans les émissions de gaz à effet de serre

C’est la mission interministérielle de l’Effet de Serre qui nous l’apprend, le secteur des transports est désormais le secteur en France le plus émetteur de gaz à effet de serre, en particulier le CO2. A lui seul, le secteur des transports (regroupant la circulation automobile et le transport routier) représente en 2004 environ 26% des émissions de gaz à effet de serre (GES).

Et surtout, les émissions de GES liées aux transports connaissent la plus forte hausse entre 1990 et 2004 (+ 23%). Il est notable de constater, qu’à l’exception du secteur du bâtiment qui augmente également ses émissions de GES entre 1990 et 2004, mais dans une moindre mesure, tous les autres secteurs d’activité (production d’énergie, industrie, agriculture-sylviculture et traitement des déchets) ont fait de gros efforts de réduction de leurs émissions.

Les émissions de Gaz à Effet de Serre et de CO2 augmentent en fait dans le secteur automobile pour une double raison: un effet de masse et un effet de parc. L’effet de masse est lié à l’augmentation continue du parc automobile français (nombre total de voitures en circulation). En 1985, la France comptait « seulement » 24 millions de voitures, contre plus de 30 millions en 1995 et plus de 36 millions en 2005. Pour l’année 2008, la parc automobile français est estimé à environ 37 millions de véhicules. Dans ce contexte, les constructeurs auront beau s’escrimer à construire des véhicules toujours plus propres, plus petits, moins lourds, moins puissants et moins émetteurs de CO2 ou autres Gaz à Effet de Serre, les émissions de GES et de CO2 continuent et continueront d’augmenter du seul fait de la croissance continue du parc automobile.

La seconde raison de l’augmentation des émissions de CO2 liées au transport tient dans l’effet de parc. Car en fait, malgré les bonnes intentions et les discours officiels, les constructeurs automobile construisent des voitures toujours plus puissantes, plus lourdes, plus grosses et qui émettent toujours plus de CO2. Que l’on pense ici aux 4×4 dont le développement semble ne connaître plus de limites. Les immatriculations de ces tout-terrain ont progressé de 22% en France en 2007 et ce malgré leur image anti-écologique et l’apparition de taxes spécifiques.

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Evolution du parc automobile mondial depuis 1930 (Source : CarFree France)

Massification de l’automobile et dérèglement climatique

A l’échelle mondiale, le cauchemar est devant nous. Avec actuellement plus d’un milliard de voitures en circulation dans le monde et une production annuelle d’environ 70 millions de nouvelles voitures tous les ans, la massification de l’automobile est en train de devenir le principal responsable du changement climatique.

En prenant une moyenne d’émissions de CO2 d’environ 1,8 tonnes par an et par voiture, on peut estimer les émissions de CO2 de l’automobile à l’échelle planétaire à environ 2 milliards de tonnes de CO2 par an… Le problème tient au fait que le parc mondial sera, selon la plupart des spécialistes, très probablement composé très bientôt de 2 milliards de voitures, au regard de la croissance rapide de la motorisation de certains pays comme la Chine ou l’Inde. Si les pays en voie de développement atteignent les taux de motorisation des pays occidentaux (de 500 à 800 voitures pour 1000 habitants), ce sera alors 3 ou 4 milliards de voitures en circulation sur Terre et donc 5 à 7 milliards de tonnes de CO2 émis tous les ans dans l’atmosphère…

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Evolution comparée de la production automobile mondiale et de la concentration en CO2 dans l’atmosphère (Source : CarFree France)

Si l’on observe l’évolution de la production automobile mondiale et la concentration en CO2 dans l’atmosphère depuis l’apparition de l’automobile dans les années 1880, on est frappé par la similitude des deux courbes. Bien sûr, l’automobile n’est pas la seule responsable des émissions de CO2, mais la croissance continue du parc automobile et de la production mondiale de voitures semble avoir un impact certain sur la croissance à la fois des émissions de CO2 et de la concentration de CO2 dans l’atmosphère.

En 2006, la teneur moyenne en dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère terrestre a atteint les plus hauts niveaux jamais enregistrés. D’après l’Organisation météorologique mondiale (OMM), cette teneur s’établit en effet à 381,2 parties par million (ppm).

Selon une étude récente, la concentration actuelle en dioxyde de carbone est 27% plus élevée que le maximum atteint au cours de ces 650 000 dernières années.

Lire aussi :  L'étalement urbain en Europe - un défi environnemental ignoré

Evolution comparée de la concentration en CO2
dans l’atmosphère
et de la température moyenne du globe

Source: Institut français de l’environnement (IFEN)

Or, la corrélation entre augmentation de la concentration en CO2 dans l’atmosphère et augmentation de la température terrestre est prouvée depuis les quatre rapports du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Les dix dernières années (1998-2007) constituent les années les plus chaudes jamais observées à l’échelle planétaire.

Déjà, les premières conséquences du réchauffement climatique se font sentir (submersion d’îles dans l’Océan Indien, premiers réfugiés climatiques, multiplication des tempêtes, typhons et autres tornades, inondations à répétition, etc.) avant une accélération prévisible des phénomènes: disparition des calottes glaciaires, montée générale des eaux, submersion d’états entiers, exodes massifs de population, etc.)

Polluer moins pour gagner plus

Le coût du réchauffement climatique a déjà été chiffré à 5.500 milliards d’euros d’ici 2050, soit autant que les deux guerres mondiales ou la crise de 1929 ! Si rien n’est fait, nous serons tous individuellement responsables d’une crise majeure, crise qui est sans doute bénéfique pour remettre en question un mode de développement économique qui n’est pas viable, mais cette remise en cause risque bien de se faire au détriment des plus faibles et des plus pauvres.

Tout ceci devrait inciter à réfléchir sur sa propre utilisation de l’automobile, sur sa propre dépendance et ses conséquences pour la planète et sa population. Mais il n’en est rien, on continue de penser que « l’automobile, c’est in-dis-pen-sa-ble!« . On lance des projets massifs de biocarburants qui non seulement ne changent rien à la problématique de l’effet de serre et du réchauffement climatique, mais en plus affament les pays pauvres, détruisent les sols, provoquent la déforestation et la destruction de la biodiversité. On continue à acheter toujours plus de 4×4 et de grosses voitures parce qu’en 4×4, « on se sent plus en sécurité« . D’ailleurs au passage, même les constructeurs automobile français se mettent à fabriquer des 4×4… On continue à faire en moyenne plus de 10.000 km par an en voiture pour faire tout et n’importe quoi, « parce qu’on a une petite voiture qui pollue pas beaucoup« . Bref, le problème « c’est les autres et de toute manière, on a pas le choix« .

Tout ceci est faux, archi-faux! On a le choix de moins polluer et de moins émettre de CO2, cela repose seulement sur un peu de volonté, d’honnêteté intellectuelle et de courage écologique. Au lieu d’aller habiter dans un lotissement semblable à des milliers d’autres en milieu rural ou périurbain, on peut choisir d’habiter en ville. Il faut arrêter de faire croire que les gens n’auraient pas le choix du fait d’un coût du foncier et de l’immobilier trop élevé en milieu urbain. Les gens préfèrent tout simplement leur lotissement car ils veulent fuir les nuisances (bruit, pollution, accidents) qu’ils sont les premiers à causer en ville avec leurs déplacements domicile-travail de 20, 30 ou même 50 km en voiture! En habitant en ville, leur budget mensuel ne serait pas plus élevé même en considérant un coût du foncier et de l’immobilier plus cher. Comment? Tout simplement en se débarrassant déjà d’une voiture dans un premier temps, voire de ses deux voitures pour un foyer situé en ville, et en limitant ainsi des frais de plus en plus élevés (assurances, réparations, emprunts, carburants, etc.) et qui vont continuer à augmenter avec la hausse des cours du pétrole et des matières premières.

Marcel Robert
Auteur de « Pour en finir avec la société de l’automobile »

Image: Terres brûlées, Patrice Robin

carfree-co2

Une voiture en moins = 1,8 tonnes de CO2 par an en moins dans l’atmosphère

(Pour une émission moyenne de CO2 en France de 149g/km et une moyenne nationale de 12.230 km par an)
Source: Campagne Carfree France 2008: une voiture en moins

10 commentaires sur “Automobile, CO2, effet de serre et réchauffement climatique

  1. Pim

    Le lien est très intéressant, mais de la manière dont il est écrit, il est un peu pervers. On a l’impression de lire : dommage que les industries ne produisent pas plus d’aerosols, ca contribuerait à refroidir le climat.
    Oui, mais ca a tellement d’autres effets nocifs!

  2. goupilette

    Le réchauffement climatique pourrait entraîner une croissance bien plus rapide des arbres et allonger la durée des saisons propices à leur développement, affirme une étude publiée dans les Annales de l’Académie nationale américaine des sciences (PNAS).

    Pour mener leurs travaux, les chercheurs du Centre de recherches environnementales Smithsonian ont rassemblé des données provenant d’arbres de 55 forêts différentes de l’est des Etats-Unis, d’une centaine d’années de mesures météorologiques et de 17 années de mesures d’émissions de gaz carbonique.

    D’après leurs résultats, la croissance récente des arbres « a largement dépassé la croissance attendue », vraisemblablement en raison du changement climatique.

    « Il est connu que l’augmentation de la températures, de la durée de la période de croissance et des émissions de CO2 a une influence sur la physiologie des arbres », souligne l’étude.

    Par conséquent, le réchauffement climatique « a probablement une influence majeure sur l’augmentation constatée de la croissance » des arbres, avance l’étude.

    Concrètement, des températures plus chaudes accéléreraient le métabolisme des arbres tandis que la hausse du niveau de CO2 dans l’atmosphère aiderait leur croissance grâce à un processus appelé fertilisation carbonique (qui favorise la photosynthèse et la production de biomasse végétale).

  3. Le Manu

    Oui, dans un premier temps, la teneur en CO² peut augmenter la croissante biologique des plantes, mais passé un certain stade de réchauffement, les conditions optimales sont dépassées et la plante a du mal à se développer. Cet optimum (et donc son dépassement) sont prévus vers 2050.

  4. Voiture neuve

    Concernant vos dires sur les plantes, si la croissance est plus importante, du coup il y aura davantage de végétation (si bien sûr on prend l’hypothèse qu’on ne rase pas les arbres), et ceux-ci pourront donc supporter sûrement davantage d’émissions. Me trompe-je ?

  5. Moa

    VOITURE NEUVE  » du coup il y aura davantage de végétation »

    As-tu lu le commentaire juste au dessus du tien de LA MANU?

    Sinon, effectivement, il semblerait que cela influence la croissance de la végétation pendant un ceratin temps ET…. dans ton jardin français…si tu en as 1… .
    Par contre, il y en aura beaucoup moins dans les régions côtières qui auront disparues par exemple. Où dans les zones frappées par des catastrophes naturelles provoquées par le réchauffement climatique / el nino, tout ça (feu de forêt, inondation, ouragan), les mécanismes mis en oeuvre par réchauffement climatique au niveau planétaire, c’est complexe… beaucoup plus complexe que de connaitre la météo au dessus d’un ville française.

    VOITURE NEUVE  » (si bien sûr on prend l’hypothèse qu’on ne rase pas les arbres),  »

    Et comment on va se chauffer sans pétrole ? 😉

    Bon, quand je regarde du côté de l’amazonie ou bien du côté de la russie avec le projet d’autoroute (merci vinci) au milieu d’un forêt (cf article du 31 août 2010 c’est pas vieux http://carfree.fr/index.php/2010/08/31/la-militante-ecolo-qui-a-fait-reculer-le-regime-de-poutine/) , je suis un peu pessimiste avec ton hypothèse. Pas toi?

    VOITURE NEUVE « et ceux-ci pourront donc supporter sûrement davantage d’émissions. Me trompe-je ? » »

    Précisément, je dirais plutôt « et ceux-ci pourront absorber plus de CO2 » car ta formulation semble dire que du coup il nous sera permis d’émettre davantage de CO2. Ce qui serait une grosse connerie.

    Donc, en gros, ils absorberont un peu plus pendant un ceratin temps, oui et donc, où veux tu en venir?

  6. ayoube

    Que soulève ma grande surprise c’est l’insistance des pays européens sur la pollution de l’environnement et de causer le réchauffement climatique. eh !!! les européenes:
    Où sont vos scientifiques? Où est vos experts ? Mais là où vos principes?
    J’espère que tous les pays européens à cesser de produire des voitures immédiatement et la tendance vers la production d’alternatives respectueuses de l’environnement.
    La production de véhicules alimentés par hydrogène, la production d’énergie solaire pour bus et camions.
    Notre terre est en danger, les Européens, chers Ouest, ne soyez pas égoïstes

  7. tunisien

    Chers Européens
    Si vous vous dites que les effets du changement climatique ne sera pas vous atteindre, alors vous êtes dans l’erreur.
    la Population de l’Afrique disent qu ‘ils n’ont pas besoin de votre aide en raison des effets du changement climatique, mais ils ont besoin de vos esprits et vos expériences pour arrêter le changement climatique.
    bougez svp. mes sinçéres salutations a madame angella ( conseillere allemande) pour son Position des réacteurs nucléaires.

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