Vivre sans voiture dans une zone non urbaine : c’est possible même en famille ?

Notre famille tente l’expérience et vit sans voiture depuis plus de 6 mois ! Au moment de la rencontre de ma compagne, nous avions chacun notre véhicule et nous avons vécu ainsi pendant plusieurs années avec 2 voitures pour le ménage de 4 personnes (2 adultes et 2 jeunes enfants). L’éveil progressif à l’écologie nous a amenés à revendre un véhicule en choisissant un prix de vente égal à celui d’un bon vélo pour ma compagne : c’était donc auto contre vélo… et le vélo a gagné !

Cette première réduction de 2 véhicules à 1 seul ne nous a causé quasi aucun désagrément… bien au contraire : fini les tracas d’entretien, les petites pannes et réparations, le contrôle technique. Par contre nous avons rapidement appris à très bien organiser nos déplacements, à combiner nos déplacements et horaires pour faire tout en un seul trajet, à suppléer par les transports en commun, mais surtout à drastiquement réduire nos déplacements familiaux.

Néanmoins, nous conservions un véhicule et tout déplacement jugé nécessaire était donc possible, au pied levé, quelle que soit la destination… Bref, nous vivions avec quasi toutes les commodités de cet « outil », symbole suprême de liberté.

Mon employeur ayant souhaité récupérer la voiture dite « de fonction », nous avons mis sur la table l’idée de tenter le grand saut : vivre sans voiture familiale.

Voici donc plus de 6 mois que nous organisons notre mobilité tout autrement. Certes, avant de « lâcher » la voiture, j’avais des craintes tenaces et j’ai hésité : comment faire pour les déplacements obligatoires ; comment faire face à la mobilité en temps d’intempéries ; avons-nous le droit « d’imposer » la marche, le vélo, les transports en commun … à nos enfants ? Ma compagne a pris les choses avec un grand réalisme et a systématiquement épluché les horaires de bus (peu fréquents) et de trains (plus réguliers) ; j’ai pour ma part soigné notre parc de vélos pour les rendre tout à fait fiables, sûrs et confortables.

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En pratique, ma compagne et nos deux enfants font le déplacement vers l’école en train durant l’hiver et les jours de pluie. La gare se trouve à 1,5 km de la maison puis la gare de destination à 0,5 km de l’école. Ce sont donc 4 km à pied que ma famille effectue par jour. Un petit « truc » ? oui, tous trois ont ici mallette avec roues, là chariot porte sac. Et donc, chaque matin à 7 heures, flanqués de leurs badges fluos pour soigner la visibilité, tout mon petit monde se met en mouvement. Pour ma compagne cette formule est excellente car elle aime arriver très tôt à l’école et le train lui permet cet horaire avec une régularité et une sérénité sans égal ! Dès que les jours s’allongent et se réchauffent, la famille opte pour le vélo. Ce sont alors quelques 20 km à parcourir par jour. Nous avons mis un peu de temps à chercher et trouver un itinéraire pas trop long mais surtout rassurant et sûr car notre expérience nous a montré que même une piste cyclable peut présenter un réel danger dans la jungle automobile. A titre personnel, je félicite mes enfants qui peuvent ainsi « se farcir » quelque 100 km par semaine !

Comment faire pour les courses ?

Et bien non, ce n’est pas la mort assurée. Nous avons investi dans l’achat d’une petite remorque à vélo et cet outil s’avère fantastique ! 30 kg de charge autorisée… c’est pas mal. Nous recommandons vivement cet achat à ceux que le tout vélo tente. Si la remorque nous sert très souvent, c’est à nouveau une planification serrée des déplacements et la combinaison de multiples activités au cours d’un même déplacement qui a le plus allégé notre « contrainte » de mobilité. Pour ma part, je suis peu « transports en commun » car j’ai toujours été adepte du vélo ; seulement maintenant ce n’est plus du cyclotourisme, c’est un mode de vie. Je n’hésite pas une seconde pour des déplacements réguliers de 40 km, 60 km voire plus quotidiennement. Un petit truc ? Oui, des sacs à vélo fiables et des vêtements adaptés aux circonstances, notamment le plus problématique : la pluie ! J’ai à cet effet lu les expériences de nombreux « vélotaffeurs » (usager du vélo pour tout y compris aller au boulot) et me suis bien inspiré de Vincent, un inconditionnel du vélo.

Lire aussi :  Comment ont évolué nos modes de transport depuis 1990?

La pluie et les intempéries en Belgique ?

Mon/notre expérience est qu’il pleut bien plus rarement que rapporté par contre l’imprévisibilité peut nous surprendre et à l’occasion il peut arriver d’avoir pris sa douche à vélo mais c’est bien rare. A côté des intempéries, c’est surtout sur la visibilité nocturne que je me suis penché car il m’arrive très régulièrement d’avoir des déplacements de nuit et là il importe grandement d’être vraiment bien visible et de soi-même bien voir : quelques menus investissement sont donc indispensables.

Mais comment faites-vous pour le cinéma, pour aller saluer la famille… ?

De nombreuses questions et pas mal de doutes nous ont été servis mais maintenant de moins en moins. Vivre sans voiture c’est vivre autrement : s’il est impossible de remplacer la voiture pour la vitesse et la mobilité débridée, il est par compte possible de bouger « no-stress », santé et nature ! Oui, nous bougeons nettement moins mais lorsque nous organisons la visite chez quelqu’un c’est vraiment pour lui consacrer du temps… fini la « bougeotte futile ». Nous gagnons donc à la fois du temps mais aussi en qualité de relations.

Peut-on vivre sans voiture ?

Nous pensons que non car toute notre société est organisée autour de la voiture mais nous commençons à expérimenter, lorsque nous ne pouvons vraiment pas nous en passer, la demande aux amis, aux voisins… Nous proposons alors systématiquement le service contre défrayement, prémisse à un mode de fonctionnement en voiture partagée. Il nous semble qu’actuellement la voiture nous serait utile une fois ou deux peut-être par mois… alors pourquoi pas une voiture pour 10, 20 ménages ?

Un effet « collatéral » de notre nouvelle mobilité est le resserrement de liens sociaux : dans les transports en commun, en croisant d’autres piétons ou cyclistes, combien de fois n’avons-nous pas expérimenté le fait de se faire signe, le fait de se reparler !

Allons-nous pouvoir continuer à vivre sans voiture ?

Ce sont mes choix d’activités professionnelles, dans les mois à venir, qui seront déterminants. En tout cas, si la voiture n’est pas imposée, nous maintiendrons le cap car notre qualité de vie non seulement ne s’est pas dégradée mais a gagné en diverses qualités. Encore un dernier petit « truc ». Nous étions bien préparés à ce nouveau mode de mobilité par le choix, depuis plusieurs années, de ne jamais utiliser la voiture pour les déplacements dans le village : tentez-le coup, c’est bon, c’est non polluant, c’est plus sûr, c’est moins cher, c’est aussi rapide, c’est plus convivial, c’est plus de plaisir, c’est plus de sensations et de contacts avec la Nature, et nous le croyons … c’est contagieux !

Source: http://www.amisdelaterre.be/

5 commentaires sur “Vivre sans voiture dans une zone non urbaine : c’est possible même en famille ?

  1. Benji

    C’est super cet article.
    J’ai 31 ans, mes parents n’ont jamais eu de voiture, on faisait tout à pied, à vélo, en train, en bus, en co-voiturage… nous étions 4 enfants à la maison… nous n’en sommes pas morts, j’ai pu découvrir plein de choses, visiter des villes, me balader… bref, pas l’impression d’avoir perdu quoi que ce soit…

    Aujourd’hui, je suis marié, père d’un enfant… je fais un max de choses à vélo, à pied et en train. Mais la voiture s’est imposée à notre ménage pour des raisons professionnelles (et partiellement privées)…nous ‘essayons de limiter au max son utilisation que je trouve anxiogène par rapport au vélo, à la marche et au train (où je peux lire ou dormir…. alors qu’au volant, c’est impossible et fatigant !).

    Pourvu que chacun essaie de faire un effort ! et chapeau à vous bien évidemment !

  2. Séb

    Je suis sincèrement béat d’admiration!

    Félicitations à vous en tout cas…comme quoi, tout est possible. Et ça fait plaisir de voir que ce que beaucoup ne considèrent que comme une utopie peut être réalité, ici, et maintenant.

    Encore bravo!

  3. RANDOLET Michel

    Se passer de voiture individuelle est possible,même si c’est très difficile dans certains foyers ou pour certaines personnes.Un peu de logique,par l’ absurde:pour voyager par avion,qui a les moyens d’acheter l’avion?Par ail leurs,notamment en matière de sécurité publique,c’est à la collectivité d’or ganiser…En matière de transports scolaires,aussi…Alors,pourquoi pas in citer les citoyens à demander ou utiliser des véhicules appartenant à un loueur public ou privé,étant donné qu’il est astreint à parker ses véhicules dans des lieux hors de la voirie publique.Il faudrait aussi revoir le rôle des taxis et comment les rendre plus accessibles,plus mobiles et dont les sa lariés soient bien rémunérés!Au Japon,il est rare de voir une voiture en sta tionnement sur la voie publique,qui ne sert qu’à la circulation…!

  4. RANDOLET Michel

    Qui plus est:les moyens financiers consacrés au mythe de la « bagnole » seront employés précisément à réaliser des transports en commun qui ne seraient plus dépendants de la circulation automobile en temps de dépla cement et de sécurité…Quant au fait de devoir utiliser des véhicules de lo cation pour se déplacer en famille,ça a au moins un côté pratique:vous ré servez le véhicule dont vous avez vraiment besoin(pour un mariage,partir en stage plein air,en vacances de ski,etc..)…N’est-il pas?Ainsi,vous n’avez plus besoin de gérer un « budget voiture » pour la famille…Et puis,comme dit un proverbe:<>Imaginez,aussi,ce que ça enlèvera aux dramatiques statistiques routières; et aux tribunaux pour « gérer » la foule des « malades du volant »,des malades de l’alcool,etc…

  5. RANDOLET Michel

    Enfin,combien d’automobilistes inconditionnels apprécieront de ne plus a voir à assumer le stress du retrait de points ou de permis(sans le savoir)? Je n’ai pas encore évoqué le cas des personnes handicapées,qui,plus que personne,ont vraiment besoin d’attention et de solidarité en se déplaçant, de la part des valides…Or,à l’heure actuelle,s’il y avait plus de bénévoles pour les transporter dans des « tricycles-calèches » avec capotes,sans dou te apprécieraient-ils de pouvoir se déplacer…le plaisir en plus!N’avez-vous jamais eu à utiliser un taxi-moto pour ne pas rater un avion ou un R-V ?Je vous y encourage,l’hiver n’incitant pas à cette pratique,il est vrai…Oui,faire du vélo son principal moyen de déplacement en ville,c’est génial à bien en bien des occasions,même en l’emmenant dans le train…!

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