Pourquoi les médias aiment la voiture

Le budget mondial consacré à la publicité automobile est d’environ 40 milliards de dollars en 2011. C’est à peu de chose près l’équivalent du PIB d’un pays comme l’Uruguay et au moins 10 à 15% de tout l’argent dépensé dans la publicité dans le monde tous les ans.

C’est un rapport sur la publicité automobile réalisé par le Kelsey Group qui nous l’apprend. La publicité automobile ne connaît pas la crise, le secteur est même en hausse de 20% cette année. En outre, sur les 20 plus gros annonceurs publicitaires au monde, on trouve 6 constructeurs de voitures.

En France, le secteur automobile représente « près d’un quart des investissements plurimédias réalisés par les 100 premiers annonceurs français » (Le figaro). Avec 23% des investissements, le secteur automobile s’impose comme le poids lourd devant la distribution (13%). Premier annonceur français, Renault a investi 224,1 millions d’euros brut sur les six premiers mois de l’année 2010. Il est suivi de Peugeot, qui a consacré 175,7 millions d’euros à sa communication publicitaire sur la période. Citroën se glisse à la quatrième place, derrière SFR, avec près de 150 millions d’euros de budget plurimédia. Bref, sur les 5 plus gros annonceurs du marché publicitaire français (tous supports), on trouve 3 constructeurs de voitures (Renault, Peugeot et Citroën) qui consacrent au moins un milliard d’euros par an à la publicité, sur le seul marché français!

Les journaux en particulier, sont plus dépendants de la publicité automobile pour survivre, avec des pubs pour voitures qui inondent la plupart des magazines. Mais la télé n’est pas en reste, le secteur automobile fournissant beaucoup de pubs et en général plus longues que la moyenne. Et la publicité automobile envahit désormais également Internet.

Et on ne parle ici que des publicités pour les constructeurs de voitures, ajoutez-y les publicités pour les assurances automobile, les pneumatiques, les réparateurs en tous genres, etc.

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Quand l’automobile occupe une telle place dans le financement des médias, on peut s’interroger sur l’indépendance des rédactions ou, du moins, sur la frilosité prévisible de ces médias quand il s’agira de traiter de la question des innombrables problèmes posés par la généralisation de l’automobile… Traiter de quoi? Et si on passait plutôt au banc d’essai de la future « voiture verte hybride électrique sans émissions eco+ »…

Ainsi nous nous retrouvons parfois dans une situation bizarre, comme nous l’avons découvert cette année, où un journal de référence anglo-saxon, plutôt à gauche, comme The Guardian, organisait un «important débat» sur les véhicules électriques, parrainé par… devinez-qui?:

Nous sommes confrontés à des guerres du pétrole, au chaos au Moyen-Orient, à la demande massive de pétrole et de matières premières en provenance des pays d’Asie, à une augmentation constante des prix de l’énergie, à une hausse des prix alimentaires entraînée par le développement des agro-carburants, au crash de Fukushima au Japon, à des déversements de pétrole en raison des forages en haute mer ou des marées noires, à des projets d’extraction de gaz de schistes dévastateurs pour l’environnement, à une augmentation régulière des phénomènes météorologiques catastrophiques et au réchauffement climatique. Si jamais il y avait un temps pour débattre des options radicales…

… Mais il est sans doute beaucoup plus urgent de débattre de la voiture électrique! Et ce ne sont pas les médias qui vous diront le contraire…

16 commentaires sur “Pourquoi les médias aiment la voiture

  1. Le cycliste intraitable

    Plus de publicité signifie qu’il faut inciter les consommateurs à acheter plus de voitures. D’apparence offensive, cette publicité croissante confirme une chose : les constructeurs sont sur la défensive et ont de plus en plus de mal à vendre.

    Jusqu’à maintenant, les primes à la casse et autres astuces financières grassement subventionnées par le contribuable, y compris non motorisé, ont permis de maintenir les constructeurs à flot. Mais avec la crise des dettes souveraines et la pénurie de pétrole, les constructeurs se font de plus en plus de souci… ou se voilent la face.

    Autant d’argent jeté par les fenêtres ne pourra que les conduire encore plus vite vers la banqueroute, donc laissons-les faire et attendons patiemment…

  2. stefanopoulos

    Admirez au passage le sexisme de la pub en ouverture de l’article. Tout est dit : dans ta grosse bagnole, tu es un mâle dominant qui nique la planète et les autres au passage ! Les publicitaires sont de plus en plus décomplexés et les médias emboîtent le pas.

  3. Legeographe

    Les publicitaires ont toujours été décomplexés, en même temps c’est comme ça que la com’ marche !
    Il faut être branché, drôle, capter le cerveau le temps qu’il est disponible… et ne surtout pas faire réfléchir.

  4. France

    « Pourquoi les médias aiment la voiture ? »
    La réponse est évidente et nous crève les yeux depuis des décennies, donc ce n’est pas un « scoop ». Ce qui serait un « scoop », par contre, ce serait d’y trouver une solution.
    Projet de résolution ?
    Quelqu’un a-t-il une idée ?

  5. stefanopoulos

    l’idée la plus facile à mettre en oeuvre est d’acheter massivement de la presse sans pub, type Le Canard enchaîné, Charlie Hebdo, Silence, etc

  6. Jean-Marc

    Une autre façon de faire (on peut faire les 2), c est d uitilser un vélo en ville… et de doubler des voitures avec :

    celà mets en avant la contradiction entre le discours publicitaire * et la réalité.

    *en général, une voiture seule, sur une autoroute/nationale/departementale, qui fonce à vive allure; plus rarement, une voiture seule, en ville; quasi jamais une voiture dans des embouteillages, où faisant la queue à la pompe, ou tournant pour se garer

  7. Legeographe

    Ah, je ne suis pas d’accord avec vous, Jean-Marc : les voitures, depuis les années 2000, ont un axe de communication sur leur praticité dans la ville chiante pour les voitures…
    La Smart en est certainement le meilleur exemple. Les gens savent que la ville est chiante à vivre pour un automobiliste !

  8. stefanopoulos

    La revue XXI, Le Tigre, Fluide Glacial, Passerelle Eco, la Salamandre, La Garance voyageuse, la Hulotte…

  9. Tassin

    Le Diplo! Médiapart aussi, un des derniers journaux d’investigation.

    Auto Plus? 😀 Ok je sors.

  10. stefanopoulos

    ah non, le Diplo a de la pub hélas… souvent pour des livres, mais aussi une fois j’y ai vu une double page pour un constructeur auto. je n’en suis pas revenu !

    on peut ajouter l’Age de Faire, même si j’aime pas trop parce qu’ils sous payent leurs journalistes et qu’ils pompent les articles des autres

    et comme le précisait MOA dans un autre article, la Revue Z.

    sans oublier les petits canards locaux comme La Brique (Nord Pas de Calais), La Feuille (Lot et Garonne), le Curverville (Var), etc

    Ca en fait des trucs à lire finalement !

  11. Pim

    Reporterre relate la position des francais face à la publicité. on y dénombrerait 33% de publiphobes contre 13% de publiphiles. Mais alors pourquoi continue t on à nous matraquer de la sorte?

  12. MOA

    Pim : « Mais alors pourquoi continue t on à nous matraquer de la sorte? »

    Parce que dans le fond, rien ne change. L’idéologie dominante est de con-sommer pour chercher le bonheur.

    D’ailleurs, tiré du texte/étude :

    « l’envie d’acheter progresse (53 % ont « souvent envie » d’acheter, contre 47 % en 2010) mais pas les moyens, d’où une frustration. 56 % de nos concitoyens estiment qu’ils devraient gagner plus pour vivre bien. Et près de 40 % disent vivre difficilement avec leurs revenus actuels. (…) »ce sentiment de se priver existe dans toutes les couches de la population ». Parallèlement, une partie des Français décroche sur le plan économique et le vit mal

    De plus, rien ne change dans le fond car :

    La vie politique ennuie 42 % des Français (41 % en 2010)

    Pas de chance que les français s’intéressent à la chose Politique (et donc aux conséquences de leur -mode de- vie); puisque faisant l’amalgamme entre celle-ci et les appareils politiques/la pipolisation des politiques/ la vacuité des pseudos-débat politique… liste non exhausitive

    Quatrième décrochage : le marketing
    A mon sens, ce décrochage (contrairement à l’analyse faite dans ce 4ème décrochage) est à mettre en parallèle avec la frustation ressentie par les con-sommateurs ne pouvant pas con-sommer comme ils veulent. cf. ce qui est dit dans le premier point/décrochage.
    Toutes les pseudos-catégories données par les marketeux qui ont fait cette étude ressemblent à du tripotage. D’ailleurs c’est confirmé par la suite de l’article puisque :

    L’attention portée à la publicité en général est stable (la moitié y prête attention)

    et :

    il demeure possible de recréer une relation de compréhension et de respect entre les marques et les consommateurs, car l’envie est encore là »,

    Bref, en ce qui me concerne, cette étude ne m’enthousiasme pas.

    D’ailleurs je reprendrai donc une phrase présente à la fin de cet article avec laquelle je suis, hélas, assez d’accord : « rien n’est perdu [pour la pub] ».

    … notamment grâce à la progression considérable des nano-bio-neuro technologies.

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