La logistique du vélo, c’est-à-dire l’utilisation du vélo pour le transport de marchandises, est en train de franchir une nouvelle étape, avec l’apparition d’un nouveau modèle pour gérer ce que les spécialistes appellent le « dernier kilomètre« . Ce modèle, c’est le cubicyle développé par DHL, un groupe spécialisé en transport et logistique.
Il y a quelques années, en 2012 pour être précis, j’avais émis l’idée de mettre en place ce que j’appelais à l’époque le vélocube, à savoir un cube de livraison normalisé qui puisse facilement être transporté à vélo, avec une remorque ou avec un vélo de type cargo. Dans cette optique, je proposais la création d’une remorque normalisée, de type « clipsable » où le vélocube viendrait se « clipser » sur la remorque, un peu comme les conteneurs viennent s’accrocher sur les wagons d’un train ou sur un camion.
L’idée, très sommaire à l’époque, était d’avoir un modèle de cube standard que l’on puisse facilement transvaser, depuis un camion ou un train sur un vélo pour justement réaliser le « dernier kilomètre », c’est-à-dire la livraison jusqu’au destinataire final. On peut retrouver les détails du vélocube dans mon livre intitulé Vélogistique publié en 2013.
L’entreprise de transport et de livraisons DHL a commencé à réaliser ce projet dès 2015 en phase expérimentale. Avec le cubicyle, il s’agit justement de mettre en place une sorte de cube standard que l’on puisse transporter à vélo. DHL a choisi des dimensions pour le cube de 80 x 120 x 100 cm, qui correspondent à la taille d’une palette d’expédition standard pour un volume de 1 m3.
Dans mon projet, je proposais un vélocube de 115 x 115 cm, soit un volume utile d’environ 1,15 m3. C’est fascinant de voir la proximité entre les deux projets.
Par contre, du côté vélo, DHL va beaucoup plus loin que le vélocube. Là où j’en étais resté à un simple vélo-cargo ou vélo avec remorque, DHL met en place une flotte de quadricycles à assistance électrique, proches en position d’un vélo couché, avec un pédalier monté sur bôme et une large plate-forme à l’arrière.
Et comment tout ceci fonctionne? Le conteneur est livré en camion à un emplacement près du centre-ville, d’où le vélo commence son itinéraire. Cela permet d’utiliser des vélos au lieu de camions ou camionnettes pour les livraisons en ville. Une différence significative avec les autres vélo-cargos utilisés dans les villes néerlandaises est le fait que des colis de volume plus élevé peuvent être livrés. Par rapport au Parcycle (cycle de transport de colis), ou le sac à dos utilisé en combinaison avec un vélo standard, le conteneur du Cubicycle offre beaucoup plus de volume. Sur un trajet moyen, il peut être chargé avec 125 kg de fret et le coursier couvre en moyenne 50km par jour.
DHL a créé une remorque spécifique pour camion (City Hub) permettant de transporter 4 cubicycles. Quand la remorque arrive au point de dispatchage, les quatre cubicycles sont transvasés sur les vélos qui peuvent commencer leur circuit de livraison en ville.
Selon John Pearson, CEO de DHL Express Europe, « les vélos offrent un certain nombre d’avantages dans les opérations de livraison express: ils permettent d’éviter la congestion du trafic et faire deux fois plus d’arrêts par heure qu’un véhicule de livraison. Le coût total au cours de leur durée de vie est inférieur à la moitié du prix d’une fourgonnette. Et surtout, ils génèrent des émissions (CO2 et polluants) nulles, ce qui renforce notre propre programme en cours pour réduire notre empreinte environnementale et appuie les efforts des municipalités pour promouvoir une vie urbaine durable. »
En janvier 2017, DHL Express a introduit des vélos dans plus de 80 villes au sein de 13 pays européens, dont 14 Cubicyles dans sept villes.
Sources:
Vélogistique, Marcel Robert, Carfree Editions, 2013.
Cubicycles, DHL et la logistique du dernier kilomètre, sur le site Weelz.fr
DHL introduces Cubicycle, an innovative cargo bike for urban distribution, to its Netherlands operations, sur le site de DHL.
DHL expands green urban delivery with City Hub for cargo bicycles, sur le site de DHL.
une bonne étape de standardisation du vélo utilitaire – après celle, visionnaire, du Marcélou… -, qui peut puissament contribuer à chasser la bagnole de nos villes…
pour les puristes une version « séche » serait appréciable, équipée toutefois d’un système de récupération d’énergie cinétique (pneumatique, inertielle… ?) pour assister au pédalage au démarrage et en côte…
Bonjour. Je me souviens des triporteurs… La position « vélo couché » qui convient à une recherche d’aérodynamisme, inutile en ville, à l’inconvénient de mettre le pilote au plus près des pots d’échappement et d’obliger celui-ci à se lever et de s’asseoir un peu bas lors de ses nombreux arrêts. Une position plus verticale assurerait au pilote une meilleure visibiilté, une facilité à monter et à descendre de sa machine et, accessoirement, de mettre alternativement le poids de chacune de ses jambes (environ 10kg) sur les pédales, participant mieux à la propulsion.
Coucou,
En pratique, ce ne sera pas aussi facile d’éviter la congestion automobile. Bien que le véhicule aura une largeur inférieure à 1 m (ce qui lui permet en principe d’emprunter tous les aménagements cyclables), son gabarit restera tout de même généralement trop important par rapport à ce qui est (mal) fait dans la majorité des villes françaises.
> Et surtout, ils génèrent des émissions (CO2 et polluants) nulles
Les vélos, certes, mais vu comment est produite l’électricité en Allemagne, non:
https://www.energy-charts.de/power.htm
Petite correction sur mon précédent message :
son gabarit restera tout de même généralement trop important par rapport aux aménagements cyclables (mal) fait dans la majorité des villes françaises.
Les émissions de CO2 ne sont pas nulles, du fait que la batterie en produit énormément lors de sa fabrication.
R. Tia, la position couché, ce n’est pas que recherche d’aérodynamique, mais surtout une différence de confort spectaculaire : bientôt cinq ans que je roule allongé et on ne me fera pas remonter sur un engin de torture comme une bicyclette classique pour plus d’un ou deux km.
Par contre, il leur manque singulièrement des rétroviseurs, à ces quadricycles !
En France on a mieux, l’entreprise fleximodal propose une remorque bicylift qui permet de transporter une palette europe fleximodal.fr