Entre les zones commerciales et les lotissements, de nombreux hectares de terre cultivables disparaissent chaque année, couverts de béton et de bitume. Le 27 juillet dernier, le gouvernement a promis un moratoire sur la création de nouvelles zones commerciales. Sera-ce suffisant? Loin de là!
Par Emmanuelle Vibert, journaliste pour le magazine We Demain. Chaque lundi, elle intervient en tant que chroniqueuse sur France Inter dans Chacun sa route et propose un regard sur le monde et sur la planète.
Certains d’entre vous, auditeurs, sont sur la route des vacances dans notre beau pays. Vous vous promenez dans des ruelles, vous admirez des vieilles pierres, vous buvez des coups en terrasse sur des places ravissantes.
Le problème, c’est que pour atteindre ces centres urbains anciens, charmants, ceux qu’on visite quand on fait du tourisme, il faut traverser les périphéries. Et là, c’est l’horreur. Tout est affreux. Ce sont des zones commerciales qui s’étalent à perte de vue, des hangars rectilignes en tôle, des parkings, des lotissements pavillonnaires uniformes, des panneaux publicitaires, des ronds points, des bagnoles… J’arrête là.
Tout le monde visualise que la douce France soit devenue au cours des décennies la championne d’Europe de cet urbanisme honteusement hideux que personne n’a envie de photographier pour faire des posts sur Instagram pendant ses vacances.
Ça n’est pas le seul souci. Selon les derniers chiffres publiés début juillet, le rythme de cette artificialisation augmente. Ces dernières années, 23 907 hectares de sols naturels ou agricoles ont été couverts de béton et de bitume en 2017. Cela équivaut à la surface de la ville de Marseille.
Ce chiffre représente une atteinte à l’environnement autant qu’à la justice sociale. Absolument. Jugez plutôt: cette artificialisation des terres qui continue encore et encore, détruit des écosystèmes et des terres cultivables dont nous avons absolument besoin, elle participe au réchauffement climatique.
Jean Jouzel rappelait dans Chacun sa route que la minéralité de la ville a accentué les pics de la chaleur. Mais le problème est aussi économique et social. Cet urbanisme de l’hypermarché et de la zone pavillonnaire a vidé nos centres villes de leurs commerces. Il est basé sur le « tout voiture », sur un pétrole abondant et bon marché. Un système dont on sait qu’il ne peut pas durer.
C’est un urbanisme qui pénalise les classes moyennes et populaires. Souvenez-vous: le mouvement des gilets jaunes est né parce que le gouvernement voulait créer une taxe sur les carburants. Or, les gilets jaunes, pour beaucoup, habitent et travaillent dans cette France des périphéries, des ronds points et de l’étalement urbain. Ils dépendent de la voiture individuelle. Vous voyez l’équation maintenant?
Artificialisation des sols = chute de la biodiversité. Justice climatique et justice sociale : même combat.
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Excellent bravo, le bétonnage des sols est un problème majeur. Est il possible de rentrer en contact avec Nuit Grave ? Merci beaucoup. Cordialement clément wittmann site clement wittmann.fr
https://www.telerama.fr/monde/comment-la-france-est-devenue-moche,52457.php?fbclid=IwAR08w0D0KfN7EGyT2SSQpIR10H2NXXhG1KWFMfe2od85YyapyQn8fry3sLs
Article qui remet bien le contexte dans lequel la France s’enfonce avec une situation qui s’aggrave. Les idylles locaux portent une très très lourde responsabilité sur ces zones industrielles désertiques qui ne créent quasiment aucun emploi si ce n’est des entrepôts, ces lotissements sans âme, ces zones commerciales artificielles. Le système bancaire qui favorise les pavillonneurs en lieu et place de la réhabilitation des logements anciens. Ne sommes nous pas hypocrite en allant visiter ces vieux villages puis se rendre aussitôt dans une zone commerciale pour faire nos courses? Ne serait-il pas temps aussi que les maître d’ouvrage les urbanistes les architectes les élus révisent leur conception de l’environnement humain le vivre ensemble et la société mercantile dans laquelle les citoyens doivent se débattre pour survivre. La démocratie est complètement en panne sur le sujet mais il est aussi très difficile d’amener une population à bonne participation sur les enjeux.
Le GRAND PLAN du gouvernement c’est à dire en réalité le petit pas de côté ne s’attaque pas à l’extension des entrepots d’Amazon qui représente des centaines et des centaines d’hectares à travers la France. Macron adore le E-commerce et Pompoli qui voulait inclure les entrepots d’amazon dans le projet s’est couchée.