C’est officiel, on peut donc désormais dire sans risque que les présidents de conseils départementaux qui ont fait le choix de repasser leur réseau routier à 90 km/h sont responsables de la mort des gens sur la route en « préférant leur mandat à la sécurité des citoyens. »
Cela semblait a priori évident, ces élus ont choisi de flatter leur électorat automobiliste en remettant la limitation de vitesse à 90 km/heure depuis décembre 2019 et la promulgation de la LOM (Loi d’orientation des mobilités) leur permettant de le faire sous certaines conditions.
Sur les 900 000 km de routes autrefois limités à 90 km/h, près de 33 900 sont repassés à cette limitation de vitesse depuis décembre 2019, le reste connaissant toujours la limitation à 80 km/heure. Désormais, moins de la moitié des départements est encore entièrement aux 80 km/heure.
Alors, pourquoi était-il problématique de dire que « nous allons payer le prix du sang de la pseudo-responsabilité des élus qui préfèrent leur mandat à la sécurité des citoyens » comme l’avait dit Chantal Perrichon, présidente de la Ligue contre la violence routière et figure de la lutte contre l’insécurité routière, dans le journal France soir le 16 mai 2019?
Tout simplement parce que Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports et président de l’Assemblée des départements avait porté plainte contre elle pour « injure publique. » Trois présidents de département, ayant relevé la vitesse à 90 km/h, s’étaient par la même occasion constitués partie civile.
Le jeudi 20 mai 2021, la présidente de la Ligue contre la violence routière a été relaxée par le tribunal de Clermont-Ferrand.
Devant le tribunal, Chantal Perrichon a assumé ses propos: « Ma parole traduit ce que nous vivons quand les gens perdent des proches sur la route. Lorsqu’on augmente la vitesse, on augmente la mortalité, c’est une constante. » Bien mieux, l’un des quatre témoins cités par la défense, médecin très engagé dans la lutte contre l’insécurité routière, l’a dit encore plus fortement. « Les propos de Chantal Perrichon sont faibles. Il est évident qu’il y a des gens qui vont mourir. »
C’était la première fois que Chantal Perrichon, 75 ans et habituée aux prises de position dans les médias, faisait l’objet d’une telle poursuite. Laquelle s’est donc conclue par une relaxe. Le tribunal a considéré que les propos ne dépassaient pas les limites de la liberté d’expression.
La liberté d’expression permet donc de dire que les présidents de départements qui font le choix de revenir au 90 km/heure sur les routes le font à des fins électorales au prix du sang des gens qui vont mourir du fait de cette mesure démagogique.
Et comme Seine-et-Marnais, j’ai même l’honneur et l’avantage de vous confirmer que c’est bien mon département qui détient un triste record : celui d’être le premier à revenir aux 90 km/h dès qu’il en a eu la possibilité.
https://actu.fr/ile-de-france/provins_77379/vitesse-premier-panneau-pose-seine-marne-repasse-officiellement-90-km-h_31881436.html
De réflexion sur la réduction des distances imposées à cause de la mobilité obligée, que nenni.
De pensée à la hausse de la mortalité induite, pas plus.
Une merveille de pétro-masculinité déclinante si l’on regarde avec attention qui sont les décideurs (voir la photo au début de l’article). Et je suis sûr que ça roule en SUV en plus.
On a les politiques qu’on mérite. Vivement que tout ça se casse la gueule, avec un confinement numéro 28 suite Covid, une pénurie de pétrole, une crise économique ou quoi que ce soit d’autre.
Ok soit, mais poursuivons : les présidents etc. qui font le choix de ne pas remettre en service d’anciennes liaisons ferroviaires, de manière plus générale de ne pas favoriser le rail, ont du sang sur les mains donc (le rail étant bien plus sûr que la route)? Pour cette raison (la sécurité) comme pour celle liée à la dégradation de notre environnement (les particules fines sont mortelles…) je dis oui.
un p’tit toilettage constitutionnel, où le goudron serait transféré du département vers la région, voilà sans doute l’une des solutions pour voir évoluer la gouvernance des apôtres de Ste-Gnognole, qui d’une centaine actuellement se rapprocheraient davantage des Douze…
de la sorte on mettrait en cohérence les désidératas du législateur en matière de position de la région comme « chef de file » de la mobilité avec la suppression du doublonnage et du chevauchement actuels…
en contrepartie on peut imaginer davantages de transferts de compétences vers le département dans le domaine social, comme par exemple les aides à l’accessibilité à la mobilité (!), hors oboles pour la sainte cradingue évoquée…
Nos élus ont trop besoin des voix des chers automobilistes lors des élections qui approchent. Ceci explique cet empressement à repasser la vitesse à 90km/h. La photo des trois larrons devant leur panneau 90 exprime avec la plus grande fatuité leur décision d’aggraver l’accidentologie sur les routes départementales avec toutes les conséquences pour les conducteurs les passagers mais aussi le piéton l’enfant le cycliste ou le cyclomoteur. Les hôpitaux ainsi que les centres de rééducation ne manqueront pas de travail plus des familles endeuillées. Ce qui est grave et surprenant c’est la validation par la sécurité routière et par la préfecture de cette mesure. La route restera une boucherie ainsi qu’une zone de non droit tant que des mesures prises par des personnes peu au fait des réalités routières amèneront des décisions d’une complète incohérence. L’état n’est pas blanc dans cette piteuse affaire où il s’est complètement défaussé sur les départements par manque de courage et de cohérence. La sécurité routière est excessivement mal conduite en France. Cet organisme demande aux personnes fragiles (piétons, enfants, cyclistes, ) de se protéger des automobilistes ce qui est peu pertinent. Les limitations à 30/50/70/80 km/h ont fait la démonstration de leur efficacité et encore plus quand les différents types de trafics peuvent être séparés avec des aménagements de qualité. Il serait intéressant d’afficher le véritable coût que représente l’automobiliste pour la société c’est à dire à nous tous. Nous constaterions que la voiture coûte plus cher que ce qu’elle rapporte à la collectivité. C’est un autre débat que personne ne souhaite engager.
On peut même avoir des doutes sur l’efficacité électorale de ces mesures :
déjà il faut voir si les utilisateurs de ces routes sont de passage ou pas sinon on peut avoir un effet Hidalgo (les râleurs ne sont pas les votants).
Certains des automobilistes eux-mêmes tiennent à la vie et ne sont pas forcément favorables à des mesures de relâchement des règles.
Enfin une partie des pétromascu adepte de la vitesse vote peut être un peu plus à droite que prévu.
Roulant vers l’Est, lorsqu’on franchit le Col de Cabre au sud du Vercors, on quitte la Drôme pour pénétrer dans les Hautes-Alpes où l’on est accueilli par le panneau 90 tout beau tout neuf. On retrouve ce panneau plusieurs fois pendant la descente jusqu’au village de La Beaume. Or il est absolument impossible, pour toute personne sensée, d’atteindre les 90 sur cette route …
Mais rien n’est plus important que de rappeler aux électeurs que l’on soucie de leur « liberté » plutôt que de leur qualité de vie …
En isere, Mr Barbier (LR) et Mme Frederique Puissat promettent le retour au 90km/h si il ils sont re-élus mais prévoit une enveloppe de 53Millions d’euros pour sécurisé la RD1075 ou la moitié des accidents sont du aux vitesses excessives !