Dans les premières années de la vélocipédie, ses ennemis, beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui, invoquaient contre elle cet argument, qu’ils jugeaient sans réplique: La vélocipédie est très mauvaise pour la santé.
Et, développant cette thèse, ils chargeaient le malheureux bicycle de tous les méfaits imaginables. Tantôt il voûtait la colonne vertébrale, tantôt sa trépidation ébranlait le système nerveux. Les courses un peu rapides causaient un surmenage des plus funestes. Chez les femmes surtout, plus délicates que les hommes, il occasionnait les plus graves désordres.
On est bien revenu de cette opinion. Est-ce seulement parce que les machines actuelles sont fort perfectionnées, que leurs roulements adoucis et leur suspension, mieux assurée par les pneumatiques, les rendent en effet moins dangereuses ?
Est-ce plutôt que des années s’étant écoulées sans que la santé des plus fervents cyclistes parût menacée, les détracteurs de jadis ont fini par se rendre à l’évidence ? Quoi qu’il en soit, non seulement les profanes n’osent guère à présent répéter leur théorie de jadis, mais la Faculté elle-même a donné droit de cité au cyclisme, est allée jusqu’à en faire un puissant mode de thérapeutique.
Vélocipédie et automobilisme, Frédéric Régamey, 1898
Source: http://velotextes.fr
On lisait les mêmes sornettes au début du train : aller à plus de 60km/h sur des rails allait arracher nos organes internes ou je sais pas quoi