Une brève histoire de l’automobile

Nos déplacements, nos ressources, l’urbanisme de nos villes : la voiture est au centre de nos sociétés. Symbole de progrès technique, elle reflète aussi la démesure face aux enjeux climatiques. En trois volets, une série documentaire retrace près d’un siècle et demi d’histoire automobile, des premiers prototypes aux véhicules autonomes, des moments de gloire aux crises les plus graves. Cette série est à visionner gratuitement sur le site Arte France jusqu’au 13/02/2025.

Etroitement liée à l’histoire du capitalisme, la voiture a révolutionné nos modes de vie, imprégné les imaginaires, bouleversé le travail, transfiguré les villes et les campagnes. Tout en archives, cette série documentaire foisonnante, traversant l’histoire du XXe siècle, porte un regard acéré sur cet objet aux mille facettes désormais au cœur d’une crise écologique et civilisationnelle planétaire.

1889. À l’Exposition universelle de Paris, un ingénieur allemand, Carl Benz, dévoile une invention révolutionnaire: le tricycle motorisé. Onze ans plus tard, lors du même événement dans la capitale française, quelque 80 constructeurs automobiles sont représentés, annonçant le crépuscule d’un monde alors dominé par l’attelage. Symbole du génie humain, ce nouveau véhicule, qui concentre les technologies les plus complexes de l’époque et s’appuie sur des matières premières venues des colonies, va devenir un produit diffusé en masse. Leader du secteur, la France se voit dépassée dès 1907 par les États-Unis: le plus grand complexe industriel au monde sort de terre à Detroit, où Ford révolutionne le travail à la chaîne. Après la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle elle a prouvé son utilité en acheminant hommes et matériel jusqu’au front, la voiture s’empare progressivement de l’espace public et pénètre en tueuse dans les villes. Les protestations face aux nombreux accidents mortels causés par les véhicules motorisés vont alors donner naissance, en réaction, au lobby de l’automobile.

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À toute berzingue

Symbole d’une course irrésistible au progrès, emblème de la société de consommation, la voiture, devenue en un temps record le moteur du monde, se trouve désormais au cœur d’une crise écologique et civilisationnelle planétaire. Fordisme, privatisation de l’espace public, pollution, mais aussi désenclavement, liberté de mouvement, développement économique et amélioration du confort de vie… Plusieurs pages ne suffiraient pas à raconter son impact sur le quotidien de milliards d’êtres humains. À l’image de son passionnant sujet, cette foisonnante série documentaire de Jean-Christophe Ribot (Le business du bonheur, L’odyssée Rosetta – 900 jours sur une comète) s’appuie sur une profusion d’archives pour porter un regard riche et nuancé sur l’histoire de l’automobile: à travers ses inventeurs, ses usines et ses modèles légendaires, c’est aussi celle du XXe siècle qui défile sous nos yeux. Au fil des trois parties, ce récit chronologique, qui offre des incursions en URSS ou dans la Chine de Mao, convoque les imaginaires des sociétés occidentales, exhumant des campagnes de publicité iconiques, des extraits de grands prix mythiques ou des vidéos effarantes produites par les lobbys. Chacun s’émerveillera ou s’épouvantera devant l’odyssée de cet engin aux mille facettes, qui incarne plus que tout autre les paradoxes du développement fiévreux de notre civilisation.

Voir la série documentaire sur le site d’Arte:
https://www.arte.tv/fr/videos/RC-026050/une-breve-histoire-de-l-automobile/

5 commentaires sur “Une brève histoire de l’automobile

  1. promeneur

    « une invention révolutionnaire: le tricycle motorisé. »

    Non il exisatait déjà depuis fort longtemps des voitures mais à moteur à vapeur.

    L’invention révolutionnaire est le moteur à 4 temps à essence.

  2. zaph

    Série très intéressante. Il ne s’agit d’une ode à l’automobile mais un pamphlet contre son sur usage et contre le lobby automobile.

    Au début, dans la première partie après l’aspect insolite de l’engin, les populations s’organisent pour contester sa prolifération et sa volonté de prendre toute la place dans les rue. Intéressant de voir dans un même espace , tramways, véhicules hippomobiles et automobiles et piétons évoluer ensemble dans un espace partagée. Certains villages s’organisent même pour interdire leur traversée par les véhicules à moteur.

    Il faudra toute la force publique et la mise en place d’un lobby puissant pour qu’apparaissent le premier code de la route, la restriction circulation pour les piétons en leur imposant des endroits pour traverser. Les capitalistes voulant imposer et vendre un maximum de leur engins ont fait déposer les infrastructure de tramways en les remplaçant dans un premier temps par des autocars puis ensuite en suppriment ces lignes d’autocars au profit de la voiture particulière.

    Les références à Alfred Sauvy (…l’excès de mobilité  a entraîné l’immobilité), à Bourdieu et aussi les images du film de Godart Week end montrent bien que les excès pervers du tout automobile étaient ressentis dés le début des années 60.

    Depuis tout à empirer avec l’adaptation stupide de la ville à l’automobile, la création des lotissements périphériques et autres temples de la consommation en pleine campagne

    Il va falloir une sacré révolution pour retrouver un peu de sagesse

  3. Noël

    Très intéressant cette description de l’évolution automobile. Le constat; il sera très difficile de faire un retour à des déplacements plus qualitatifs avec moins de pollution tant les constructeurs automobiles les politiques et l’inconscient de monsieur tout le monde est imprégné de l’automobile.

    Changer de logiciel sur nos déplacements est particulièrement difficile tant nous avons été biberonné à l’automobile.

    Comment redonner une dynamique à nos déplacement en privilégiant la mobilité dynamique? Après le COVID une certaine volonté c’est fait jour pour la marche et le vélo. Actuellement le mouvement semble s’essouffler. Comment relancer des actions efficaces qui fassent basculer les usages vers moins de pollution de bruit etc?

  4. pedibus

    remettre au goût du jour les mobilités actives ça relève des politiques publiques à effets à moyen et long terme :

    en milieu urbain et sa couronne immédiate l’aménagement, l’urbanisme et la fiscalité foncière, parmi les leviers disponibles, devraient avoir pour objectif d’économiser les déplacements, en atténuant les effets des zonages fonctionnels et de la ségrégation sociale :

    pouvoir trouver le moyen de se loger facilement, là où existent assez de commerces alimentaires, des services, du travail et des espaces publics reposants et suffisamment arborés, voilà le résultat tangible d’une politique locale réussie…

    cette accessibilité aux « services urbains » on peut déjà la mesurer assez finement avec l’indicateurs des professionnels de l’immobilier nord-américain, le « walkscore » :

    voici par exemple le walkscore à la sortie de la gare centrale de Bordeaux, 96, presque l’idéal, qui permet de se passer de bagnole :

    https://www.walkscore.com/score/gare-st.dash.jean-bordeaux-france

    de 100, l’idéal, à 0, où l’on est théoriquement totalement captif de la bagnole, l’indicateur donne un bon aperçu de l’accessibilité à pied aux services nécessaires au quotidien ;

    inversement voici le walkscore catastrophique d’un bout de lotissement huppé du sud-ouest de l’agglo bordelaise :

    https://www.walkscore.com/score/5-chemin-de-lou-pachiroc-cestas-nouvelle.dash.aquitaine-france

    striteviou :

    https://www.google.fr/maps/@44.7424002,-0.7640852,3a,75y,160.12h,90t/data=!3m7!1e1!3m5!1smI2mywDcsh18cnJS7P1klw!2e0!6shttps:%2F%2Fstreetviewpixels-pa.googleapis.com%2Fv1%2Fthumbnail%3Fcb_client%3Dmaps_sv.tactile%26w%3D900%26h%3D600%26pitch%3D0%26panoid%3DmI2mywDcsh18cnJS7P1klw%26yaw%3D160.11991136650173!7i13312!8i6656?entry=ttu&g_ep=EgoyMDI1MDExNS4wIKXMDSoASAFQAw%3D%3D

     

     

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