Certains parlent désormais d’un hybridgate comme il y a eu un dieselgate, du nom du scandale lié aux nombreux constructeurs dont Volkswagen qui ont été reconnus coupables de réduire frauduleusement les émissions polluantes de leurs moteurs diesel et essence lors des essais d’homologation.
Et il ne faut pas aller bien loin pour trouver des informations sur cet hybridgate, la page wikipédia du Véhicule hybride rechargeable se chargeant d’expliquer de quoi il s’agit.
Tout part de l’institut de recherche allemand Fraunhofer et de l’International Council on Clean Transportation (ICCT) qui ont publié en septembre 2020 un livre blanc sur l’utilisation réelle des véhicules hybrides rechargeables, analysant un panel de 104 709 de ces véhicules. Leur rapport révèle que les consommations réelles de carburant des véhicules hybrides rechargeables sont deux à quatre fois plus élevées que celles indiquées par le cycle d’homologation pour les utilisateurs particuliers et trois à quatre fois pour les professionnels.
La même année, l’association Transport et Environnement publiait une étude intitulée « Plug-in hybrids: Is Europe heading for a new Dieselgate? » (« Hybrides rechargeables: L’Europe se dirige-t-elle vers un nouveau Dieselgate ?« ). Selon Transport et Environnement, les estimations des émissions de CO2 des véhicules hybrides rechargeables sont fortement sous-estimées, ceux testés par l’association émettant de 28 % à 89 % de CO2 en plus en conditions optimales. L’association européenne commence alors à évoquer un possible hybridgate, à l’instar du dieselgate.
On en parlait bien évidemment sur Carfree France dès 2020 avec un article au titre évocateur: « Bombes climatiques. » Pour être plus juste, on aurait du appeler l’article « Bombes climatiques subventionnées pour le plus grand profit des constructeurs de voitures… »
En résumé, ces études accusent donc les constructeurs automobiles d’avoir trompé les consommateurs en sous-estimant artificiellement les émissions de CO2 produits par leurs véhicules hybrides. On nous aurait (encore) trompé? Surprenant de la part du lobby bagnolo-pétrolier, depuis le plomb dans l’essence jusqu’aux logiciels truqués…
Les résultats sont variables en fonction des conditions de circulation et de l’état de chargement de la batterie. Mais dans des conditions optimales et avec une batterie chargée à plein, les véhicules émettent donc entre 28 % et 89 % de CO2 de plus que ce qui avait été annoncé.
Rappelons que ces véhicules sont par définition particulièrement lourds puisqu’ils sont propulsés à la fois par un moteur thermique et un moteur électrique, ce qui inclut donc des batteries. Cette double motorisation et le fait que ces véhicules soient régulièrement des SUV en font souvent des mastodontes ultra-lourds et particulièrement énergivores. Si les chiffres de consommation et donc d’émissions de CO2 réels étaient connus, ils perdraient aux yeux des consommateurs leur pseudo-image écologique. D’où l’intérêt pour les constructeurs de trafiquer les chiffres en menant leurs tests de consommation et d’émissions dans des conditions de laboratoires idéales (pour eux) très éloignées de la réalité des pratiques sur route.
Une nouvelle étude similaire a été publiée en 2022 par les mêmes auteurs, analysant les données issues de l’utilisation de 9 000 hybrides rechargeables en Europe. Elle révèle qu’en moyenne, la consommation et les émissions de CO2 des hybrides rechargeables appartenant à des particuliers sont environ trois fois supérieures aux normes, et pour les voitures de société, cinq fois supérieures.
Selon Reporterre qui cite l’association Transport et Environnement, les voitures hybrides rechargeables « sont de fausses voitures électriques, fabriquées pour les tests en laboratoire et pour des économies d’impôts, pas pour la véritable conduite. Le gouvernement français doit supprimer les aides et incitations fiscales qui avantagent ces modèles ».
A vrai dire, tout ceci n’est guère surprenant et illustre tout à fait ce que l’on dit sur Carfree France depuis des années maintenant. Face aux problèmes environnementaux causés par l’industrie, l’industrie ne peut proposer qu’une fuite en avant industrielle vers toujours plus de technologies polluantes qui ne font qu’aggraver les crises environnementales. Ils ne peuvent pas penser autrement car leur objectif premier est de continuer à vendre des produits industriels pour maintenir leurs profits, tout en mentant éhontément aux consommateurs.
Nous parlions ici même déjà en 2009 du scandale écologique des voitures hybrides, ce qui indique que nous étions précurseurs… Voici ce qu’on expliquait à l’époque: « on fait croire aux gens qu’en achetant une voiture hybride, ils font un geste écologique pour la planète alors que dans les faits, la production d’une hybride est fortement polluante et que sa consommation (en pétrole) est du même acabit qu’une petite voiture des années 90. » On pouvait légitimement se demander où était le progrès… Là où nous nous étions trompé, c’est que la consommation réelle d’une voiture hybride rechargeable est plus proche en fait de celle d’un gros 4X4 que d’une petite voiture essence…
De toute manière, on prêchait alors dans le désert… 15 ans plus tard et des centaines de milliards de publicité et de marketing pour nous « vendre » le véhicule hybride ont permis aux constructeurs de se donner une image pseudo-écolo tout en maintenant ou développant leurs marges… En effet, on sait désormais très bien que les constructeurs margent essentiellement sur les gros véhicules type SUV plutôt que sur les petites voitures qui rapportent peu. Avec l’épidémie actuelle de SUV hybrides, on peut se douter du gavage actuel à l’oeuvre sur le dos des consommateurs et de la planète. Make our profits great again…
Car, pour fabriquer ces mastodontes à double motorisation, il en faut des matériaux, complexes, rares, polluants et difficilement recyclables. Tout cela pour aboutir à des voitures qui consomment juste comme les gros 4X4 des années 90. On croit rêver…
En effet, Reporterre nous indique dans le même article le différentiel entre les émissions théoriques de certains de ces véhicules hybrides et leurs émissions réelles. Le véhicule hybride le plus vendu en Europe en 2020, le Mitsubishi Outlander, était censé ainsi émettre 46 grammes de CO2 par kilomètre mais ce chiffre monte à 164 lorsqu’il est en mode recharge de la batterie. La BMW X5, censée émettre 32 grammes de CO2 par kilomètre, en produit 254. La Volvo XC60, censée émettre 71 grammes, en rejette 242…
En outre, les ventes de ces véhicules permettent aux constructeurs de baisser leur niveau moyen théorique d’émissions de carbone et leur fournissent une arme-clé pour atteindre leurs objectifs européens en matière de CO2, objectifs que ces mêmes constructeurs font tout pour amoindrir via un intense lobbying au niveau européen… Ce qui est particulièrement piquant quand on sait, maintenant, que tous les chiffres d’émissions de CO2 annoncés par les constructeurs sont mensongers!
De la même manière, ces véhicules présentés comme « écolo » sont évidemment éligibles au mécanisme dit de bonus ou superbonus sur la base de chiffres d’émissions faux et truqués… On finance donc grassement avec de l’argent public la mise sur le marché et les ventes massives de ces « bombes climatiques » pour le plus grand profit des constructeurs de voitures.
Et on ne parle même pas ici des émissions de polluants, en particulier les microplastiques nocifs provenant des pneus et du freinage, dont on sait désormais qu’ils concernent tous les véhicules et en particulier les plus lourds… comme les gros SUV hybrides par exemple.
A vrai dire, même les voitures 100% électriques censées être le nec plus ultra de la mobilité décarbonée produisent des micro-particules du fait de leurs pneus et de leur freinage (sans même parler de la pollution massive générée lors de la fabrication de ces bijoux de haute technologie).
Après le dieselgate et l’hybridgate, bientôt l’electricgate?
L’automobile individuelle semble arriver au bout de la route, prête à se cracher dans le mur de la réalité, il n’y a pas plus de voiture propre que de raffinerie propre. Les vieilles voitures polluent, les voitures récentes aussi et il y a à l’échelle mondiale de plus en plus de voitures qui polluent de plus en plus…
C’est donc désormais officiel, la seule solution viable est la vi(ll)e sans voitures.
Je retiens uniquement la conclusion « C’est donc désormais officiel, la seule solution viable est la vi(ll)e sans voitures. »
La question comment on y arrive ?
La réponse est évidente en développant les modes alternatifs à la voiture : 1/ marche, 2/ TC et 3/ vélo et assimilés, pour cela il faut :
1/ des vrais trottoirs (c’est-à-dire conformes aux prescriptions réglementaires),
2/ des TC en SP à HNS : qu’importe la technologie et le type du moment que la vitesse commerciale est élevée (> 25 km/h en ville) et la fréquence réduite (moins de 10 minutes entre 2),
3/ à priori, les vélo et assimilés étant apparentés à des véhicules selon le code de la route, ils peuvent emprunter la chaussée, une fois la circulation automobile drastiquement réduite par transfert des automobilistes vers des modes plus vertueux (marche pour des trajets de moins de 1,5 km et TC pour des trajets de plus de 7 km), ils y seront en sécurité. Sachant que des chaussées il en faudra pour : les livraisons, les secours, etc.
déjà les externalités négatives de l’amour électrisé pour la bagnole contribuent lourdement au scandale révélé : un article de Reporterre dont le titre gicle comme un gros SUV par gros temps :
allez, au-delà de la motorisation « hybride », encore un article à charge contre les bagnolards électrisés
ben voilà, ça y est, on en cause déjà… dans un article d’aujourd’hui chez Reporterre, « « Après le dieselgate, nous nous dirigeons tout droit vers un “electric gate” » :