On s’en doutait déjà un peu, mais cela n’avait peut-être jamais été dit aussi clairement par un patron de la SNCF: « Le TGV n’est pas un service public. » Et c’est une déclaration que l’on retrouve dans les colonnes du Figaro bien sûr…
En cause, la hausse faramineuse du coût du train en général et des TGV en particulier. C’est bien simple, il faut quasiment être « riche » pour prendre le train aujourd’hui en France, alors que dans le même temps on trouve des billets d’avion « low cost » pour toute l’Europe à des prix nettement inférieurs au prix d’un trajet en train en France. Cherchez l’erreur…
A titre personnel, j’ai le souvenir d’avoir payé il y a quelques années plus de 800 euros un billet de train pour 4 (dont un enfant avec la carte enfant!) afin de traverser une partie de la France (billet cumulant Intercité et TGV). A vrai dire, je n’ai jamais reproduit l’expérience au vu du prix…
Le problème, c’est que pendant longtemps on nous a seriné le refrain selon lequel il fallait privatiser le train pour faire baisser les prix. On allait voir ce qu’on allait voir, avec la privatisation, on allait obtenir des trains pas chers qui ne déraillent pas. Depuis, on a privatisé, du moins les lignes à grande vitesse, car pour les TER cela a pris un peu de retard sur le planning, et surprise, les prix explosent…
Les gens découvrent que les tarifs n’arrêtent pas de monter. Mieux, on découvre même que ce qui devait être le TGV « low cost« , à savoir le OUIGO, devient parfois même aussi cher, voire même plus cher que le TGV standard…
Et en prime, ces TGV OUIGO sont décrits par les syndicats comme des « épaves. » Selon Ouest-France, outre les infestations de punaises et de cafards, les toilettes en panne et les portes défectueuses, il est question aussi de « situations compromettant la santé des passagers. »
Bienvenue dans le monde merveilleux de la privatisation avec des trains de plus en plus chers, de plus en plus sales et de plus en plus dangereux…
Comme il y avait le feu au lac, le patron de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, a donc estimé nécessaire de se justifier dans la presse écrite en expliquant doctement que c’est un peu normal d’augmenter les tarifs puisque ce n’est pas un service public. Donc, si on résume, ils ont privatisé le rail en promettant une baisse des prix et maintenant, ils nous expliquent que si c’est hors de prix, c’est à cause de la privatisation…
Au-delà de la blague, j’adore ces déclarations à l’emporte-pièce, à la limite de l’indignation. Quand on l’écoute le Farandou, il est presque offusqué qu’on puisse penser que le TGV serait encore un service public, sous l’angle « vous comprenez, nous on est des gens sérieux du privé, pas des brèles du public, on est là pour faire du fric alors c’est un peu normal qu’on vous fasse payer une fortune des trains de merde remplis de punaises et de cafards! »
A vrai dire, la seule brèle incompétente ici, c’est Jean-Pierre Farandou. Car, il faudrait peut-être rappeler à ce monsieur que ce sont les Français qui ont payé avec leurs impôts la mise en place d’un réseau de lignes à grandes vitesses en France et que la SNCF est, jusqu’à preuve du contraire, une société détenue à 100% par l’Etat français.
Mieux, le coût de la SNCF pour les contribuables, hors protection sociale des cheminots et après déduction des dividendes versés à l’État, est en moyenne d’une quinzaine de milliards d’euros chaque année, dont près de 7 milliards pour l’Etat… Et ceci, sans même parler de la protection sociale des cheminots car l’État verse enfin une subvention d’équilibre au régime spécial de retraite des cheminots, dont le coût budgétaire était de 3,2 milliards pour la seule année 2022. Au total, on est donc pas loin de 20 milliards d’euros d’argent public donné chaque année à la SNCF, sans même parler du fait que l’ensemble du réseau ferré français a été payé avec nos impôts.
Alors, je n’ai qu’une chose à dire à M. Farandou, qu’il commence à faire son travail, par exemple en faisant circuler des trains propres qui arrivent à l’heure, au lieu de nous chier dans les bottes.