Le scandale de la pollution de l’air en Ile de France

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Airparif, a publié cette semaine le bilan de la qualité de l’air en ile de France en 2009 : « La qualité de l’air quotidienne reste insatisfaisante en Ile-de-France pour certains polluants, plus particulièrement au coeur de l’agglomération parisienne et à proximité du trafic. On estime qu’environ 3 millions de Franciliens sont potentiellement exposés à des niveaux de pollution qui ne respectent pas la réglementation et qui de plus marquent une certaine stabilité. »

La procédure d’information d’Airparif était le 17 février 2010, (encore) active : la qualité de l’air était médiocre et ce en raison du dépassement du seuil limite pour les particules fines dans l’air (plus de 80 µg/m³ en moyenne pendant les 24 heures écoulées).

Voir la carte sur d’airparif ce jour là :

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Pour mémoire, la norme française préconise comme moyenne journalière : 50 µg/m³ à ne pas dépasser plus de 35 jours par an (3 jours de dépassement autorisé pour l’Organisation Mondiale de la Santé ! ). Sur le site d’Airparif on constate qu’au 17 février 2010 toutes les stations, qu’elles soient  » trafic » ou « urbaine » ont déjà dépassé le seuil de l’OMS.

Le 20 février, la limite des 35 dépassements a été « dépassée » à la station Autoroute A1 – Saint-Denis et à la station Boulevard Périphérique Auteuil, et le sera bientôt sur d’autres stations en plein cœur de Paris (Place Victor Basch) et à Pantin sur la nationale 2, respectivement 29 et 30 dépassements enregistrés … en seulement 51 jours …. Il reste encore 314 jours pour finir l’année 2010.

Pollutions de l’air, de quoi parlons-nous ?

Le transport routier apparaît comme le secteur prépondérant dans les émissions en Ile de France de monoxyde de carbone (CO, 77 % du total), d’oxydes d’azote (NOx, 52 % du total) et de particules fines (PM10, 36 % du total). Il intervient également en première position (33 %) pour les émissions de composés organiques volatils COV (Benzène et hydrocarbures précurseurs d’ozone), devant le secteur industriel (31%) et devant l’utilisation tertiaire et domestique de solvants (19%). Pour les polluants émis par ces activités (oxydes d’azote, particules…), le cœur dense de l’agglomération parisienne, les trois départements de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Seine-Saint- Denis et Val-de-Marne) et surtout Paris, sont les zones les plus exposées en Île-de-France, ainsi que les grands axes de circulation. (0)

Les mesures d’AIRPARIF le montrent clairement : les résultats des mesures de pollutions près du trafic sont très mauvaises. Au 10 février 2010, les stations situées à proximité du périphérique (Périphérique Porte d’Auteuil, A1- St Denis ) ont déjà enregistré plus de 26 dépassements de la limite journalière des particules fines depuis le début de l’année. Pour atteindre un niveau acceptable selon l’Union européenne, il faut moins de 35 dépassements journaliers par an… Au 10 février ce seuil est presque atteint ! (1)

L’indice européen place l’agglomération parisienne en tête des plus mauvais élèves : la pollution y est deux fois supérieure à la valeur limite définie par l’Europe. (2)

Un impact sanitaire non négligeable en Ile de France

A l’heure actuelle, de nombreuses études épidémiologiques mettent en évidence les liens entre la pollution de l’air extérieur et les effets sanitaires à court terme qui se manifestent quelques jours ou quelques heures après l’exposition: irritations, toux, bronchites, augmentation de l’incidence des crises d’asthme et des pathologies cardio-vasculaires. Il existe un lien à court terme significatif entre les niveaux de pollution et le nombre de décès ou d’hospitalisations.

Par exemple, lorsque le niveau de dioxyde d’azote passe d’un niveau faible (niveau qui n’a pas été dépassé au cours des 18 jours les moins pollués de l’année) à un niveau médian (niveau qui a été atteint ou dépassé la moitié des jours de l’année), les hospitalisations pour asthme des enfants de moins de 15 ans augmentent de 7,9%. Autre exemple, lorsque la concentration de particules fines passe d’un niveau de base à un niveau médian, le risque relatif de décès pour cause respiratoire augmente de 4,7%, le risque relatif de décès pour cause cardio-vasculaire augmente de 2,4%. (3)

Les effets d’une exposition à long terme de la pollution atmosphérique sont moins connus mais, les études disponibles mettent en évidence des augmentations du risque de développer un cancer du poumon ou une maladie cardio-pulmonaire. Plusieurs études démontrent que les gens vivant le long d’artères très fréquentées sont plus exposés à certains polluants liés au transport : une étude hollandaise démontre un excès de mortalité cardiorespiratoire ; une étude montréalaise révèle un risque accru d’hospitalisation pour maladies respiratoires chez les personnes âgées de 60 ans et plus. (4)

Lire aussi :  Friends of the Earth envoie un huissier à Saab pour ses pratiques d’eco-blanchiment

Il a été mis en évidence que le fait de ramener la moyenne annuelle des niveaux de particules PM2,5 à 10 μg/m3 dans l’air telle que recommandé par l’OMS amènerait, un gain d’un millier de décès par an à Paris et proche couronne. (3)

Qui est concerné ?

Les personnes qui vivent, travaillent ou font du sport à moins de 150m de part et d’autre de cette autoroute urbaine sont exposées à un niveau de pollution jusqu’à 3 fois supérieur au reste de la population, la pollution de fond étant déjà importante. Si les concentrations en benzène s’estompent au bout de quelques mètres, les teneurs de dioxydes d’azote ont une zone d’influence plus grande (environ 200 mètres). L’impact des particules est limité à 100 mètres du périphérique (5). Pour donner un ordre d’idée la distance Boulevard périphérique – Boulevards des maréchaux est d’environ 200 mètres. De nombreuses personnes vivent, grandissent, font du sport ou sont soignées dans ces zones hyper-polluées. Le site Internet de la mairie de Paris indique que 100 000 personnes vivent près du périphérique.

L’association RESPIRE LE PERIPH’ ! a recensé les établissements publics situés dans cette zone : pas moins de 20 crèches, 10 écoles maternelles, 22 écoles élémentaires, 11 collèges, 13 lycées, 2 hôpitaux, 27 stades sont situés entre les boulevards des maréchaux et le périphérique parisien. Sans compter ceux qui se trouvent de l’autre coté, en petite couronne ou à proximité des autoroutes qui convergent vers celui-ci. De nombreux logements, surtout des HLM, sont également placés dans ces espaces.

Que peut-on faire ?

Les relations exposition-risque obtenues dans le cadre du programme ERPURS permettent de confirmer qu’il n’existe pas de seuil au-dessous duquel la pollution atmosphérique n’a pas d’effet sur la santé. En d’autres termes, toute réduction des niveaux de pollution est bénéfique pour la santé. (3) Or rien ne change depuis des années notamment pour les particules fines et le NO2, seule la météo explique les variations d’une année sur l’autre !

Nul doute qu’il s’agit d’un problème complexe et qu’il ne s’agit pas de stopper la circulation automobile immédiatement. Mais des solutions existent (6), de court, moyen et long terme et sont à la portée des collectivités : il s’agit d’être plus ou moins courageux et responsables. RESPIRE LE PERIPH’ ! ne fait la promotion d’aucune solution en particulier, mais vous exhorte à agir enfin !

L’interpellation de RESPIRE LE PERIPH’ ! auprès de toute les listes appelle une réponse : nous les diffuserons et la ferons connaître sur notre Blog. RESPIRE LE PERIPH’ ! attend avec impatience les mesures qui vont être prises pour respecter la règlementation française…. et la santé des franciliens.

Elodie TEXIER
Présidente de l’association RESPIRE LE PERIPH’ !

(0) La DRIRE : Direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement
(1) Airparif : Suivi du dépassement de normes horaires et journalières définis pour l’année civile 2010 pour les PM10
(2) Air Quality in Europe
(3) Programme Erpurs
(4) Les impacts du transport sur la santé publique, Une publication de la Direction de santé publique de Montréal
(5) Caractérisation de la qualité de l’air à proximité des voies à grande circulation (…) Porte de Gentilly. Etude d’Airparif ainsi que la lettre d’Airparif à propos de la porte de Bagnolet
(6) Quelques exemples sur notre Blog

2 commentaires sur “Le scandale de la pollution de l’air en Ile de France

  1. JMS

    Je répète ici, en le complétant, mon comentaire fait pour un autre article
    – On estime à 10 000 par ans la mortalité relative à la pollution automobile, en France. Ainsi la mortalité indirecte par la pollution maintient la mortalité globale de la circulation automobile à 15 000 par an, en France.
    – Comme dans toutes pollutions ce qui importe en plus de la toxicité spécifique des produits c’est la concentration et le temps d’exposition. Le vent rend un service inestimable au monde de la circulation automobile, il disperse et dilue les diverses pollutions. Lorsqu’il est absent ou lorsqu’une situation « anticyclonaire » est durablement installée, on assiste à un « pic » d’hospitalisation pour problèmes respiratoires dans les grandes villes…
    – Dans les dispositifs sécuritaires nécessaires à la circulation automobile, la surveillance des pollutions s’impose aux grandes métropoles. Comme les grandes villes industrielles se sont développées à partir des anciennes villes dans les cuvettes géographiques et constituent de véritable bassin de « décantation » concentration de pollutions, ces dispositifs de surveillance sont absolument fondamentaux, mais ils sont surtout symptomatiques de la gravité de la situation.
    – Parmi les autres dispositifs nécessaires et nouveau, pour perpétuer la circulation automobile, il y a le « péage urbain ». Là encore il ne faut pas y voir un souci écologique des municipalités mais une véritable volonté de sauvetage de la circulation automobile en ville.
    L’avantage du « péage urbain » par rapport au « monitorage des pollutions » c’est qu’il rapporte de l’argent et les municipalités peuvent aussi auréoler de « vert » cette nouvelle manne financière.

    Sur la mortalité (énorme) de 10 000 par ans en France, il y a eu une bouffées d’articles dans Le Monde en 2004 – 2005 voir la référence (1) dans l’article « Vivre ou conduire il faut choisir » sur carfree

  2. Alain

    Il faut voir le capteur de pollution proche de l’autoroute A10 de Tours. il mesure des valeurs non conformes depuis des mois. Mais visblement, qui le dénonce? Personne sauf quelques vélorutionnaires tourangeaux dans une indifférence assez grave des autres mouvements écologistes locaux établis.
    Il paraitrait même que le capteur est trop « jeune ». On remplit nos poumons de merde noire issue de la combustion de l’automobile mais il faut attendre, attendre, toujours attendre… Attendre d’être morts?

    http://www.ligair.fr/aspx/chf_StatGeographique.aspx?sStation=028&sVille=Tours

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