Sortie de route de François Fillon

Jeudi 22 avril 2010, le Premier Ministre s’est fait l’avocat de la voiture et a dénoncé un « acharnement » contre l’automobile au nom de la défense de l’environnement. France Nature Environnement condamne vivement cette vision étriquée des transports.

Jeudi, face aux professionnels de l’automobile, François Fillon a lancé une attaque en règle contre les défenseurs de l’environnement, alors qu’il se voyait remettre le prix de « l’homme de l’année » par le Journal de l’automobile. « Derrière l’acharnement de certains contre l’automobile, il y a au fond le rêve d’une société qui, au prétexte des dangers réels qui menacent l’individu nient sa liberté », a déclaré le Premier ministre

Un dérapage incontrôlé

Il est hors de question de « nier la liberté de l’individu ». « Si tant est que la liberté de chacun dépende de son mode de transport, le Premier Ministre fait une mauvaise interprétation du combat des écologistes et de tous ceux qui les soutiennent », rétorque Michel Dubromel, responsable du réseau transports et mobilités durables de FNE.

Il poursuit : « Pour FNE, le transport collectif n’empêche pas la liberté de mouvement, mais permet au contraire la liberté de choisir son mode de transport, la liberté de ne pas être coincé dans les bouchons, la liberté de moins polluer, la liberté de ne pas être dépendant des cours du pétrole. »

La voiture n’est pas que plaisir

Comme le dit François Fillon lui-même, peut-être sans le vouloir, l’automobile est « UNE solution » et pas LA solution. Les transports en commun sont une véritable alternative au transport individuel. Les associations de protection de l’environnement soutiennent aussi une utilisation pertinente et adaptée de l’automobile – la desserte des sites isolés, le co-voiturage et l’auto-partage – et il ne s’agit pas de « s’acharner contre l’automobile », comme le prétend le Premier Ministre.

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Un tel discours traduit sa méconnaissance du dossier. « Parler ainsi de l’automobile, c’est oublier que l’utilisation de la voiture individuelle est un vrai problème, avec comme conséquence une saturation du trafic, et donc un coût lié aux retards, une détérioration de la qualité de vie des usagers et des riverains », précise Céline Mesquida, chargée de mission transports à FNE.

Un discours à contre-sens du dialogue environnemental

Le Premier Ministre est celui de tous les Français, garant de l’unité nationale. En évoquant « deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent », François Fillon ne fait que diviser. Il oppose la filière automobile, une filière industrielle et économique, et les tenants d’un « retour en arrière », c’est-à-dire les défenseurs de la cause environnementale.

Alors que le gouvernement a pris un engagement pour « un changement drastique dans la politique des transports » (intitulé du chapitre transports dans les engagements du Grenelle), le chef de l’Etat ne peut pas continuer à faire l’apologie de la voiture individuelle sauf à renier les engagements précédents.

France Nature Environnement souhaite que le gouvernement mette en pratique ses engagements politiques et qu’il soutienne concrètement et financièrement le développement des modes de transports alternatifs à la voiture individuelle.

Source: http://www.fne.asso.fr/

4 commentaires sur “Sortie de route de François Fillon

  1. LGV

    Ce gouvernement nous a habitué à ces petites phrases polémiques et stupides, mais il ne faut pas baisser notre vigilance, merci de le faire !

  2. LécoLomobiLe

    Ces propos sont d’autant plus scandaleux que Monsieur Fillon semble s’y réjouir de l’abandon de la taxe carbone alors qu’il aurait du en être le fer de lance!

    Est-ce qu’on trouve ce discours de Fillon sur google-actualités? J’irai fureter.

    A propos de discours, celui de Carlos Ghosn à la Cité de la Réussite a été publié (un récent billet ici sur carfree évoquait son intervention dans ce colloque):

    http://www.citedelareussite.com/laCite/vingt-ans-2010-fr.php

    On notera le courage d’un étudiant qui a osé lui demander publiquement ce qu’il pensait de la société de l’après-voiture. Regardez sur le lien ci-dessus sa réponse.

  3. Vélops

    C’est dès l’été dernier que le Premier Ministre a joué le rôle du sapeur de la taxe carbone, en commençant par annoncer un prix ridicule à l’occasion d’un dérapage.

    Bravo à l’étudiant pour sa question lucide. La réponse de Carlos Ghosn révèle au grand jour le fait que le déclin de la bagnole est un tabou chez ceux qui les fabriquent, ceux qui les vendent et ceux qui en dépendent.

    Attendons que l’essence monte à 2 ou 3 € le litre…

  4. Tassin

    @ Vélops :

    En même temps la taxe carbone était une saloperie sans nom donc tant mieux!

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