Incroyable! Le groupe Renault est en train de dépasser tout ce que l’on pouvait imaginer en matière de foutage de gueule.
Rappelez-vous en 2008, c’était déjà la crise et Renault appelait l’Etat français à l’aide, qui lui accordait généreusement un prêt sans intérêts de 4 milliards d’euros. Puis, toujours avec nos impôts, l’Etat mettait en place la prime à la casse pour un coût total de 1 milliard d’euros et ensuite le bonus-malus qui a couté à ce jour plus de 1,2 milliard d’euros. L’Etat accordait même 400 millions d’euros de rab pour développer la « voiture électrique française ». Et on ne parle même pas des multiples aides financières, prêts et autres subventions des collectivités locales qui ont l’insigne honneur d’avoir un site de production Renault encore en activité, plus ou moins partielle, sur leur territoire!
Et qu’ont-ils fait de tout ce fric? Ils ont construit une usine à Tanger au Maroc! Ils viennent mendier l’argent des impôts pour aller ensuite délocaliser la production à l’étranger… il faut croire que le chien mord parfois la main de celui qui le nourrit…
Puis ils ont « développé la voiture électrique », sauf que personne n’en veut de leurs voitures électriques très chères, sans autonomie et désastreuses pour l’environnement! En plus, ils ont eu le culot de sortir en 2011 un Kangoo électrique qui ressemble comme deux gouttes d’eau au Kangoo électrique de 2002, mais 10.000 euros plus cher!
Et enfin, ils ont versé à Carlos Ghosn en 2009, le patron du groupe Renault, le plus gros salaire des patrons du CAC 40, à savoir 9,2 millions d’euros… Et tous les cadres dirigeants de Renault se sont servi au passage!
Et aujourd’hui, ils constatent qu’ils n’arrivent toujours pas à les vendre leurs bagnoles! Qu’elles soient électriques ou thermiques, les gens n’en veulent plus! Trop cher (malgré les multiples aides à l’achat payées avec nos impôts), pas pratique, impossible à garer, fatiguant et stressant, polluant et dangereux, etc.
Alors que font-ils? Ils redemandent de l’argent public bien sûr! Carlos Tavares, le numéro 2 de Renault a ainsi « appelé de ses vœux un soutien du marché français et européen« , de la part de l’Etat évidemment! Et le même d’ajouter: « Jusqu’à quel niveau peut-on laisser tomber le marché? »
Ah bon, le « marché » ne s’auto-régule pas tout seul? L’Etat est-il là pour empêcher le marché de sombrer? C’est quand même incroyable, les mêmes qui n’ont de cesse d’accuser le poids de l’Etat dans l’économie, sont les premiers à réclamer son intervention dès que le marché donne des signes d’essoufflement.
Par contre, dès que les profits sont au rendez-vous, il faut surtout que l’Etat « dégage du marché » et laisse le privé faire des affaires. Mais il faudrait qu’on paye avec nos impôts leurs pertes financières et leurs investissements dans des usines délocalisées à l’étranger?
De la « frugalité heureuse » à la « frugalité ingénieuse »…
Mais attendez, le plus drôle est à venir. Car, les dirigeants de Renault ne se contentent pas de réclamer l’aide de l’Etat, ils proposent aussi un programme d’économies en interne, baptisé pompeusement la « frugalité ingénieuse »…
On connaissait la « frugalité heureuse », démarche issue du mouvement décroissant et qui vise à vivre bien et mieux en vivant avec moins. Renault invente la « frugalité ingénieuse » qui incite tous les salariés à « proposer des économies »… On ne sait pas si les économies vont porter sur les salaires, mais les pressions (sur les salaires) risquent elles d’augmenter avec la mise en place de l’usine de Tanger. Vu le salaire moyen marocain, les salariés français ont intérêt à devenir rapidement des adeptes de la « frugalité ingénieuse », sous peine de connaître la frugalité tout court, et même pas heureuse!
D’ailleurs, le numéro 2 de Renault, Carlos Tavares lui-même, a déjà commencé, sans rire, à donner l’exemple: « lors d’un récent déplacement avec des analystes financiers sur le site de Tanger au Maroc, il a pris un vol « low cost » d’EasyJet à l’aller et de Ryanair au retour… » Si c’est pas de la frugalité ça! En tout cas, qu’est-ce que c’est ingénieux!
L’histoire ne dit pas si Carlos Ghosn et les dirigeants de Renault comptent aussi mettre leurs salaires à l’heure de la « frugalité ingénieuse »…
Renault ou la stratégie de l’échec industriel
Ce qui est sûr, c’est que Renault a, sous l’impulsion de Carlos Gohsn, tout misé sur le développement de la voiture électrique. Quand les autres constructeurs étaient perplexes pour ne pas dire attentistes, Renault s’est présenté dès 2008 comme le leader de la « voiture électrique française » ayant vocation à devenir bien entendu leader mondial de la voiture électrique.
Patatras, 4 ans après, c’est la bérézina! Carlos Ghosn s’était donné en 2008 comme objectif de vendre 60 à 100.000 voitures électriques en 2012. Résultat: il s’est vendu en 2011, toutes marques confondues, 2.600 voitures électriques seulement et 1.600 seulement depuis janvier 2012… Combien de voitures électriques Renault dans ces chiffres mirobolants?
Vous allez me dire, c’est la faute des méchants pétroliers ou de l’Etat et sa TIPP, du « complot mondial contre la voiture électrique », etc. Bien sûr…
Toujours est-il que cette filière engloutit des dizaines ou centaines de milliards d’euros, pour un résultat à ce jour catastrophique! Même Audi vient d’annoncer qu’ils abandonnaient la voiture électrique car selon eux, « il n’y a pas de marché pour une voiture avec 200 km d’autonomie qui doit se recharger en une nuit« …
Mais nous les Français, on est toujours meilleurs que les autres…
L’engouement français (politique et privé) pour la voiture électrique est justement « très français »: en-dehors de toute rationalité économique, la France a l’habitude historique de se lancer dans de vastes projets industriels plus politiques que réellement économiques, avec souvent des catastrophes financières à l’arrivée: le Concorde, le Rafale, le TGV, l’EPR, etc.
Cette propension française a été maintes fois analysée et reste liée fondamentalement au système technocratique français, un système de « grands corps d’état » (ENA, Polytechnique, etc.) qui occupent les postes clé dans le privé et dans l’industrie, aboutissant à des projets industriels pharaoniques sans viabilité financière intrinsèque. Dans le système anglo-saxon, rien de tel, les projets industriels sont moins politiques et sont lancés uniquement si la rentabilité financière effective est prévisible, bref si un marché est envisageable.
Carlos Goshn est un polytechnicien…
Superbe!
J’aurai pas dit mieux.
A propos d’Audi : 2 news sont sorties à quelques jours d’intervalle : l’abandon de la voiture électrique, et la présentation d’un vélo électrique :
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/technologie-1/d/audi-e-bike-le-vtt-electrique-du-futur-pilotable-avec-un-smartphone_38974/
Alors que d’autres réinventent le train !
http://www.voitureelectrique.net/siemens-teste-le-concept-de-route-electrifiee-4150
Pour parler de la production d’électricité, j’étais passé à côté de l’info fin mai dernier, l’Allemagne a réussi a produire pendant quelques heures 50% de son électricité par du photovoltaïque. Ça fait l’équivalent de la production de 20 centrales nucléaires.
Un argument à mettre dans la balance face à ceux qui pensent qu’on ne peut pas se passer de nucléaire en France.
http://www.reuters.com/article/2012/05/26/us-climate-germany-solar-idUSBRE84P0FI20120526
Merci pour le lien.
Pour préciser, selon l’article, les allemands ont réussi à produire 33% de leur besoin électrique durant un jour de semaine (usines et bureaux ouverts) et 50% un samedi.
The record-breaking amount of solar power shows one of the world’s leading industrial nations was able to meet a third of its electricity needs on a work day, Friday, and nearly half on Saturday when factories and offices were closed.
Et merci au réchauffement climatique qui a participé à ce succès.
The jump above the 20 GW level was due to increased capacity this year and bright sunshine nationwide.