Des bagnoles ou des écoles ?

Au détour d’un comité d’établissement de l’entreprise Renault Cléon (Seine-Maritime) du 11 janvier 2012, on apprend que Renault va bénéficier de plus de 3 millions d’euros de subventions publiques ainsi que de plus de 4,5 millions d’euros de prêts à taux zéro, de la part de l’Etat, du conseil régional de Haute-Normandie et de la communauté d’agglomération de Rouen-Elboeuf.

Pourquoi tant de largesses publiques pour un constructeur de voitures, qui plus est en période d’assèchement des finances publiques? Tout simplement en raison de l’affectation de la fabrication du moteur électrique à l’établissement Renault de Cléon. Et surtout, toutes ces aides publiques participent d’un chantage à l’emploi à peine dissimulé: l’État et les collectivités publiques sont invités (pour ne pas dire sommés) de donner de l’argent pour « maintenir l’emploi »…

Au moment même où Renault délocalise massivement au Maroc, et envisage désormais de faire construire ses voitures électriques en Chine, les contribuables devront payer pour maintenir les quelques emplois qui restent et resteront, peut-être, en France.

Ces aides publiques à Renault sont pour le moins scandaleuses quand on sait que Renault a dégagé un profit de plus de 2 milliards d’euros en 2011. Cela ne semble pas suffisant pour Renault, qui n’a aucun scrupule à grapiller encore quelques millions d’euros auprès de l’État et de collectivités locales pourtant exsangues.

Et ce n’est pas la première fois en plus! La CGT de Renault Cléon rappelle malicieusement qu’en 2010, une subvention de 1,145 Millions d’euros au titre de la Prime d’aménagement du territoire lui avait déjà été accordée, à laquelle s’était déjà ajouté un prêt de 12 millions d’euros à taux zéro par la Région Haute Normandie, conditionné au maintien de 458 emplois.

Au passage, 12 millions d’euros pour maintenir 458 emplois, cela revient à 26.200 euros par emploi maintenu quand même!

Lire aussi :  Carte de la crise automobile

Quel a été le résultat? La réalité des chiffres démontre une diminution régulière des emplois sur le site de Renault Cléon…. Les dirigeants de Renault n’ont donc même pas tenu parole. Mais ce n’est pas grave, car les pouvoirs publics n’ont pas prévu de dispositif de remboursement de ces aides publiques au cas où l’usine ne tiendrait pas les engagements qu’elle a pris. Encore mieux, non seulement les collectivités locales ne reprendront pas l’argent versé à Renault, mais elles continuent à en verser!

Et tout ceci, bien entendu, c’est l’argent des contribuables qui le paie, l’argent des impôts sur le revenu pour les aides de l’État et l’argent des impôts locaux pour les aides des collectivités locales.

Cher contribuable, vous aurez au moins l’immense fierté d’avoir probablement participé à la construction de la futur méga-usine Renault de Tanger au Maroc…

Au moment même où les collectivités territoriales manquent d’argent et multiplient les économies conduisant à la casse des services publics, à la réduction de leurs missions et à la diminution des emplois publics indispensables au maintien et à la qualité du service public, elles arrivent encore à trouver quelques millions d’euros pour subventionner une industrie automobile qui terminera de toute manière comme l’industrie sidérurgique, c’est-à-dire complétement délocalisée à l’étranger.

Pour information, 128 fermetures de classes sont prévues en Seine-Maritime pour la rentrée scolaire 2012.

Mais on ne peut pas avoir à la fois des bagnoles et des écoles…

4 commentaires sur “Des bagnoles ou des écoles ?

  1. dominique

    Bonsoir.

    Oui, encore un vrai scandale parmis d’autres…!
    Nous allons nous faire mener par le bout du nez encore longtemps ???
    Mais que faire ??
    Aller voter ? Ok, mais je n’y crois plus beaucoup à mon âge, j’en ai trop vu…
    descendre dans la rue ?
    au regard du nombre de manifs  » gentilles  » que je me suis cognées depuis 30 ans, je n’y crois plus beaucoup non plus !

    Pffffffff

    bonne soirée

  2. LEGEOGRAPHE

    Merci, c’est atterrant.

    En revanche, il serait préférable (plus juste) de parler d’un solde négatif pour le nombre de classes ouvertes à la prochaine rentrée, solde égal à -112 (puisqu’il y a 16 ouvertures de classes, intégrons-les pour avoir un chiffre parlant à lui tout seul !).

  3. Bof

    Vous racontez quelques mensonges ici… Renault ne délocalise pas au Maroc, ils ouvrent une nouvelle usine Dacia, qui ne produira que des modèles qui, de toutes façons, n’auraient pas été produits en France, rien à voir donc avec le transfert d’une chaine de production française vers le Maroc qui là par contre aurait pu être qualifié de délocalisation.

    Cette usine que vous critiquez vertement a été financé sans aides de la part des services publiques et c’est bien normal. La décision d’installer une usine au Maroc ne date pas d’hier et elle a surtout été dictée par l’expansion de Dacia, notamment dans les pays du Maghreb, et par le fait que l’usine de Pitesti en Roumanie était déjà passablement surchargée.

    Au risque de me faire taper dessus encore, l’argent prêté à Renault devra de toutes façons être remboursé, comme il l’avait été lorsque l’État avait accordé un prêt à PSA et Renault pour les aider à surmonter la crise. Vous inquiétez pas pour l’argent, l’État trouve toujours le moyen de le récupérer tôt ou tard…

    A l’heure où les gens se serrent la ceinture c’est sûr qu’accorder un tel prêt à Renault apparaît franchement déplacé, mais de toutes façons ça n’est certainement pas la seule entreprise qui a eu droit à des largesses comme celle là…

  4. LEGEOGRAPHE

    Un prêt à taux zéro, on peut tout de même dire que c’est arrangeant, non ? Surtout en ces temps de financiarisation accrue !

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