Manifeste pour une mobilité décroissante

Du flux anthropique vers l’espace organique

Ce texte a vocation à ouvrir des pistes de réflexion, des moyens de sortir de l’élaboration  des espaces productivistes. Il ne représente en aucun cas une panacée mais des moyens et des recherches pour la création des mouvements et de lieux conviviaux.

Les critiques de l’uniformisation des espaces, de l’urbanisation culturelle ou de la démesure minérale sont dispersées tout au long de ce texte pour permettre de comprendre les propositions qui renforcent le bien-vivre dans nos déplacements, nos mobilités, nos mouvements.

Les différents thèmes sont articulés autour de 13 exemples géomorphiques. Plancton-Chimpanzé-Paresseux- Kangourou-Araignée-Hyène-Cheval-Ver de terre-Papyrus -Aigle-Dragon-Abeille-Hippopotame-Coquille Saint-Jacques

0 plancton / Lentement, Modestement, Délicatement. Nous nous refusons tous les luxes sauf le plus précieux : la lenteur [1]

Ce premier point concerne la primauté des flux sur les lieux, le monopole contre-productif des transports et de la vitesse. La temporalité de la société d’accélération[2] établit la séparation des liens et fonctions réduisant toujours plus les intensités et les compagnonnages. Cette vitesse de l’errance administrée engendre un kidnapping spatial  sur les masses. A cause de la faiblesse des échelles du politique  comparativement aux pouvoirs bureaucratiques des centres commerciaux, hubs, pôles, zones de transit, la violence intrinsèque des flux économiques progresse. Alors, le caractère interconnecté des pressions anthropiques sur l’environnement modèle notre accès aux physicalités.

Au contraire, une mobilité décroissante ambitionne de rétablir la poésie et la littérature des paysages et des déplacements. Elle espère refaire la cité à partir des flux créant de l’expérience prenant des corps multidimensionnels. Les revendications autonomistes sur les lieux auront alors leurs chances contre la  globalisation des espaces, l’uniformatisation routière ou les accélérations.

1 Chimpanzé : Monopole contre productif des grandes vitesses de déplacements

Il est important de réduire la célérité et d’augmenter la porosité des déplacements légers. Cette perméabilité induit une meilleure capacité d’absorption des lieux grâce aux traboules[3] et aux passages. Ceci limite les ruissellements mécaniques qui aridifient les tissus viaires des trottoirs. Au contraire, le zonage d’approche monoculturelle crée toujours plus de chaos[4] et de segmentations entre les couches. Une mobilité décroissante vise à flexibiliser l’usage de l’espace publique pour favoriser la polénisation des édaphons et renouer les compagnonnages. Cette approche « permaculturelle » favorise les fonctions complémentaires les plus proches de la résidence et intensifie les espaces selon les fonctions, l’importance et les distances.

Le différentiel de vitesse crée les difficultés de cohabitation dans l’espace publique, il est certain que dans une ville où la circulation est limitée à 30km/h[5] la plupart des feux de régulation des croisements seraient inutiles et ce, sans faire ni commission, ni statistique bureaucratique[6]. La frugalité de la vitesse réduit les difficultés du travail de régulation des vagues vertes d’où réduction de la fureur motorisée. Les vagues vertes sont une succession ordonnancé de feux qui détermine une vitesse de déplacement constante et empire les quantités de flux motorisés et les contournements piétons. Cet initiative a le but d’instaurer la fin de tous les passages piétons (perpendiculaires, surélevés, en sous-sol) qui nuisent grandement à l’attractivité du déplacement pédestre. Alors le piéton retrouve sa prioritaire primauté. Un programme à 10 ans d’amélioration de la « traversabilité » aurait pour objectif l’élargissement constant et progressif du nombre de passages piétons à toutes les surfaces. Dans tous les autres cas,  il est nécessaire de synchroniser et d’augmenter les temps des passages piétons pour s’adapter au vieillissement et au ralentissement de la société[7] .

Les transports en commun sont avant tout faits pour les déplacements de proximité, pour que la fermière puisse déplacer ses poules jusqu’à la ville ou que grand papa fasse sa cure[8]. Ils ne sont pas au service d’une super-classe sociale internationale hypermobile qui vit des politiques de métropolisation. Ceci interroge sur la réintroduction du bon sens paysan dans l’organisation des transports. C’est-à-dire la possibilité de s’arrêter quand une personne lève les bras au bord de la route.

Différentes mesures intéressantes pour flexibiliser les circulations pourraient être la mise en place de sens uniques périodiques. L’aberration du sens de circulation imposé est un cadeau des troupes d’occupation nationales-socialistes et symbolise l’uniformisation mondiale de la signalétique[9].

D’autre voies peuvent être mises en double sens durant les périodes diurnes si des vitesses sont conviviales. Ceci permet de dégager de l’espace piéton, agricole, ludique.

Des couvre-feu sont déjà instaurés pour les voitures sur certaines autoroutes et même chez les hominidés Niçois [10]!

2 Paresseux : fluidité, équité, convivialité des vitesses.

Le point essentiel de la modification de la mobilité individuelle est de changer le rapport totémique à la bagnole. La « décolonisation de l’imaginaire » de l’exp((bling)²) supprime toute rivalité ostentatoire. La baisse d’entropie globale (émission grise incluse) suppose des véhicules légers uniformes sans carrosserie à motorisation légère. La vitesse moyenne automobile en jour ouvrable, dans la plupart des grandes villes ne dépasse jamais 20km/h[11]. Il faut être clair sur l’obligation du bridage des voitures motos à 110km/h vitesse maximum encore autorisée sur le réseau routier.

L’enjeu est de favoriser  les  déplacements sans détours, par la reconnaissance des sentiers et des chemins fantastiques pour les actifs [12]. C’est-à-dire reprendre l’espace sur les grands rayons de courbure des circulations passives à grande vitesse car elles rallongent la distance de freinage ou d’affichage au détriment de toutes les autres espèces animales et végétales souhaitant se déplacer ou observer. Les constructions d’autoroutes ont depuis l’origine accompagné l’émergence de pieuvres bureaucratiques et du tourisme consumériste[13].

3 Kangourou : Logistique, rail, Vélo-cargo

Améliorer l’utilisation des transports en commun suppose une utilisation totale des infrastructures existantes  ainsi qu’une réponse aux demandes effectuées par les particuliers mais aussi par les entreprises notamment pour les livraisons. Les autorités organisatrices de transport bureaucratique ont généralement les compétences en matière de réglementation des horaires d’approvisionnements. A ce titre, l’utilisation des voies de tramway ou de bus pendant la nuit pourrait se faire ainsi que la création de voies de remisage en milieu urbain[14].

Les stations existantes peuvent aussi servir avec des systèmes de casier et de consigne. Il faut rappeler que jusqu’en 1950, la plupart des compagnies de transport en commun équilibraient leurs comptes en organisant aussi les déchargements et chargements de marchandises pendant les périodes diurnes. Les intégrations entre les différentes branches du transport ferroviaire étaient beaucoup plus intenses.

L’autre solution à privilégier serait évidemment les vélo triporteurs et tout autre type de bicyclette cargo[15] qui peuvent aisément transporter jusqu’à 200 kg[16] avec ou sans motorisation légère. Couplés à des centres logistiques de quartier, ces changements auraient une portée significative sur la prise en compte et la régulation des origines de nos consommations. Pour le déplacement de petites charges, les petits chariots ainsi que les brouettes [17] chinoises offrent de très bonnes alternatives en réduisant la fatigue due aux transports d’objets.

Des réseaux de transport en commun avec des horaires cadencés en réseau et en symétrie horaire[18] créent une chaine prévisible et solide. Une chaine aussi forte que le plus faible de ses maillons. Ceci oblige à créer des fiches horaires simples et lisibles, soit une simplicité d’usage qui permette de ne pas avoir de réservation obligatoire  ni de cout variable dans les prix des billets.

Il est  simple de poser des rails manuellement si leur largeur n’excède pas 80cm. Lors des situations de siège, l’utilisation de transport par rail non motorisé comme pour les montagnes russes[19] ou la création du tunnel du siège de Sarajevo[20] ont permis d’acheminer de très grandes quantités de fournitures pour un cout énergétique dérisoire.

Un wagon, une voiture ou un espace dans chaque métro, train, tramway, bus qui soit vide de siège, c’est-à-dire offrant une surface plane facilement modulable permettrait d’accueillir facilement des groupes, de transporter des paquets ou des poches.

4 Araignée / Tous spiderman !

Le moyen de transport le plus sûr au monde, avant la marche a pied, en nombre d’accidents par kilomètre parcouru est l’ascenseur. L’énergie cinétique la plus simple à utiliser est la gravité. La combinaison de ces deux facteurs demande la prolifération des transports par câble[21]. Des transports par câble individuel [22]pourraient ainsi rapidement être mis en place en tendant des filins d’acier entre les dénivellations, les tours et les immeubles. Ces tyroliennes[23] ont des capacités d’accélération quasi instantanées et gratuites. Elles forment un réseau dans la ville qui tire partie des troués monumentales et recycle les symboles phalliques en gare de correspondance[24].

Pour rejoindre ces tyroliennes, des murs d’escalade sur les façades, des anneaux dans les poutres du toit sont aussi envisageables. Pour le transport de groupes et de charges, la mise en place de télécabines est efficace avec des capacités de chargement intéressantes[25] et un coût d’investissement limité. Ces moyens réduisent la capacité de nuisance de la spéculation foncière sur les espaces. Les déplacements arachnides dans la canopée urbaine[26] permettent de dégager et de préserver une grande partie des sols pour les cultures ou d’autres activités. Ils permettent une réappropriation des vitesses ne dépendant que de la masse de la gravité terrestre et ils sont accessibles par tous. Ils renouent les liens cruciaux aux cieux et aux étoiles en réduisant le voile posé par les lampadaires du mobilier urbain rationalisé.

5 Hyène / Rions ! Créons des intensités!

Les moyens de déplacement doivent restaurer le caractère festif et ludique des déplacements. L’utilisation de moyens de locomotion expérimentaux et hors du commun suscite toujours un rayon de bonheur chez les usagers ou les spectateurs. Ils ré-enchantent les pratiques en se passant d’une grande partie des règles bureaucratiques et de la législation entravante.

De nombreuses personnes construisent de manière ’auto’nome leur propre vélo modifié appelé « grand-vélo », remorques[27] ou « long-jean ». Ils recyclent les fabuleuses propriétés des roulements à bille pour toutes les activités quotidiennes.[28]

Les brigades des activistes clowns (BAC) échappent au travers de la confrontation revendicative grâce aux armes pédestres de dérision massive. En  transformant le rapport à l’altérité, les déambulations bucoliques deviennent mani-festives.[29]

Les alleycats, les grandes diagonales des clubs amateurs de cyclistes, les groupes en chaises roulantes créent un esprit de convivialité, de découverte urbaine et de rusticité. Ces courses tirent partie de l’effet de peloton où l’énergie nécessaire au déplacement est considérablement réduite. Par leurs rythmes et les imprévus qu’elles proposent, elles sont une réaction à toutes ces courses trop médiatisées. Celles où par exemple les convois de ravitaillement comptent dix fois plus de véhicules motorisés que les coureurs eux-mêmes.

Les bruits des klaxons, les signaux de phare ou les bruits d’ »accélération » sont pauvres de possibilités de communication. L’objectif est de réduire les parasitismes, l’interférence et le contrôle de la machine dans nos moyens de communication qui touchent au déplacement. Les amplificateurs auditifs originaux, sifflets, et autres signaux visuels manuels sont les solutions analogiques. Les mots vont toujours plus vite que les hommes encerclés dans une carrosserie mécanique. La hyène privilégie la possibilité de s’avertir oralement pendant l’activité du transport comme les bergers entre deux versants de montagnes[30].

6 Cheval / Maréchal-ferrant nous voilà !

La réintroduction de la traction hippomobile pour les tramways, le halage, les charrettes ou les omnibus participe à la simplification des transports des charges et aux équilibres écologiques dans les villes et les campagnes. Les avantages de l’équidé sont nombreux, par exemple la possibilité de braquer sur de petite surface, une marche silencieuse, un faible tassage des terres et pas d’obsolescence programmée. Les excréments de cheval servent à nombre d’usages agricoles ou énergétiques. Un seul cheval peut déplacer plusieurs tonnes s’il tire une voiture sur rail ou un bateau. Dans les campagnes, l’introduction du tracteur et du tank (oxymore) a chassé les paysans de leurs  terres, favorisé le remembrement agricole, remplit les cimetières militaires [31] et les abattoirs.

Des solutions alternatives existent contre le monopole radical de la technicité des garagistes et des constructeurs de bagnoles. Les fédérations des ateliers vélos[32] et de construction ‘auto’gérée sont des solutions pour développer toutes les  ‘auto’nomies.

7 Ver de terre-  Masse critique de reconquête des espaces.

Le principal problème de la bagnole est sa phénoménale empreinte foncière. En ville plus de 90 % des espaces publics sont destinés aux engins motorisés.  Autant en mouvement, qu’ à l’arrêt qui constitue 95% de son temps de vie quand elle occupe 30m² dans un parking avec air de dégagement. La  guerre des espaces a depuis longtemps été gagnée par la bagnole. Les paysages ont été défoncés par des hordes à explosion.  Là ou elles passent, l’herbe ne repousse pas.

Pour la rationalisation des moyens de transport, l’utilisation après ménagement de camions, super remorque chameau[33], structure mobile  sur  roulement à bille offrent les alternatives émancipatrices. Ces moyens de transports par leurs productions massifiées et basées sur des normes uniques et simples répondent aux conditions de fonctionnement des outils conviviaux[34]. Les usines automobiles à l’arrêt ne cherchent que ces bonnes opportunités pour se reconvertir dans la production d’objets utiles.

L’efficacité apportée par cette massification est complémentaire :

-De l’usage de masse du vélo et des moyens de déplacement fins. Par exemple l’usage généralisable de vélo pliant, trottinette, monoroue, tandem aveugle, vélo à bras, poussette pliable, landau, ou rail unique.

– Aux réseaux de transport de masse composés de vélo bus[35] permettant d’améliorer la porosité des déplacements.

Voici les réponses locales indépendantes des grands trusts monopolistiques spécialisés dans le transport de personnes. Les « terroristes » tuent l’imaginaire urbain en s’attaquant aux moyens de transport en commun, aux piétons à chaussures de courses et aux marchés. Ils créent la méfiance envers les lents et ratent leur cible des moyens de contrôle bureaucratique du système autoroutier. Il reste quand même en France, certaines personnes qui font les luddites à l’occasion de grands feux. Ils brulent les bagnoles symboles de l’aliénation salariale, de la relégation banlieusarde, et des moyens de contrôle par la vitesse. Ils construisent des réponses à l’aliénation spatiales des terroirs hachurés de voies rapides. Le spectacle de la peur joue en leur défaveur mais de nombreux types d’action restent à inventer.

Lire aussi :  Le Top 10 des excuses pour pas prendre son vélo au travail !

8 Papyrus / la révolution analogique nécessaire du  monopole contre-productif

La révolution analogique notamment dans la billetterie vise à supprimer ou simplifier toute la billetterie électronique. Les Suisses qui ont surement le réseau de transport urbain et ferroviaire le plus intégré au monde peuvent encore utiliser l’ensemble des transports en commun du pays avec une seule carte[36].  Le ministre des transports aussi.

Cette simplification de la tarification permettrait de redéfinir les conditions d’usages des transports. Dans trop de villes la nécessité des transports payants est limitée. A titre d’exemple, en Ile-de-France, les revenus payés par les usagers représentent 27% des recettes totales alors que le cout du contrôle atteint 21%. Mais la gratuité n’apparait pas comme la panacée car elle désintègre les concepts d’auto-limitation. Plutôt que la gratuité de tout, tout le temps, un droit de tirage en kilomètre par jour par exemple sur un tronçon de trajet local apparait comme une bonne solution alternative.

L’approche économique substantiviste[37] donne les clés pour mettre en place le travail de rectification de la transparence.

L’histoire des chemins de fer depuis leur naissance est éclairante : l’entrepreneuriat privé et public sont incapables de maintenir en vie des infrastructures de transport dans une concurrence intermodale inéquitable.

La meilleure solution pour mettre en place rapidement une économie des transports décroissante consiste en une nationalisation-régionalisation des autoroutes cédées à vil prix et un moratoire sur la dette des propriétaires de réseau ferré. Parce que de nombreuses sociétés de chemin de fer ont tenté de créer un réseau de train à grande vitesse ad hoc, les sommes faramineuses investies plombent durablement les capacités d’interconnexion avec les réseaux de transports de proximité tout en s’appuyant sur des processus de décisions bureaucratiques. Cette mise à l’écart par le polytechnicien de la culture des limites va à l’encontre des tissus urbains et ruraux existant et vise à virtualiser et généraliser du contenu continu,  c’est-à-dire uniformiser. Au contraire l’acceptation des limites réelles transforme la relation à la  machines, aux techniques et réduit les instincts carnassiers.

Finalement l’« internalisation » des coûts totaux de l’usage des transports parait incontournable. Les « externalités négatives » de la bagnole sont immenses et les sommes dépensées en service de santé, de ravalement ou d’entretien permettraient  de reconstruire des services de proximité. Si ces coûts sont intégrés, tous les projets de corrompus comme NDDL[38] seraient annulés. Ces luttes contre les projets inutiles ont toujours fondé les catalyseurs des changements de régime comme avec le réveil de la société publique chinoise ou hongroise contre le barrage dans la courbe du Danube. [39]

9 Loup- Le hurlement informel solidaire ajustable

Il est primordial d’améliorer la  flexibilisation de l’usage des taxis qui pourraient prendre plusieurs usagers dans la même course si leurs véhicules et leurs vitesses étaient adaptés. Dans les pays du « Sud » la plupart des réseaux de transport en commun sont gérés de manière informelle notamment grâce au taxi-vélo appelé Toleka [40] où grâce à des minibus. En Asie c’est le rickshaw à trois roues avec une petite motorisation et rayon de braquage très court[41] . Dans des villes très polluées comme Delhi, ils marchent même au gaz de ville. Un usage à air comprimé pour de grandes flottes municipales est techniquement facile à organiser.

La prise en charge des auto-stoppeurs est obligatoire pour rétablir une circulation conviviale et réduire le besoin de possession individuelle de la voiture. A Cuba les véhicules du gouvernement doivent s’arrêter si quelqu’un est au bord de la route. La non-solidarité des déplacements est le principal frein à la réduction de la symbolique de la bagnole dans nos vies. Au Pays-bas et ailleurs, il existe des airs d’autostoppage[42] ou des réseaux d’autostoppeur.

10 Aigle / l’âme d’un homme voyage à la vitesse d’un chameau – Proverbe Berbère

Sans une intervention massive des pouvoirs publics dans les taxes au Kérosène et les aides au « low-cost »,  les prix des billets d’avions seraient prohibitifs. L’exemption faite aux monopoles aériens tient à tous les services rendus à l’organisme bureaucratique de contrôle mais reste économiquement très fragile. Les aéroports et les stations services sont les valves ouvertes de la pompe mondiale à entropie. Tristement,  jamais autant de personnes n’ont renié leur propre liberté pour un supplément de transport doté d’un travestissement de classe sociale. Si les taxes sur le kérosène étaient rétablies, la problématique du pic de pétrole et l’affect causé aux liens sociaux pris en compte, tous les vols de moins de 2000km à l’échelle continentale seraient tout simplement supprimés.

L’une des meilleures solutions facilement applicable pour remplacer la gabegie à réaction des réactionnaires consisterait à utiliser des dirigeables pour le transport de charges lourdes ou des personnes [43].  Les dirigeables sont les seuls engins volants capables de réduire rapidement les émissions nocives dues au développement incontrôlé du trafic aérien tout en permettant une flexibilité aussi forte.

La question des drones, avions furtifs de la production militaire, nouveau moyen de contrôle numérique de nos vies, est représentative de nos fantasmes prométhéens. Plutôt que d’étudier les déplacements des champignons[44] dans le sol ou dans les abysses, nous gaspillons l’énergie des satellites artificiels pour nos communications liés aux rapts spatiaux. Nous accélérons les flux virtuels pour répondre à la séduction des lieux de la vitesse dus au déficit de réel. C’est un cercle vicieux qui renforce la négation des aléas et des conditions sociales.

11 Abeille / Polénisation des activités thérapeutiques

La relocalisation des activités thérapeutiques au plus près des besoins réduit grandement les besoins de super structure médicale et des ambulances afférentes. Dopé par une culture de plantes médicinales et thérapeutiques dans les endroits à forte densité cela crée la solidarité réflexive et organique, c’est-à-dire de la conscience de l’appartenance des systèmes d’intérêt collectif. Si les gens utilisent des vélos cargo pour leurs déplacements alors il est aussi possible d’encourager des systèmes ambulanciers et pompiers informels.[45] D’où la nécessité de proposer des services de location de vélo cargo et des formations médicales sans diplôme!

12 Hippopotame- Drakkar, Galère, Cerf-volant

L’eau est la principale richesse et composante de l’Homme. Elle a un rôle primordial pour tous les transports notamment régionaux et internationaux.

Les chevaux peuvent correctement déplacer des tonnes sur voie d’eau avec très peu d’entropie. Pour les déplacements individuels, trop de villes ont ruiné l’usage de leurs eaux qui deviennent des autoroutes à touristes. Les moulins à blé ne dansent plus avec les vagues du Danube mais les Suisses et les Indiens nagent toujours sous le parlement[46] dans une eau limpide ou sacrée. Ce sont les professions de batelier qui ont créé la richesse de la plupart des villes comme Mexico, Paris, Bangkok, Abidjan, Gröningen….

Les tonnages mondiaux transportés n’ont jamais été aussi importants. La division internationale du travail dilate littéralement nos capacités d’échanges sans prendre en compte que l’Homme s’est toujours déplacé avec les vents. Les Cargos à voile[47] équipés avec des  systèmes hybrides de motorisation électrique peuvent  réduire les consommations des flux de déplacement de tous les objets inutiles.

13 Coquille saint jacques – Ville nue, transhumance,

Etendre l’approche aux couleurs dans la ville, mettre des couleurs sur le sol[48] c’est résister aux feux rouges et giratoires symboles des empereurs déchus qui en s’excusant de protéger, installent leurs contrôles sur les flux.

Les feux rouges sont le symbole de l’urbanisation rampante des campagnes où la primauté des flux prend le dessus sur la lenteur et la sécularité des rythmes agricoles. A ce titre, les expériences apportées par les théoriciens de la ville nue sont les meilleures[49] pour remettre l’échelle du piéton au centre de tous les flux. La ville nue est un moyen de rendre au poète-urbain-citoyen les capacités d’’auto’attribution des lieux. Elle désintègre les techniques de prévention situationelle et les ratés de la plupart des politiques de végétalisation. Sans trottoir, ni panneau, ni bureaucratie du bonheur, la vie est plus belle.

La transformation des hommes par la marche à pied est souvent sous estimée, surtout quand elle a lieu pied nu. De nombreuses personnes ont déjà insisté sur la nécessité de mettre tout les parlements en haut des montagnes[50], dans des endroits uniquement accessibles à pied ou en tyrolienne. Ceci pour obliger les démocrates-piétons à suer leurs cohésions et trouver des consensus. Jésus, Francois d’Assise, Rousseau, Evora, Bikila  ont tous été de grands propagandistes de la marche. La danse et les arts martiaux orientaux enseignent aussi l’harmonie des mouvements.

Il est devenu primordial pour les organes bureaucratiques de communiquer et déployer des plans de déplacement pour les piétons et l’activité physique. Parfois cela ressemble à un rêve de marketeurs – vendeurs de basket birmane- qui vantent la vie uniformisée des courses dans les parcs minéralisés et les escaliers dans le métro. D’autre fois ce sont les chemins de pèlerinage qui sont entretenus ou des ponts légers sur les fleuves. Voir des lieux où le frénétique de la course à pied opère un léger retour de l’effort salvateur dans le milieu urbain. A défaut de réduire l’usage des talons briseurs de chevilles pour un abonnement en salle de sport, il y a au moins le mérite de la reconquête olfactive.

Conclusion :

Le texte balaye un large spectre de possibles, d’évidences oubliées et d’utopies. Il souhaite amener la réflexion sur deux axes stratégiques. Le premier est la pratique de la masse critique, le second est la transformation des imaginaires.

La plupart des possibles évoqués ont été choisi pour leurs simplicités et leurs cotés pratiques dans nos mobilités. Ils ne demandent qu’à être composté dans nos existences.  Ces exemples et les enjeux qu’ils soulèvent rayonnent sur la qualité de nos vies. Ils forment une matrice émancipatrice d’approche multidimensionnelle.

Cette décolonisation salvatrice du mythe de la société d’accélération espère une réappropriation des outils conviviaux et de notre ‘auto’nomie. Ce texte veut nourrir le terreau du réveil des consciences.

Notes

[1] A propos de l’Afghanistan – L’Usage du monde Nicolas Bouvier, Thierry Vernet , 1963

[2] Vers une théorie critique de la modernité tardive Harmuth Rosa – Accélération et aliénation , 2012

[3] Sur laporosité en pratique et la perméabilité en théorie.

[4] Infokiosque en direct des faubourgs de l’antimonde

[5] Initiative européenne pour des villes a 30km/h. Jusqu’en 1914 la plupart des villes limitaient la vitesse des circulations a 30kmh

[6] René Riesel – Jaime Semprun « Catastrophisme administration du désastre et soumission durables » Edition de l’encyclopédie des nuisances. Voir la critique des bisounours de la décroissance.p78

[7] . 0.8s/m à Nice, commune où le taux de retraités est l’un des plus élevés contre 1s/m en france en général.

[8] Gratuité des transports publics en hongrie pour tout les retraités.

[9] Loi du 15 juin 1943 sur le code de l’urbanisme et L’héritage de vichy : Ces 100 mesures toujours en vigueur, Cecile Desprairies 2012

[10] La question du stationnement des bagnoles à Nice

[11] Vitesse moyenne à Paris durant les 10 dernières années

[12] Graphique de copenhaguenize sur les vicissitudes de la ligne droite pour tous.

[13] Les débuts mussoliniens des autoroutes

[14] Recyclage de wagon

[15] Chikudu – bicyclette en bois construite au congo

[16] Les coursiers à vélo à Paris, c’est Urban Cycle.

[17] La brouette chinoise et l’équilibre  des charges

[18] SMA graphique horaire annuel sur le réseau férré Suisse de transport de personnes

[19] Les montagnes russes

[20] Le tunnel résistant souterrain de Sarajevo

[21] Ascenceur urbain brésilien de 1870

[22] Un concept de réseau urbain de tyroliennes

[23] Un projet de réseau de tyroliennes à San Francisco

[24] Architecture hors-sol avec des cordes

[25] Le transport de masse par cable

[26] Les écureuils humains et Robin Wood

[27]Artisanat de bicyclette en banlieue

[28]Recyclage d’objet cyclique en Equateur

[29] Les activistes clowns

[30] Les bergers siffleurs d’Aas

[31] L’Esprit agricole de Bernard Charbonneau

[32] Réseau des ateliers vélos

[33] Sur les Camel Bus de Cuba – Warren, James (2009). Sustainable transport systems: learning from Cuba

[34] Sur l’excellent réseau de transport en commun de Curitiba

[35] Le bus vélo pour les groupes.

[36] Abonnement généraux CFF . http://www.cff.ch/abonnements-et-billets/abonnements/abonnement-general.html

[37]A props de Kàrl Polànyi, sur le substantivisme

[38]Lutte contre la création d’un aéroport inutile à notre dame des landes

[39] Projet et construction d’un barrage de retenue sur le Danube a Nagymaros

[40] Afrique Rédaction

[41]Prospectivisme urbain

[42] A propos de l’auto-stop en Hollande

[43] Etude sur les dirigeables

[44] L’association symbiotique racine -champigons

[45] Un système d’ambulance à vélo http://carfree.fr/index.php/2012/09/11/les-ambulances-a-velo/

[46] La nage urbaine dans l’Aare

[47] Deux initiative sur l’utilisation du vent pour le transport.

[48] Peinture au sol avec yona friedman

[49] La revitalisation d’un carrefour à Poyton en Grande-Bretagne

[50] La belle Verte film de Coline Serreau réalisé en 1998.

14 commentaires sur “Manifeste pour une mobilité décroissante

  1. checkman

    C’est peut être très intéressant comme texte, mais rien en donne envie de le lire. J’ai arrêté au bout de cinq ligne tellement le style est pompeux. C’est bien beau de vouloir se donner un genre, mais si le but est d’être lu par le plus grand nombre il faut écrire un peu plus simplement.

  2. apanivore

    En effet c’est incompréhensible.
    L’auteur n’est pas pour la décroissance du jargon et des métaphores foireuses

  3. Struddel

    Idem, je ne comprends pas la moitié des phrases et j’ai été obligé d’ouvrir mon dictionnaire à plusieurs reprises pour aller chercher des mots comme « édaphons ».

    J’ai abandonné avant la fin.

  4. jacques dutheil

    Est-ce que l’auteur du manifeste est lecteur d’Hartmut Rosa?

  5. Gwenael De Boodt

    Merci pour ce manifeste riche en métaphores, qui demande à la lecture un effort de l’esprit dans des aller-retours entre l’imaginaire et le raisonnement et donc du temps (quitte à se lever de sa chaise pour aller chercher quelques mots dans le dictionnaire, ce qui constitue un humble exercice de mobilité sensée en temps de folie des transports) . C’est dans cette lenteur nécessaire à l’enrichissement de la conscience qui laisse toujours une porte ouverte au poème du symbole que nos certitudes se forment et s’enracinent.
    La vertu de ce style est qu’il est difficilement récupérable par les manipulateurs d’opinion puisqu’il ne rentre pas dans les grilles dépressives de l’efficacité publicitaire du discours politique contemporain.
    On y sent l’héritage des situationnistes, une approche « poélitique » qui mène de front (et dans un souci de cohérence éthique) un réenchantement de la langue en même temps qu’une critique radicale du système.
    Contrairement à ce que pourraient laisser croire les commentaires des lecteurs, il ne s’agit pas d’une sophistication gratuite mais de la volonté de fonder une alternative qui se manifeste à la fois dans la langue, dans
    l’imaginaire et dans le réel.
    Il n’y manque à mon goût qu’un préambule au sujet de la contradiction que représente le sacrement de la mobilité chez les sédentaires. Dans une métaphore animale, on chercherait du côté de l’abri carapaçonné à pattes (crabe, tortue, coleoptère…) dont aucune espèce ne brille par la fulgurance ni la longue distance de ses déplacements.

  6. Struddel

    Donc si l’on ne comprend pas la plupart des phrases, c’est que l’on n’a pas un niveau assez élevé pour s’intéresser à la mobilité décroissante ?

    Quant au raccourci « ne pas apprécier un style qu’on juge un peu pompeux = ne pas faire d’effort de l’esprit », je dirais que ce n’est pas parce qu’il est appliqué à l’écriture que le tuning devient plus intéressant, n’est pas Hugo qui veut.

  7. Gwenael De Boodt

    Cher Struddel,
    Je ne comprends pas bien votre raisonnement ci-dessus et pourtant je m’intéresse à la mobilité décroissante.
    Il y a peut être trop de raccourcis pour un esprit lent comme le mien, et pas assez de vagabondage…
    Comme quoi la question du transport dépasse largement le cadre de son application physique… de même que celle de la décroissance qui ne saurait se limiter au problème de l’épuisement des ressources.
    Bien à vous,

  8. Struddel

    Je pense simplement que travailler à alléger un style démontre sûrement plus d’application et de prise de temps que l’alourdir par l’emploi de métaphores trop nombreuses et qu’il ne faut pas confondre perdre son temps et prendre son temps.

    C’est en effet fortement lié au sujet de cet article, finalement, peut-être qu’il faut accepter de savoir perdre son temps, c’est une philosophie de vie qui prête à de nombreux débats.

    J’ai l’impression de prendre mon temps plus que de le perdre lorsque je me déplace à pieds, à vélo ou à roller : j’accepte d’arriver plus tard et d’aller moins vite sur certains trajets car j’en retire certains autres bénéfices.

    En revanche, j’apprécie fortement que ce genre de modes de transport optimise mon temps de déplacement pendant que de nombreux automobilistes se retrouvent bloqués dans les embouteillages : je vais plus vite qu’eux, et j’apprécie cet état de fait car je pense qu’à ce moment précis, ils perdent leur temps.

    La frontière entre la perte et la prise de temps est mince et certains acceptent de passer de l’un à l’autre sans problème car ils relativisent au maximum le temps qui passe.

    En ce qui me concerne, je vois mille et unes choses à réaliser et je vois une limite temporelle : la fin de la vie. J’essaie donc d’optimiser mon temps sans empiéter sur celui des autres et en laissant le loisir de le perdre à ceux qui en ont envie.

    Le fond de l’article est intéressant, c’est certain.

  9. Gwenael De Boodt

    Struddel,

    Votre raisonnement précédent est efficace. Il prône d’ailleurs cette efficacité. Mon esprit peut le suivre en toute sécurité, sans craindre d’être laissé pour compte d’autant plus que vous prenez votre temps. Aucun obstacle imprévu n’y surgit, ni le baroque de la montagne, ni le déchaînement d’une mer, propres à me le faire perdre (ce fameux temps).
    Tout m’est connu, lisse, correct, ne nécessitant que peu d’effort de ma part. En bref, vous communiquez bien.
    Mais je n’ai rien à quoi me frotter qui fasse sa part d’obscurité dans laquelle je puis concentrer mon propre imaginaire pour survivre aux violences productivistes du système et le combattre si besoin est.
    L’epicurisme a ses limites, entre autres celles de se détourner du tragique.
    Bon, je déborde peut être ici du sujet mais cela reste d’actualité dans l’opposition entre le jeu des alliances et les radicalités qui se sont faites jour au sein du mouvement politique de la décroissance.

  10. Struddel

    Oui, je vois où vous en venez, le style est (se veut) didactique et productiviste afin d’être efficace et direct : mon but est que l’on comprenne ce que j’ai à dire et non de concevoir une fresque artistique.

    Ceci pour deux raisons ; la première est que je ne maîtrise pas l’art en question (entendez : l’écriture littéraire) et que j’en reste donc à un style simple.

    Le risque lorsque l’on se lance dans une création artistique sans en maîtriser certains codes et sans avoir un certain recul par rapport à son oeuvre est de tomber dans un mauvais exercice de style et dans une overdose de technique pour un rendu lourd à digérer : c’est ce que je reproche un peu ici.

    J’aime lire Proust car il maîtrise son art. J’aime lire Benacquista car il ne s’embarrasse pas d’un style qu’il ne maîtrise pas.

    La deuxième relève du débat politique et je n’utiliserai que des mots simples et directs sur un article clair et direct pour me lancer dedans.

  11. MOA

    A partir du 2ème paragraphe du chimpanzé, le style change radicalement et devient moins situationniste pour être beaucoup plus concret/standard… efficace.

    Par contre, j’ai vraiment de + en + de mal à lire sur un écran des textes longs. Ca me saoule.

    Mais celui-ci vaut le coup.

  12. Guillaume

    D’abord découragé par l’aspect et la longueur du texte, j’ai lu les commentaires : merci à ceux qui m’ont donné envie de prendre le temps de le lire, il est effectivement très intéressant !

    Je me permets une remarque technique sur une des solutions proposées : le dirigeable n’est pas une solution aux problèmes posés par l’avion, car il est tellement gros qu’il implique une trainée (force de frottement dans l’air) très importante, induisant une consommation d’énergie très élevée. Et bien entendu ces effets sont amplifiés dès qu’il fait du vent. Il faut que je parte, je n’ai pas le temps de chercher des sources pour appuyer mes dires, mais si quelqu’un veut en chercher et les poster il est bienvenu !

  13. DEMEZ Robin

    Réorganisation intelligente et durable de la mobilité, nous allons réapprendre de la convivialité et du collectif en même temps. Cela prendra cependant du temps, élément essentiel de l’écologie politique.

Les commentaires sont clos.