A l’occasion des 110 ans du magnifique journal nommé « Les Echos, » le génial dirigeant du groupe Peugeot PSA, Carlos Tavares, a accepté (il est trop bon, merci à lui) de réfléchir à la place de l’automobile dans 20 ans. Du haut du tremplin permettant d’accéder à sa puissance visionnaire, il se projette donc en 2038… et se dit persuadé que la soif de liberté et de mobilité l’emportera sur ce qu’il appelle les « décisions irrationnelles » actuelles.
Qu’il est fort Carlos! On lui offre une tribune gratuite dans un journal, enfin dans une feuille de chou de promotion du libéralisme, et on va voir ce que l’on va voir. Il va nous expliquer pourquoi l’automobile c’est génial et pourquoi ceux qui la critiquent sont rien que des « irrationnels. »
Déjà, il faut reconnaître, selon lui, tout « le génie de l’industrie automobile » qui a permis de dépasser tous les « conservatismes » (des irrationnels). Il parle sans doute de son propre génie? Le génial Carlos Tavares est en effet le constructeur automobile qui déclarait en 2015 que « le diesel est notre meilleur ami, puisque c’est lui qui est le plus efficient pour lutter contre le réchauffement climatique. » Le diesel est notre « meilleur ami? » C’est cela Carlos… il faudra le dire aux milliers de gens atteints d’un cancer…
Par ailleurs, on sait maintenant que le diesel n’apporte strictement rien en matière de lutte contre le réchauffement climatique et qu’il est même probablement pire que l’essence pour le climat.
C’est donc normal d’offrir une tribune à un tel génie! Et quelle est donc la « vision » d’un tel génie de l’automobile pour le futur?
Pour Carlos Tavares, « la mutation de l’espèce automobile s’est accélérée avec un quart des ventes réalisées avec une autonomie de niveau 5 depuis 2035. » On ne sait pas trop ce que cela veut dire, car on n’est pas des génies nous, mais en tout cas c’est bon de savoir que « l’espèce automobile » se porte bien, en tout cas probablement mieux que les milliers d’espèces animales qui sont elles en danger ou menacées, entre autres par le développement de l’automobile et des réseaux routiers…
Sinon, on découvre qu’il n’y a plus vraiment de « voitures » en 2038, mais des « objets de mobilité… » Ce n’est pas une voiture, ça a quatre roues, un moteur, 5 places, mais c’est un « objet de mobilité » semi-autonome qui « file à 230 km/heure sur une voie d’autoroute dédiée. »
Donc, si on comprend bien Carlos, on va affecter dans le futur une voie d’autoroute (sur deux dans la plupart des cas) à la circulation des voitures en mode autonome? Et les autres s’entasseront sur la voie de droite? Ou alors, on va ajouter une voie de circulation à toutes les autoroutes françaises pour faire circuler en mode autonome les « objets de mobilités » de Carlos Tavares? Mystère et boule de gomme… Faut pas trop en demander tout de même! On se plie en quatre pour pondre des visions géniales de la mobilité de demain alors faudrait voir à pas nous les briser menu!
Par contre, Carlos Tavares est sûr d’une chose, c’est que la mobilité de 2038 est aussi géniale que lui: « Comment aurais-je pu imaginer, en cette année 2038, que la mobilité apporte une telle valeur ajoutée, alors même qu’elle était menacée il y a une vingtaine d’années par certaines décisions irrationnelles. » Le problème, c’est qu’on revient toujours aux « décisions irrationnelles » des « méchants » (Anne Hidalgo, les écolos, les cyclo-bobos et autres staliniens du transport public…). Heureusement, Carlos et son gentil diesel sont là pour nous sauver de l’autophobie qui nous guette!
Selon lui, on a été sauvé, en 2038, par des « ONG, » mais attention, pas du genre ONG qui s’intéressent à la nature ou aux petits oiseaux, plutôt des « ONG » style « 40 millions d’automobilistes » qui luttent contre les bobos à vélo et leur « mobilité urbaine de plus en plus élitiste. » .
Dialogue social oblige, Carlos Tavares a aussi un mot gentil pour les syndicats et « leurs combats syndicaux menés pour la sauvegarde de l’emploi dans un secteur d’activité qui représentait il y a 20 ans plus de 6% de la population active et qui a du se réinventer sans tabou. » Cette phrase est proprement extraordinaire, car elle dit à la fois que l’automobile ne représente quasi plus rien en terme d’emploi en France en 2038 (puisque cela représentait 6% de la population active… en 2018) et que ce dégraissage massif s’est fait, apparemment grâce aux syndicats (sic!), le tout bien évidemment « sans tabou ».
Il faut apprécier à sa juste mesure le « sans tabou« ; dans la bouche de Carlos Tavares, cela veut dire probablement en mettant à bas toutes les protections sociales existantes ou le droit du travail… De manière générale, quand vous entendez un libéral dire « sans tabou, » cela veut dire que l’on va casser le code du travail ou les droits sociaux.
Après les syndicats, Carlos Tavares n’oublie pas de remercier aussi les scientifiques qui ont réussi à imposer une démarche « rationnelle » de la transition énergétique (sous-entendu qui ne nous empêche pas de continuer à faire du fric en vendant des bagnoles).
Bref, tous ces gens (à part les Hidalgo-Bobo-Cyclo-Ecolos-Staliniens) sont formidables, car « ils ont permis d’ancrer la mobilité dans nos droits fondamentaux, en écrivant l’équation de la mobilité durable à trois facteurs: environnemental, économique et social. » C’est beau comme du greenwashing catégorie champion du monde!
Et de toute manière, en 2038, ce qui compte, c’est « l’automobile à fort contenu technologique, » car c’est la technologie qui va nous sauver bien entendu! Le tout, dans le respect de la « liberté de mouvement » (de l’automobiliste). Pour ce qui concerne la liberté de ne pas mourir de la pollution ou écrasé par un « objet de mobilité, » voyez avec Hidalgo…
Et Carlos Tavares de conclure: « C’est toute la grandeur de l’humanité et tout le génie de l’industrie automobile » (…) d’exprimer dans l’adversité (d’Hidalgo) une imagination « sans tabou. » Heureusement pour l’humanité et les automobilistes, Carlos a su « insuffler à son entreprise l’esprit sportif qui perdure aujourd’hui… »
Alléluia !
Quand Carlos Tavares se projette en 2038…
Il salue
▪️ Le "génie de l'industrie #Automobile" d'avoir fait "muter" l'"espèce automobile" en "objet de mobilité filant à 230Km/H"
▪️La "grandeur de l'humanité" d'avoir sauvé… "le respect de la liberté de mouvement"@APEnvironnement pic.twitter.com/bfLpCncUh1— Emily Angelopoulos (@Angelopoulos_E) 12 octobre 2018
merci le Marcélou de déconstruire toutes les çonneries à la gloire de Ste-Gnognole… !
s’agirait pas de s’endormir après ce genre de messe, suintante de génétisme et autre technicisme, chuintée mezza voce par la presse écholalique, pas du tout laïque, porte-voix de l’entrepreneuriat bancroche tricolore…
une guerre idéologique d’avance avec ces bouseux , c’est sûr… !
boaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
Rien que le titre me fait bondir. Ils sont donc conscients que « la voiture est au cœur de nos (leur) vie », et non seulement ça ne les gène pas, mais en plus ils en sont fiers et espèrent que ça continue ?
Einstein disait : « La folie, c’est sans cesse se comporter de la même manière, et s’attendre à un résultat différent ».
Mais comme ces messieurs ne semblent même pas conscient du crime en cours, tout va bien. Roule, petite bagnole ; rentre, petit cash ; crève, petit homme ; meurs, petite planète…
Je suis contre la violence, mais à lire de pareilles inepties, je me dis toutefois que quelques bonnes claques de bon fonctionnement répétées et assénées par les mains appropriées (caleuses et bien grosses, et si possible pleines de cambouis de chaîne) pourraient à minima leur passer l’envie de gloser fièrement de la sorte.
Qu’il est loin, qu’il est loin, le temps où Peugeot fabriquait encore des vélos !
Qu’est-ce qu’on peut attendre d’autre de la part du grand patron de la bagnolade ? Il est à la tête d’une grosse boîte qui fabrique et vend des ouatures donc, quand un magazine du caccarante l’interroge, il ne faut pas compter sur lui pour dire que ses produits tuent, polluent, font du bruit, cassent les villes et les vies, etc., ni qu’ils sont condamnés à disparaître à plus ou moins long terme.
Toutefois, je reconnais qu’il y met du style : définir la « grandeur de l’humanité » comme un produit de la voiture, c’est osé. Il avait peut-être pris l’option « Poésie contemporaine » à la fac.
non non Emmp, c’est pas la bonne option…
ce serait plutôt le cas clinique parfait du grand « père vert »… pervers voulais-je dire…
Monsieur Tavarès croit-il vraiment ce qu’il dit ou essaie-t-il de gagner du temps ? Parce que le temps lui est plutôt profitable : à un an de Smic par jour on a légèrement intérêt à faire durer.
Sinon parler de liberté et de respect est amusant à propos de la voiture qui a tendance à écraser la liberté des autres moyens de locomotion.
Pour 2038, j’ai une seule certitude : un bug informatique qui va nous mettre dans la matière fécale. Ça n’a l’air de rien comme ça, mais ça sera peut-être un véritable cataclysme pour le monde autoconnecté.