Idiocratie

Beaucoup de gens, en particulier chez les activistes climatiques, semblent s’offusquer de l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis. C’est très injuste car Donald est quelqu’un de très sérieux par rapport à ce qui nous attend dans les prochaines années.

On reproche en effet beaucoup de choses à Donald Trump dans le domaine climatique. Avec son élection, ce serait la fin des accords climatiques internationaux et le laissez-faire le plus total en matière d’émissions de CO2. Il est vrai que ses propos sur le climat peuvent faire craindre un âge sombre que certains appellent déjà le Trumpocène (pour caractériser l’époque de l’histoire de la Terre qui débute avec l’arrivée de Donald Trump et qui se traduit par un impact massif des activités humaines sur l’écosystème terrestre).

Pour Donald Trump, il n’y a en effet pas de changement climatique: « c’est juste de la météo. Ça a toujours été comme ça, le temps change, il y a des tempêtes, de la pluie, et des belles journées. » Parfois, le changement climatique semble exister, mais c’est alors un complot: « Le réchauffement climatique a été inventé par et pour les Chinois, afin de rendre l’industrie américaine moins compétitive. »

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On le voit, avec Donald Trump, les très faibles progrès mondiaux en matière de lutte contre les gaz à effet de serre risquent de terminer carbonisés dans une centrale à charbon.

Le phénomène Donald Trump en dit long sur l’état actuel du Monde et commence à rendre plus que plausible l’Idiocratie décrite par Mike Judge. Dans ce film de science-fiction, la Terre est devenue en 2505 une planète où la personne la plus intelligente du monde a un QI de 100. Après des centaines d’années d’abrutissement généralisé par les médias, plus rien ne fonctionne correctement et les humains ne savent même plus comment faire pousser des plantes (ils arrosent les champs avec de la boisson énergétique…).

Dans l’Idiocratie de 2505, le président des Etats-Unis est Dwayne Camacho, un homme massif ex-catcheur connu pour sa carrière dans le cinéma pornographique et qui fait des discours au Congrès en ponctuant ses phrases à la mitraillette.

Dans l’Idiocratie de 2016, le président des Etats-Unis est Donald Trump, un promoteur immobilier milliardaire et ex-star de la télé-réalité, connu aussi pour avoir fait du catch en 2007.

La comparaison semble intéressante et Idiocratie qui était déjà un film culte est en train de devenir un film prophétique.

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Le président des États-Unis Dwayne Camacho

Un autre prophète en la matière semble être le journaliste américain James Howard Kunstler qui disait en 2008, en parlant de la fin du pétrole: « Je crois que les américains vont élire des psychopathes qui leur promettront de leur permettre de garder leurs maisons, habitations, navettes, supermarchés, etc. Peu importe ce que les événements historiques ont à y redire. Cela va produire beaucoup de friction politique, probablement beaucoup de violence, probablement une menace pour nos institutions démocratiques. Et cela va poser la question de savoir si on peut continuer ce projet de civilisation dans le contexte d’une république démocratique. Je ne dis pas qu’il va y avoir un âge sombre, mais je vois beaucoup de potentiel pour l’obscurité. »

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Il ne s’agit pas encore vraiment de la fin du pétrole (quoique…) et il est peut-être abusif de dire que Donald Trump est un psychopathe (quoique…), toujours est-il qu’on se dirige clairement vers l’obscurité.

Que ce soit le président Camacho ou le président Trump, c’est une certaine forme de populisme qui se retrouve au pouvoir, mais comment pourrait-il en être autrement? D’un côté, le système économique exploite massivement les gens au profit d’une élite et de l’autre le système médiatique les abrutit, probablement pour éviter qu’ils ne prennent trop clairement conscience de leur exploitation? Rome avait son pain et ses jeux; la société occidentale a son aide sociale et sa télévision.

Aujourd’hui, on se trouve face à un appauvrissement sans précédent des classes moyennes et populaires. Le sport télévisé et les émissions de télé-réalité pourront-ils maintenir indéfiniment l’illusion démocratique?

Cet appauvrissement économique et culturel n’est pas du au hasard. Bien sûr, il est lié à la rapacité croissante des élites économiques et financières. Mais cela ne suffit pas à expliquer la situation actuelle. Le cœur du problème tient au fait que la croissance économique est désormais un mythe et qu’il y a toujours moins à partager. Comme les élites ne lâcheront rien, la part du gâteau ne cessera de baisser pour les classes moyennes et populaires. Et si la croissance est durablement en berne, c’est qu’on approche dangereusement des limites physiques de la planète, en particulier dans le domaine énergétique. L’énergie est le véritable moteur de la croissance. Or, elle devient toujours plus rare et coûteuse à extraire. Et comme le dit Kunstler, « il n’y a pas de Plan B. »

Alors oui, il y a du potentiel pour l’obscurité. Plus on s’approchera de l’effondrement, plus les classes moyennes et populaires s’appauvriront et plus l’abrutissement général se développera. Et plus on aura des idiocrates comme Donald Trump pour nous dire qu’il faut rouvrir les mines de charbon et forer du pétrole partout où c’est possible jusqu’à la dernière goutte. Rappelons-nous un des slogans de la campagne des Républicains pour la présidentielle américaine de 2008: « Drill, baby, drill! » (« Fore, chéri, fore ! »).

Maintenant, ils sont au pouvoir et ils vont forer. Comme le dit Donald Trump: « Cette connerie sur le réchauffement climatique qui nous coûte une fortune doit s’arrêter. »

Tout ceci va reculer l’échéance de quelques années, mais on connaît déjà la fin: Votez Camacho!

7 commentaires sur “Idiocratie

  1. Vincent

    MR > Dans ce film de science-fiction, la Terre est devenue en 2505 une planète où la personne la plus intelligente du monde a un QI de 100. Après des centaines d’années d’abrutissement généralisé par les médias, plus rien ne fonctionne correctement et les humains ne savent même plus comment faire pousser des plantes (ils arrosent les champs avec de la boisson énergétique…).

    Au contraire : avec le pic de pétrole, on aura le pic de croissance, puis la décroissance, qui va nous obliger à redécouvrir comment survivre par nous-même plutôt qu’en dépendant d’un système économique en berne (supermarché, eau courante, électricité, etc.)

    Pour une illustration, passer quelques mois dans un village africain.

    On commence par le fantasme de l’agriculture urbaine, puis on quitte la ville comme en 40, et on se remet à l’agriculture à l’ancienne – carrément bio.

    Évidemment, ce processus ne sera pas un pic-nic. Trump est juste le début des réjouissances.

  2. pim

    Tiens c’est amusant,

    j’ai vu ce film il y a 2 mois environ, (je cherchais à le voir depuis quelques temps déjà). Et juste après l’élection de Trump, je me suis dit la même chose.

  3. Galatée

    Il semble que vous n’ayez pas bien regardé Idiocratie. Dans ce film, le début nous montre que les gens à faible QI se sont reproduits comme des lapins, à l’inverse de ceux à haut QI.

    « La comparaison semble intéressante et Idiocratie qui était déjà un film culte est en train de devenir un film prophétique. »

    Si ça devient un film prophétique, ce ne sera certainement pas la faute de Trump, mais bien de tous ces gouvernements qui ont sabordé l’éducation et la culture. Et avant de critiquer un président qui n’est même pas encore en fonction, laissez-lui un peu de temps pour voir ce qu’il vaut.

    Quant au réchauffement climatique, je vous invite à vous intéresser aux accords de Kyoto ou, plus récemment, à la gigantesque farce de la COP 21 !

  4. pedibus

    sans trop me trumper j’ai bien peur que c’est parti pour suer davantage encore le burnous :

    les giga-tera-myriado profiteurs de l’activité extractive sont en train de se frotter les paluches…

    même JM Sérékian n’aurait pu imaginer un tel scénario…

  5. vu de sirius

    Je ne nie pas le changement climatique, ceci dit j’ai peur qu’aujourdhui on intervetisse les causes et les conséquences : ce phénoméne est la conséquence directe de l’explosion démographique. De mon point de vue, tant qu’on ne luttera pas contre cette dernière , tout ce barnum autour du C02 n’équivaudra, au mieux, qu’à écoper une fuite d’eau dans la coque du navire à l’aide d’une petite cuiller…

  6. pedibus

    mon vieux rétropédaleur..!

    malthusien en plus…!

    vroum vroum 24h du Ment… heu du Mans, en paraîtrait presque rajeuni à côté de toaaaaaaaaaaaaa…

    allez!…

    bisous quand même, parce que t’es grandement sympa…  à faire l’Egyptien en ne renonçant pas au trottoir, quand tu glisses entre le mur et les carrosseries garées dessus…

  7. Avatar photoCarfree

    On en sait un peu plus sur le point de vue de Donald Trump sur le climat. Il a donné un entretien au « New York Times » la semaine dernière à ce sujet.

    Question du chroniqueur Thomas Friedman : « Allez-vous retirer à l’Amérique son rôle moteur dans la lutte contre le changement climatique ? » Réponse : « Je regarde ça de très près, Tom. Je vais vous dire quoi. J’ai l’esprit ouvert là-dessus. On va regarder très soigneusement. C’est une question intéressante parce qu’il y a peu de choses où il y a plus de divisions que sur le changement climatique. Vous avez tendance à ne pas l’écouter, mais il y a des gens de l’autre côté de cette question qui ne sont, tenez, même pas… » Arthur Sulzberger, le patron du journal, relance la conversation. M. Trump poursuit : « Mais beaucoup de gens intelligents sont en désaccord avec vous. J’ai un esprit très ouvert. Et je vais étudier beaucoup de choses qui se sont produites là-dessus et nous allons les regarder très soigneusement. Mais j’ai un esprit très ouvert. »

    Le président élu poursuit : « Vous savez, le jour le plus chaud, c’était en 1890 et quelque, en 1898. Vous savez, vous pouvez faire grand cas de différents points de vue. J’ai un esprit totalement ouvert. Mon oncle a été pendant trente-cinq ans professeur au MIT [Massachusetts Institute of Technology]. Il était un grand ingénieur et scientifique. C’était un type bien. Et il était… il y a longtemps, il avait son sentiment — c’était il y a longtemps —, il avait son sentiment à ce sujet. C’est un sujet très complexe. Je ne suis pas sûr que personne saura jamais. Je sais que nous avons, ils disent qu’ils ont la science d’un côté, mais ensuite ils ont aussi ces e-mails horribles qui ont été échangés entre scientifiques. C’était où donc, à Genève il y a cinq ans ? Terrible. Là où ils se sont fait prendre, vous savez, donc vous voyez cela et vous vous dites, à quoi ça rime? »

    En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/11/28/donald-trump-et-le-climat-suite_5039359_3232.html#Zw5akL0l7hXaVdRq.99

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