« Avec les beaux jours, j’aimerais me mettre au trial. Je cherche donc à échanger ma T 125 Suzuki de cross 76 contre une 125 trial de mêmes caractéristiques. » (Annonce Libé du mercredi 16 mai 1979) Avec des mecs de ce tabac-là, le capitalisme a lui aussi de beaux jours devant lui! Et c’est dans Libé que paraissent de telles annonces, gratuites s’il vous plait.
Que c’est beau la liberté et la gratuité. D’abord le pétrole on s’en fout, l’énergie c’est nous. Et demain on ira faire la manif à vélo.
Car vous savez la pollution, on est contre. Mais on est aussi pour un Nouvel Art de Vivre. On prend une trial (fauché si possible chez le marchand du coin malgré son fusil à lunettes et son gros chien de garde ). On y met un peu d’essence (fauchée aussi dans le réservoir de la 2 cv de l’écolo d’à côté). Et en route pour la grande aventure verte. A nous les grands espaces.
Et si un connard de randonneur pédestre et attardé se met à gueuler parce qu’on lui viole sa tranquillité, son coin de paysage et aussi un petit peu le petit bout de nature qui lui reste, alors on roule les mécaniques, debout sur les étriers. En grande vitesse on lui frôle le bout des doigts de pieds, avec un grand sourire narquois et méprisant, puis on met plein gaz, pour que ce demeuré à deux pattes en prenne plein les narines. Que voulez vous, on a la virilité qu’on peut quand on est un peu facho sur les bords, et qu’on s’en rend même pas compte (surtout si on passe une annonce dans Libé).
Ouais, ça m’est arrivé dimanche passé dans un chouette coin du haut Bugey. Mais de ça Libé s’en fout. Il fait sa BA quotidienne, grâce à ses annonces gratuites.
Au fait, les motos crossards, les champions du tout terrain, c’est-y pas intégré dans la société de consommation vos conneries pétaradantes et mécanisées?
Vous croyez tout de même pas que les usines à motos et à buggy, Land rover et compagnie font partie d’un réseau marginal de production communautaire et biologique?
Vous savez, camarades libérés, la randonnée à pinces, c’est à l’œil.
Et pour finir, quand est-ce que tous les randonneurs se regrouperont pour déclencher enfin une bonne petite guérilla contre l’impérialisme conquérant de ces engins puants dits tout-terrain. Gardarem lou nature. Nom de dieu (s’il existe ).
Ça serait terriblement facile, parce que ces pétrolettes à crampons tout pétrole, faut pas exagérer, mais c’est bien loin de passer partout! Et y aurait de bonnes et chouettes embuscades à monter!
Gaucho
IRL 29, journal d’expression libertaire, été 1979.
Le week end, dans les Vosges, il est compliqué de s’éloigner suffisamment d’une route pour ne plus entendre les véritables convois de motards, allemands pour beaucoup, qui parcourent les routes sinueuses de montagne, avec les ralentissements et les accélérations obligés. « Les pouvoirs publics semblent impuissants », dit la PQR (presse quotidienne régionale). Je pense qu’ils subissent également de fortes pressions des hôteliers-restaurateurs pour les inciter à ne rien faire.
https://reporterre.net/L-agresseur-d-un-cycliste-envoye-en-prison-une-premiere
Je viens de lire l’article de reporterre en suivant le lien proposé par ken ; on peut y lire ça, qui est sidérant : « En filigrane, ce procès, et son verdict emblématique, est aussi celui de la politique française d’aménagement des routes. » ; on aura éventuellement reconnu les anars de chez reporterre, avec à la tête le chef de tribu Kempf qui fait ses incantations ; ce site est (plus ou moins) faussement écolo : c’est donc toujours la faute à l’Etat, ce qui est bien pratique, il va remplir son rôle de défouloir, de gros bouc ; le message subliminal de l’anar de chez reporterre c’est qu’il faut des routes plus larges (et pourquoi pas plus de routes ?) pour que tout le monde puisse rouler tranquille, pour produire un ordre ‘naturel’, écolo donc ; et, donc, il faut de l’Etat pour construire ça, des routes plus larges (la contradiction, ça ne lui pose aucun problème : des autoroutes à l’entrée des villages ?) ; ça va permettre aux voitures de circuler en paix avec les vélos, ça va produire de l’ordre avec à la clé un ‘équilibre’ qui fait furieusement penser à de l’économie politique débile ; chez Kempf, le monde est simple : c’est la faute à l’Etat ou aux riches, et ça s’arrête là (pourquoi s’embêter ?) et pour simplifier encore on va dire que l’Etat c’est les riches et le tour est joué ; on a du populisme débile au niveau zéro : c’est pas moi/nous (le brave peuple, le prolétariat), c’est eux, c’est les méchants (l’Etat, les riches exploiteurs). Et si ça suffit pas, on trouvera quelques juifs, quelques étrangers basanés qui font trop de gosses, comme au bon vieux temps de l’écologie raciste, qui est au début de l’écologie (ce qui fait que reporterre, dans un sens, est un vrai un site écolo).