Le trajet urbain par lequel je me rends à mon bureau est l’occasion quotidienne de me gausser de l’automobile contemporaine.
Autrefois synonyme de luxe, de vitesse et de modernité, la voiture est devenue un objet de consommation plébéien, un étalage ambulant de mièvrerie industrielle et un boulet économique rivé aux pieds de son propriétaire. C’est donc avec un vif plaisir que j’ai croisé ce matin une vieille Porsche égarée dans le présent, exhibant une livrée bleue intense que peu de conducteurs oseraient arborer aujourd’hui. Nous nous sommes côtoyés un temps sur le boulevard, nous distançant et nous rejoignant d’accélérations félines en freinages gracieux. La puissante allemande frôlait mon anglaise agile qui lui rendait ses caresses, interprètes racés d’un ballet improvisé par amour de l’art mécanique. Puis nos routes ont divergé et nous avons retrouvé, chacun de notre côté, la poésie solitaire de la pure trajectoire. Il n’est sans doute pas inutile de préciser que j’allais à bicyclette.
Bien de s’amuser avec une Porsche quand on a une bicyclette…