Cessons de faire du travail une valeur indépassable ! Découplons la productivité économique de la survie individuelle! D’autant plus que la productivité est, et c’est heureux, de plus en plus le fait d’automatisme et de robots.
La notion de morale qui entoure le travail m’a toujours parue suspecte: cette idée d’être « utile à la société » qui appartient à la pensée facile, vous savez, cette pensée automatique qu’on vous sert par défaut et qui évite de réfléchir.
Pensée tellement automatique et indépassable qu’elle pousse les gens au suicide. En effet, pourquoi poursuivre mon existence si je suis « inutile » à la société?
C’est aux robots et aux outils d’être utiles à la société, pas aux humains! C’est la raison pour laquelle je chéris la technologie et c’est aussi pourquoi les technophobes m’ont toujours inquiété.
Mais, quand l’obligation mentale du salariat qui nous est imposée par la pensée automatique de la société, sert de justification pour acheter une voiture, je me mets alors vraiment à haïr la morale du travail.
Quelle prétention égoïque de penser que ma contribution laborieuse à la productivité compensera les ravages que l’automobile particulière inflige à la planète!
Confrontée à la pensée facile et à ses indépassables contradictions, je comprends (sans l’excuser) la révolte de la jeunesse qui la pousse à brûler des voitures.
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GC,
www.CrypText.fr
C’est un peu court… Comme mon commentaire!!
Voilà un texte vraiment intéressant.
Sauf que pour s’affranchir du travail, la mise en place de l’allocation universelle est indispensable. Sinon, c’est chômage et exclusion garantis.
Quant à la robotisation, je suis bien d’accord sur le fait que les gains de productivité soient une excellente chose, puisqu’ils permettent de diminuer le temps de travail à coût constant, donc de le partager, et in fine de diminuer le chômage.
Le problème est que depuis le tournant néolibéral, les gains de productivité sont systématiquement utilisés pour produire moins cher à temps de travail égal.
Ce texte n’a rien à faire sur Carfree qui défend un univers humain sans voiture, pas l’apologie technocrate d’une société robotisée.
Les robots ne sont pas utiles à la société, comme l’affirme l’auteur. Plus il y’en a, plus c’est déshumanisé. Regardons les banques, les péages d’autoroute, les caisses des supermarché, les centres logistiques… Plus il y a de machines et plus il y a de robots, moins il y a d’humains.
je suis d’accord avec Alain et pour illustrer le propos, lisez Ravage de Barjavel… cela fait réfléchir sur le risque d’une totale dépendance à la machine
La technophilie est aussi suspecte…
Pour ceux qui en doutent je conseille le livre de Jacques ELLUL, « le système technicien », je l’ai trouvé un peu indigeste mais a le mérite de faire douter du caractère libérateur de la technique. La technique s’insère de même dans la croyance au progrès, sur ce sujet il y a un essai de Pierre-André TAGUIEFF, « Du progrès » qui montre sans aucun doute que le progrès est une CROYANCE.
@ Alain :
« Regardons les banques, les péages d’autoroute, les caisses des supermarché, les centres logistiques… Plus il y a de machines et plus il y a de robots, moins il y a d’humains. »
Et tu trouves ça épanouissant pour un humain d’être assis toute la journée à des caisses ou d’être enfermé dans une boite et dire « bonjour merci aurevoir » pendant 8h?
Ok pour l’idée que la glorification du travail est barbare. Par contre, cet article est d’une naïveté et d’une débilité incroyable en ce qui concerne la question de la technique. Il n’a strictement rien à faire sur Carfree. Aux chiottes ! Niveau de réflexion sur la technique : ZÉRO.
La question de la technique est évidemment très intéressante.
Je ne suis pas par essence contre les machines, mais je pourrais dire que ne suis pas pour les machines à essence !!! 🙂
La question de l’utilité est aussi intéressante et mérite clairement d’être posée plus longuement (il nous faudrait des sociologues, s’il vous plaît…). Pour ma part, je considère que l’utilité est bien un liant. Nous faisons société parce que nous sommes plus solides dans la solidarité. Ce n’est pas un nouveau marxisme que je suis en train de créer, mais il faut selon moi une utilité (pas forcément économique, mais aussi sociale, ou affective, etc.) pour s’épanouir. Même le handicap a une fonction (cf. le philosophe Jean Vanier qui a créé les Arches, lieux de vie entre personnes atteintes d’un handicap mental et les personnes non atteintes) de lien et de rappel que la vie n’est pas qu’utilité. En quelque sorte, le handicap a du bon en ce qu’il nous apprend l’humilité (c’est peut-être très chrétien, comme morale, et Jean Vanier en est un, un chrétien).
Et si l’utilité n’était pas forcément vue dans la puissance, mais aussi dans l’humilité, alors peut-être les suicides ne se multiplieraient-ils pas autant.
Peut-être.
Merde j’ai un iPod! Dois-je le mettre aux chiottes et moi avec?
La question de l’iPod est : qu’est-ce qui m’a poussé à acheter un objet qui est devenu un étalon de la puissance socio-économique en « démonstration » (du m’as-tu-vu même si on le veut pas, selon ce cher Thorstein Veblen rappelé sur le présent site) ?
@ Carfree :
D’un côté oui, puisqu’il prend la place de vrais musiciens en chair et en os selon les technophobes!!
J’aurais du préciser que c’est un iPod touch qui me sert entres autres à valider les commentaires du site quand je ne suis pas chez moi…
« Merde j’ai un iPod! Dois-je le mettre aux chiottes et moi avec? »
Carfree, merci de me caricaturer, c’est sympa. Ce que je critiquais dans les propos de Mr Gilles Chomel, c’est qu’ils sont issus de l’idéologie cartésienne, et si l’on remonte plus loin, chrétienne. Le chrétien juge l’existence, il condamne la nature comme étant hostile (« se rendre comme maître et possesseur de la nature »).
C’est pourquoi il veut le paradis, l’au-delà, les arrière-mondes, la fin de la souffrance. C’est pourquoi il veut techniciser le monde entièrement, et réduire l’existence à tout ce qui n’est que technique. Il veut cryogéniser le corps pour ne jamais mourir, parce qu’il a peur de mourir. Pourtant il méprise la vie. C’est pourquoi il veut les gadgets, et que les gadgets suppriment la souffrance.
Si vous étiez moins hostiles à la philosophie, vous verriez que certains philosophes ont prouvé (ou du moins pensé) le rapport entre la dévastation du monde et les valeurs chrétiennes, les valeurs héritées du christianisme. Le dieu chrétien est mort, mais ses valeurs sont vivantes plus que jamais.
Je ne te dis pas de jeter ton iPod aux chiottes, Carfree, moi-même je tapote sur un ordinateur, mais j’estime que la vie bonne, la vie belle, c’est la vie sans objets reproductibles à la chaîne. Et je serais le premier à défoncer mon ordinateur à coup de pelle quand l’humanité se sera débarrassé de l’horizon technique comme seul mode d’existence. Oui, considérez-moi comme un extrémiste si vous voulez.
Legéographe a évoqué plus haut la sociologie, manière de penser qui se situe encore dans l’horizon scientifique comme mode d’existence. Il a laissé entendre qu’il a « besoin » d’un sociologue pour penser.
Or excusez-moi, mais commencer à penser vraiment, ce serait déjà admettre le problème de la parcellisation du savoir, de la division des sciences qui a commencé au début du XIXe siècle.
Ce serait admettre le problème de la spécialisation, admettre qu’il est problématique que chaque expert, chaque « spécialiste » doive donner son avis dans son petit coin.
Ce serait admettre que la fin d’une pensée globale est extrêmement grave.
Je précise que le savoir ne cesse de s’effriter entre les mains des spécialistes. Jusqu’à quand croyez-vous qu’en littérature, on va pouvoir continuer à écrire des thèses, mettons, sur Shakespeare par exemple ? Jusqu’en 2555 ?
Mais vous savez ce qui s’écrit sur lui, sur les poètes en général ? Je vais vous le dire.
Comme cela fait des lustres qu’on a fait le tour de la question [c’est à dire de la critique littéraire], voilà où on en est : on trouve profond d’écrire des thèses sur le troisième orteil du pied gauche du cousin germain de Shakespeare. Je caricature à peine. Mais voilà ce qui n’est pas de la caricature : dans le domaine de la « Recherche » (c’est comme ça que ça s’appelle sans honte, même en littérature) les « chercheurs » en sont réduits à disséquer les auteurs. Les oeuvres des artistes sont disséquées, au lieu d’être transmises et étudiées pour ce qu’elles ont de beau. La beauté, merde. Pas la dissection. C’est les cadavres qu’on dissèque. Fin de la parenthèse.
Pourquoi cette méfiance envers la philosophie ? Elle seule est apte à penser les problèmes de la science. La mécanique quantique n’est pas apte à penser les problèmes de la philosophie. La géographie non plus. La médecine non plus. La socio, psycho, psychamachintruc non plus. Au-dessus de tout, il y a la philosophie. C’est d’elle que procèdent les sciences. En effet on peut considérer que la philosophie est elle-même une science, mais une science à part. Et si le mot philosophie fait peur, appelons cela pensée.
Nous voilà débarrassés de l’épouvantail !
Oui, LEGEOGRAPHE! Je te suis reconnaissant d’affirmer que tout le monde est utile à la société: bien-sûr: c’est indispensable de l’affirmer, et, justement, on est bien sur la même longueur d’onde: je dénonce le fait qu’on associe utilité et productivité.
TASSIN: je suis partisan depuis toujours de l’allocation individuelle liée à l’existence. Et je crois que Paul Ariès n’y est pas favorable en arguant du fait que c’est une façon de paupériser officiellement une partie de la société. Paul Ariès est un égalitariste (égalité liberté fraternité). Je ne suis pas égalitariste.
@ L’écolomobile :
Tu te trompes, Ariès est très favorable, et depuis longtemps, à un revenu d’existence.
Lis le paragraphe « Pour un revenu universel inconditionnel lié à un revenu maximum autorisé » de l’article suivant :
http://www.npa2009.org/content/la-r%C3%A9volution-par-la-gratuit%C3%A9-par-paul-ari%C3%A8s
Merci TASSIN de la précision: en faisant mon affirmation sur Monsieur Ariès, je n’étais pas sûr de moi. Je vais lire l’article en question.
MINOU: qui est contre la philosophie ici? Carfree n’est pas contre! ni moi!
C’est ça… fais la sourde oreille à mon commentaire…
C’est ce que tu fais toujours. Tu viens toujours faire de la pub pour les gadgets, pour la technique, et quand on te dit que c’est problématique et qu’on t’explique pourquoi, tu ne réponds rien. Tout ce que tu dis concernant la technique est creux, vide, plat.
Le texte commençait bien, il faisait prendre un peu de hauteur face aux problème de la retraite qui masque surtout celui du travail. Malheureusement, il s’étale assez lamentablement sur le credo anti-bagnolard. Non pas que le problème de la voiture ne soit pas à prendre au sérieux, mais il n’est qu’une conséquence (et un symbole) de la fuite en avant de la société mercantile, parmi beaucoup d’autres !
@Carfree: je te suggère de m’interdire d’expression sur carfree parce que (1) je suis trop antibagnolard d’après Nicolas et (2) trop technophile d’après Minou. 😎
La liberté d’expression, c’est con! ça permet aux cons de s’exprimer !
😎
Oh, tu es tellement raisonnable avec ton juste milieu ! Tu es la raison incarnée, Lécolobidule !
Tu n’es pas « trop technophile », tu es technophile tout court. Tu conçois l’humanité comme devant être sauvée, mais pas sauvée seulement du danger qui la guette à cause de la technique.
Tu conçois l’humanité comme devant être sauvée de l’existence en général, sauvée par les gadgets. C’est une manière chrétienne de concevoir l’existence. Et c’est une manière nocive. Tu estimes que la vie est tellement mauvaise au départ qu’il faut la corriger, l’aseptiser par la technique et par la technique uniquement.
D’autres civilisations ont connu d’autres remèdes au tragique de l’existence : l’art par exemple, chez les Grecs. Suis-je en train de dire que les Grecs étaient technophobes ? Non. Ils étaient au-delà cette connerie de prétendue « neutralité » de la science. Leur savoir n’était pas divisé en mille millions de spécialités. Ils avaient besoin de la technique pour leur art. Ce n’est même pas qu’ils en avaient besoin, c’est que c’est la même chose : technè > art > le produire, le faire… Seulement ils n’avaient pas l’esprit tordu de l’homme moderne qui, quand il regarde la nature, la voit comme une ressource, comme un fonds disponible pour de nouvelles inventions, de nouvelles productions.
« Tiens, comment vais-je bien pouvoir exploiter la marée haute pour faire de l’électricité ? »
« Tiens, comment je vais faire des savons bio avec du lait d’ânesse pour me faire du fric avec mon label bio ? » « Tiens, à quoi ça sert ? »
« Tiens, comment exploiter ceci, cela ? »
« Qu’est-ce que je pourrais bien faire de ça, comment je pourrais tirer bénéfice de ce truc ? »
Chez toi, tout est technique. La technique est ton Christ.
@LECOLOMOBILE : je ne te reproche pas le fait que tu sois trop ou pas assez anti-bagnole, mais le fait que la bagnole n’explique pas à elle seule la misère de notre époque. Certains se focalisent sur le patronat, d’autres sur l’éducation, d’autres encore sur les ondes telluriques. C’est probablement un peu de tout cela qu’il faut observer, quoique, les ondes telluriques, elles ne m’ont pas encore convaincu !
Nicolas et Minou: L’usage de masse de la voiture particulière est le symptôme de quelque chose qui ne tourne pas rond: je pense qu’on est d’accord là-dessus.
Minou, c’est vrai que j’ai une confiance dans la technique, mais, à condition que la technique ne soit pas trop pervertie par le profit marchand.
Je n’aurais rien contre l’automobile si son usage était modéré et si elle n’était pas exploitée commercialement à outrance dans le seul but du profit de grosses sociétés aux dépens de la nature de l’environnement et de la convivialité urbaine.
Minou, la « technique désintéressée » c’est la science technologique. Je serais d’accord pour que tu me reproches mon excès de considération pour la Science et la multitude des disciplines dont la technologie ne serait que l’une d’entre-elles. Les disciplines scientifiques ne m’intéressent pas en elles-mêmes mais parce qu’elles appartiennent à la grande catégorie épistémologique de la « Science ». C’est aussi la raison pour laquelle j’ai beaucoup de considération pour tous les agents de la communauté scientifique même si je suis d’accord avec legéographe pour dire que tout le monde est « utile » à la société.
Sinon, je ne vois pas ce que la chrétienté vient faire dans notre débat: je suis infiniment plus « scientophile » que « religiophile ».
A la limite, je comprendrais qu’on me prenne pour un scientiste, mais je ne vois pas le rapport avec la chrétienté. En plus, sciences et religion n’ont jamais fait bon ménage.
Minou, je n’ai pas dit que je pouvais réfléchir sans sociologues ; je voulais signifier que des références que je n’aurais pas pouvaient être détenues par des sociologues. Je ne crois pas que la parcellisation du savoir soit la panacée, et vous avez bien raison de penser que c’est elle qui fait de notre société moderne une société d’enculeurs de mouches.
Je suis d’accord que la sociologie ne répondra pas à tout, ni la géographie. Et je suis bien d’accord pour dire que la philosophie a le mérite de poser des concepts pouvant englober les concepts des autres sciences.
On peut très bien penser la notion d’utilité en philosophie, mais il me semblait bon de penser la relation utilité/suicide comme un fait social. Là dessus, les sociologues en savent certainement plus que moi (Émile Durkheim a d’ailleurs fait du suicide un des premiers sujets d’étude de l’histoire de la sociologie). Il ne me semble pas qu’on soit là sur le 3e orteil du pied gauche du cousin germain de Shakespeare.
Voilà, je suis tout à fait d’accord pour dire que l’activité philosophique a gravement (voire dangereusement) été écartée de notre système d’éducation et des valeurs de notre société. Mais on ne doit pas bouder l’apport que chacun peut avoir… D’où la question très intéressante de l’UTILITÉ. Dans la notion d’utilité, je n’écarte personne, mais il faut aussi voir la richesse qu’il y a à consulter des références probantes en la matière (à savoir un sociologue s’il y a un sociologue). Tout en se souvenant que PHILOSOPHER est utile à toute branche réflexive d’une science quelconque (la science ne devrait pas se passer de philo et devrait même exercer un travail de rattrapage épistémologique, rattrapage de tout le retard épistémologique pris dans l’obsession moderniste).
« Tu conçois l’humanité comme devant être sauvée de l’existence en général, sauvée par les gadgets. C’est une manière chrétienne de concevoir l’existence. »
Suis-je le seul à etre choqué par ce contresens ?
Comment peux-t-on associer la chrétienté à la science alors que la première a toujours combattu la seconde, et que les deux sont par nature opposées ?
Remarque : j’ai écrit @Minou , mais ça s’adresse aussi à tout le monde,surtout pour la fin d’ailleurs.
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@Minou : vous me faite rigoler avec « Il n’a strictement rien à faire sur Carfree. Aux chiottes » 🙂 Vous êtes un Néo-luddiste ? Sérieusement oui le juste milieu c’est important (vous êtes probablement trop jeune pour percevoir ça de manière évidente 🙂 ), la plupart du temps ce n’est pas la technologie en elle même qui est mauvaise, mais l’usage qu’on en fait! Évidemment il y a des exceptions par exemple des technologies systématiquement mauvaises comme les mines antipersonnelles ou systématiquement bonnes plus difficile à trouver je vous le concède, ce qui appuie encore la notion de degré et de juste milieu! En fait la technologie et la philosophie peuvent et doivent s’appuyer mutuellement pour progresser car les meilleurs esprit se fourvoient sans une observation cartésienne ( 🙂 si si cartésienne dans le sens de démontrable et reproductif, donc pas du pipeau dogmatique qu’il faut gober en disant oui amen) de la nature et du reste, et les technologies sans une solide philosophie aboutissent au chaos (c’est ce que l’on voit actuellement dans nos sociétés) et oui « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ». Personnellement je pense que la technologie alliée aux changement culturels qui s’imposent grâce à une décroissance globale (*1) à les moyens de nous faire vivre beaucoup mieux, ce qui ne veux pas dire plus vite et plus loin et plus grand comme ça nous est injecté subliminalement.
Autrement j’ai un problème personnel, je supporte de moins en moins bien de « voir » des voitures partout, en vrais (le pire), en photo dans presque tous les journaux, sur les affiches dans la rue, à la radio, et que je te balance une pub par ici, une alerte bouchon par là, entre deux écoblanchiments! Et de les sentir, de les entendre etc, etc. avec toutes leurs conséquences : du béton partout, des super-marchés qui ressemblent de plus en plus à des parking géants, des gens de plus en plus cons qui trouvent ça normal etc…. VOUS AVEZ UNE SOLUTION ?
(*1) Non amélioration technologique et décroissance globale ne sont pas antinomique, car il s’agit de concevoir la progression technologique au niveau qualitatif, de la voir sans ces effets de masse qui sont aussi liés à la surpopulation. Par exemple miniaturisation dans le domaine des nano-technologie n’est pas intrinsèquement anti-écologie, la preuve par la nature et la vie qui au sens strict est constituée de nano-machines (*2), et pourtant rien de plus écologique que la vie! Le problème avec la technologie humaine c’est qu’elle est d’une part primitive comparée à la vie et d’autre part conçue sans soucis principal d’équilibre général, d’où l’importance d’un guide philosophique fort!
(*2) oui pour moi l’âme aussi est constituée de nano machines qui par ses connections neuronales donne une conscience et le reste.
Je note par ailleurs quelque unes de te remarques :
« Tiens, comment vais-je bien pouvoir exploiter la marée haute pour faire de l’électricité ? »
« Tiens, comment je vais faire des savons bio avec du lait d’ânesse pour me faire du fric avec mon label bio ? » « Tiens, à quoi ça sert ? »
« Tiens, comment exploiter ceci, cela ? »
« Qu’est-ce que je pourrais bien faire de ça, comment je pourrais tirer bénéfice de ce truc ? »
</citation
Tu as peut-être maladroitement exprimé ton point de vue, mais à cette lecture il semble que tu remettes en cause la réflexion, la curiosité et l'esprit critique de l'homme. A mon sens, cela revient à défendre la culture de la bêtise et de la non-connaissance.
« Tu as peut-être maladroitement exprimé ton point de vue, mais à cette lecture il semble que tu remettes en cause la réflexion, la curiosité et l’esprit critique de l’homme. A mon sens, cela revient à défendre la culture de la bêtise et de la non-connaissance. »
Non. Ce que je remets en cause, c’est cette maladie moderne qui consiste à considérer toute chose comme ressource, comme matière première, comme fonds disponible prêt à être consommé, et de réduire l’existence uniquement à des conditions techniques. Un arbre n’est plus un arbre, mais du bois. Je ne défends pas la bêtise. Je défends la réflexion sur la technique. Je ne prétends pas détenir la vérité. Seulement je prétends qu’on ne peut pas continuer à dire : « la technique n’est ni bonne ni mauvaise, tout dépend l’usage blablah ».
Pourquoi on ne peut pas continuer ? Parce qu’avec un argument aussi minable, on peut très bien dire, par exemple : « l’énergie nucléaire c’est bien si elle est bien utilisée ».
C’est de la connerie, ça. C’est le degré zéro de la réflexion sur la technique. Parce qu’il n’y a pas de contrôle global sur l’énergie nucléaire. Chacun s’occupe de sa spécialité et il n’y a pas de risque zéro. Qui peut se permettre de développer ce genre de technique alors qu’elle implique une surveillance sur 100000 ans ? Qui décide pour l’avenir de l’humanité, pour les générations suivantes ?
Et pourquoi est-ce que tout tourne autour de l’énergie ?
« Suis-je le seul à etre choqué par ce contresens ?
Comment peux-t-on associer la chrétienté à la science alors que la première a toujours combattu la seconde, et que les deux sont par nature opposées ? »
Le christianisme peut être associé à la science parce qu’il considère l’existence comme étant mauvaise. Il considère l’existence comme un fardeau, comme un péché, le péché d’exister. Il juge la nature comme étant hostile à l’homme, c’est pourquoi il dit « dominez la terre », et c’est pourquoi, Descartes, en gentil chrétien, dit que l’homme doit se rendre comme maître et possesseur de la nature. Ce n’est pas anodin. Pour le chrétien, la nature est hostile, il faut la dominer. Tu ne vois pas le rapport ? Je l’ai déjà expliqué plus haut pourtant. Il suffit de lire. Si j’explique mal, et bien tu peux lire Max Weber qui explique le rapport entre protestantisme et capitalisme.
Sinon, je ne vois pas ce que la chrétienté vient faire dans notre débat: je suis infiniment plus « scientophile » que « religiophile ».
A la limite, je comprendrais qu’on me prenne pour un scientiste, mais je ne vois pas le rapport avec la chrétienté. En plus, sciences et religion n’ont jamais fait bon ménage.
Toi non plus Lécolobidule, tu ne vois pas le rapport ? Et bien faut t’acheter des lunettes, ou alors lire, ou alors commencer à penser, parce que là c’est grave. C’est pourtant gros comme une maison !
Le christianisme a combattu le paganisme comme religion « irrationnelle ». Pourquoi un tel désir de vérité ? Le savoir absolu n’est-il pas dangereux ? Les illusions ne peuvent-elles pas être salutaires ?
Au XIXe siècle, le christianisme a dû s’adapter à la montée de l’athéisme : il a lui-même créé une « science du christianisme ». Bref il a accéléré sa mort en croyant se sauver.
Et une religion qui déclare qu’elle est la seule à détenir la vérité, une religion qui fait du prosélytisme et qui décime les peuples DE TOUTE LA TERRE (les Indiens, l’esclavage des Noirs…etc, jvais pas te faire la leçon hein), tu ne lui vois pas de rapport avec la science ?
Bien sûr que le christianisme s’est « aussi » méfié de la science et l’a « combattu ». Cela n’empêche pas que c’était dans son dogme de tout rendre rationnel. Il contenait sa contradiction en lui-même (la mort de Dieu), de même que le capitalisme contient sa contradiction en lui-même : la croissance infinie dans un monde fini.
Eh bien, le dieu chrétien est mort mais ses valeurs demeurent. Elles demeurent dans le capitalisme* mourant mais qui entraîne le monde dans sa chute.
*voir Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme
@ Minou : « Tiens, comment exploiter ceci, cela ? » Très énervant quand il s’agit d’exploitation forestière, ou d’abattage d’arbre en ville pour des raisons d’urbanisme névrosé.
Bon, moi, je trouve plutôt pas mal que la religion s’invite dans le débat même si on n’était a priori pas partis là-dessus.
En effet, la religion voit bien la Terre entière comme une ressource dont il faut se rendre et maître et possesseur. En cela, le christianisme manque bien de poésie par rapport aux païens. En revanche, je ne pense pas qu’elle ait voulu rationaliser tout ; en effet, les explications cosmogoniques ont été toutes bien pensées, mais c’était sous l’argument du dessein divin. En quelque sorte, Dieu a fait le monde (pas de rationalité là dedans, les arguments créationnistes ont expliqué toutes les cosmogonies possibles, même les plus farfelues) et puis il nous a dit qu’on pouvait se le soumettre à notre aise (là, la technique intervient bien évidemment). La nature étant vue comme une « ressource », en effet, l’homme en use « industrieusement » (et aujourd’hui même industriellement). En revanche, la Nature n’est pas vue comme hostile, juste vue comme le cadeau du Dieu qui a mis l’homme au centre de tout cela dans son immense bonté.
La technique est donc un outil pour se soumettre la Nature (et l’on connaît tous la propension désastreuse de la technique à accélérer la défiguration du monde) : elle permet d’aller toujours plus loin dans cette « maîtrise et possession » qui a excédé toute raison, toute mesure, depuis longtemps ; la technique, depuis le début de l’ère industrielle, est en train de nous « déposséder » de la nature et nous en fait « perdre la maîtrise ».
Qu’un arbre ne soit plus un arbre pour nos yeux, mais du bois, est une très bonne remarque, Minou. Le monde est désenchanté ; le gros problème n’est pas quand tout va pas si mal que ça (je suis en train de dire que les choses ne vont pas forcément aller mieux demain ; si les gens ne se préparent au changement, ils vont subir de plein fouet une crise qui remettra en cause tout le Progrès tel qu’il a été pensé pendant 2 siècles).
Pour ce qui est de la technique et de l’argument (« tout dépend de l’usage de la technique ») qu’on peut trouver fallacieux, je suis bien d’accord qu’on peut arriver à justifier plein de « mésusages » avec un tel argument. Mais c’est à nous de clarifier ce qu’est un usage, un mésusage (de la même façon que la décroissance doit et devra encore maintes fois répéter ce qu’on veut faire « décroître » (tant les gens [dont l’UMP durant les derniers mois] sont de mauvaise foi et entendent ce qu’ils veulent bien entendre du mouvement de la décroissance).
Je crois qu’aucun cycliste ici n’est contre l’usage de la roue (ouf, ça va…). Et pourtant la roue est bien un élément de la voiture. La roue est bien un outil technique. La technique comprend aussi le savoir-faire du modeste cultivateur qui vivote avec 1 ha de cultures vivrières et sans utiliser forcément de machines (l’outil n’est pas forcément une machine, ex : une bêche).
Il faut bien se dire qu’on gagne en « efficacité » avec l’outil : toutefois, bien user de cet outil (pour faire le bien, un bien « universel » [au sens kantien] et non un bien utilitariste [au sens benthamien du terme]) semble une condition sine qua non de la moralité de la pratique particulière de la technique, user de façon modérée la technique (l’irrigation peut avoir du bon, mais jusqu’où ? Assécher des cours d’eau ne semble pas la meilleure des choses) semble nécessaire pour la pérennité de l’usage technique en question.
@ Aux_Chiottes :
« Autrement j’ai un problème personnel, je supporte de moins en moins bien de « voir » des voitures partout, en vrais (le pire), en photo dans presque tous les journaux, sur les affiches dans la rue, à la radio, et que je te balance une pub par ici, une alerte bouchon par là, entre deux écoblanchiments! Et de les sentir, de les entendre etc, etc. avec toutes leurs conséquences : du béton partout, des super-marchés qui ressemblent de plus en plus à des parking géants, des gens de plus en plus cons qui trouvent ça normal etc…. VOUS AVEZ UNE SOLUTION ? »
Ben, la solution pour que les gens soient débarrassés de bagnoles à leur insu, c’est de les brûler !!! 🙂 Ou de créer cette cité idéale qui sera sans bagnole aucune (et on est là pour ça !).
Sinon, comment dire… ? Je ne crois pas, Lécolomobile, que ces jeunes brûleurs de voitures se révoltent contre la voiture dans toute sa sémiotique : je pense surtout que c’est un moyen efficace de s’acharner sur de la matière coûteuse (une voiture, c’est pour beaucoup de gens des emprunts contractés) et ainsi essayer de se faire entendre.
@ Lécolomobile :
« Je n’aurais rien contre l’automobile si son usage était modéré et si elle n’était pas exploitée commercialement à outrance dans le seul but du profit de grosses sociétés aux dépens de la nature de l’environnement et de la convivialité urbaine. »
Je pense que continuer à envisager la voiture individuelle est forcément synonyme d’usage excessif (et non pas « modéré ») : jamais on ne pourrait avoir trois milliards de véhicules sur la planète, ou alors il ne faudrait plus rouler un seul kilomètre avec aucune d’entre elles !
Bref, que veut dire un usage modéré pour vous ? Y a-t-il des exemples d’urbanisme où l’usage se fait de façon réellement modérée (je ne parle pas des quartiers sans voitures, je voudrais savoir s’il y a des échelles plus vastes qui ont été pensées sans voitures sur des articles présents sur le site Carfree) ?
Legéographe, merci d’avoir relevé le niveau de la discussion.
« Je crois qu’aucun cycliste ici n’est contre l’usage de la roue (ouf, ça va…). Et pourtant la roue est bien un élément de la voiture. La roue est bien un outil technique. La technique comprend aussi le savoir-faire du modeste cultivateur qui vivote avec 1 ha de cultures vivrières et sans utiliser forcément de machines (l’outil n’est pas forcément une machine, ex : une bêche).
Il faut bien se dire qu’on gagne en « efficacité » avec l’outil : toutefois, bien user de cet outil (pour faire le bien, un bien « universel » [au sens kantien] et non un bien utilitariste [au sens benthamien du terme]) semble une condition sine qua non de la moralité de la pratique particulière de la technique, user de façon modérée la technique (l’irrigation peut avoir du bon, mais jusqu’où ? Assécher des cours d’eau ne semble pas la meilleure des choses) semble nécessaire pour la pérennité de l’usage technique en question. »
Ce que tu dis est fort juste, et il me semble que cela va dans le sens de ce que j’ai proposé : une réflexion sur ce qu’est la technique moderne.
Encore une fois, les gens qui disent « vous êtes contre tout », « vous êtes technophobes », « j’ai peur de votre technophobie » se mettent le doigt dans l’oeil.
Je ne suis pas technophobe ; je souhaite engager un débat sur l’idée de « progrès », un débat pour savoir ce que signifie « être contre tout ».
Personne ne m’a encore défini quel est ce fameux « tout ». Si par « tout » il faut entendre « la technique », alors ceux qui emploient le mot « tout » avouent par là-même qu’ils considèrent l’existence exclusivement dans un sens et dans des rapports techniques. Ils avouent que pour eux la technique est tout ! C’est triste !
Dans l’expression « vous êtes contre tout », il y a (quasi tout le temps) la notion de nouveauté qui est sous-entendu. « Vous êtes contre tout ce qui se propose de nouveau », pourrait-on reformuler. Alors oui, c’est selon moi bien rattaché au progrès de la modernité (le positivisme), puisque l’humain ne s’est montré véritablement ingénieux quasiment que dans l’exploration des technologies et du commerce, depuis un siècle. Il y a bien des mouvements alternatifs qui essaient d’imaginer d’autres progressions (Carfree peut en être), mais c’est bien alternatif… Pourquoi la technologie et le commerce ont-il la primeur dans les développements actuels organisés par les dominants de la société ? Peut-être parce qu’il y a de gros sous en jeu et un enjeu de maîtrise mondiale (dans le domaine de la technologie et du commerce, on peut penser aux domaines de l’armement et de la production d’énergie qui sont deux énormes marchés attirant bien sûr toute l’attention des grands groupes industriels français et toute la concentration de nos gouvernants quand ils se rendent en Chine…)
Legéographe: J’aurais du dire « usage exceptionnel » de la voiture: c’était le fond de ma pensée: un peu comme l’hélicoptère est d’un usage réservé à certains professionnels.
Je ne m’oppose en rien à l’usage de l’auto pour les professions qui en fait ne sont pas des professionnels privés, mais bien les services publics. Or, les services publics, c’est loin de représenter tout le parc automobile actuel. Et encore, les véhicules automobiles de certains services publics peuvent être largement réduits. Une voiture d’agent SNCF a peut-être des utilités que je ne connais pas encore, mais elle n’est peut-être pas autant essentielle que le service d’assistance médicale d’urgence.
@L’écolomobile:
Tu as dis « je suis partisan depuis toujours de l’allocation individuelle liée à l’existence. Et je crois que Paul Ariès n’y est pas favorable en arguant du fait que c’est une façon de paupériser officiellement une partie de la société. »
En fait, tu as à la fois raison et tort. Il indique que ce revenu minimum d’existence doit être suffisamment fort pour être réellement une alternative. Il est donc contre cette mesure si c’est pour se contenter de 200€ par mois et par personne. Il place la barre aux alentours des 600€ par mois et par personne, sauf erreur de ma part.
Legéographe, permets-moi de revenir sur un point, puisque tu es le seul à avoir élevé le niveau de la discussion à la pensée.
Tu disais plus haut :
« On peut très bien penser la notion d’utilité en philosophie, mais il me semblait bon de penser la relation utilité/suicide comme un fait social. Là dessus, les sociologues en savent certainement plus que moi (Émile Durkheim a d’ailleurs fait du suicide un des premiers sujets d’étude de l’histoire de la sociologie). Il ne me semble pas qu’on soit là sur le 3e orteil du pied gauche du cousin germain de Shakespeare. »
Tu dis que les sociologues en savent certainement plus que toi sur tel sujet, soit. Mais il me semble qu’il y a un problème avec ce genre de fait – certes il s’agit d’un fait que je ne nie pas.
Je m’explique. La sociologie et l’histoire sont aujourd’hui des sciences. Prenons le cas de l’histoire.
Un prof d’histoire qui revendique haut et fort et propage la doctrine que l’histoire est une science, et même qu’elle n’est pas suffisamment scientifique. Bon.
Ce prof va à l’université en bagnole. Il ne veut pas savoir, d’un point de vue scientifique, comment fonctionne sa bagnole. Il met le contact, il appuie sur l’accélérateur, il freine, il coupe le contact. Pourtant l’historien contemporain est obsédé par le concept de « mutation », il devrait donc s’interroger fortement et surtout scientifiquement, sur le bagnolisme et l’étalement urbain, qui sont une sacrée putain de mutation ! Pourquoi il ne veut pas le savoir, et pourquoi ne s’intéresse-t-il pas à la fumée qui sort de son derrière ? Elle est réelle pourtant, et il sait que des scientifiques s’y intéressent et qu’elle est sujet de polémique.
Oui mais voilà, lui il s’occupe de son domaine, lequel est l’histoire ; les climatologues s’occupent du leur, lequel est le climat ! Ainsi, chacun peut se cantonner dans son refuge (ici je n’attaque pas climatologues qui du coup sont à part). C’est là qu’à mon sens se montre toute nue la déresponsabilisation de tous les individus par cette division des sciences. En ce qui concerne les thèses en littérature, d’accord, on y est pas encore. Pas encore. Cela dit, jète un coup d’oeil aux thèses qui se font et tu verras.
Oui, j’ai étudié en lettres avant d’être en géo et j’ai pu voir la stérilité de certaines recherches. Ce problème concerne aussi la géographie et d’autres disciplines. La question de l’utilité est donc extrêmement délicate puisqu’il semblerait aussi que la connaissance aussi doive avoir une « utilité » sociale et éthique.
Entre utilitarisme qui n’étudierait que l’utilité matérielle d’une chose et utilité d’un savoir, il y a une différence.
La technique touche au savoir, mais aussi à la matière. Donc, le bien-fondé de la recherche d’utilité dans le domaine de la technique se trouve peut-être dans un entre-deux : entre éthique et gain, il y a les deux paramètres à considérer.
Pour ce qui est de l’aveuglement des gens, dont les plus « éclairés » de nos universitaires, je crois qu’ils ont oublié depuis longtemps l’impératif catégorique de Kant : « Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux aussi vouloir que cette maxime devienne une loi universelle ».
Pourquoi dis-je que c’est un oubli ? C’est un oubli volontaire au juste. Il y a trop d’inégalités en ce monde, trop d’injustices, trop de pauvreté que personne ne voudrait subir. Chacun essayant de se protéger de cette menace, toute personne molle en arrive à briser l’impératif catégorique de Kant, n’échappant ainsi pas à la rapacité décrite par Garrett Hardin (1967, dans « Science ») dans sa « Tragédie des biens communs ».
Oublier ce que ma voiture dégage de nocif et renvoie comme image d’agressivité et a causé en termes de conflits, c’est pouvoir user de mon droit de simple consommateur perdu dans la masse. Les autres se servent, pourquoi pas moi ?
L’homme reste grégaire : il est pathétique en cela parce qu’il est capable du raisonnement le plus noble pour servir généreusement à un moment donné, mais qu’il se dira que les autres sont « tous des cons ne méritant pas plus que [lui] la subsistance et devant donc se battre tout comme [lui] dans une lutte acharnée », cette lutte étant grosso modo l’ultralibéralisme.
Le prof d’histoire (12 ans d’histoire sanctionnés des plus beaux diplômes) sera brillant pour s’intéresser au domaine qui lui paye son loyer ET SA BAGNOLE, car il a besoin (du moins le pense-t-il) de ces sous ; mais il n’a pas besoin de réfréner sa consommation, tant que les autres ne le feront pas (et paf, en plein dans le mille, tragédie des biens communs !), pour payer sa bagnole et tout le reste.
La « décroissance » est bien évidemment liée à la résolution de la tragédie des biens communs. Si le Nord fait drastiquement décroître sa consommation, alors le Sud ne sera pas obligatoirement pressé de prendre sa « part du pauvre » dans les derniers stocks de ressources naturelles. Le Sud pourra aussi envisager, de la même façon, de ne pas répondre « non » sur les propositions « climat » (Copenhague et tous les autres sommets à venir).
Bon, j’ai dérivé très au large… Mais l’universitaire qui est loin d’être con fait le con, con-consommateur comme tout le monde, adoptant même le QI du mouton à ce moment précis.