SNCF : vers le rebond ?

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La Sncf a mis au rebut ses communiqués triomphalistes à la gloire du dieu-TGV et parle au contraire, depuis quelques semaines, d’un modèle dans l’impasse.

En cause, notamment, la hausse des péages à Réseau ferré de France (RFF), la crise économique qui rend la clientèle plus prudente quand il s’agit de prendre un train perçu comme cher, et l’arrivée de la concurrence, qui va permettre aux concurrents d’écrémer les liaisons les plus rentables, comme Paris – Strasbourg, et de laisser à la SNCF celles qui le sont moins, comme Paris – Epinal.

Les péages à RFF augmentent… depuis qu’ils existent, depuis le début en fait. Il s’agit d’une tendance lourde, car RFF a été lesté à sa naissance en 1997 des 2/3 de la dette ferroviaire d’alors, soit environ 130 milliards de francs. Depuis, l’Etat ne l’a jamais désendetté, d’où la facilité de faire payer à la SNCF, par des péages d’infrastructures en hausse, la charge de la dette et les travaux d’entre tient et de régénération.

Pour ce qui est de la crise, les dirigeants de la SNCF savent depuis le début que le TGV est une prestation plus sensible à la conjoncture économique que les trains de proximité notamment, tout simplement parce qu’il est plus facile d’annuler ou de reporter un trajet de longue distance qu’un trajet local. En se consacrant à la politique du « tout-TGV », les dirigeants savaient qu’ils rendaient l’entreprise plus vulnérable aux chocs économiques extérieurs.

Enfin, l’écrémage des services les plus rentables par la concurrence est un grand classique du genre, un effet complètement prévisible de son arrivée.

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Soit dit en passant, votre serviteur avait déjà dit tout ça dans le livre La Fracture ferroviaire. Je parle des péages à RFF au chapitre IX, de la fragilité du succès du TGV au chapitre VIII, et des dégâts que provoque(rai)ent l’arrivée de la concurrence au chapitre II.

La conclusion du virage actuel de la SNCF (au moins dans sa communication) est celui que je tire de mon livre : il faut se consacrer à tous les types de trains, y compris les trains de grandes lignes classiques moins rapides mais moins chers pour l’usager et à la clientèle plus large ; il faut revenir à un système public et refuser l’arrivée de la concurrence dans le secteur ferroviaire ; et il faut une reprise de la dette par l’Etat. Trois mesures qui ne sont pas au programme de nos gouvernants, mais qui n’en restent pas moins d’une actualité et d’une nécessité brûlantes.

Vincent Doumayrou, auteur de
La Fracture Ferroviaire,
Préface de Georges Ribeill, Ecole nationale des Ponts et Chaussées.
Editions de l’Atelier, Paris, 2007.

7 commentaires sur “SNCF : vers le rebond ?

  1. Tassin

    Merci M. Doumayrou,

    J’ai vraiment apprécié votre bouquin : ça tape juste et met des mots sur les observations que tout utilisateur du train peut avoir au cours de ses voyages.
    Ce matin j’ai découvert la campagne de communication pour « tout comprendre et bien choisir » les tarifs TGV. Un vaste programme!
    Le résultat est visible ici, en page 2 du pdf :
    http://a1848.g.akamai.net/f/1848/17512/99d/voyagessncf.download.akamai.com/17512/design/guide/Voyager_au_meilleur_prix_TGV_Loisir.pdf?rfrr=SommaireGuideSNCF_body_Pour%20vos%20voyages%20Loisirs%20%C3%A0%20bord%20de%20TGV

    Avouez que c’est assez risible. Un Bac +2 est au minimum nécessaire.
    A quand des tarifs simples, démocratiques et surtout : STABLES!

  2. Thomas

    Si j’ai acheté une bagnole quand j’ai commencé à travailler, c’est que le TGV m’a découragé : trop contraignant à l’usage et le sentiment de se faire enfler avec des tarifs à la tête du client.

    Souvenez vous de l’escroquerie du TGV à son lancement : on nous disait « le TGV ne sera pas plus cher », l’astuce consistant à vendre les billets au même prix que le Corail, mais en rendant obligatoire une réservation au prix très variable. Puis la réservation a été fusionnée au billet TGV, et la tarification a sombré alors dans les excès et l’opacité la plus complète.

  3. stefanopoulos

    Même pour organiser un voyage en France, oubliez le site de la SNCF qui privilégie systématiquement les TGV. Allez sur les sites suisses ou belges. Ils sont très simples à comprendre et proposent tous les voyages possibles et imaginables, y compris ceux en TER, ce que la SNCF est incapable de faire. Sans compter toutes les détails pratiques (notamment la possibilité ou non d’embarquer un vélo).

    http://plannerint.b-rail.be
    http://www.sbb.ch/fr/

  4. Dominique

    Pour les péages de RFF, il faut aussi rajouter les péages que payent les Régions pour les TER :
    un péage pour utiliser le sillon ( la voie ) ;
    un péage à chaque arrêt en gare ou point d’arrêt dans la nature, et ce peut importe le nombre de montées/descentes, ce qui pousse les Régions à supprimer les arrêts quand il y a moins de 5 montées/descentes, et à regrouper les usagers ( clients ???) sur des gares plus importantes avec des créations de Pôles d’échanges et vastes parkings, forcément !

  5. antec

    Si seulement ils se rendaient compte que lorsqu’il n’y aura plus de pétrole seul les trains sur voies électrifiés pourront rouler et faire rouler l’économie !

  6. APC

    Dans l’état actuel des choses, on ne peut pas dire que le train sur courte distance soit une alernative crédible à là voiture (en tout cas pour ceux qui ont le choix).
    Alors que pour les transports en commun toulousain, en étant étudiant et pour 10 € par mois on peut se balader non stop autant qu’on veut sur toutes les lignes, pour un étudiant qui prend le TER, on a seulement une réduction de 50% sur le trajet à condition de :
    -payer un abonnement de 30€ par an
    -seulement valable sur ce trajet.

    Sans compter sur les grèves de la SNCF à répétition qui font que sur un trajet court, je préfère largement prendre ma voiture désormais si je veux être sûr d’arriver à l’heure.
    C’est vrai que l’écart se creuse entre les TGV où les gens sont bichonnés et les TER ou c’est chacun pour sa gueule. L’autre jour dans un reportage, j’ai appris qu’avec IDnight, on pouvait faire retrouver l’ambiance boite de nuit dans un TGV. Franchement, qu’est ce qu’on en a à foutre de dancer dans un train ? De payer des DJ et des appareils pour trois peulés deux tondus ; alors que dans les TER on s’entasse aux heures de pointe, on ne sait plus où s’asseoir alors qu’on était censé avoir une place, qu’on ne différencie plus les deuxièmes classes des premières tellement les sièges sont défoncés d’un côté où de l’autre. C’est ça le soucis du train selon moi.

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