Désobéir par le rire

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Le mouvement vélorutionnaire en connaît un rayon sur la subversion drolatique. Sa créativité débordante s’exprime dans des masses critiques colorées, déguisées, rythmées, des scènes théâtrales dans les rues, sur des parkings, des réappropriations de l’espace public, des détournements de pubs, des parodies contre les industriels, les autorités, les fanatiques de la bagnole… Le livre Désobéir par le rire montre la puissance de cet art de militer.

Tourner les tyrans en dérision n’est pas un nouveau mode de mobilisation. De tout temps, le rire a été utilisé pour caricaturer les puissants, les représenter en bouffons, les ridiculiser. L’humour déstabilise l’adversaire. Avec cette arme, les militants ne sont pas paralysés par la peur de la confrontation. Ils créent, collectivement, dans la bonne humeur, se défont de l’emprise du désespoir, de la tristesse anesthésiante. Face à l’irrévérence, la transgression, l’outrance, la moquerie incisive, l’autorité sort mouchée.

Le rire est communicatif. Il attire la sympathie. Mais aussi l’attention, et suscite la réflexion. Exemples : Mouna, figure des années 70, haranguait les foules en chevauchant une vieille bicyclette harnachée de pancartes du type : « Des vélos, pas trop d’autos. Du gazon, pas de béton, des moutons, pas de canons. » Quand Noël Godin fait tomber de leur piédestal les grandes figures médiatiques à coup de tartes à la crèmes, Agir pour l’environnement remet une palme d’or du réchauffement climatique à Renault pour son 4×4 Koleos.

Quand les manifs de droite s’extasient devant le passage d’une grosse voiture en scandant : « Ça, c’est d’la caisse ! », des écolos marrants s’invitent à un salon de la bagnole pour honorer Claude Allègre : « Le réchauffement climatique et la montée des eaux, on s’en fout, nos enfants savent nager. »

Quand les Amis de la Terre remettent des prix pour les plus gros mensonges publicitaires (genre « achetez Audi ça dégage les bronches »), Reclaim the streets organise des rassemblements festifs sur les autoroutes, les places, les gares…

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Quand l’Eglise de la très sainte consommation glorifie les supermarchés, la bagnole, la télé, la pub, les soldes, des imposteurs s’invitent dans des conférences et pseudo débats pour saboter ces stratégies de manipulation dans la joie.

Jubilatoire, jouissive, vive l’action directe comique !

Les désobéissants, Désobéir par le rire, Le passager clandestin, 2010, 5 euros.

Source: http://pedaleurop.over-blog.com/