Le chaos vélorutionnnaire

On y est. Cela fait des années qu’on lutte pour l’avènement d’une société cyclopédique et enfin, les vélos se multiplient dans la ville comme des petits pains. Et évidemment, c’est le bordel!

Une tribune intéressante dans le journal Le Monde nous parle de l’arrivée « longtemps espérée » de la révolution du vélo. Selon l’auteur, si cette « vélorution » arrive enfin, elle est également synonyme « d’embrouille générale. »

On en parlait en juin dernier, avec la crise sanitaire et le déconfinement, la pratique du vélo a explosé dans les villes françaises, et en particulier à Parisdam… Quand on voit certaines vidéos du nombre de cyclistes en circulation à Paris, on a l’impression d’être dans les traditionnelles vélorutions ou masses critiques mensuelles… sauf qu’on est juste en plein trafic cycliste un jour normal!

A priori, on ne peut que se réjouir d’une telle nouvelle, mais le vélo est peut-être en train de devenir la victime de son propre succès… Jamais contents ces cyclistes! En cause, des comportements de cyclistes apparentés à des comportements… d’automobilistes! Vous vous rendez compte, c’est grave si même les cyclistes se comportent comme des automobilistes!

Encore une preuve sans doute de l’aspect malfaisant du lobby du vélo

Vous imaginez les insultes sur les pistes cyclables: « Apprends à pédaler connard! »  « Et le bras pour tourner c’est pour les chiens? » Sans même parler des queues de poisson sur les pistes cyclables ou même les cyclistes qui garent leur vélo sur la bande cyclable… Euh là peut-être pas quand même.

Egalement, les gens, en fait les automobilistes surtout, se rendent comptent que les cyclistes « grillent les feux rouges… » C’est même un peu le sujet de conversation numéro 1 de tout bon automobiliste… Oui c’est vrai, nombreux sont les cyclistes qui grillent les feux… tout comme nombre d’automobilistes! Cela n’excuse pas pour autant les cyclistes d’être aussi nuls que les automobilistes en matière de respect du code de la route, sauf que le code de la route est conçu avant tout pour les voitures… Et c’est bien là le problème. A vélo, pour sa propre sécurité, il est parfois plus raisonnable de ne pas respecter le code de la route. Un seul exemple parmi des milliers: quel cycliste n’a-t-il pas roulé sur le trottoir car il s’y sentait plus en sécurité que sur la chaussée envahie de voitures fonçant à toute allure?

La question posée ici est celle de la massification d’un mode de déplacement dans un environnement urbain encore largement dévolu… à l’automobile. Car, oui bien sûr, il faut réussir à faire cohabiter cyclistes inexpérimentés et vieux routards du vélo chevronnés. Mais, il faut aussi de la place sur la chaussée pour tous ces cyclistes, et pas seulement une légère extension de bande cyclable ici ou là. Il faut prendre l’espace là où il est, c’est-à-dire accaparé par la circulation automobile. Il faut aussi des aménagements cyclables pensés et réalisés par des gens qui savent ce que veut dire « se déplacer à vélo… »

Lire aussi :  Carnet de campagne d’un candidat à vélo

En fait, il se passe désormais en France un phénomène bien connu aux Pays-Bas, à savoir… la rançon du succès! Aux Pays-Bas aussi, au-delà d’un certain stade de pratique, le vélo devient problème. Mais, quand le nombre de cyclistes explose et génère par conséquent des difficultés de circulation, la solution n’est pas de taper sur les cyclistes, mais d’étendre l’espace dévolu au vélo au détriment de l’automobile. Rappelons quand même qu’en ville, environ 70% de l’espace public est réservé à la voiture… pour faire circuler pas plus de 30% des gens en milieu urbain dense.

Si tous ces cyclistes, nouveaux, anciens et même futurs, avaient assez de place sur la chaussée ainsi que des aménagements de qualité pensés et réalisés non pas par des automobilistes mais par des pratiquants quotidiens du vélo,  il n’y aurait pas « d’embrouille générale. » Il y aurait juste une ville vivable pour tous… avec quelques pistes bagnolables ici ou là.

L’article finit en expliquant le rôle des femmes dans la « pacification » de la chaussée. Il y aurait une sorte de cercle vertueux de la féminisation des pistes cyclables: plus la circulation à vélo est sécurisée et plus les femmes se mettent au vélo et plus les femmes se mettent au vélo, plus la circulation à vélo est pacifiée et donc sécurisée.

L’argument se discute, pourquoi pas, même si sa véracité reste sujette à caution en matière de féminisation de l’automobile par exemple…

Pour finir, un peu d’humour avec cet épisode de Broute consacré justement à la féminisation de la pratique du vélo…

12 commentaires sur “Le chaos vélorutionnnaire

  1. pedibus

    c’est la vélorution culturelle, pas le chaos mon capitaine… !

    mais le péril jaune est imminent…

    les villes françaises ressemblent de plus en plus à leurs homologues chinoises du temps de Mao… !

    faudrait pas qu’il y ait un dingue-zizi-à-opium qui rachète pijo-reno pour nous refourguer la merde à pétoire électrifiée pour quelques Yuans, beaucoup de sueur du peuple et le rembouchonnage du macadam…

     

    pas boaaa du trou c’t’affaire…

  2. jol25

    En ce qui me concerne, je constate que le froid relatif et la pluie ont largement fait disparaître la majeure partie des « nouveaux » cyclistes (et gros dangers bien souvent). Seuls les habitués endurcis persistent réellement… C’était couru. Et plein de vélos en vente « état neuf », « peu roulé ».

  3. Lydie

    Très bonne description de l’état de l’avancement de la pratique cycliste avec des mentalités qui n’évoluent pas ce qui devient difficile pour la durabilité du mouvement vers le vélo. Voir le  commentaire de JOL25.

    Autre remarque Ce n’est pas parce qu’on pratique le vélo que l’on devient moins « con » ça se saurait.  

    Vous parlez d’espace à reconquérir sur la voiture en milieu urbain. Dommage les villes de Biarritz/Anglet suppriment les voies cyclables créées après COVID? Quel dommage. Qui fait respecter les voies cyclables provisoires de l’envahissement des voitures?

    Les vélocistes eux non plus n’évoluent pas. A part vendre des vélos inadaptés à l’usage sans aucune explication correcte ni accompagnement. Un vrai scandale de plus. Le pire ce situe au niveau des surfaces commerciales.

    L’état n’est pas plus brillant  par une campagne publicitaire peu adaptée sur la sécurité à vélo et l’absence d’une vrai information.

    Totalement en accord au sujet des concepteurs par leurs absences de bon sens, de pratique du deux roues et très timorés sur les aménagements. Le discours sempiternel du franchissement des feux rouges est harassant, inutile. Chacun restera sur sa position qu’il soit automobiliste ou cycliste. Il a fallu plus de 30 ans de manifestation, de garde à vue pour obtenir l’autorisation de les franchir partiellement, ou créer le double sens cyclable sur les voies automobiles à sens unique. Une évolution possible sur les feux serait de les équiper d’un cédé le passage cycliste. Les feux tombent en panne. La gestion du carrefour continue à se faire même si c’est plus difficile. A t’on jamais vu un cycliste suicidaire aller se jeter sous les roues d’un véhicule?

    La France est prisonnière de la mentalité étriquée des Français qui savent râler sans esprit collectif ni conduire des actions fortes. Cette mentalité fait la force de nos gouvernant qui savent en jouer habillement. Toujours autant d’automobilistes seuls dans leur « caisse à savon » pour faire moins de 5 kms. Notre société pourra t’elle évoluer vers le bien commun?

  4. Romeo Bravo

    Le problème de l’adaptation du code de la route et de la signalisation pour faciliter la vie aux cyclistes doit en effet être le prochain chantier! Hâte de voir ce qui va se passer! J’espère personnellement voir tous les feux rouges transformés en cedez-le-passage d’office pour les cyclistes.

  5. Bibinato

    Je ne vois pas que les néo-cyclistes aient renoncé à cause de la pluie à Paris, au contraire, je trouve que les gens s’équipent de mieux en mieux, que ce soit en ayant des vélos adaptés à ce qu’ils sont et à leur parcours, et en portant des vêtements de pluie, tout simplement.

    La petite vidéo de Broute m’a bien fait rire, dès la première phrase, parce que moi, en tant que femme, je me sens bien plus en sécurité sur mon vélo que partout ailleurs (trottoirs, métros, RER…). Je n’ai pas plus peur de mourir que lorsque j’ai commencé à rouler dans la capitale au début des années 90, plutôt moins, et surtout, je me sens moins seule de mon espèce.

    En revanche je ne la montrerai pas aux élèves de la vélo-école, ce sont toutes des femmes, et je ne me vois pas en train de leur enseigner à en « avoir plus dans le cycliste », (quelle curieuse ambition…) déjà, je leur déconseille cet accoutrement particulièrement inélégant, ainsi que le casque, qui décoiffe et est de très peu d’utilité en ville.

    Le second degré de cette vidéo risque de s’effacer au profit de la trouille que l’actrice simule si bien.

    En revanche, tenir leur place dans la rue, ne pas descendre dans le caniveau sous prétexte qu’un primate motorisé veut être devant elles à tout prix, c’est la base, pour leur sécurité et pour le minimum de respect auquel tout le monde à droit.

     

  6. vince

    On ne peut pas changer les cons, mais on peut quand même les mettre sur des vélos.

    Ca reste un bon objectif, évidement beaucoup de ces néo-cyclistes grisés par ce nouveau sentiment de liberté se sont rué sur le vélo car ils ont remarqué que l’on pouvait aller plus vite que les voitures et griller les feux.

    Du coup c’est un peu l’anarchie, mais je préfère l’anarchie à vélo que la circulation automobile qui reste d’une grande violence même régulée.

     

  7. Alexandre Oberlin

    Pour les feux rouges, il suffirait de les équiper des détecteurs ad-hoc pour qu’ils passent au vert quand il n’y a pas de danger (là ou le cycliste normal passe) et au rouge quand la vitesse est excessive (là où le chauffard est dangereux pour tout le monde). Cela se fait en Suisse par exemple, mais je suppose que la solution est trop simple pour que nos technocrates hexagonaux s’en soucient.

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