La fin de l’automobile est proche… du moins dans les pays occidentaux. Les ventes de voitures neuves diminuent en effet régulièrement en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que la production automobile qui part vers les pays du Sud, dits pays émergents. Ces marchés émergents deviennent le nouvel épicentre de la galaxie automobile, avec une croissance à deux chiffres pour l’Inde, la Chine, la Russie, le Brésil… Dans le même temps, les pays développés connaissent les délocalisations, les suppressions d’emplois, la baisse des ventes de voitures, le low cost, etc.
La donne a changé. Ce sont désormais les pays émergents qui tirent le marché de l’automobile mondiale, comme toute la croissance économique d’ailleurs. Les ventes mondiales d’automobiles ont enregistré une hausse annuelle de 3% à fin février 2008, par rapport à la même période de l’année passée (voir l’évolution du parc automobile mondial en temps réel).
« Un niveau record », reconnaissent les experts du département études économiques de la banque canadienne Scotia, auteur d’une étude sur le marché mondial de l’automobile. Reste que ce niveau de croissance est largement dû à «la vigueur des marchés émergents», avec, en tête, le Brésil et la Chine, qui affichent respectivement 30 et 20% de gains.
L’Inde où il s’est vendu 11,8% de voitures en plus et la Russie où il s’est écoulé 54% de véhicules supplémentaires à fin mars 2008, font également partie du moteur de la demande.
La bonne santé de ces marchés compense le relâchement de leurs homologues dans les pays majeurs. Ayant le plus à souffrir d’une récession du secteur automobile, les Etats-Unis ont vu leurs ventes baisser de 12% à fin mars. Craintes liées au ralentissement du marché immobilier et de la croissance de l’emploi ainsi que la hausse des prix à la pompe, ont détourné les consommateurs des concessions.
Japon et Europe de l’Ouest n’y échappent pas non plus. Les ventes de voitures dans les deux régions baissent respectivement de 3,3 et 10,2 %.
Immanquablement, la situation profite aux pays émergents, d’autant plus en termes d’implantations d’unités d’assemblage. En effet, le secteur automobile réoriente de plus en plus ses activités vers ces marchés, en quête de structures de coûts plus faibles.
De fait, au cours des cinq dernières années, près de 90% de la capacité supplémentaire a été créée à l’extérieur des marchés établis de l’Amérique du Nord, du Japon et de l’Europe occidentale. Autrement dit, le secteur automobile crée encore des emplois, mais dans les pays du Sud.
Pour le seul marché nord-américain, la capacité d’assemblage a diminué de près de 2 millions d’unités au cours des cinq dernières années, principalement à cause de la fermeture d’usines des grands constructeurs. L’américain General Motors est le plus touché, ayant diminué de 30% sa capacité en Amérique du Nord depuis six ans.
En parallèle, la capacité d’assemblage dans les pays émergents a progressé annuellement de 15% au cours des cinq dernières années. Elle totaliserait actuellement plus de 30 millions d’unités, soit quelque 36% de la capacité totale à l’échelle mondiale et plus du double de la capacité installée au Canada et aux États-Unis.
A elle seule, la capacité d’assemblage combinée du Brésil, de la Chine, de la Russie et de l’Inde dépassera, courant 2008, celle de l’Amérique du Nord, selon les estimations des experts.
Dans le nouveau découpage mondial, la Chine s’attribue naturellement, la part du lion. Au cours de la dernière décennie, le volume de véhicules montés dans l’Empire du milieu est passé de seulement 1,6 million d’unités en 1997 à 8,9 en 2007.
Et la tendance devrait se poursuivre puisque près de 20 % de la hausse de la capacité d’assemblage mondiale aura lieu dans ce pays au cours des cinq prochaines années.
L’Empire du milieu s’est déjà classé au 3e rang des producteurs mondiaux d’automobiles en 2007, derrière le Japon et les Etats-Unis.
L’automobile commence donc à apparaître pour ce qu’elle est dans les pays occidentaux: une source de pollution, de destruction, de réchauffement climatique et de mort. Le plan B des constructeurs automobiles consiste donc désormais à inonder le reste de la planète de voitures. Déjà un milliard de voitures sont en circulation dans le monde en 2008.
Le plan B des constructeurs est en fait un plan D (comme Destruction).