Alors que la voiture électrique est présentée depuis plusieurs semaines comme la panacée des politiques de lutte contre les changements climatiques et de mobilité, une étude de l’INSEE remet les pendules à l’heure. Posons la question de notre aménagement du territoire et bougeons autrement avant d’acheter une voiture électrique !
Une étude statistique de l’INSEE (Juillet 2009) présente l’évolution de la mobilité des français (temps et vitesse de transports, taux de motorisation des ménages, budget transport).
La conclusion est frappante :
– Les ménages ont plus de voitures et l’utilisent plus qu’en 1994.
– Les inégalités de mobilité entre milieux urbains et ruraux et périurbains ne cessent de se creuser.
Dans les zones périurbaines (les fameuses « villes dortoirs ») et dans les milieux ruraux (de plus en plus désertés), la motorisation s’est accrue :
– 68 % des personnes appartiennent à un ménage comptant autant de voitures que de membres adultes, contre 54 % en 1994.
Dans les grandes agglomérations, le mouvement est de moindre ampleur :
– 48 % contre 43 % en 1994.
La majorité des déplacements en voiture sont réalisés en 2008 par un conducteur seul, bien plus qu’en 1994 (58 % contre 49 %).
A l’heure où plusieurs milliards d’euros sont prévus par l’Etat pour équiper quelques ménages en véhicules électriques et/ou hybrides, destinés de plus essentiellement à de la mobilité urbaine ; il serait temps de se poser sérieusement la question de la place de l’automobile dans notre société, conséquence d’un modèle d’aménagement du territoire insoutenable.
Consulter le Dossier de Presse de FNE sur le véhicule électrique
C’est marrant j’avais appris que la Sainte Automobile avait permis aux gens d’habiter plus loin de leur lieu de travail sans passer plus de temps dans les trajets et l’étude dit bien que le temps de trajet augmente (+4%) quand même avec la distance (+8%).
1 voiture par adulte dans 68% des foyers ruraux/rurbains c’est ça qui fait peur. Dans les banlieues pavillonnaires il faut 4 stationnements par maison. En général c’est 2 prévues alors c’est l’espace public qu’on utilise et les rues deviennent des parkings.
Du coup il faut bitumer (au moins le BTP est un secteur qui se porte toujours bien !)
Résultat 1,2% du territoire métropolitain est occupé par les routes (IFEN 2006). En gros je tombe sur 6600km2 soit la superficie des Alpes de Haute-Provence … de bitume.
Heureusement on met un passage à gibier tous les 15km sur les autoroutes vertes !
http://carfree.fr/index.php/2009/06/19/leco-autoroute-un-concept-fumeux-au-service-du-lobby-autoroutier/
L’honneur et l’environnement sont sauf !
Quant à moi, je suis rassérénée, ouf ! le secteur automobile se porte bien, en voilà une preuve tangible de plus ! Parce que j’avais peur avec le Vélib’, tout ça, que la totomobile perde ENCORE du terrain ! Je me disais sans Allègre-sse : ça y est, les khmers verts ont imposé leur dictature, plus de Bagnole, plus de Bidoche, plus de Besticides, plus de Bc Do, je ne vous dis pas mon désolement ! Mais là ça va, je respire (même si je ne sais pas trop ce que je respire !).
Comme quoi, il ne faut pas se faire rouler par tous les discours sur la « mobilité durable » ou le « réchauffement climatique » et par les quelques coups de peinture apposés sur la chaussée en guise de « pistes cyclables » par des municipalités rivées sur les sondages… La réalité, c’est que la voiture se porte plutôt bien (merci les contribuables qui payent les bonus et autres superbonus de l’automobile!), que l’état se désengage toujours plus du transport collectif et du fret ferroviaire (merci sarkozy!)…
La croissance du trafic automobile n’a été possible que grâce à la croissance de la consommation d’énergie. Or tous les spécialistes sont unanimes sur le fait que cette dernière ne pourra pas croître pendant encore très longtemps, notamment en ce qui concerne le pétrole.
Ce qui signifie que nous allons connaître d’ici quelques années à au plus vingt ans un retournement de tendance qui peut tourner à une crise sociale très grave s’il est mal géré – et il y a de fortes chances qu’il soit mal géré avec des politiciens aussi peu clairvoyants que ceux qui font le plus parler d’eux ces temps-ci.
Des millions de Français, pour la plupart guère argentés, vont tout perdre ou presque. Ils seront acculés au dilemme de l’emploi qui nécessitera une voiture ruineuse ou de la précarité dans une zone où il n’y a rien à faire – les fameuses cités-dortoirs. S’ils sont propriétaires, ils verront leur patrimoine fondre comme neige au soleil. Qui voudra vivre loin de tout avec une mobilité hors de prix ?
À moins d’une révolution technologique qu’on nous promet depuis des décennies mais qu’on attend toujours – et qu’on risque d’attendre fort longtemps -, nous en arriverons là. À quoi serviront alors toutes ces routes, ces autoroutes, ces places de stationnement pour la construction desquelles nous avons sué sang et eau ? Comment ne pas avoir l’air d’idiots face à nos enfants ?
Maintenant que nous sommes encore prospères et disposons d’assez d’énergie, il est temps de nous mobiliser pour réduire la part de l’automobile dans notre mobilité. Mieux vaut agir que subir.
Tout à fait d’accord l’oiseau de malheur… et très bien formulé à mon goût! Un peu plus étayé et votre commentaire constituerait à mon avis un article formidable…
@oiseau de malheur : en te lisant, je viens de prendre conscience que les constructeurs automobiles sont en train de réaliser la plus grosse arnaque mondiale de tous les temps : faire acheter une bagnole neuve au monde entier, càd extorquer entre 6 et 12 mois de salaire en moyenne à un Francçais et bien plus dans les pays en développement, pour un outil qu’on ne pourra bientôt plus utiliser! Ca fait cher pour du « jetable » non?
@ PIM :
12 mois, c’est le minimum tu veux dire! à 1500€ par mois ça fait mois pour atteindre 27000€, ce qui sera certainement le prix d’une voiture électrique.
En voilà une étude qu’elle est bien !!! 😉
Oui, je viens aussi plussoyer la réponse d’Oiseau de Malheur.
Rien que les phrases en gras à relire et on se couche nettement moins bête ce soir !