Premier épisode d’une série d’articles sur les modes de déplacement au sein des villes européennes. Aujourd’hui, nous allons voir quelles sont les villes où la marche à pied est la plus développée.
Une base de données accessible en ligne recense un grand nombres de villes européennes et les parts modales des différents modes de déplacement. Par « parts modales, » on entend la part prise par les différents modes de déplacement dans la mobilité des villes (voiture, transports publics, vélo, marche).
Cette base de données, c’est TEMS « The EPOMM Modal Split Tool ». Nous en avions parlé en 2011, mais à l’époque, beaucoup de villes européennes n’étaient pas encore référencées. Désormais, la base de données intègre plus de 430 villes dont 318 villes de plus de 100.000 habitants, soit deux fois plus qu’il y a 5 ans.
Comme on considère généralement qu’il y a 486 villes européennes de plus de 100.000 habitants, la base de données intègre donc 65% de ces villes, soit un bon échantillon.
En outre, la base est renseignée par les villes elles-mêmes ou par des organismes publics, voire des particuliers, mais toujours avec des données sourcées et validées. On peut donc considérer que les « meilleures » villes du point de vue de la mobilité sont déjà dans la base, les villes ayant en effet tout intérêt à faire la promotion de leurs données quand elles sont bonnes.
Par contre, vu le faible nombre de l’échantillon, nous n’avons pas retenu les villes inférieures à 100.000 habitants, qui ne sont que 136 dans la base de données. On parlera donc dans cette série d’articles que des villes européennes de plus de 100.000 habitants.
Les 10 villes européennes qui marchent le plus
Parmi les villes européennes de plus de 100.000 habitants, la ville qui « marche » le plus est Peja (Peć) en Serbie, avec une part modale de la marche de 76%! En d’autres termes, les 3/4 des déplacements dans cette ville de 100.000 habitants se font à pied. A vrai dire, nous ne connaissons pas Peja et nous n’avons pas les moyens d’aller y faire un voyage d’étude pour se rendre compte de ce que représente dans les faits une part modale de la marche de 76%, mais nous sommes preneurs de tout retour d’expérience sur cette ville.
On trouve ensuite deux villes espagnoles, León et Bilbao, avec une part modale de la marche de respectivement 64% et 60%. Au passage, on trouve 5 villes espagnoles parmi les 10 villes qui marchent le plus, dont Tarragone à la septième place (avec une part modale de la marche de 49%) et Barcelone à la dixième place (avec une part modale de la marche de 46% tout de même).
Du côté français, Paris est plutôt en bonne place en se classant 9ème des villes qui marchent. Avec une part modale de la marche de 47% dans la capitale française, on peut donc dire que près d’un déplacement sur deux s’y fait à pied. Lausanne en Suisse arrive quant à elle en 8ème position.
Les 10 grandes villes qui marchent le plus
Si on observe désormais seulement les « grandes » villes, considérées ici comme les villes de plus de 500.000 habitants, on retrouve logiquement aux premières places Tarragone, Paris et Barcelone.
Là encore, cinq villes espagnoles se classent aux 10 premières places, dont Valencia, Malaga et Séville. Mais, et cela sera peut-être une surprise pour certains, on trouve aussi des villes françaises.
En effet, si Paris occupe la seconde place, Nice se classe se classe en cinquième position avec une part modale de la marche de 40%, et Marseille en neuvième position exæquo avec Lviv en Ukraine avec une part modale de 34%.
Enfin, Vilnius en Lituanie se classe huitième avec une part modale de la marche de 36%.
En conclusion, les villes du Sud de l’Europe sont sans surprise en tête de classement, et tout particulièrement les villes espagnoles qui semblent être les « villes qui marchent le plus ».
Prochain épisode: les pros du vélo!
Photo: Peja (Peć) en Serbie (Violetamyftari)
Merci pour cette enquête. La marche est un moyen de locomotion tout aussi respectable que le vélo, et tout aussi bénéfique pour la santé, même s’il est moins rapide…
Base de données qui a le mérite d’exister mais la comparaison est bien difficile à faire, rien que pour les agglos françaises, dès l’instant où les enquêtes ménages déplacements EMD datent de Mathusalem…
Ainsi, par exemple, pour Toulouse, Limoges ou Montpellier l’évaluation dépasse dix ans, jusqu’à douze ou treize ans…
On sait que les PDU et la loi sur l’air n’ont apporté qu’une obligation théorique à limiter la place de l’automobile en ville – certaines agglos n’ont toujours pas bouclé le leur et ne sont nullement inquiétées, comme Angoulême par exemple, là où la municipalité centre autorise les véhicules à se garer sur les remparts et les trottoirs (!)… – et le législateur bien sûr laisse tranquille les édiles en n’obligeant pas à réaliser une EMD tous les… tiens tous les six ans par exemple, pour évaluer les effets des politiques publiques locales en termes de déplacements et d’environnement, histoire pour les électeurs de juger en connaissance de cause de la mandature écoulée…
Enfin un historique des EMD sur la base de données aurait été bien utile…
Evidemment avec du temps et de la compétence quelques uns d’entre nous pourraient s’y coller, et mieux faire connaître encore Carfree… dixit Yakafaucon…
Bonjour,
Effectivement les choses changent parfois bien en quelques années sur telle ou telle ville
Exemple à Lyon, http://www.sytral.fr/359-enquete-grand-territoire.htm
Dans le chapitre « L’Enquête en ce moment », Consultez le « dossier de presse » , en page 8, les parts modales de déplacements des Lyonnais et Villeurbannais (640 000 habitants sur 60 km2).
VP passe de 35 % en 2006 à 26 % en 2015
TC passe de 20 % en 2006 à 25 % en 2015
Marche et vélo gagnent également
Il ne s’agit pas pour autant de triompher, beaucoup de boulot reste à faire.
Bernard G.
Coordination Darly
Quand on regarde le 2ème tableau, celui des grandes villes, une chose un peu étonnante, dans les villes Espagnoles : On y marche beaucoup, mais à Tarragona et Malaga, on roule aussi beaucoup voiture, et les TC ont la part du pauvre.
Oui Bernard, à Barcelone par exemple le réseau de métro et de trains de banlieue est impressionnant, la part modale automobile s’affiche à un peu plus d’un tiers, alors que le réseau viaire est très favorable à ce mode de déplacement; au point que les lignes de tram n’ont pas priorité aux feux…