Les ateliers vélo: la mécanique du partage

L’activité des ateliers vélo se base sur la revalorisation des vélos abandonnés et des pièces détachées. Les caves de nos villes regorgent de vélos depuis que l’automobile a pris une place dominante dans les rues. Les ateliers tentent de donner une nouvelle vie à ces vélos qui pour beaucoup représentent le patrimoine de la bicyclette européenne.

Les ateliers sont des lieux d’apprentissage pour permettre à chacun de devenir autonome (ou vélonome) dans sa pratique du vélo. Cet épanouissement dans la mécanique se veut coopératif et solidaire: chacun est invité à apprendre à d’autres comment entretenir ou réparer sa bicyclette.

En facilitant l’entretien et la réparation des vélos, les ateliers vélo sont avant tout des lieux de promotion de l’usage du vélo en ville. Ils ont comme vocation de multiplier le nombre de cyclistes quotidiens dans nos villes en offrant la possibilité d’acquérir un vélo et de l’entretenir à moindre coût.

Connaître des rudiments de mécanique est une nécessité pour un ou une cycliste et l’avantage, c’est qu’il est très facile d’acquérir un minimum de savoir-faire pour réparer une crevaison, régler ses freins ou entretenir son vélo. Une fois cette connaissance acquise, elle peut être transmise et s’avérer forte utile pour d’autres cyclistes. Le réseau L’Heureux Cyclage s’est ainsi donné comme devise « Donne moi un vélo, je roulerai quelques jours ; apprends moi à le réparer, je pédalerai toute ma vie« .

Les projets se développent très fortement en France, en Belgique et ailleurs. Le réseau L’Heureux Cyclage cherche à les accompagner dans leur développement en favorisant le partage de connaissance et de savoir autour des ateliers, de la même manière qu’on le fait dans les ateliers autour du vélo. Ce réseau fédérant les ateliers vélo a également vocation à sensibiliser les institutions à l’intérêt de permettre le développement d’une telle activité sur son territoire…

Le développement des ateliers vélo

Les ateliers de Lyon et Grenoble, qui existent depuis 1994, sont bien connus de la population. Dans ces deux villes, un nouvel arrivant qui cherche un vélo sera très vite orienté vers L’atelier Le Recycleur de Pignon sur Rue à Lyon ou Un P’tit vélo dans la tête à Grenoble. A Marseille, Nancy, Toulouse, Montpellier, Bordeaux ou Dijon, les ateliers commencent à être connus des habitants. Les différents ateliers vélo dans ces agglomérations sont à présent reconnus pour leurs actions. Mais dans de nombreuses villes (Rouen, Strasbourg, etc.) des ateliers ont ouvert ces dernières années permettant (enfin!) à quiconque de venir bricoler son vélo en profitant des outils, des pièces détachées et des conseils des mécaniciens chevronnés des ateliers.

En 2007, on dénombrait une douzaine d’ateliers en fonctionnement en France tandis que début 2011 on en compte plus d’une trentaine. Plus de 10.000 personnes sont devenues adhérents de telles associations et profitent de ces facilités.

Les ateliers coopératifs de recyclage et d’apprentissage de la mécanique vélo naissent généralement de la rencontre de cyclistes qui partagent au moins une de ces trois choses: la volonté de rendre service aux cyclistes pour leur permettre une pratique régulière du vélo, une aversion féroce au gaspillage et le plaisir de bricoler à plusieurs. Dans la plupart des cas, les porteurs de projets d’ateliers vélo constatent qu’ils partagent même bien plus que cela!  Après quelques courtes discussions pour dresser le constat: « c’est pas normal! » mais, « qu’est-ce qu’on peut faire? » ces femmes et hommes de bonne volonté arrivent à la conclusion suivante: … un atelier vélo !

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Avec beaucoup de ténacité, des collectifs créent des associations pour entreprendre des démarches auprès des administrations et des élus locaux et ainsi être soutenus dans leur démarche. A Orléans, Rennes, Colmar, ou en Ile-de-France les projets se multiplient. On espère d’ici 2012 voir éclore la vingtaine de projets actuellement en gestation.

La recherche de locaux: une trop longue quête

Une fois qu’on a trouvé un local, tout s’enchaîne: la récupération des carcasses, l’aménagement du lieu, l’accumulation du stock, l’accueil de cyclistes en galère et la venue de bénévoles prêts à s’investir dans cette folle activité de recyclage de vélos. Les collectes de vélos se font souvent à coup de remorques, construites à l’atelier et le lieu devient vite foisonnant d’idées autour du vélo.

Mais évidemment, le plus difficile pour ouvrir un atelier vélo est encore de trouver un local. Celui-ci est essentiel pour avoir un minimum de stock de pièces détachées et de vélos récupérés, pour que l’atelier soit praticable par le plus grand nombre et qu’il réponde à tous les besoins, etc. Si beaucoup d’associations font leurs preuves avec des ateliers de rue, c’est bien la mise à disposition d’un local par la collectivité qui permet de réellement démarrer l’activité.

Mais ce n’est pas parce qu’on dispose d’un local que la quête est terminée. Les ateliers vélos sont en recherche permanente de local, leur situation étant toujours plus ou moins précaire: les locaux sont vétustes, ils vont bientôt être démolis, ils sont trop petits mais on n’a que cela, on veut développer l’activité dans de nouveaux quartiers, etc.

Bien entendu avec l’augmentation des prix de l’énergie et la sortie des voitures des centre-villes, on peut imaginer que quelques garages automobiles disparaitront, laissant de magnifiques endroits prêts à être transformés en ateliers vélo… Mais pour l’instant les occasions sont encore rares et les associations peinent à ouvrir des lieux coopératifs.

En terme de mécanique vélo, les ateliers proposent une éducation populaire coopérative et basée sur le réemploi des vélos; mais ce sont également des lieux de diffusion de l’expertise populaire. La pratique du vélo au quotidien demande une maîtrise de certains « trucs et astuces » pour rouler en toute sécurité, profiter de la ville et ne pas se faire voler son vélo mais également pour partir en voyage  et permettre aux cyclistes urbains de s’évader de la ville.

Les ateliers sont des lieux de transfert de connaissance, de diffusion de l’expertise cyclable et c’est vous l’acteur. Si vous êtes inquiet, on vous rassure. Si vous êtes chevronné, vous pouvez nous aider.

http://www.heureux-cyclage.org/

Image: http://www.ptitvelo.net/

10 commentaires sur “Les ateliers vélo: la mécanique du partage

  1. theron

    Enfin un article sur les ateliers de la part de carfree !

    Comme dit dans l’article, les ateliers ont beaucoup de mal à exister s’ils n’ont pas de locaux. Une partie d’entre eux est en squat (Concarneau, Toulouse, Paris, etc.) et malgré de nombreuses tentatives de discussions et d’ententes avec les collectivités locales rien n’y fait. A Toulouse, nous avons mis en ligne une pétition, qui grandit lentement mais sûrement, en plus d’autres actions : http://www.mesopinions.com/Un-local-correct-pour-la-Velorution—petition-petitions-5a96c3354c214c032a885e33deb8e0d5.html

    http://velorutiontoulouse.over-blog.com/ pour avoir les horaires et l’adresse de l’atelier (un ancien garage auto, justement, appartenant à la mairie de Toulouse, que les vélorutionnaires se proposent de racheter).

  2. Nicolas

    C’est probablement une projection un peu lointaine, mais sans technologie, pas d’extraction pétrolière
    sans pétrole, c’est le bois,
    le bois, c’est cher et ça s’économise
    La fonderie devient donc chère, les pièces métalliques aussi…

    Une décroissance doit être terriblement difficile à gérer si on la veut égalitaire.
    Désolé, c’était mon quart d’heure pessimiste !

  3. raymond domenech

    pas forcemment pessimiste, un peu teintée de réalisme… pour consommer moins d’énergie, il vaut mieux fabriquer solide dès le début… pour preuve, une enclume de nos jours, même un Africain ne pourra plus la retaper tellement elle est en plastique technologique… d’un autre coté les locomotives diesel de la SNCF datent des années 60 et roulent toujours, preuve d’un entretien sans faille et d’une robustesse à la MadMax!

    oui à l’apprentissage de la restauration des vélos dès la 6ème!

  4. devin-e

    Voilà pourquoi les ateliers s’évertuent à récupéré toutes les vieilles carcasses. A Toulouse, malgré toutes nos demandes la mairie a décidé de filer la récup à une « association » qui n’y connaît rien mais qui a de bons liens de ciopinage avec certains élus.

  5. Levis

    bonjour jai un vélo(west coast chopper);mon pneu est crevé et je souhaiterais changer la chêne et le tuner si possible; je recherche un atelier de dépannage sur Orléans merci

  6. ONG APASIC

    Bonjour, nous aimerons savoir si vous vendez des vélos d’occasion vers l’Afrique?
    C’est pour les activités dans le cadre d’un projet de notre association : Un Vélo pour l’Autonomisation de la Femme Rurale Béninoise.
    Et pour cela, nous avons besoin d’un important lot de vélos d’occasion (fonctionnels).

    Dans l’attente, merci à vous.

  7. Jean-Marc

    Les différents ateliers-vélos vendent des vélos révisés à leurs adhérents (c est le principal mode de revenus), ainsi que des vélos « en l’état », moins chers, pour les adhérents les plus bricoleurs.

    Donc, oui, les ateliers-vélos vendent des vélos (à leurs adhérents);
    Pour l afrique, ou ailleurs…

    La première chose, c est de discuter avec l atelier vélo le plus proche de chez toi, pour voir s’ils ce qu’ils te proposent correspond à ce que tu envisages.
    et d en devenir adhérent (ainsi que d autres personnes de ton projet c.f. le dernier point)

    « nous avons besoin d’un important lot de vélos d’occasion (fonctionnels). »

    important lot fonctionnel…

    en général (sauf, peut-etre les plus gros ateliers-vélos)

    – soit tu peux avoir un petit nombre de vélos fonctionnels,
    – soit un important nombre de vélo « en l’état » = non fonctionnel, car celà prend du temps de les réviser.

    (la philosophie des atelier vélo est d apprendre à faire, bien plus que de faire pour quelqu’un d autre/de faire faire par quelqu’un d autre)

    et là, c est à toi et aux tiens de les remettre en état (c est pour celà qu’il faut que vous vous inscriviez à plusieurs, pour être plusieurs à les remettre en état), celà vous prendra du temps, mais celà vous permettra d avoir un coût moindre + d en avoir plus et SURTOUT, d’étoffer votre projet.

    (partir de vieux vélos non fonctionnels, apprendre la réparation vélo, les remettre en état, puis les transporter; à la place de juste faire un achat et un transport… celà sera bien plus apprécié, montrera bien plus votre implication)

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