Vision cauchemardesque d’une ville sans transports collectifs

Selon une étude de la STM, la société de transports en commun de la région de Montréal, les transports en commun existants dans la métropole québécoise permettent d’«éviter» la présence de 690 000 voitures dans la circulation quotidienne de la région de Montréal. Qu’en serait-il en Île-de-France si, du jour au lendemain, il n’y avait plus de transports en commun (train, métro, RER, bus, tramway)?

Si les réseaux de transports collectifs de la région métropolitaine de Montréal n’existaient pas, il y aurait près de 700 000 véhicules de plus sur les routes du Grand Montréal. La distance du parcours quotidien de chaque automobiliste s’allongerait du tiers. Et la population de la grande région de Montréal devrait consommer, chaque année, presque 1,7 milliard de litres d’essence de plus. (Source: La Presse)

Ces chiffres découlent des conclusions d’une étude réalisée par la Société de Transport de Montréal (STM) pour mesurer les émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) évitées grâce à l’utilisation des réseaux de transports en commun de la métropole. L’étude a été réalisée en collaboration avec plusieurs autres sociétés de transport, des organismes municipaux et deux ministères provinciaux (Transports et Développement durable) en utilisant les méthodes reconnues de quantification des GES élaborées par des groupes de recherche de renommée mondiale.

Selon cette étude, les transports en commun existants dans la métropole permettent d’« éviter » la production de 3,9 millions de tonnes de GES par année. Sans leur contribution, les émissions attribuables au transport routier dans la grande région de Montréal seraient supérieures de 55% à ce qu’elles sont actuellement.

Tous ces chiffres sont intéressants, car ils ont le mérite de poser la question de l’utilité sociale et environnementale des transports en commun. On parle très souvent du « coût » des transports en commun et très peu de ce qu’ils apportent à la société, y compris aux automobilistes!

D’ailleurs, existe-t-il au moins une étude de ce type réalisée pour des transports en commun dans une ville française? En France, on parle plutôt du transport public comme de quelque chose de « grassement subventionné » qui coûte toujours trop cher…

Évidemment, on ne va pas reproduire ici l’ensemble de l’étude réalisée pour Montréal à l’échelle française. Nous n’en aurions ni le temps ni les moyens. Mais, en se basant sur le simple nombre de voitures « évitées », on peut tenter une estimation en suivant la méthodologie mise en place pour l’étude de Montréal.

Voici de manière simplifiée la méthode de calcul mise en place pour Montréal:

Chaque jour, dans la région de Montréal, le métro et les réseaux de trains de banlieue et d’autobus assurent un total combiné de 1,6 million de déplacements. On a sondé 1200 usagers des transports collectifs, en tenant compte des proportions d’utilisateurs venant de Montréal ou des banlieues, pour savoir comment ils se déplaceraient si, demain matin, il n’y avait plus de métro, plus de trains ou plus d’autobus. Dans 51% des cas, les usagers ont répondu qu’ils utiliseraient leur automobile.

En considérant qu’un certain nombre de ces automobilistes feraient du covoiturage, on a estimé que ce transfert modal massif vers la voiture ajouterait 690 000 véhicules dans la circulation quotidienne de la région de Montréal et que les émissions de GES s’élèveraient à 735 000 tonnes en équivalent CO2 par année.

Donc, pour résumer, les transports collectifs au sens large de Montréal assurent 1,6 million de déplacements chaque jour et on peut estimer que si ces transports collectifs n’existaient pas, environ 50% des gens utilisant ces transports collectifs se reporteraient sur la voiture, soit environ 800 000 voitures. En tenant compte du covoiturage (plusieurs personnes par voiture), cela revient à 690 000 voitures supplémentaires qui, du jour au lendemain, devraient trouver une place sur la chaussée chaque jour.

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Maintenant, tentons le calcul pour la région Île-de-France. Selon le STIF (Syndicat des transports d’Île-de-France), les transports en commun assuraient en 2010 8,2 millions de déplacements quotidiens, soit environ 20% de l’ensemble des déplacements (Source: Enquête globale Transports).

Si on prend la même hypothèse de report modal qu’à Montréal (50% pour l’automobile), on peut donc estimer que cela représente environ 4,1 millions de voitures en plus dans les rues et sur les routes. Sans données précises sur le covoiturage, on peut toutefois prendre en compte le taux d’occupation moyen de la voiture en Île-de-France qui est de 1,28 personne/voiture: tous motifs de déplacements confondus, la voiture compte en moyenne 1,28 occupant à bord (Source: Motorisation et usage de la voiture en Île-de-France). Cela représente donc au final 3,2 millions de voitures supplémentaires.


Si les transports en commun n’existaient pas en Île-de-France, on peut estimer qu’il y aurait chaque jour 3,2 millions de voitures supplémentaires dans les rues et sur les routes.

On vous laisse apprécier ce que cela représente en pollution supplémentaire, en émissions de CO2, en bruit, en nombre d’accidents, en congestion du réseau, etc.

Un commentaire sur “Vision cauchemardesque d’une ville sans transports collectifs

  1. Françoise

    3,2 millions de voitures en plus si les transports en commun n’existaient pas en Ile de France : ce serait en effet épouvantable, et c’est bien de publier ces chiffres auxquels on n’a habituellement pas accès.

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