Grande émotion au sein de l’extrême droite française… Est-ce à croire que les chercheurs scientifiques du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) cotisent en masse auprès de cette officine politique? Ou à l’inverse, le populisme recruterait-il aussi facilement dans les rangs de l’élite savante de la nation? On apprend par voie de presse que l’Etat français a décidé d’abandonner « en catimini » le projet Astrid (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration).
A l’annonce de la nouvelle, la patronne du Rassemblement National (RN), Madame Le Pen, a dénoncé rien de moins qu’un « crime économique, technologique et écologique, » (1) bref la totale. A tout casser, on peut lui concéder le « crime technologique, » même s’il serait plus juste de parler d’euthanasie de délivrance ou d’amputation de sauvetage de l’atome en souffrance… Mais pour les deux autres aspects du crime, il ne faut quand même pas exagérer; on sombre en plein dans la démagogie du populisme…
Dans la même veine de la vive émotion, la droite moins extrême a aussi dénoncé « une faute, écologique, stratégique et politique. » Le ton plus posé ne nous rapproche pas plus de la vérité. Décidément pour la droite (canal historique) en décrépitude comme pour l’extrême droite, Macron et sa clique En Marche ne font pas dans l’écologie…
Puisque les tenants de la droite extrême recentrés à droite crient, unanimes, au crime écologique, qu’il nous soit permis de faire quelques rappels et commentaires sur la vieille imposture technologique des « neutrons rapides » en la situant dans le contexte global de Bérézina de l’atome tricolore (2).
Un non-évènement
Il faut raison garder… Si pour l’extrême droite française il y a de quoi monter au créneau pour dénoncer un coup bas porté au fleuron historique de la recherche française en physique et ingénierie nucléaire, pour les milieux écologistes, il s’agit plutôt d’un non-évènement. Ou au mieux et plus exactement, on est devant une décision de longue date attendue. Mais, en regard de l’urgence de la sortie du nucléaire, on reste dans le registre du symbolique. Indépendamment des écologistes (anti-nucléaires) et de leur analyse sociétale, tous les gens honnêtes dans les hautes sphères scientifiques, y compris liées à l’atome tricolore, avaient cessé de croire à la viabilité de ces réacteurs pompeusement désignés en France de « 4e génération. » Bref, plus personne ne se faisait d’illusion sur la réussite du projet Astrid.
Mais dans cette phase historique globale de Bérézina de l’atome tricolore suite à Fukushima, le registre symptomatique est aussi à considérer. Après la catastrophe nucléaire japonaise de 2011, la santé de l’industrie nucléaire française va de mal en pis. Une sorte de réaction en chaîne s’acharne sur l’atome.
Suite à la faillite d’Aréva – récemment démantelé et reconfiguré en société minière sous le nom Orano – et avec la situation d’extrême précarité financière d’EDF, l’Etat providence des nucléocrates fait le tri des déchets dans la friche industrielle pour sauver les meubles encore capable de servir. Il réduit la voilure en sacrifiant Astrid, ce Grand projet inutile imposé sans avenir industriel. Naviguant désormais à vue dans une conjoncture difficile, il resserre les rangs autour de son parc atomique délabré ayant dépassé sa limite de péremption. Le grand carénage bouffe tout le pognon sans parler de la gestion impossible des déchets radioactifs avec le projet de Centre industriel de stockage géologique (Cigéo) à Bure de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) qui s’avère tout aussi vorace en milliards d’euros.
Mais si Astrid, l’atelier protégé des fondamentalistes en physique atomique, passe à la trappe, la France reste malheureusement une puissance nucléaire avec son arsenal de destruction massive qu’elle ambitionne de perfectionner comme s’acharnent à le faire, Etats-Unis en tête, les complexes militaro-industriels occidentaux. A la guerre comme à la guerre, l’Etat est contraint d’abandonner une pièce maîtresse de manipulation hasardeuse pour sauver le noyau dur du nucléaire qui reste aujourd’hui plus que jamais le perfectionnement du meurtre de masse.
Et là encore il faut constater que dans le domaine scientifique des armes de destruction massive les compétences en physique nucléaire s’éclipsent derrière la rayonnante science informatique. Il est vrai, en effet, que pour augmenter le quotient intellectuel (QI) des têtes nucléaires avec de l’intelligence artificielle (IA), on a moins besoin de fondamentalistes en neutrons rapides que de chercheurs en algorithmes des systèmes communicants. Signalons en passant que, contrairement à son grand récit pseudo-pacifique servi depuis l’avènement d’Internet, la science informatique a toujours accompagné et armé en premier les complexes militaro-industriels. Dans le perfectionnement des armes de destruction massives, le potentiel de nuisance du numérique semble inépuisable. Faut-il rappeler que les drones et robots tueurs promis à un bel avenir sont le fruit de ce domaine de recherche informatique et robotique?
Si selon la doctrine officielle de la « dissuasion nucléaire, » la préparation du meurtre de masse s’affirme comme le gage de la liberté du « monde libre », la rationalité scientifique alliée au pragmatisme économique impose aussi d’économiser les munitions, d’où l’urgence actuelle d’élever leur QI avec de l’IA.
En bref, dans ce contexte international de menace réactivée du crime de masse organisé par les savants, si la mise en sourdine des « neutrons rapides » peut être vue comme une bonne nouvelle par certains, elle se réduit au final à un non-évènement attendu depuis longtemps. La menace nucléaire est toujours présente et croissante comme le rappelle Jean-Pierre Dupuy en février 2019 dans son livre « La guerre qui ne peut pas avoir lieu. » (3)
Dans la tête des stratèges militaires qui la préparent très activement, le feu nucléaire couve toujours 25 ans après la fin de la Guerre froide avec la victoire du dit « monde libre » et le ralliement enthousiaste des élites russes au capitalisme fossile occidental. Paradoxalement, en effet, l’unification idéologique du monde autour de l’accumulation du capital a réactivé les velléités meurtrières des chercheurs scientifiques…
Dans la même veine des Grands projets inutiles imposés, datant des folies scientifiques du siècle passé, il faut s’attendre à l’abandon du projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor, signifiant en français « réacteur thermonucléaire expérimental international »). Si Astrid engloutissait des millions en pure perte, ITER, réacteur de fusion nucléaire surnommé « Le Soleil sur Terre, » dévore en pure perte les milliards d’euros comme l’EPR. Mais là aussi, si certains pourront se réjouir d’une bouffée de pragmatisme économique, la lucidité imposera de constater que l’Etat ne fait que resserrer les cerveaux savants autour du noyau dur de la recherche sur le meurtre de masse.
« 3G » « 4G » et la fin de la Panacée
Ainsi Astrid est mis en sourdine… Qu’adviendra-t-il de l’EPR après son nouveau raté et forfait pour démarrer avant 2020? Car, il faut le rappeler, dans la cosmologie nucléaire français construite après l’enterrement de Superphénix et avec l’avènement d’Areva en 2001, l’EPR s’inscrivait en « réacteur de 3e génération, » « le plus sûr au monde » pour assurer en toute sécurité l’arrivée de la Panacée atomique avec la « 4e génération de réacteur »: du « tout en un. » Rêvé par les savants dès les sixties, ce réacteur providentiel, fruit des subtilités de la physique des matières fissibles et fertiles, était censé résoudre à la fois tous les problèmes énergétiques de la nation en recyclant ses propres déchets en combustible. Restait un bête problème d’ingénierie: assurer la sécurité du fluide caloporteur idéal choisi : le sodium liquide capable de s’enflammer et d’exploser au contact de l’eau et de l’air. Ainsi et en résumé, selon les plans savants, l’EPR (3e génération) déclaré le « plus sûr au monde » devait préparer l’avènement du réacteur (4e génération) le plus dangereux de la technologie nucléaire. Ce mythe techno-écologique et humaniste ad hoc des physiciens atomiques tricolores a fait long feu, sauf, bien sûr, pour l’extrême droite française qui crie aujourd’hui au « crime écologique. »
Historiquement, le projet expérimental de semi-Superphénix, était un lot de consolation et de rattrapage accordé aux savants qui n’avaient pas pu faire leur deuil de la filière des neutrons rapides. Les chercheurs scientifiques avaient rectifié leurs calculs sur la comète nucléaire et envisageaient un possible démarrage des réacteurs de 4e génération à l’horizon 2050; entre temps les EPR devaient assurer l’intérim en toute sécurité. Quarante ans à tenir sans catastrophe majeure, mais, en 2011, au plus mauvais moment survint l’évènement de Fukushima. Malgré la volonté farouche de l’élite atomique pour enterrer au plus vite la catastrophe japonaise, le compte à rebours de l’industrie nucléaire s’est mis en route.
L’impasse évolutive des surgénérateurs, largement connue depuis les années 1990 et démontée à Creys-Malville, a fait son chemin pour se révéler bien au-delà des milieux écologistes. En définitive, avec l’arrêt d’Astrid, il s’agit d’une sage décision sur le plan économique. Comme on dit, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais les vingt ans de retard au remède de cheval nécessaire ont coûté cher aux français, près d’un milliard selon les chiffres officiels.
Bis repetita placent, encore une fois aux mêmes maux nucléaires les mêmes remèdes économiques. Après le fiasco scientifique de Superphénix à Creys-Malville dans les années 1990 imposant l’abandon et la mise en démantèlement du réacteur, le nucléaire n’a plus d’avenir sur les plans scientifique et technique dans le domaine énergétique. EPR inconstructible et Astrid au placard, c’est ainsi la fin dernière de la Panacée. Et l’actualité internationale nous révèle que partout dans le monde l’atome retourne tout entier à son corps de métier originel qui est le perfectionnement des armes nucléaires.
Memento mori
Pour mémoire, rappelons la grande prophétie scientifique de deux enthousiastes nucléocrates lancée au début de l’aventure atomique française dans les années 1970: « Des réacteurs fournissant plus de combustible qu’ils n’en consomment, voilà de quoi exciter l’imagination des physiciens et des ingénieurs! Du rêve à la réalité il n’y a souvent qu’un pas: ces réacteurs, dits à neutrons rapides, sont déjà dans leur phase de démonstration. Ainsi Phénix, premier réacteur de puissance de ce type doit diverger dans quelques mois [année 1973]. » « Il faudra certes attendre les première grandes centrales de plus de 1000 mégawatts pour prouver dans les faits les pronostics actuels, mais tout porte à croire que les réacteurs à neutrons rapides devraient, dès la fin du [20e] siècle, prendre une place essentielle dans la production d’énergie électrique. N’est-ce pas d’ailleurs une nécessité pour sauvegarder les ressources naturelles en uranium (4) ? »
Continuons la litanie prophétique des élites scientifiques ayant auréolé l’avènement conceptuel de la Panacée des neutrons rapides: « C’est la seule technique actuellement possible pour prendre la relève des combustibles fossiles et économiser des ressources qui tôt ou tard s’épuiseront (5). »
Et pour comprendre le cri de « crime écologique » lancé par l’extrême droite française à l’arrêt d’Astrid: « A une époque où se développe la conscience de la qualité de la vie et où se manifeste avec acuité la nécessité de protéger la nature et l’environnement contre les dégradations dues aux techniques modernes, l’énergie nucléaire apparaît comme une solution aux problèmes de pollution atmosphérique (6)… »
Précision scientifique oblige, la prophétie de la Panacée des neutrons rapides capables de purifier l’atmosphère se doit d’être chiffrée: « Parmi les 140 000 mégawatts électriques d’origine nucléaire prévus pour l’An 2000, 40 000 environ pourraient être installés sous forme de centrales à neutrons rapides (7). » Arrêtons là la citation!
Dans le meilleur des cas, les fondamentalistes de la physique atomique ne se seraient trompés que d’un siècle… Aux dernières nouvelles d’Astrid, le CEA, faute de sodium liquide fiable, s’est vu contraint à verser de l’eau dans son vin: pas avant 2050…
Mais entre-temps, du rêve à la réalité du cauchemar nucléaire, de l’aventure scientifique à l’imposture technologique, il n’y a eu qu’un pas et, pour notre malheur, il a effectivement été franchi.
Memento mori, les élites savantes qui, dans les années 1970, lançaient la prophétie scientifique pour l’An 2000 ont dû être enterrées dans la première décennie du nouveau siècle et leurs descendants spirituels, qui aujourd’hui la situent en l’an 2050, auront à cette date connu le même sort.
Limite de visibilité et seuil d’incertitude, pour cet horizon du mitan du siècle, le « capitalisme fossile (8) » qui avait généreusement permis cette grande imposture technologique, entrera très probablement en stress énergétique. Lui aussi, après 2050, dans l’atmosphère suffocante et mortifère qu’il a généré en moins d’un siècle, connaîtra enfin son ère crépusculaire.
JMS
Septembre 2019
(Auteur de « Capitalisme fossile », Editions Utopia mai 2019)
(1) Le Monde, 30/08/2019, Nabil Wakim : « La droite et l’extrême droite dénoncent le coup d’arrêt porté à la recherche nucléaire »
Les écologistes se sont, eux, félicités de l’abandon du projet Astrid de réacteur à neutrons rapides.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/08/30/la-droite-et-l-extreme-droite-denoncent-le-coup-d-arret-porte-a-la-recherche-nucleaire_5504753_3234.html
(2) Jean-Marc Sérékian, « Radieuse Bérézina, Lumière crépusculaire sur l’industrie nucléaire » Ed Golias 2015
(3) Jean-Pierre Dupuy « la guerre qui ne peut pas avoir lieu » Ed. Desclée de Brouwer, 2019
(4), (5), (6), (7) La Recherche n°31 février 1973, Guy Denielou et Louis Vautrey : « Les réacteurs à neutrons rapides »
(8) Jean-Marc Sérékian : « Capitalisme fossile, de la farce des COP à l’ingénierie du climat », Ed. Utopia 2019
J’attends avec impatience votre apologie de l’hydrolique qui a fait un nombre de mort ramené au kWh produit incommensurablement plus élevé que le nucléaire, du solaire dopé à l’énergie fossile chinoise (bilan carbone du PV plus mauvais que l’électricité française actuelle), de l’éolien dont le dispositif de collecte (l’éolienne) n’a absolument rien de renouvelable, et de la biomasse qui reste infime face à notre gloutonnerie si on se contente de prélever la part renouvelable (de combien la photosynthèse fait croitre les plantes sur l’ensemble des terres émergées).
Sans compter que l’essentiel de ça requière une société capable de fonctionner quand l’energie est absente, car intermittente sans moyen de stockage.
Les problèmes ça se quantifie et se hiérarchise, les solutions aussi. A cracher sur tout on fini par se tromper.
boaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa
vive l’hydro-alcoolique :
tous avec moaaaaaaaa…
@Phénix
Historiquement le nucléaire est lié à un processus de militarisation, or il fût une époque pas si lointaine où être anti-nucléaire, c’était être contre la Bombe. Et historiquement les écologistes s sont issus de ces premiers pacifistes, d’où le lien.
Et même encore aujourd’hui, qui peut être pleinement rassuré de voir des pays comme l’Iran manifester des velléités de maîtriser l’arme nucléaire.
Concernant le nucléaire civil, il émet bien moins certes de gaz à effet de serre mais n’est pas exempt de pollution et la gestion des déchets reste en grande partie problématique. Ecologiquement il ne s’agit pas de remplacer le charbon par le nucléaire ou le nucléaire par autre chose mais de REDUIRE notre consommation énergétique globalement.
Enfin le nucléaire a besoin d’investissements immenses or qu’on le veuille ou non, l’heure n’est plus à la fête. Il sera de plus en plus difficile budgétairement de mobiliser les fonds nécessaires. L’Etat cherche à se débarrasser de tout ce qui « coûte » (SNCF, ADP, Engie), on le voit.
Et pour finir sera-t-il encore possible longtemps de maintenir une industrie de l’envergure du nucléaire dans un pays qui est en train de terminer sa désindustrialisation complète, avec ce que cela sous-entend de perte de savoir, de perte de compétences, de tissu industriel, de sous-traitant, de formations adaptés. Les déboires de l’EPR en France ne sont-il pas hélas le signe de cette évolution.
Le nucléaire français est toujours couvert par le secret défense, ce qui fait que le coût réel est bien dissimulé. Il y a aussi des astuces, comme le fait que l’uranium est un minerai, et de fait, n’est pas considéré comme un coût énergétique pour la France. On a aussi les aberrations des retraitements des déchets (qu’on récupère du monde entier en France!), ré-enrichis, qui traversent plusieurs fois le pays, qu’on force les centrales à utiliser car personne n’en veut. Sans oublier les déchets ultimes, pour lesquels on a toujours la foi dans une solution pour « plus tard » – d’où le stockage « temporaire » – afin d’en diminuer la durée de vie de plusieurs millers d’années.
La transition énergétique, encore une belle expression, est mensonge dans les faits : l’énergie « propre » supplémentaire produite est toujours consommée, et ne remplace rien. Pire : la seule solution pour lisser la production d’énergies renouvelables (fluctuante par nature), c’est l’énergie fossile, la production nucléaire ayant trop d’inertie.
Diminuer la consommation énergétique, c’est la seule option viable (dit-il sur internet depuis un ordinateur.)
et puis surtout cette montagne de déchets cumulés, que « les générations futures » devront désenfouir et « retraiter », avec des millions et des millions d’années de demi-vie pour certains… :
après le concept de « développement durable » celui de « merdier duraâââââââble »… ?
pas glop du tout – la la y trou – cette histoire…
violence d’Etat, état de faillite en promesse, tas de merde en perspective…
Phenix:
Pourrie vous nous dire le nombre de morts de l’hydrolique et le nombre de morts du nucléaire?
Vous dites aussi que l’éolien et la biomasse ainsi que le solaire, c’est pas terrible face à notre gloutonnerie. Mais où est le problème? Dans notre gloutonnerie ou dans l’éolien, la biomasse et le solaire? Pourriez-vous nous éclairer?
Un panneau solaire, c’est pas très propre, j’en conviens. Mais personnellement, j’en ai un de 330W qui couvre 50% de ma conso d’été (je ne peux pas encore dire pour l’hiver) et c’est prévu pour durer (au moins 25 ans). A mettre en relation avec les téléphones portables changés en moyenne tous les 24 mois (en France) qui consomment une quantité gigantesque d’électricité pour aller sur Instagram et Facebook ou s’envoyer des SMS (t’es où?). D’après vous, que faut-il critiquer et remettre en cause?