Les voitures seront-elles nos statues de l’île de Pâques ?

La question : « Comment des sociétés ont-elles disparu dans le passé ? » peut aussi se formuler : « Au rythme actuel de la croissance démographique, et particulièrement de l’augmentation des besoins économiques, de santé et en énergie, les sociétés contemporaines pourront-elles survivre demain ? »

La réponse se formule à partir d’un tour du monde dans l’espace et dans le temps – depuis les sociétés disparues du passé (les îles de Pâques, de Pitcairn et d’Henderson ; les Indiens mimbres et anasazis du sud-ouest des États-Unis ; les sociétés moche et inca ; les colonies vikings du Groenland) aux sociétés fragilisées d’aujourd’hui (Rwanda, Haïti et Saint-Domingue, la Chine, le Montana et l’Australie) en passant par les sociétés qui surent, à un moment donné, enrayer leur effondrement (la Nouvelle-Guinée, Tipokia et le Japon de l’ère Tokugawa).

De cette étude comparée, et sans pareille, Jared Diamond conclut qu’il n’existe aucun cas dans lequel l’effondrement d’une société ne serait attribuable qu’aux seuls dommages écologiques. Plusieurs facteurs, au nombre de cinq, entrent toujours potentiellement en jeu : des dommages environnementaux ; un changement climatique ; des voisins hostiles ; des rapports de dépendance avec des partenaires commerciaux ; les réponses apportées par une société, selon ses valeurs propres, à ces problèmes.

Cette complexité des facteurs permet de croire qu’il n’y a rien d’inéluctable aujourd’hui dans la course accélérée à la dégradation globalisée de l’environnement. Une dernière partie recense, pour le lecteur citoyen et consommateur, à partir d’exemples de mobilisations réussies, les voies par lesquelles il peut d’ores et déjà peser afin que, dans un avenir que nous écrirons tous, le monde soit durable et moins inéquitable aux pauvres et démunis.

Cet essai est impressionnant sur la façon dont certaines sociétés ont mal réagi aux problèmes qui ont fini par causer leur perte… et comment d’autres ont bien réagi. Les voitures seront-elles nos statues de l’île de Pâques ?

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Collapse: How Societies Choose to Fail or Succeed est un livre écrit en 2005 par Jared Diamond, et traduit en 2006 sous le titre Effondrement. Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie.

Dans le prologue, Diamond résume Effondrement en un paragraphe, comme suit:

«  Cet ouvrage utilise la méthode comparative pour comprendre l’effondrement de sociétés ayant pour origine des problèmes environnementaux. Mon précédent livre (De l’inégalité parmi les sociétés) avait appliqué la méthode comparative au problème opposé: les degrés différents de développement des sociétés humaines sur différents continents au cours des treize mille dernières années. Dans le présent ouvrage, m’intéressant à l’effondrement de sociétés plutôt qu’à leur développement, je compare différentes sociétés passées et présentes qui se distinguent par leur fragilité environnementale, leurs relations avec leurs voisins, leurs institutions politiques ainsi que par d’autres variables « d’entrée » dont on reconnaît qu’elles influent sur la stabilité d’une société. Les variables « de sortie » que j’examine sont l’effondrement, et les formes variables qu’il revêt, ou la survie. En mettant en relation ces variables d’entrée et de sortie, je me propose de mettre en lumière le rôle que peuvent jouer des variables d’entrée dans l’effondrement de sociétés. »

Effondrement : Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie
de Jared Diamond (Auteur)
Editions Folio Gallimard (26 février 2009)
873 pages

2 commentaires sur “Les voitures seront-elles nos statues de l’île de Pâques ?

  1. Sissi

    Je conseille vivement la lecture de « Le cantique de l’apocalypse joyeuse » du finlandais Arto Paasalinna.
    Un roman caustique et bien drôle comme il faut, écrit dans les 90’s (1992 il me semble), sur le thème du bordel-après-pétrole.

  2. O'toh

    Merci Sissi, le bouquin à l’air bien et je le lirai avec délectation.

    Hier soir, sur la scène de FR2, énième débat sur la crise…
    Tous les gros calibres étaient là, patron du FMI compatissant aux malheurs des travailleurs en grève, ministre du budget pas crédible pour un sou, dirigeants du medef toujours aussi arrogants, représentants de l’opposition pas convaincants du tout, que du beau monde.

    De petits épiciers piaillant, des bonimenteurs de foire…On voit bien qu’ils sont à court d’idées et que tous les intervenants, de quelque bord qu’ils soient,avaient du mal à trouver des arguments convaincants pour rassurer l’auditoire.

    Pas un n’a eu le courage de dire la vérité aux travailleurs, cette vérité qui risquerait de faire trop mal, pas un ne s’est levé pour dire : Je peux vous affirmer que cette crise est durable et à durée indéterminée comme vos carrières de chômeurs, qu’il n’y a pas d’issue valable à ce type de système, que le capitalisme n’est qu’un immense ramassis de conneries depuis le début, que vous, ouvriers, n’êtes que les outils nécéssaires à notre folie et notre gloutonnerie à nous, patrons qui voulons bien vous laisser quelques miettes, maintenant ne venez pas pleurnicher si vous avez gobé que vous alliez pour le restant de vos jours fabriquer des pneus, des phares, des pièces de carrosserie ou des toutous en plastique qui remuent la tête pour mettre sur la tablette arrière…

    Tant que la machine tourne rond, hop, roule, consomme, travaille sans te poser de questions, « cherche pas à comprendre » est d’ailleurs une expression très française qui me hérisse prodigieusement.
    Aujourd’hui que les usines ferment à tour de bras, les ouvriers sont comme des enfants désorientés, des robots déconnectés de leur rassurante réalité métro-boulot-dodo , qui va leur donner la becquée maintenant ?

    « c’est dur aujourd’hui la crise
    demain çà s’ra vach’ment mieux,
    tu suces le noyau d’ la cerise
    en attendant que la machine déraille, aie aie aie… »

    ou encore :

    « on avance on avance on avance
    c’est sûr on a pas assez d’essence
    pour faire la route dans l’autre sens
    alors on avance… »

    chantaient les artistes inspirés dans lors des premiers soubresauts…
    (Mais sérieusement, peut-on faire confiance à des saltimbanques, chevelus de surcroît ?)

    Oui que faire maintenant que toute la machine déraille ?

    Mais attention, les méchants patrons qui seraient tentés de filer avec la caisse, maintenant on les a à l’oeil hein ! il a dit le Monsieur « Tout en Haut », ouf nous voilà rassurés…

    En fait, le seul moment intéressant dans ce débat convenu et sans surprises, c’est quand ils ont appelé à la rescousse un journaliste américain qui on l’ espérait allait nous donner de bonnes nouvelles en provenance des States (là où Dieu en personne a pris ses quartiers il ya trois mois, tous les regards suppliants sont désormais orientés plein West ) un caméraman au bout de quelques secondes à braqué son objectif sur une jolie blonde parmi le public, qui arborait un tee-shirt marqué FUCK en très gros sur ses nichons ( on sait que les plus belles filles du monde se trouvent en général dans le public ), bien joué le cadreur et gros bisous à la blonde !

    Tu sais quoi, je suis un intérimaire qui a fait plein de boulots, merdiques pour la plupart, et je gagne 1400 euros net par mois, un seul salaire et trois enfants à charge, et çà m’apprendra à avoir fait l’école buissonnière et aussi la révolution, mais je dois être aussi un peu maso de pas vouloir m’apitoyer sur mon sort…

    Un ex ouvrier et futur chômeur vous salue bien solidairement.

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