La confiance de l’automobiliste dans sa capacité de maîtriser son véhicule en situation d’urgence ne doit pas occulter une donnée fondamentale : la capacité très limitée du corps humain de contrecarrer les forces libérées lors d’un accident.
Le graphique et les informations qui suivent permettent de mettre en évidence l’effroyable fossé qui relie une faute « bénigne » de conduite et un accident, certes le plus souvent simplement matériel, mais hélas trop souvent encore corporel.
Probabilité d’être tué d’un piéton dans une collision avec une voiture de tourisme
Source : BPA – Bureau Suisse de Prévention des Accidents
On constate ainsi qu’une collision entre une automobile et un piéton à 70 km/heure ne laisse aucun chance de survie au piéton, la probabilité d’être tué du piéton est alors de 100%!
En outre, même avec une vitesse de l’automobile de 50 km/heure (vitesse pourtant autorisée en milieu urbain), la probabilité de mourir du piéton est encore d’environ 70%.
Surpris qu’un choc à 50 km/heure puisse être aussi dangereux ? Cela équivaut à sauter du troisième étage d’un immeuble…
On peut donc légitimement se poser la question de la responsabilité de notre société qui tolère en ville des vitesses automobiles dont on sait pertinemment qu’elles causeront la mort des piétons, en cas de choc, dans 70% des cas…
Selon la Maif, chaque année, environ 7500 enfants-piétons sont blessés en France (5700 légers, 1800 graves) et 150 décèdent… Mais ces chiffres ne rendent pas compte des séquelles physiques et psychologiques… 7500 blessés par an, cela représente plus de 20 enfants-piétons blessés par jour!
Il faut rappeler ici qu’avant d’être un automobiliste ou un cycliste, tout le monde est piéton à un moment donné et qu’en ville, il est plutôt habituel de rencontrer des piétons. De plus, à moins de faire circuler les voitures uniquement sur des voies réservées, en souterrain par exemple, ou de créer des autoroutes urbaines partout interdites aux piétons, le cas le plus fréquent dans nos villes est celui du partage de l’espace public.
Or, à 30 km/heure, la probabilité d’être tué du piéton en cas d’accident avec une voiture n’est plus que de 15%, chiffre certes encore élevé, mais sans commune mesure avec un choc à 50 km/heure.
A l’heure où les 4 x 4 se généralisent en ville, très souvent équipés d’un pare-buffles meurtrier pour les piétons (et les cyclistes d’ailleurs), la question de la vitesse autorisée en agglomération doit donc être de nouveau posée. Le risque de blessure graves ou mortelles d’un piéton lors d’un choc avec un 4 x 4 est en effet plus lourd qu’avec un véhicule de tourisme « classique ». « Equipé » d’un pare-buffles, un choc de 20 km/heure seulement peut tuer net un piéton!
Depuis quelques années, des zones limitées à 30 km/heure se développent en ville, en particulier aux abords des écoles et au sein de quartiers résidentiels dits « tranquilles ».
Il apparaît désormais nécessaire de généraliser cette pratique et de faire passer la vitesse autorisée en agglomération de 50 km/heure à 30 km/heure. Certaines zones spécifiques comme les abords des écoles par exemple passeraient alors en Zone 15 (interdiction de circuler à plus de 15 km/heure).
Cette mesure de bon sens paraît désormais indispensable pour sauver des vies, protéger nos enfants et rendre la ville vivable pour tout le monde.
Le graphe de mortalité est à faire connaitre au plus de monde…
ou, au minimum, ses chiffres clefs :
90 de survivants (piétons, mais aussi cyclistes, skaters,…) si la voiture va à 30km/h
50 % à 45km/h (-> passage des zones 45 en zone 30)
et 0% à 70km/h (-> chaussées séparées en zone 70)
Celà devrait être appris lors de l’apprentissage du permis de conduire (code), et servir lors de l’examen. Ainsi, des vies seraient sauvées.
De même, c’est une info utile à afficher près des écoles :
Les parents qui foncent pour déposer leurs enfants à moins de 10m de leur école verraient l’importance de ne pas foncer comme ils le font… Et, en limitant leur vitesse, donc celle des autres automobilistes, ils pourraient en profiter -peut-etre- pour laisser leurs enfants à 500m (à un carrefour, à un pâté de maison de l’école).
Voire (mais là, je rêve je crois) laisser leurs enfants y aller complètement à pied/velo/TEC.
« De plus, à moins de faire circuler les voitures uniquement sur des voies réservées, en souterrain par exemple, ou de créer des autoroutes urbaines partout interdites aux piétons, le cas le plus fréquent dans nos villes est celui du partage de l’espace public. »
Encore heureusement, je vais me battre pour qu’il n’y ait pas de ces affreuses autoroutes ghettoïsantes en ville.
Merci pour cet excellent article.
A mon avis, les chiffres n’ont pas changé…
Ou peut-être une légère baisse avec effectivement un nombre de ralentissements ou de zone 30 + importants qu’il y a qq années, à vérifier…
Oui, les zones 30 se sont quand même multipliées (c’était un panneau « quasi » inconnu quand on passait le code de la route il y a 10 ans). Aujourd’hui, on en voit. Et surtout devant les écoles, le problème de la vitesse semble préoccuper plus qu’avant. Après, le problème des gaz d’échappement aux abords des écoles, apparemment, n’est pas encore pris en compte !