Je suis dépendant, tu es dépendant, nous sommes dépendants, … Le pétrole est une ressource en voie de raréfaction à laquelle nos sociétés sont inextricablement liées. L’ensemble des transports est configuré sur un syllogisme tristement simple, mais redoutablement efficace:
Primo, je crée un mode de déplacement (par exemple, la voiture), qui nécessite une ressource particulière, en l’occurrence une ressource minérale non-renouvelable, le pétrole.
Secundo, grâce à cette invention, je modifie mes comportements de déplacement notamment. En réalité, ce mode de déplacement que j’ai inventé crée des distances qu’il est seul à même de parcourir.
Tertio, je bénéficie donc de ce mode de déplacement sans plus pouvoir m’en passer. Je suis donc dépendant.
Double problème
D’abord, je ne suis pas seul à m’être rendu dépendant à ce mode de déplacement et ipso facto à son carburant principal, le pétrole. Non seulement mes semblables m’ont imité, mais les entreprises ont également emprunté en bonne partie le chemin du transport à l’aide de ce même carburant. Coûts de congestion!
Ensuite, parce que comme tout le monde fait comme moi, on commence à en manquer, de cette fameuse ressource, de ce fameux pétrole. À quand la fin du pétrole?
Triple réponse des gouvernants
Face à la raréfaction, trois réponses (sans prétendre à l’exhaustivité) sont actuellement données par les gouvernements
- La mauvaise idée démagogique. D’abord, “le pétrole c’est mal, c’est bien vrai, pour éviter le réchauffement climatique poursuivons l’activité nucléaire”. Cette solution revient à soigner le mal par le mal. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Ulrich Beck, le théoricien de la société du risque.
- L’inertie démagogique. Une autre attitude consiste, tout en multipliant les discours écologiques, à demander à l’Europe (sachant qu’elle n’en fera rien) de suspendre ou diminuer la TVA sur les produits énergétiques pour faire face à la crise, solution conjoncturelle et court-termiste (sans préjudice de réductions ciblées pour les plus bas revenus). Sarkozy avait fait ça bien, fin mai-début juin… Et n’avait bien sûr pas manquer de rejeter la faute sur l’Europe après le prévisible refus de celle-ci…
- La fuite en avant démagogique. Une dernière attitude consiste à anticiper la crise du pétrole en construisant des gros axes routiers (jusqu’à dix-sept bandes! – l’article vaut la peine d’être lu jusqu’au bout). C’est pourtant très logique ; pour faire une route, il faut du bitume. Sans pétrole, comment on fait?
Dernière réponse pour la bonne bouche : stimuler l’écodriving, dernière fantaisie en date de “l’écologie sociale”. Cette proposition ultime en matière de révolution environnementale mérite une catégorie à elle seule. Car pour être totalement inerte, personne ne le contestera, elle ne semble même pas être démagogique.
Conclusion : mauvaises solutions, pas de solution ou euthanasie programmée (et accélérée).
Finalement, et si la meilleure solution face à la crise du pétrole consistait à n’avoir point de gouvernement pour faire des bêtises et laisser la ressource se mettre d’elle-même hors d’atteinte du commun des mortels?
Source: www.periscope.be