C’est vraiment méchant ce que la Russie est en train de faire à l’Ukraine, à savoir s’essuyer les pieds sur son indépendance et massacrer des civils. Vu qu’on a ni les moyens ni le courage de faire la guerre en Ukraine contre la première puissance nucléaire au monde, il reste les sanctions financières. Mais attention, on ne va pas boycotter le pétrole et le gaz russes non plus, faudrait pas exagérer quand même!
En fait, la quasi-totalité du monde occidental est sous perfusion d’énergie fossile russe. En premier lieu le gaz russe, dont les artères traversent l’Europe, entre autres par l’Ukraine, pour venir abreuver notre soif immodérée d’énergie et notre volonté de maintenir un petit 20°C dans le salon. Certains états sont plus toxicos que d’autres, l’Allemagne ou l’Italie par exemple. Pour ce qui nous concerne, le gaz russe représente environ 17% de nos importations de gaz. Difficile ensuite de faire les malins en expliquant à Poutine que son pays est au choix une démocrature ou une militocratie.
Et pour le pétrole, ce n’est guère mieux, environ 10% du pétrole brut importé en France vient directement des oligarques russes à la solde de Poutine. Dit autrement, environ un plein d’essence sur dix en France se fait grâce à la Russie. Dit encore autrement, 10% de la facture pétrolière française termine chaque année dans la poche des oligarques russes que l’on se propose de sanctionner en les privant de leur yacht sur la Côte d’Azur…
Dans le détail, notre dépendance est même encore plus importante car nous sommes particulièrement friands du gazole russe. Comme le rappelle Le Figaro, « la Russie produit quelque 11 millions de barils par jour de pétrole brut, dont un peu plus de 5 millions sont exportés. Mais le pays exporte aussi 1,5 million de barils par jour de gazole, dont l’Europe et notamment la France sont très friandes. En 2020, la France a importé 25 millions de tonnes de gazole dont un quart était du gazole russe, à peu près 6 millions de tonnes. »
Comme on le voit, chaque diéséliste français fait donc un plein de gazole russe tous les quatre pleins de carburant. Le diesel, cette fierté française depuis Jacques Calvet l’ancien PDG de Peugeot, est donc clairement menacé par l’armée russe.
Notre dépendance au gazole russe est donc bien réelle et le marché est déjà en train de se réorganiser, ce qui explique au passage les augmentations considérables que l’on a vues sur le gazole la semaine dernière. Le diesel coûte désormais quasiment aussi cher que l’essence à la pompe, voire même plus cher dans certaines stations. C’est quand même un comble pour ce qui constituait la promesse d’un carburant moins cher et plus polluant. Non seulement il sera toujours aussi polluant, mais il coûtera plus cher que l’essence!
Depuis quelques jours, certains états, comme les Etats-Unis ou le Royaume-Uni par exemple, commencent à parler de boycott pur et simple du pétrole russe. Premièrement, c’est plus facile à faire pour les USA qui sont eux-mêmes extracteurs de pétrole et qui importent très peu de pétrole de Russie. Pour les pays européens comme la France, qui ont beaucoup d’idées, mais pas de pétrole, c’est un peu plus coton.
Ensuite, une question arrive assez rapidement à l’esprit: si on comprend bien la logique qui consiste à dire qu’il n’est pas admissible d’acheter du pétrole à un pays comme la Russie qui massacre des civils en Ukraine, pourquoi alors achète-t-on du pétrole à l’Arabie Saoudite qui massacre des dizaines de milliers de civils au Yémen sans même parler du blocus du pays qui a provoqué une famine affectant sévèrement plus de 11,3 millions de yéménites, dont au moins 400 000 enfants?
L’Arabie saoudite fournit environ 10% de nos importations de pétrole, comme la Russie. Son pétrole serait-il plus « propre » que le pétrole russe, alors que l’Arabie saoudite est connue comme une dictature religieuse médiévale et sanguinaire qui massacre et découpe à la scie des journalistes dans ses ambassades?
Enfin, il faut aussi dire un mot sur la mascarade qui consiste pour les pays occidentaux à dire qu’il faut se passer du méchant pétrole russe tout en espérant que la Russie vende ensuite son pétrole aux pays asiatiques qui « libéreront » des barils de pétrole provenant du Moyen-Orient qui pourront finir… dans les réservoirs des automobilistes occidentaux.
Un bien bel exemple de géopolitique des dominos permettant de crier toute son indignation en ne changeant rien à ses propres pratiques indignes…
L’indignation face aux massacres des civils doit en effet avoir le bon goût de s’arrêter à l’entrée des stations-service.
Pour l’instant, la seule réussite de Poutine est d’avoir soudé comme jamais les européens. De fait, la réussite de Poutine sera complète quand nous nous passerons entièrement de pétrole, d’où qu’il vienne, et que l’ensemble des européens seront à vélo.
La véritable arme secrète pour vaincre Poutine, c’est le vélo.
merci le Marcélou pour ce militantisme inoxydable… !
bon, et puis pensons aussi à envoyer à la casse nos redondantes bagnoles, histoire de récupérer rapidement de la ferraille pour ces nouvelles lignes de tram à construire dans nos villes, elles font toujours cruellement défaut…
itou pour les rames de RER en région, où tout reste à créer…
en attendant merdre aux fossiles criminogènes… !
et que la grande famille minière du père Ubu aille se faire foutre… !
Bon papier bravo, mais n’oublions jamais François Xavier VERSCHAVE au sujet de la françafrique. Verschave écrivait « LE PETROLE français a un gout de poudre et de sang »…..
un article très encourageant aujourd’hui dans le Los Angeles Times, demandant à ce que les énergies fossiles restent à leur état fossilisé, en prétextant de l’invasion russe en Ukraine pour obliger le système bancaire à se désengager totalement de l’extractivisme énergétique mondial et se reporter massivement dans les énergies renouvelables, en coupant au passage les ressources financières de la bande mortifère des Etats producteurs ;
appel cosigné par Svitlana Romanko, juriste de l’environnement ukrainienne et William McKibben, journaliste écologiste américain…
https://www.latimes.com/opinion/story/2022-03-09/ukraine-war-russia-oil-gas-banks-climate-change
Très bon article et nous restons abasourdi sur le manque de courage de nos hommes politiques, des banques, des industries et de beaucoup d’entre nous. Comment se fait-il que l’ensemble des industries gazière, pétrolière, de l’automobile et de l’électronique n’ont pas quittées immédiatement la Russie? La presse donne une information très parcellaire qui ne permet pas de connaître réellement la réalité des évènements sur le terrain malgré les moyens déployés. Cette lâcheté coûtera à tous très cher car nous aurons pas su nous rationner sur l’usage de la voiture, du chauffage, de l’eau chaude. Nous continuerons à nous opposer aux énergies renouvelables pour être biberonner à l’or noir dont personne ne fait l’effort de se passer. La sainte gnole gnole comme dit Pedibus a un bel avenir et nous conduira rapidement dans le mur. Le monde d’après n’a pas eu lieu avec le COVID et il ne semble toujours pas se dessiner malgré tous les voyants qui passent au rouge écarlate.
Certes nos sociétés se gavent de pétrole mais il ne faut pas oublier dans quel but elles le font.
La recherche effrénée de profit entraîne ce gaspillage honteux et mortifère.
Dans le domaine qui nous interesse, les transports, rien n’est fait pour plus de sobriété ni pour encourager des modes de déplacements plus économes. Au contraire, jamais les automobiles n’ont étés aussi puissantes, aussi lourdes pour des distances de déplacement aussi ridicules.
Je rappelle l’enquête INSEE de 2017 qui , a l’échelle du pays, indiquait que 50% de déplacement d’UN kilomètre était réalisé en automobile et qu’a partir de 5 kilomètres ( Il faut 15 minutes pour parcourir cette distance à vélo) la voiture était utilisé à 72 %.
Les lobbies des constructeurs et des pétroliers ont tout fait pour rendre difficile et dangereux la pratique du vélo trop peu rentable à leurs yeux de chercheurs de profit.
Aidés en cela par des publicitaires, tout autant chercheurs de profit. Elus, aménageurs, techniciens ont répondu à ces injonctions en aménageant les villes et les territoires de sorte que la voiture s’impose.
La nécessaire résilience sera douloureuse .
Je veux bien acquiescer que les choses se compliquent chez les vroum vroum mais on est encore loin du compte. Je passais à proximité d’un éléphant bleu ce matin et tous les postes de nettoyages étaient blindés. J’en ai tiré la conclusion qu’il y a plusieurs éléments qui constituent un budget auto et que tant qu’il y aura des gens prêt à payer pour faire briller la tuture, c’est qu’ils ont des soussous dans la popoche pour payer l’essence.
Ah ah , qu’est ce que je disais
https://twitter.com/le_Parisien/status/1504183477956227073