Voici un devoir universitaire que j’ai dû rendre dans le cadre du programme de 2ème année de licence d’histoire, qui est simplement l’Amérique du XVe siècle à nos jours. J’ai pensé que le sujet de ce devoir ainsi que son traitement pouvaient intéresser les lecteurs de Carfree France.
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C’est à mon avis un travail universitaire d’un très bon niveau et j’avoue que j’aimerais bien voir la tête du prof qui va te corriger à la lecture de ton devoir! Je voudrais bien savoir aussi pour information quelle note tu va avoir, car de mon point de vue ce travail mérite une très bonne note! C’est en outre passionnant à lire et je pense que cela n’intéressera pas seulement les lecteurs de carfree france mais bien au-delà…
Serait-il possible d’avoir en téléchargement une version pdf (et donc imprimable) de ce travail ?
Celui-ci m’intéresse beaucoup notamment pour sa référence au sacré et au religieux (l’un des sujets de prédilections de Minou si j’ai bien suivi ses derniers commentaires 🙂 ). Mais pour lire un long article comme ça, je préfère le faire sur papier.
pour les utilisateurs de firefox, il existe un greffon qui facilite grandemant la lecture d’articles sur le net: https://addons.mozilla.org/en-US/firefox/addon/readability/
il permet entre autre de gerer la taille d’affichage du texte, les marges la typo etc…
Ce texte est passionnant, je l’ai lu d’une traite! Merci de l’avoir partagé et bravo pour la qualité (écriture, références, argumentation,…)
Robin, une sélection (photos incluses) puis copier/coller dans un simple traitement de texte type OpenOffice-word donne un résultat de qualité… ce que mérite amplement ce devoir universitaire.
Belle prise de risque quand tu parles des historiens dans un devoir qui sera évalué en parti (au moins) par des historiens je suppose.
Et la méthodologie employée mérite d’être soulignée pour son originalité et sa faculté d’élever le débat/l’étude.
Franchement bravo, Minou!
ps : Le « cérébralement morts » est excellent !
Merci pour vos commentaires !
Je suis désolé pour la version du texte, qui n’est pas la version PDF, mais il y a eu un problème avec l’italique. Quant au renvoi aux notes je ne sais pas comment ça marche mais je vais essayer d’y remédier ; le problème c’est que je ne sais pas si les fonctionnalités de Carfree le permettent.
Si quelqu’un sait comment rendre la version PDF consultable sur Internet – et surtout sur Carfree – sans créer un site, je serais très intéressé !
« j’aimerais bien voir la tête du prof qui va te corriger »
Ahah ! moi aussi ! Je devine : une tête de fétichiste de la « vérité » et de l’«objectivité » historiques. Trop égocentriques, aigris, aucun humour, aucune autodérision, fliqueurs ; je n’aime pas généraliser, mais la tête de la caste universitaire fait peur le plus souvent. L’université est vraiment, vraiment pourrie.
À part ça, je tiens à préciser qu’il y a sûrement dans ce texte des approximations, des erreurs sûrement, j’ai conscience qu’il est bâclé. Je ne l’ai pas publié pour qu’il « serve » l’histoire mais pour qu’il serve l’argumentaire anti-bagnole. Je n’ai malheureusement disposé que de peu de temps.
Ce matin, comme chaque jour à l’université, professeurs et étudiants se sont garés systématiquement le plus près possible de l’entrée du bâtiment, pour ne surtout pas fatiguer leurs petites jambes. Comme si les bâtiments n’étaient pas déjà suffisamment laids… Et savez-vous quoi ? À l’intérieur d’un amphithéâtre il y a des photos géantes de la construction de cette immondice des années 70… Comment pourrait-il y avoir de l’esprit, de la vie dans une telle morgue ?
Voilà à quoi ressemble « l’université » de Bron : un premier parking à l’entrée de l’université…
http://s1120.photobucket.com/albums/l495/Minoumiaou/?action=view¤t=parkingn1Bron.jpg
Et ouai mais oh ! Vous remarquerez que y’a un tram que même, avec même une bordure verte tout le long, dis donc !
Blague à part, il y a le même parking… 300 mètres plus loin.
Le néant…
Et les professeurs d’histoire et les universitaires en général qui continuent de faire leur petites affaires, leurs cours d’histoire. Et qui viennent en bagnole. En 2011. Je crois que c’est en partie cela l’oubli de l’être : ne pas avoir des yeux pour voir, alors même qu’on prétend être un « amoureux de la vérité ».
Pour celles et ceux qui préfèrent une version pdf pour un plus grand confort de lecture ou pour imprimer, c’est possible ici:
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Excellent Minou!
Je l’ai lu une première fois à l’écran; je vais le relire une deuxième fois à « tête reposée ».
mois aussi je veux être prévenu de la note : on pourrait faire un gros bandeau fluo en haut de la page d’accueil?
Ahahah ! Voici quelques appréciations de mon professeur, tellement prévisibles ! Tout d’abord, le corporatisme : elle me trouve « particulièrement injuste avec les historiens – car certains se posent aussi des questions. Lisez Michel de Certeau, dont la pensée a marqué de nombreux contemporanéistes. »
Oh ! Les pauvres petits choux, c’est trop inzuste !
Mais bon, admettons : certains se posent aussi des questions. Alors pourquoi ceux qui posent aussi des questions ne sont-ils pas au programme en licence ? Pourquoi n’y a-t-il aucun cours sur l’orientation de l’apprentissage de l’histoire aujourd’hui ? Pourquoi n’y a-t-il aucun livre au programme, sur la façon dont est enseignée l’histoire aujourd’hui, ni de Nietzsche, ni de Zinn, ni de ce Michel de Certeau ? Je ne connais pas ce dernier mais sa biographie laisse présager le pire : chrétien, prêtre et freudolâtre… Quelles belles questions il a dû se poser ! Hmmm !
Ensuite, pour ce qui concerne le financement du Colloque international organisé par Maître Flonneau, encore un peu de corporatisme ne fait pas de mal :
« Si vous étiez un peu plus familier du monde de la recherche, vous vous apercevriez que ces financements sont la règle. Bien sûr on peut rêver d’une recherche totalement libre de tous capitaux venant de l’industrie, du capital, que sais-je encore. Et il n’y aurait alors plus rien… »
HORS-SUJET, MADAME ! Ceci n’est pas une critique du fond du problème que j’ai soulevé, lequel est : la diffusion de l’idéologie bagnolarde et le discrédit jeté sur toute critique de cette idéologie.
Ma remarque, concernant le fait que le financement soit fait par les pires destructeurs de la terre, visait à montrer « la connivence entre la caste capitaliste et la caste universitaire ». Et Madame répond par un hors-sujet, à savoir : il n’est pas possible de se passer de financement. Là n’est pas la question. Je serais le premier à applaudir un colloque sur la critique de la bagnole, quand bien même il serait financé par TOTAL et BNP, parce qu’au moins il y aurait quelque chose, une lutte à l’aide des propres armes de l’adversaire. Hors-sujet donc.
Ensuite, Madame juge qu’ « il est certes intéressant d’utiliser les philosophes et de les citer pour dénigrer le travail de l’historien ; mais il faudrait aussi faire l’inverse et s’intéresser à ce que les historiens ont pu penser des écrits des philosophes sur la technique (D. Pestre)».
Je ne connais pas ce Pestre. Tant mieux si c’est un professeur engagé. Mais là n’est pas le problème. Les professeurs engagés, du genre de François Jarrige (qui sera au contre-Grenelle) il y en a trop peu, mais surtout c’est l’enseignement qui pose un énorme problème.
Se contenter de dire, en gros, « en cherchant bien, vous trouverez des historiens qui font autre chose que de la froide description, des historiens qui se mêlent des problèmes de cette époque, et qui s’en mêlent comme des personnes dont la voix est plus écoutée que celle d’un tel accoudé au comptoir du PMU », c’est lâche et faux, car le savoir doit d’abord aller à l’étudiant, pour qu’ensuite l’étudiant puisse se lancer seul. Et surtout, il doit savoir pourquoi l’enseignement actuel va dans cette direction précisément et pas dans une autre.
Quand l’étudiant arrive à l’université, il a déjà subit un lavage de cerveau complet : Howard Zinn constate qu’ « avant d’arriver dans [sa] classe, les étudiants avaient déjà connu une longue période d’endoctrinement politique dans le cadre de la famille, du lycée, et par le biais des médias de masse. Sur un marché si longtemps dominé par la pensée orthodoxe, je souhaitais seulement pousser mon petit étalage pour offrir mes denrées en même temps que les autres et permettre ainsi aux étudiants de faire leur propre choix. »
Plus le temps passe, plus je me rend compte quel grand historien nous avons perdu, lui qui entraînait ses étudiants dans les manifestations, qui se plaisait à voir dans leurs travaux leur activisme, « leur sens de l’injustice », « leur désir de soutenir une bonne cause, leur apparente aptitude à changer le monde ».
Quel contraste avec la caste universitaire française ! Faites vos trucs, petits, faites votre révolte, et peut-être que nous vous suivrons si nous trouvons autre chose à remuer que de la poussière : voilà pour eux ce qu’est la connaissance. Ils ont abdiqué ! Ah ! Les beaux hussards noirs de la République !
Pour finir, encore une goutte de corporatisme et une grosse soupe de mensonge, tenez, avalez ça :
« […] vous affirmez beaucoup de choses sans les démontrer : dire que les historiens se voient comme des scientifiques, c’est votre point de vue, mais ce n’est certainement pas celui des historiens ! »
Oh non pas du tout, ils ne se voient pas du tout comme des scientifiques, non bien sûr ! Non non non. Surtout quand ils nous font des cours sur les 36000 branches des « sciences de l’histoire » ! Surtout quand (par exemple) une médiéviste appelle ses étudiants à “ne pas écouter ces écolos qui veulent les priver de voiture, parce qu’il y a déjà eu des dérèglements climatiques dans le passé, qui n’étaient pas le fait de l’homme – et qui sont prouvés par la paléoclimatologie”.
Non, « l’historien » est humble, il n’affirme rien, il ne fait que supposer, proposer, conjecturer, etc. Bien sûr. Cette manipulation des méthodes, des idées et du langage est d’autant plus vicieuse.
On dirait bien qu’elle est sur la défensive… Et pour la note?
Je pronostique un 12 ou 13 sur 20, parce qu’elle ne peut pas mettre plus bas… et qu’elle ne veut pas mettre plus haut !
Bah, la note, peu importe, là n’est pas le problème, d’autant que je suis censé être noté sur la méthodologie et sur un traitement suffisant du sujet.
De son point de vue, même si elle ne le dit pas, je sais où est le problème méthodologique : je n’ai tout simplement pas traité le sujet selon le saint Graal : la seule et unique méthode historique, la vraie de vraie.
Ce qu’elle attendait :
– des « permanences & mutations »
– des « ruptures & continuités », « changements & nécroses », bref, des paires dans ce genre par dizaines. Et puis aussi plus de chiffres, plus d’exemples. L’ exemple, pour « l’historien », c’est comme une cacahuète. Tu lui donnes sa cacahuète, il est content, en échange il te donne une banane.
Puisque vous tenez absolument à savoir, j’ai eu 9. Et je ne m’attendais pas à mieux de la part de « l’historien » ! Mais le problème n’est pas là ! Le problème est qu’elle est complètement conne, et sûre d’elle, et prétentieuse, et aigrie. Ah, la jolie petite « communauté historienne » !
C’est un peu ce que je présageais au vu de ses commentaires… Au vu de la qualité de ton devoir, le « juste en-dessous 10 » c’est une note-sanction, une manière de dire « ce n’est pas trop mal mais je ne peux décemment pas mettre la moyenne à un tel travail ».
pour le reste tu as raison, cela n’a guère d’importance (dans la mesure où cela ne te pénalise pas). cela montre surtout l’état d’esprit d’une caste assiégée dans sa tour d’ivoire et qui voit ses murailles s’effondrer les unes après les autres…
Concernant ses commentaires, je trouve tout particulièrement scandaleuse sa réaction par rapport au colloque de Mathieu Flonneau payé par le lobby automobile: « Si vous étiez un peu plus familier du monde de la recherche, vous vous apercevriez que ces financements sont la règle. Bien sûr on peut rêver d’une recherche totalement libre de tous capitaux venant de l’industrie, du capital, que sais-je encore. Et il n’y aurait alors plus rien… »
C’est pathétique… Après une petite pique méprisante (« Si vous étiez un peu plus familier… »), elle ose carrément dire que la Recherche sans sponsors privés… n’existerait pas!
Qu’est-ce qu’elle fout alors à la fac, fonctionnaire payée avec de l’argent public? Pourquoi ne va-t-elle pas mener ses travaux de recherche chez L’Oréal, Total ou Conforama?
« cela montre surtout l’état d’esprit d’une caste assiégée dans sa tour d’ivoire et qui voit ses murailles s’effondrer les unes après les autres… »
Je me demande bien en quelle année il vont réaliser : Ah mince on a oublié de s’occuper du présent, de ce qui se passait sous nos yeux. Là pendant que nous parlions de la sépulture de la reine Arégonde ou du réchauffement du climat entre le XIIIe et le XVIIe siècle, nous n’avons pas regardé les machines étaler du bitume et des parkings ; nous avons qualifié de fous et d’excités ceux qui disaient : « la terre est à l’agonie, par conséquent l’histoire doit servir la vie, et vous pourrez recommencer à servir la poussière tant que vous voudrez quand la vie ne sera plus menacée ». C’est dommage, en tant que représentants du savoir, nous aurions pu avoir un rôle fondamental à jouer, et nous l’avons abdiqué, nous l’avons ignoré, méprisé. Nous avons préféré le prestigieux statut de « chercheur ».
En quelle année vont-ils réaliser ce que Nietzsche disait il y a 140 ans : les historiens modernes, « dans leur aveugle fureur de collection », s’acharnent à tout cataloguer, « à rassembler inlassablement tout ce qui a jamais été ». Tout, absolument tout, jusqu’au plus microscopique. « Tout est source ». Alors quand ? Quand vont-ils voir qu’à la fin il ne reste rien ? En 2020 ? Avant ? Jamais ?
« Après une petite pique méprisante (« Si vous étiez un peu plus familier… »), elle ose carrément dire que la Recherche sans sponsors privés… n’existerait pas! »
Cela représente parfaitement l’état d’esprit de la caste universitaire. En plus de persister à nier ou à relativiser l’évidence du crime écologique, ces fiers esprits reconnaissent sans honte qu’ils ne luttent même pas, qu’il n’y a pas de lutte à mener. Les choses sont comme ça, très très simles, et puis c’est tout, il faut s’adapter, ça ne peut pas être autrement.
Vous pensez le contraire ? vous êtes des rigolos, des Che de bac à sable.