Le vélo dans l’avenir de nos villes

Si aujourd’hui le prix de l’essence atteint des sommets, chacun s’accorde pour reconnaître que cette évolution est durable et inexorable. Les défis de la mobilité nous imposent de changer de paradigme. La place du vélo dans nos agglomérations constitue un levier pour la transformation de nos villes. Le vélo est non seulement un mode de déplacement essentiel, c’est également un outil d’aménagement des espaces urbains et des territoires. Et de ce point de vue, la France accuse un retard alarmant.

A titre de comparaison, quand les Français parcourent en moyenne 75 km à vélo par an, les Allemands et les Belges sont autour de 300 kilomètres. Les Danois, quand à eux, qui dépassent allègrement les 900 kilomètres.

ET POURTANT !

Pendant plus de 25 ans, ce sont nos impôts qui ont payé l’achat de nos voitures. Cela a couté (et coûte encore) des milliards aux contribuables. Souvenons-nous des balladurettes, des jupettes, des primes à l’achat et autres incitations pour l’automobile. Pendant des décennies, l’obsolescence programmée l’a été avec l’argent public. Les voitures étaient encore en état mais les primes les amenaient directement à la casse. Qu’on en juge : à lui tout seul le dernier plan national qui a pris fin en décembre 2009 comportait plus de 220 millions d’euros de primes à la casse, l’appui au crédit automobile à hauteur de 1 milliard d’euros et 300 millions d’euros pour le démarrage du fonds d’investissement ad hoc….

Cet été, le plan de soutien à l’automobile initié par Arnaud Montebourg au-delà des intentions affichée ne peut faire l’objet d’un chiffrage précis ; c’est néanmoins un « investissement » de 490 millions d’euros pour les finances publiques en 2013, « en grande partie compensé » par les malus pour les véhicules polluants.

En bout de course (sic) le gouvernement précédent avait annoncé dans un pseudo plan national vélo fin janvier une mesure phare définissant …. La dimension enfin règlementaire d’un panneau attendu depuis plus de 14 mois et permettant dans nos villes, le tourne-à-droite pour les cyclistes.

Tout ça pour ça ! Aujourd’hui, le gouvernement doit prendre toute la mesure de l’importance du vélo. Il constitue une réponse pragmatique, efficace et économique à une part des défis des déplacements de nos concitoyens..

Le ministre des transports doit prendre la mesure de l’investissement des près de 500 millions d’euros que les collectivités ont consacrés en 2009, aux politiques en faveur du vélo (pistes cyclables, aménagements urbains, stationnements, services …..). Le budget de l’Etat pour ces mêmes politiques s’élevait péniblement à 15 millions d’euros alors même que les recettes (principalement fiscales) liées au vélo s’élevaient à 621 millions d’euros pour le compte de l’Etat. (Grand Angle- Economie du Vélo, parue en juillet 2009). A titre de comparaison, la diminution de 2 cents du prix de l’essence équivaut à une perte de 1 milliard d’euros dans le budget de l’Etat.

UN ENJEU POUR TOUS

Le vélo est un levier essentiel pour relever les défis des politiques de déplacement et d’égalité des territoires.

C’est d’abord le défi de la mobilité. En 2012, 50 % de nos déplacements de moins de deux kilomètres se font en voiture. Un tiers des écoliers va à l’école située à quelques centaines de mètres du domicile en voiture. Le droit à la ville pour tous, le droit pour chacun d’accéder à son lieu de travail, de scolarité ou de loisirs passera de plus en plus par des modes de déplacements « actifs ».

C’est aussi le défi du pouvoir d’achat. Le budget « transports » est aujourd’hui en 2e position dans le budget des ménages et des familles. L’usage régulier du vélo fait partie des réponses fortes et durables quant au pouvoir d’achat de tous nos concitoyens.

Lire aussi :  Introduction à une critique de la géographie urbaine

C’est également le défi de la santé. A l’heure où plus de 15 % des Français souffrent de maladies liées à l’inactivité (obésité, diabète, maladie cardio-vasculaire), le vélo au quotidien, en tous cas régulier, est source de bienfaits en terme de santé publique et ouvre un champ d’économies réelles dans le financement de la protection sociale. Face à la pollution de l’air et aux dégâts sanitaires issus des particules fines des moteurs diesel, l’usage du vélo contribue à l’amélioration nécessaire de la qualité de l’air. D’après le ministère de la santé, le vélo contribuerait à une économie annuelle de 5 milliards d’euros pour le budget de la protection sociale.

C’est le défi de l’énergie. Du pétrole inépuisable et bon marché nous sommes passés à une énergie rare et chère. L’usage du vélo facilite la transition dans les modes de déplacement tout en diminuant notablement la facture énergétique qui pèse aujourd’hui pour 45 milliards dans la balance commerciale. C’est aussi le défi de l’espace. Les aménagements pour les vélos (pistes, cheminements, stationnement…) ne requièrent que peu de notre espace, denrée de plus en plus rare dans nos villes et nos territoires. De plus ils sont peu coûteux comparativement aux budgets des infrastructures routières et autoroutières.

C’est enfin le défi du vivre ensemble car l’usage du vélo permet de développer des liens quotidiens apaisés entre usagers de l’espace urbain. Il contribue immanquablement à plus de convivialité, d’humanité, de rencontre et d’échanges.

DES PRIORITÉS STRATÉGIQUES

Pour conforter et dynamiser l’action des villes et des agglomérations en matière de développement de l’usage du vélo, l’Etat doit prendre des décisions claires sans dépenses supplémentaires.

La refonte du code de la route en code de la rue afin de sortir de cette culture réglementaire automobile pour enfin redonner la priorité aux usagers les plus fragiles et vulnérables des espaces publics.

L’affectation aux aménagements cyclables de 10 % des budgets d’investissement consacrés aux infrastructures liées aux déplacements (routes, autoroutes, contournantes…) La mise en place de mesures fiscales incitatives, comme pour les autres modes de déplacement, pour l’achat et l’usage du vélo (trajet domicile travail). Mesures qui, de plus, structurent et confortent les filières locales de conception, production, montage et entretien des bicyclettes.

Si, à Strasbourg, 14 % des déplacements se font à vélo, record français, ce chiffre s’élève à 27 % à Karlsruhe (au pays de l’automobile) et à 32 % à Copenhague (au bord des grands froids pluvieux de la mer du Nord).

Ces mesures balisent clairement la piste que doit prendre, en France, le vélo sous toutes ses formes avec un vrai Plan National Vélo qui inverse les logiques actuelles des mobilités et déplacements. C’est l’enjeu que nous défendons localement et au plan national en tant qu’élus écologistes. Nous sommes d’ores et déjà prêts à y contribuer.

Alain Jund, adjoint au maire de Strasbourg
Catherine Hervieu, vice présidente de l’agglomération de Dijon
Rudy L’Orphelin, adjoint au maire de Caen
Clément Rossignol, vice président de la communauté urbaine de Bordeaux.

Via LeMonde.fr

Photo: http://collectifcyclistesenragees.over-blog.com/

9 commentaires sur “Le vélo dans l’avenir de nos villes

  1. Martoni

    Rhaaa j’y ai cru … mais non il n’y a pas d’impasse du Pétrole dans le 15e arrondissement de Paris.
    En tout cas j’ai pas trouvé.

  2. Collectif Cyclistes EnragéEs

    C’est bien à Marseille, c’est votre serviteur qui a pris la photo ! sans trucage.
    Au fait rappelez-moi de vous faire un procès pour copie insidieuse depuis notre blog (collectif cyclistes enragees)
    😉

  3. olivier.libre

    Si les avantages économiques, écologiques, de santé, etc. sont indéniables pour le vélo urbain, il y a quelques maques dans l’article sur les politiques cyclables du gouvernement et des villes.

    Prenons l’exemple de Jules César Decaux, qui a mis en place les vélibs en France. Il a été prétendu que ce serait des automodébiles qui passeraient au vélo, en fait on s’aperçoit qu’il s’agit surtout d’utilisateurs des TC qui franchissent le pas.

    Autre exemple, les ateliers participatifs et solidaires, qui regroupent quelques dizaines de milliers de cyclistes en France. Dans toutes les villes, les mairies s’acharnent à vouloir les contrôler, notamment en limitant drastiquement la taille des locaux et des subventions. pourtant, il s’agit d’une véritable alternative, créatrice d’emplois notamment et qui aide concrètement et à faible coût les cyclistes.

    A Toulouse depuis un peu plus de 10 ans, l’atelier de la Vélorution a cherché à obtenir un local légalement mais rien n’y fait, de nouveau la mairie fait planer la menace d’une expulsion prochaine et ne propose aucune solution correcte de relogement. On nous a proposé dernièrement de nous trouver un local en périphérie et un « petit magasin » en ville, en décembre 2008 jean paul pla (adjoint coco qui promeut les garages associatifs de bagnoles et scooters) nous avait proposé un T2 au 3è étage d’un immeuble du Mirail…

    Les cyclistes sont en ville, tout comme les vélos jetés, tout comme les artisans qui se servent de l’atelier et ses services, tout comme les écoles et les structures qui se servent de l’atelier pour leurs publics ; aussi les vélorutionnaires rejetent toute idée de se délocaliser là où il n’y a aucun cycliste, là où ramener une récup serait une galère (en moyenne on a une cinquantaine de vélos par la SNCF, autant avec les flics municipaux, il y en a 10 fois plus avec la police nationale et autant dans les déchetteries, sans compter les syndics).

    On voit aussi d’autres assos essayer de nous copier lamentablement, la « Maison Du Vélo » a mis en place un atelier (peut-être le plus petit atelier de France) mais avec si peu de bénévole que ce sont les salariés qui le font tourner… Ou alors « La Glanerie », une ressourcerie qui se voudrait recyclerie mais sans atelier participatif et solidaire, avec des tarifs de vente de vélos assez cher, avec aussi pas mal de vélos jetés parce qu’il leur manque une roue ou qu’il y a trop de travail sur la réparation et les stockages de pièces. Ces 2 « associations » (pas de bénévole, subventionnées à mort par la mairie et l’agglo) n’existent que pour essayer de donner une image positive des actions publiques mais elles agissent d’abord et avant tout pour le compte de leurs dirigeants (salaires surélevés par exemple en reproduisant l’inégalité salariale…) et surtout pour essayer de contrôler les cyclistes et les empêcher de se regrouper dans un mouvement indépendant politiquement. Et je vous passe la liste des coups bas qu’ils ont fait depuis 10 ans contre les vélorutionnaires locaux et leurs ateliers solidaires…

    Dans bien d’autres villes, la situation est similaire, obligeant les ateliers à squatter et à se faire régulièrement expulser, ou alors à devoir accepter des locaux minables loin de la ville donc des adhérentEs.

    A Toulouse, la situation de la 2è recyclerie de France (en taille et en activités) devient de plus en plus tendue, on occupe un ancien garage à bagnole, appartenant à la mairie, qui se refuse pour l’instant à toute proposition « correcte » et nous envoie les huissiers régulièrement, refuse tout dialogue (tous les contacts par courrier, mail et téléphone sont restés sans réponse). Et d’ici quelques semaines on aura droit à un procès et une nouvelle expulsion… Malgré toute l’énergie des bénévoles, on ne pourra pas recommencer à ouvrir un lieu et l’occuper, l’atelier compte près de 2500 cadres de vélos, au moins le double de roues et des millions de pièces et recycle à 99% par la vente, le don de vélos, la mise à disposition des pièces d’occasion, la création de véhicules (remorques, tricycles, véhicules de spectacle, etc.), des ateliers de formation, etc.

    On a besoin de soutiens dans les ateliers participatifs et solidaires, ceux de « L’Heureux Cyclage » ou de la FUB (qui s’est finalement raccrochée au mouvement avec 10 ans de retard), et à Toulouse ça devient urgent !

    Une pétition de soutien sur « mesopinions.com » (un local correct pour la Vélorution) et si vous pouvez écrivez au maire de toulouse (par mail et par courrier) en nous adressant une copie : velorutiontoulouse@no-log.org

  4. bikeman

    Encore un bon article de Carfree, merci!

    @Olivier : carrément partant pour signer la pétition, as tu l’URL exacte STP?

  5. CarFree

    @Olivier
    Si tu veux, on pourrait publier ton commentaire (avec quelques modifs) sous forme d’article avec le lien vers la pétition. (sous ton pseudo « Olivier.libre »).

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